- Les ELEPHANTS de KESSALA -

Le but de cette excursion est de camper près de la dernière plage (la Plage 4) près de KESSALA, pour voir les éléphants au petit matin. Cette solution permet d'être sur place, très tôt le matin car il est souhaitable d'être aux plages avant 7h30. Après 9h, il est quasiment impossible de voir des éléphants, sauf le soir, avant la tombée de la nuit.

Famille d'Eléphants à la Plage 2 :



Carte de Situation de KESSALA :








Carte de la Marche pour la Recherche des ELEPHANTS à KESSALA :







- Le TRAJET :

• 
FRANCEVILLE -> KESSALA : 50 km, environ 1h15 min de route.

• Randonnée à pied :
De KESSALA à la PLAGE 1 : Environ 4 km de marche, soit 1h30 environ.
De la PLAGE 1 à la PLAGE 2 : Environ 1450 m, soit 40 min de marche.
De la PLAGE 2 à la Prairie de la PLAGE 4 : Environ 2300 m, soit 50 min de marche.


• De la Prairie où nous avons campé, près de la Plage 4, jusqu'au bord du fleuve de la Plage 4, il reste encore 1500 m de chemin à faire, soit à peu près 20 min supplémentaires de marche.

Dans sa totalité, la randonnée de KESSALA à la PLAGE 4, fait à peu près 9 500 à 10 000 mètres à l'aller. Soit une ballade aller / retour de près de 20 km en forêt, pour une durée de marche d'environ 6 heures. Après la Plage 1, il faut
passer une rivière, où l'eau monte à peu près à la taille. On peut passer aussi sur un pont constitué d'un tronc d'arbre, mais qui est très glissant.

-La route est une piste de latérite en relativement bon état. Elle se dégrade quelques kilomètres avant d'arriver à KESSALA, mais reste praticable sans trop de difficultés. Il est vrai qu'en pleine saison des pluies, un véhicule tout-terrain est indispensable.


Paysage de Savane et Forêt aux abords de KESSALA :




- Le VOYAGE :

• A FRANCEVILLE, nous prenons notre pisteur HILAIRE, qui travaille à l'Eco-Musée puis nous allons en direction de la route de KESSALA. C'est une piste en latérite. Sur le trajet, nous passons les 2 villages de ONKOUA et de OSSELE. Ces villages ont des maisons typiques, en torchis. Il s'agit de la terre séchée, prisonnière d'un treillis de bois (voir les photos des
Maisons en Torchis).

Il y a 3 ans, nous étions déjà allés à la recherche des éléphants, en partant avec notre guide,
du village de OSSELE. C'est le village de notre guide. Hilaire est sans conteste, un des meilleurs connaisseurs de la faune locale et un des meilleurs guides de la région dans sa connaissance des éléphants. Il est capable d'identifier toutes les traces qu'on voit régulièrement en forêt ou en savane. Il est capable de donner un nom de l'espèce ayant laissé ses traces et de faire la différence entre toutes les espèces de Céphalophes ou d'Antilope. Il a connu un éléphant dans les années 80, en 1984 exactement, à qui il avait donné le nom de "PAPA GENTIL". Il avait l'habitude de le provoquer et de jouer avec lui, quand il le voyait régulièrement, jusqu'au jour, en 2005 ou 2006, où cet éléphant, a malheureusement été abattu par des braconniers. Nous avions, à cette époque, passé la nuit au village, dans la case de passage, et nous étions partis au petit matin, vers 4 heures. La marche s'était faite de nuit, à la lueur des lampes torches et des frontales.

Cette fois-ci nous partons de jour, en fin de matinée, afin d'être en début d'après-midi à l'endroit du bivouac. Partis vers 12h30 de Franceville, on a atteint KESSALA vers 13h45, après avoir dépassé le village de OSSELE, qui est à une quarantaine de kilomètres de Franceville (44 km). Quelques kilomètres avant d'arriver à destination, la route s'est fortement dégradée. A certains endroits, des glissements de terrains et l'érosion due aux pluies ont créés des ravines de plus de 2 mètres sur le côté de la route.

A KESSALA, nous prenons contact avec l'Association qui a été créée et qui regroupe des gens du village, sous la direction du chef du village. Cette association a pour but de recevoir les touristes et de leurs fournir un outil logistique dans l'accueil et ensuite dans l'organisation de la randonnée à la recherche des éléphants. Ce jour-là, on nous a présenté un nouveau barême de prix en application de nouvelles directives de l'Association. En fait on pensait payer 10 000 F CFA par personne, mais il s'avère qu'il faudra débourser 15 000 F CFA par personne, car le prix augmente lorsqu'on campe dans la forêt. Cette formule permet de créer un revenu pour les populations locales et de fixer des jeunes dans leurs villages, tout en leur fournissant un travail au service de la nature, de la protection de la faune, et un moyen de subsistance. Après une rapide discussion entre notre guide Hilaire, issu du village voisin et les protagonistes de KESSALA, nous payons les sommes demandées et nous commençons notre randonnée.

Vue sur la PLAGE 1 :




- L'EXCURSION :


• Nous partons donc en groupe vers la sortie du village. Je suis avec Nina, Germain, Delphine et François, des amis qui m'accompagnent pour cette excursion. Notre guide Hilaire est accompagné par 2 guides du village de KESSALA, Jérôme et Manice, qui connaissent parfaitement la région et tous les sentiers de la forêt. A la sortie du village, on oblique sur la gauche. Un sentier quitte la piste et rentre dans la savane. Au début la montée de la colline, en plein soleil est éprouvante. Chacun a sur son dos, son sac à dos comprenant la nourriture, l'appareil photo et surtout la boisson pour une journée complète en autarcie. Plus de 4 litres d'eau. Il fait chaud et on boit beaucoup. Nous sommes encadrés par les pisteurs : devant il y a Hilaire, au centre et en bout, pour fermer le chemin, ses 2 collègues.
La montée sur la colline,dévoile un paysage magnifique. A flanc de colline il n'y a que de la savane avec des arbustes disséminés. Mais au fond, dans le bas de la colline et à perte de vue, c'est la forêt. Pourtant, nous sommes, à Kessala, à la limite des Plateaux Batéké. A quelques kilomètres seulement, on grimpe en altitude et la forêt disparaît brusquement pour faire place à de la savane, sur des étendues de plusieurs centaines de kilomètres.

Au bout de 15 minutes, nous quittons la savane, pour pénétrer dans la forêt.

Vue sur la Prairie du CAMPEMENT :



• La forêt est dégagée et on voit facilement sur plusieurs dizaines de mètres. On emprunte des sentiers qui au début, ont été crées par les villageois, et qui rejoignent ensuite, ceux créés par les animaux, en particulier les pistes à éléphants.
La forêt est très intéressante, mais nous avons des contraintes énormes de temps : il faut arriver à la Plage 4 ou plutôt à la clairière proche, un peu avant la nuit, afin de ne pas être en forêt à une période où il y a des éléphants. Les rencontres la nuit sont parfois dangereuses.
Le long du fleuve MPASSA, qui va se jeter en aval de FRANCEVILLE, dans l'OGOOUE, on trouve une succession de plages qu'on atteint facilement, en empruntant les pistes à éléphants. La
Plage 1, qui est à plus de 4 km de marche, est atteinte après 1h30 de marche. Il n'y a pas d'éléphants. En général, on peut les observer quelquefois le soir, mais surtout le matin, de très bonne heure, avant 7h30 du matin. On arrive facilement à cette première plage qui n'est pas difficile. Par contre, à partir de là, les choses se compliquent un peu. Bien qu'il n'ait pas beaucoup plu, on est obligé de longer sa rive, avant de pénétrer dans la forêt. Et pour cela, on doit passer par les passages à éléphants. Il s'agit de vaste zones marécageuses qui sont martelées par les éléphants, dont l'herbe est couchée par les passages successifs, et où on est obligé de patauger dans les énormes trous laissés par les pieds des éléphants. Par moment, on passe un petit ruisseau, avec de l'eau jusqu'au mollet.
En descendant vers la Plage 1, on rencontre d'innombrables traces laissées par des éléphants, et aussi des traces fraîches de potamochères. La descente vers cette première plage se fait par un chemin accidenté formé par les pieds des éléphants, sur un chemin très étroit dans la forêt et qui serpentent au milieu des arbres. Des trous de 30 cm et rempli d'eau sont comme des seaux d'eau incrustés dans la terre. Il faut éviter autant que possible d'y marcher dedans, car sinon on s'enfonce tout de suite jusqu'au genou, et il est très difficile d'en sortir.

Au départ les guides nous avaient donnés l'attitude à avoir en cas de rencontre : ne pas paniquer (c'est facile à dire, moins facile de se contrôler), rester en place,éventuellement chercher un arbre pour s'abriter, en cas de nécessité. En règle générale, les éléphants, ont peur des hommes et fuient. mais on ne sit jamais, on peut tomber sur une femelle avec un petit, et là, ils peuvent être dangereux.

La Plage 1 est une vaste zone de plus de 200 mètres de long, qui borde le fleuve, avec des bancs de sable, et une vaste zone marécageuse sur les côtés. Bien que la vue soit dégagée, comme on le voit sur le panoramique du dessus, il y a peu d'espace pour bouger, car il y a de l'eau partout. Comme il n'y a pas d'éléphant, nous reprenons le chemin après une petite halte. Il est peu probable de rencontrer des éléphants à cette heure-là. La période la plus favorable est le matin, de bonne heure. Nous longeons donc la rive, et après avoir pataugé dans l'eau nous reprenons la terre ferme un peu à l'est de cette plage.


Vue sur les Marécages à traverser pour la poursuite de la Marche :



Nous marchons encore pendant 45 à 50 minutes, pour atteindre
la Plage 2 qui est à 1 500 m de cette première plage. Là non plus, il n'y a pas d'animaux. Il s'agit d'une plage beaucoup plus petite, qui est encaissée entre 2 monticules de terre, et qui débouche directement sur le fleuve. A la suite de cette plage, nous devons traverser une rivière importante qui nécessite de l'adresse. On peut traverser un peu en amont, grâce à un pont fait d'un tronc d'arbre.
Mais ce tronc est extrêmement glissant et j'ai manqué à plusieurs reprises de tomber à l'eau. Heureusement, la profondeur n'est pas très importante, 1 mètre environ, mais j'ai surtout peur pour le matériel photo.
On peut aussi, et c'est ce que je ferai au retour, passer en aval par la rivière elle-même. On marche dans l'eau en évitant les cailloux glissants et en restant sur les bancs de sable. On a de l'eau jusqu'à la taille. Un peu après avoir repris notre randonnée dans la forêt, nous laissons un autre sentier sur la droite. C'est le chemin qui va vers la Plage 3.
Cette plage est rarement visitée car elle est dangereuse. En effet, le chemin est très étroit, sans aucun échappatoire sur les côtés à certains endroits. En cas de rencontre, il n'y a aucun endroit pour fuir. Si un éléphant charge, il est impossible de se cacher. C'est pour cela que cette piste n'est jamais empruntée. Mais la Plage 3 existe.



- Les ELEPHANTS :


On laisse donc ce chemin vers la plage 3 et on poursuit vers la quatrième plage. On marche donc pendant 50 min environ sur 2 300 m, pour atteindre finalement le lieu de campement. Il s'agit d'une prairie qui se trouve 1 500 m avant la Plage 4, à plus de 20 min de marche. C'est une clairière de plus de 500 m de long sur 100 à 200 m de large par endroit. Elle est garnie d'herbe, moyennement haute. La forêt entoure complètement cette zone. En débouchant de la forêt dans cette prairie, notre pisteur nous fait signe de nous arrêter : à 200 m en face de nous, près de la lisière du bois, il y a un éléphant, avec de grandes défenses. Il s'agit d'un énorme mâle solitaire de forêt.
Nous laissons donc tout notre matériel et nous nous accroupissons pour approcher l'animal derrière notre guide Hilaire. Il semble ne pas être troublé. Nous l'approchons donc à une trentaine de mètres. Nous prenons des photos. Bien qu'il semble totalement pacifique, il est énorme et nous met un peu mal à l'aise. Si l'envie lui venait de nous charger, il n'y aurait pas grand-chose à faire, si ce n'est de courir vers la forêt proche et chercher l'abri d'un grand arbre. Devant la masse imposante de cet animal, il est impossible de ne pas avoir un peu de peur ou d'inquiétude et de remarquer malgré tout, la beauté majestueuse de cet animal. Notre guide paraît ne pas être troublé. il nous communique son calme.
Puis tranquillement, au bout de plus de 5 min, l'éléphant tourne le dos et rentre dans la forêt.
Il ressortira 15 min plus tard à l'autre bout de la clairière et cette fois, ne nous laissera pas approcher. il rentrera tout de suite dans la forêt pour ne plus re-apparaître.

Le Grand Mâle Solitaire :







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Après cette énorme surprise totalement inattendue, nous revenons près de nos sacs et nous cherchons un endroit pour bivouaquer. Nous allons rester proche de la forêt, au débouché de notre sentier. On coupe l'herbe et on plante les tentes. Le feu allumé nous rassure et nous protégera des animaux. Il vont sentir la fumée et peut-être la présence de l'homme. Peut-être, ils partiront. D'un autre côté, l'éléphant nous ayant senti, il semble peu probable que nous le revoyions demain.

On se met d'accord pour se lever à 5 heures le matin, afin de prendre le chemin de la Plage 1, où d'après notre guide, le nombre de traces est important. En effet, vers la plage 1, nous avons croisé d'innombrables traces, qui nous laissent espérer la présence d'éléphants. Par contre, vers la Plage 4, on a noté très peu de traces. Il est donc probable que la plupart des animaux sont vers les premières plages.
Notre planning prévoit d'être vers 7h30 à la plage 1. Nous passons la soirée assis autour d'un feu de camp. Le bois ne manque pas et nos pisteurs ont fait sans aucune difficulté beaucoup de braises. Nous mangeons nos grillades. La nuit, comme toujours en forêt, est percée de ces cris inconnus qui nous surprennent toujours. Ne serait-ce que les insectes qui rôdent autour de la toile des tentes. Le soir nous aurons des myriades de papillons. Par contre, pratiquement pas de moucherons.
Le matin, nous levons le camp. Le seul côté désagréable est de remettre ses chaussures et chaussettes mouillées. Il est bien évident, que même autour du feux, elles n'ont pas eu le temps de sécher. L'idéal serait d'amener du linge de rechange. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a presque 10 km à faire dans chaque sens, et tous les kilos doivent être comptés. 10 km, c'est pas loin de 3h à 3h30 de marche.
On plie les tentes, et, très tôt, vers 5h45, nous reprenons le chemin vers les Plages 2 et 1. Nous repassons le fameux pont en tronc d'arbre. Cette fois-ci je vais passer par la rivière. Mouillé pour mouillé, ça ne changera plus rien ! Puis à l'arrivée à la Plage 2, notre guide aperçoit des éléphants à travers les arbres. Il nous fait signe qu'il y a des éléphants qui se baignent dans le fleuve. Nous mettons nos sacs à l'abri au pied d'un arbre, et nous nous approchons de l'eau.
On tombe alors sur une famille de 4 éléphants : 1 énorme mâle avec des défenses petites (un Assala - éléphant de forêt), une femelle, beaucoup plus petite, et enfin 2 éléphanteaux. On aura peu de temps pour les observer, car on est obligé de se montrer sur la berge étroite pour les observer. Ils vont nous voir ou nous sentir et vont partir tout de suite. Juste le temps de faire quelques photos.

- La FORET :

Nous allons reprendre ensuite notre marche et repasser par tous les endroits d'hier. Cette fois-ci n'étant pas contraint de rentrer rapidement, on va pouvoir observer la forêt, sans difficulté. On va voir des arbres aux racines géantes, des OKOUMES, des arbres curieux, comme cet arbre avec des bosses sur tout le tronc, qu'on appelle OMVOULA, dans la langue locale. On est en pays Téké. Le fruit de cet arbre ressemble, de très loin, à des grappes de raisins rouges. On croisera aussi des champignons jaunes, blancs, marrons, des fleurs, des lianes. Il y a aussi une liane dont les racines poussent en l'air. C'est, au dire de notre guide, la seule liane dont les racines peuvent être aériennes.
Beaucoup de troncs morts. Sur ces troncs, d'innombrables variétés de mousses ont poussées. On peut aussi apercevoir des lianes torsadées, enroulées autour des arbres. Un autre arbre est étranglé par un ficus, qui est en train de l'étouffer. Deux arbres ont poussés sur le même endroit et sont imbriqués l'un dans l'autre. Dans tous les cas, une forêt prodigieusement riche.


Rapides en aval de la Plage 1 :








Les ELEPHANTS de KESSALA / Jean-Louis ALBERT / 18 et 19 Octobre 2008.