La FORET de TSOUBA :

(A la recherche des GRANDS PRIMATES - chimpanzés -)

• Un de mes collègues de travail m'avait informé que l'on trouvait facilement des groupes de primates dans cette forêt de TSOUBA. J'ai donc décidé de faire cette mission qui va durer 3 jours. On va découvrir de nombreux nids de chimpanzés en forêt et nous entendrons leurs cris en forêt le soir. Leur présence est indiscutable et proche, mais nous ne les verrons pas.

Mon ami René-Noël POLIGUI, qui est de cette région, m'informe que l'orthographe de TSOUBA est incorrecte car le mot devrait s'écrire SOUBA, comme le village sur la route de Leconi. En effet, les populations, lors de déplacement des villages pour des raisons bien souvent de nourriture et de rapprochement vers une zone plus propice à la vie, donnent à leur nouveaux emplacements le même nom que celui de leur origine. Il s'agit donc de SOUBA, que malheureusement j'ai retranscrit phonétiquement en Tsouba, car je n'avais aucune carte à ma disposition pour vérifier l'orthographe.

Je laisserais donc l'orthographe que j'ai noté, car je ne souhaite pas retoucher toutes les légendes de mes photos et pour faire la différence avec le village d'origine.
Je tiens également à remercier tout particulièrement René-Noël POLIGUI, pour son information intéressante et aussi pour son aide qu'il m'apporte en tant qu'entomologiste professionnel, dans les classifications des coléoptères (sur mon site des coléoptères).


Vue sur la savane près de la forêt de TSOUBA :




Carte de situation de la Forêt de TSOUBA :









- Le TRAJET :

•••• FRANCEVILLE -> LECONI : 90 km, environ 1h 15 de voiture (Route goudronnée).
•••• LECONI -> Forêt de TSOUBA : 67 km, environ 3h 30 (Piste sable).
•••• Forêt de TSOUBA -> Lac ODJOUBA : 21 km, environ 1h30 de voiture (Piste en sable).
•••• Lac ODJOUBA (Village OSSOUELE) -> Mont NGOUNGOU : 16 km, environ 1h de piste en sable,
•••• Mont NGOUNGOU -> Village OLOUA : 23 km, environ 1h30 de piste en sable. A partir de ce village la piste jusqu'à AKIENI est en latérite.
•••• Village OLOUA -> AKIENI : 68 km de piste en latérite, environ 2h de voiture.
•••• AKIENI -> FRANCEVILLE : 85 km, environ 2h de voiture. Il s'agit d'une route goudronnée.

- A partir de LECONI, on a 112 km de piste en sable pour atteindre le village de OLOUA et retrouver la piste en latérite, soit 7 heures de piste, suivant la conduite, ou un peu moins.




- L'EXCURSION :
• A partir de LECONI, on va emprunter la piste en sable qui va nous amener au village de EDJANGOULOU, après 23 km. Puis nous allons dépasser le village et rouler sur 15 km environ. Puis nous allons quitter la piste et couper à travers la savane pour finalement tomber sur le CANYON VERT, où nous allons nous arrêter 1 heure environ pour déjeuner. Ce CANYON, est à mon avis, le plus beau. Il est certainement vieux, et la végétation a recouvert l'intérieur du massif, d'où peut-être son nom de CANYON VERT. Lors d'une randonnée précédente, ce canyon a déjà été visité, et on trouvera des informations et des photos en cliquant sur le lien "CANYON VERT" en barre latérale.

Nous allons laisser le Canyon Vert, pour continuer notre route, ou plutôt notre piste, jusqu'au village de NDJOGO, d'où est originaire notre guide. Dans ce village nous allons prendre son frère, qui va nous servir de guide vers la forêt de TSOUBA. Jusqu'à présent la piste est relativement facile à suivre, mais après ce village, et surtout après le Mont NGOUNGOU, plusieurs pistes s'entrecoupent, et il est indispensable d'avoir un guide pour retrouver son chemin.

Finalement, après 13 km de piste, nous tombons sur sur une forêt perdue au milieu de la savane.


Vue sur la savane arbustive près de la forêt de TSOUBA :




- La FORET de TSOUBA (les GRANDS PRIMATES) :

• Au milieu de la savane, on tombe sur une grande forêt d'une dizaine de kilomètres de long sur quelques kilomètres de large. Nous quittons la piste en sable, pour longer la forêt, à la recherche d'un endroit pour établir notre bivouac. Finalement, dans une anse de prairie à l'intérieur de la forêt, nous nous arrêtons, et nous montons les tentes. A la nuit tombante, vers 17 h 30, nous longeons à pied la forêt, à la recherche de GRANDS PRIMATES. On peut apercevoir, en lisière de la forêt, des traces d'herbes couchées qui longent la forêt. Il s'agit de toute évidence des traces laissées par des Grands Primates, qui ont quittés la forêt pour partir à la recherche de fruits à manger, dans des petits bois autour de la forêt, ou pour manger des ananas sauvages, dont nous trouverons à plusieurs reprises, des restes. Les ananas sont en marge de la forêt et ont certainement été involontairement semés par les grands singes.
On peut donc apercevoir par endroit, des plants d'ananas grignotés par les singes, dont ils ont laissé les restes sur le sol. Vers 18 heure, nous allons entendre des cris, qui ne laissent aucun doute, il s'agit de chimpanzé. Les cris sont caractéristiques de ces singes : des "hou-hou" qui se prolongent et puis des cris de disputent. Nous sommes à la nuit tombante et les chimpanzés cherchent un endroit pour faire leurs nids. Notre guide, qui a l'habitude de venir ici pour chasser les petits mammifères (gazelles et porc-épics), nous dit qu'il a souvent vu des chimpanzés dans cette forêt, aux endroits où nous sommes, lorsqu'ils sortent de cette forêt pour se nourrir, soit en lisière, soit en traversant la savane pour aller vers les petits bois parsemés dans la savane, à la recherche de fruits. Il nous explique aussi, qu'il y a 10 à 15 ans, il a été menacé par un gorille, qu'il a été obligé de tuer pour se défendre. Malgré les cris entendus, nous avons certainement fait trop de bruit, et les singes ne se montreront pas. Nous allons revenir vers le campement pour faire une grillade et passer la nuit.
Durant la nuit, vers 2 ou 3h du matin, nous allons encore entendre des cris de chimpanzés. Le matin, nous allons de nouveau longer la forêt à la recherche des grands singes. On va trouver des traces de piste : il s'agit d'une ligne d'herbes qui est couchée dans le même sens, correspondant au passage des animaux en file indienne. Notre pisteur va reconnaître, au milieu de ces traces de chimpanzés, une trace de porc-épic et une trace petite gazelle.
Nous allons tomber également sur une vaste zone de 3 mètres de diamètre, correspondant à un bivouac de chimpanzés. Ils sont en effet restés pendant plusieurs heures à cet endroit, et ont laissés l'herbe couchée sur toute cette zone : on peut dire qu'il s'agit d'un nid de jour de chimpanzés. Puis on va rentrer dans la forêt. Sur les 100 premiers mètres, on a une forêt très dense, avec peu de visibilité. En interrogeant notre guide, on peut apprendre, que d'après lui, cette forêt avance sur la savane. Autrefois, la forêt était plus loin. On a donc affaire à une forêt complètement perdue au milieu de la savane et qui progresse petit à petit. Cette partie dense en lisière correspond à l'avancée de la forêt, où les espèces végétales grandissent au sol. Puis, plus on s'avance vers l'intérieur, plus la densité diminue, pour faire place à une forêt en train de "primariser". Il n'y a pas de très grands arbres, mais certains ont pu grandir très haut et empêcher la lumière de pénétrer jusqu'au sol, en privant les plantes et les arbres inféodés à la lumière, de se développer. L'intérieur est peu dense, la visibilité est de plusieurs dizaines de mètres. Il est évident que les chimpanzés, nous ont entendus depuis longtemps et sont partis à l'intérieur de la forêt. Le matin, nous les avions entendus à quelques centaines de mètres, à l'intérieur de la forêt. Mais en pénétrant, ils ont fuis. On va apercevoir à plusieurs reprises, des nids de chimpanzés, certains assez vieux, car les feuilles sont sèches, d'autres sont de la nuit, car les branches et les feuilles sont très fraîches, et correspondent à l'endroit où on a entendu les cris de la nuit.

On a donc affaire incontestablement à des Grands Primates, des chimpanzés, qui vivent en 2 ou 3 groupes, dans cette forêt en "ISOLAT GEOGRAPHIQUE". Cette forêt longiligne est perdue au milieu de la savane et ne débouche sur aucune autre forêt. La lisière EST touche la savane qui va continuer au CONGO. Ces singes ont été coupés de leurs congénères depuis plusieurs décennies et pourraient constituer un motif de recherche intéressant. Il est aussi possible, que lors d émigrations à travers la savane, ils communiquent avec d'autres groupes, ce qui peut aussi provoquer des affrontements et des guerres inter-groupes.



- Le village de OSSOUELE et le Lac ODJOUBA :
• Après avoir fini l'exploration sommaire de la forêt, nous sommes repartis vers le village d'OSSOUELE, que nous avons atteint après 15 kilomètres de piste en sable. Plus d'une heure de voiture. Du village, nous allons repartir vers le lac ODJOUBA, qui se trouve à 4 kilomètres. On laisse la voiture à la fin de la piste, puis nous marchons sur 500 mètres environ. Le chemin se termine par son entrée dans le lac. Il faut donc retire ses chaussures et marcher sur le chemin noyée, pendant plus de 100 mètres, pour finalement atteindre le lac d'ODJOUBA. Il s'agit d'un magnifique lac entouré de collines, qui sert de lieu de distraction a tous les jeunes du village, et de lieu de pêche pour les hommes. On peut voir des pirogues qui sont attachées sur les berges.
A la sortie du lac, on tombe sur une termitière qui a servi de nid à un arbre de la famille NOCLEA, dont les fruits ronds sont très appréciés par les chimpanzés et les gorilles.



- Le Mont NGOUNGOU :
• Après cette baignade forcée, on repart pour 20 kilomètres de piste en sable, qui nous amène au Mont NGOUNGOU. Ce mont est complètement perdu au milieu de la savane et s'aperçoit de loin. Au sommet, on se trouve à 673 m d'altitude et on peut apercevoir le paysage à perte de vue sur 360°. C'est un paysage grandiose ! De la forêt de TSOUBA au mont NGOUNGOU on a 35 kilomètres de sable, soit 2h 30 de voiture environ. Nous sommes à la frontière du CONGO, et sur le versant EST de la montagne, il y a, à plus de 10 kilomètres, un village qui s'appelle ABEGHE. Les gens d'ici appellent donc cette montagne le "Mont NGOUNGOU d'ABEGHE".
La piste qui nous y conduit, traverse une savane qui est parsemée de termitières, dont on a un aperçu sur les panoramiques ci-dessus.


- Le Retour :
• Nous allons repartir pour atteindre le village d'OLOUA, après 23 km de piste, soit plus de 2 heures de conduite. A ce village, on retrouve la piste en latérite, qui va nous permettre d'aller beaucoup plus vite. OLOUA -> AKIENI : 68 kilomètres, mais la piste est bonne, bien qu'elle soit dangereuse par endroit. Certaines portions sont ravinées et se sont effondrées sur les côtés. Il y a d'énormes risques de tomber dans un de ces trous. Quelques km avant AKIENI, au niveau de l'aéroport, on peut s'arrêter au CANYON qui est accessible facilement, depuis le bord de la route.
De AKIENI à FRANCEVILLE, la route est goudronnée. Le périple fait plus de 370 kilomètres, dont 112 km de piste en sable et 70 km de latérite.


Vue sur les CANYONS d'AKIENI :





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Forêt de TSOUBA / Jean-Louis ALBERT / 08 Juin 2008.