- Les MONTS de CRISTAL -

- Création de la Page : Avril 2010


• Le but du voyage : atteindre le barrage de TCHIMBÉLÉ pour une observation de la nature. Une plongée dans les Monts de Cristal, au coeur du massif montagneux le plus proche de Libreville, et dont la richesse faunistique est impressionnante.
Tchimbélé, les Monts de Cristal, la forêt, la piste, la nature, les nuages, le brouillard, les insectes, les animaux, le calme, le silence, les chants des oiseaux : un havre de paix au milieu de la nature sauvage.

Orage dans les Monts de CRISTAL :



Carte de Situation des Monts de Cristal :






- Le Matériel Photo :


• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK II avec zoom CANON 24 / 70 f2,8 USM et zoom CANON 100 /400 f4-5,6 IS USM.
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK II, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II




- Le Trajet / La Piste :



•• LIBREVILLE -> NDOUANIENG : 75 km, soit environ 2h de voiture. Il est à noter qu'il faut au moins 1 heure pour faire les 10 premiers kilomètres en sortie de Libreville !
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NDOUANIENG -> KINGUÉLÉ : 44 km, soit 2 h30 de voiture
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KINGUÉLÉ -> TCHIMBÉLÉ : 40 km, environ 2 h de voiture plus les arrêts.

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Trajet total : LIBREVILLE -> TCHIMBÉLÉ : 160 km dont 85 km de piste, et environ 6h30 de voiture, plus les arrêts. En roulant un tout petit peu plus vite, tout en restant dans les normes de sécurité, c'est un trajet qui peut se faire en 6 heures environ.

Dans les Monts de Cristal :



Pour aller à Tchimbélé, où se trouve le deuxième barrage de la SEEG, qui alimente en électricité une partie de Libreville, on peut prendre 2 routes. Sur la route goudronnée Libreville / Kango, on peut tourner à KOUGOULEU, à une cinquantaine de kilomètres de Libreville, pour emprunter la route dite "courte" mais qui comporte actuellement, en saison des pluies, de grands bourbiers, qui semblent difficilement franchissables. Il peut y avoir des camions qui sont enlisés et qui bloquent la route. On a donc chois la route dite "longue" qui commence à NDOUANIENG. A 75 km de Libreville, on tourne sur la gauche, pour emprunter une piste qui mène au premier barrage de KINGUÉLÉ, puis en continuant, au barrage de TCHIMBÉLÉ.

Il est vrai, qu'à l'usage, cette route qui devait être meilleure, se révèle en fait, sur les 25 premiers kilomètres, dans un état lamentable. Dès le premier kilomètre, après avoir laissé le village de Ndouanieng, les premiers bourbiers apparaissent. A tel point, qu'on s'est demandé si nous devions continuer notre excursion, car la moyenne était très faible, et nous envisagions, à ce moment-là, plus de 10 heures de voyage. Nous sommes au mois d'avril, en début de saison des pluies, et il pleut continuellement. Sur les 4 jours que nous restés dans cette région, nous avons eu 2 jours de fortes pluies avec orages. Nous passons de nombreuses flaques où notre 4x4 s'enfonce lourdement dans la boue, parfois en touchant des cailloux qui ont servi à améliorer la piste. Mais après avoir passé 20 à 25 km, la piste s'améliore nettement. Cela ne veut pas dire que la piste est bonne, mais que le nombre de bourbiers et d'obstacles diminue. Un peu avant le village de ANDOK, on trouve une nouvelle bretelle qui part sur la gauche, et qui rejoint la piste entre KOUGOULEU et MÉDOUNEU, près de la frontière de la Guinée Equatoriale.
Après Andok, la piste serpente largement entre les collines du Massif des Monts de Cristal. A partir de là, on pénètre réellement dans les mythiques Monts de Cristal. La piste louvoie continuellement dans la forêt, avec parfois quelques dégagements colonisés par des fougères vraisemblablement du genre Dicranopteris linearis qui servent au maintien et à la stabilisation des bas-côtés de la route. On longe par moment des rivières qu'on traverse sur des ponts, dont beaucoup sont des ponts métalliques. Ces vieux ponts conservent toujours un charme suranné, certains sont même envahis par la végétation, des entrelacs de lianes et de plantes grimpantes qui ont colonisé les piliers. Ce seront nos premiers arrêts.
Puis après une vingtaine de kilomètres, on atteint le barrage de KINGUÉLÉ sur le fleuve Mbé. Entre les monts, il reste ensuite 40 kilomètres avant d'atteindre TCHIMBÉLÉ. Bien que la piste ne comporte aucune difficulté, elle reste néanmoins en relatif mauvais état. Beaucoup de cailloux, des éboulements, des arbres déracinés qui sont tombés sur la piste.
Des équipes travaillent à l'ensoleillement de cette piste, et laissent donc sur les bas-côtés, des amoncellements d'arbres coupés sur plusieurs kilomètres, et sur plus de 10 à 15 mètres de profondeur.

Cascade dans les Monts de Cristal :



- Les Formalités :
• Pour passer le week-end dans cette zone, l'infrastructure hôtelière est totalement inexistante. Fort heureusement, la SEEG met à la disposition des visiteurs, ses cases de passages à Kinguélé et à Tchimbélé. Ce sont des anciennes villas occupées par les cadres de la SEEG, à une époque où l'absence d'automatisation nécessitait des équipes importantes pour la construction et pour l'entretien des barrages et des machines de production. Il faut bien entendu, se rapprocher du responsable des relations clientèle de la SEEG à Libreville, pour réserver ces cases et obtenir l'autorisation d'y séjourner.
A certains endroits, on traverse également le Parc National des Monts de Cristal. De ce fait il est nécessaire aussi de demander l'autorisation de traverser le parc (sur de faibles distances) et de payer les taxes du Parc National. Ces autorisations sont nécessaires à Kinguélé et à Tchimbélé pour faire les formalités de gendarmerie.
Bien que les contours soient assez flous dans cette zone, on traverse à 2 endroits, le Parc National des Monts de Cristal, ou au moins on le suit en lisière, sur quelques kilomètres de piste.

Le Barrage de Tchimbélé :



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Les Monts de Cristal et leur Milieu :
• Quasiment en dehors de toute civilisation, les Monts de Cristal nous plongent au coeur d'un monde inconnu et fascinant : la forêt mystérieuse. Cette piste qui serpente au milieu des collines est magnifique. Piste, forêt, collines, fleuve, vieux ponts, oiseaux, insectes mystérieux, cris étranges, imprévus, éboulements, arbres déracinés, on entre dans un monde fantasmagorique. Seul, quelques endroits de la piste comporte un endroit dégagé qui permet une vue panoramique sur l'immense forêt. Bien souvent, on traverse une haie immense de fougère d'un vert tendre qui servent de limite à la forêt et a son expansion. La ligne haute tension qui alimente Libreville, suit également cette route, en empruntant des trouées dans la végétation.
Nous nous arrêtons souvent au bord de la route pour ausculter les abords. En faisant un large tour aux jumelles, on peut observer de nombreuses espèces d'oiseaux. Les arrêts sont la plupart du temps motivés par un oiseau différent que l'on voit sur une branche ou qui s'envole à notre passage. On essaye donc de le suivre. Que ce soit sur la route, ou aux abords de Tchimbélé, lors de nos promenades, on va pouvoir observer et souvent prendre en photo : l'Echenilleur Bleu / Coracina azurea, le Tchitrech d'Afrique / Terpsiphone viridis, le Gobe-Mouche Gris - Musicapa striata, le Coucal à Nuque Bleue / Centropus monachus, le Swimanga à Gorge Verte / chalcomitra rubescens, le Pipit à Longue Patte Anthus palidivintris, l'Astride à Tete Noire / Estrilda atricapilla, l'Hirondelle Striée / Hirundo abyssinica en Vol, le Martin-Chasseur du Sénégal / Halcyon senegalensis, l'Hirondelle à Bavette / Hirundo nigrita, le Guépier Noir / Merops gularis, le Martin-Chasseur Marron Halcyon badia et bien d'autres espèces dont il a été impossible de prendre des photos.



Les arrêts nous permettent aussi de faire des observations dans un autre domaine: les coléoptères. Le milieu le plus prolifique se trouve sur les coupes fraîche de bois. Nous avons la chance de longer souvent des zones d'ensoleillement de la piste. Des équipes ont donc coupés régulièrement les arbres sur plus de 20 mètres de profondeur. Ces troncs coupés relativement frais, de l'ordre de la semaine, attirent de nombreux coléoptères qui trouvent là, un biotope idéal à leur croissance et à leur reproduction. Sur ces arbres qui jonchent la piste nous avons observé à plusieurs endroits des Cerambicidae. Des dizaines de Sternotomis pulcraornata et chrysopras qui se sont envolés à notre approche. A un autre endroit, 1 Sternotomis callais, et 1 Pinacosterma nachtigali. Un peu plus loin, 1 Callichromatini, magnifique petit insecte vert éclatant.
A Kinguélé, on a pu voir également 2 Macrotoma (gracilipes et serripes). Puis encore un Elateridae. Ces arbres coupés étaient pour la plupart des Parasolliers (Musanga cecropioides).

Côté papillons, nous avons vus à plusieurs reprises des lépidoptères vraisemblablement Hypolimnas sp et quelques Euphaedra.

A Tchimbélé, la première nuit, nous avons pu observer quelques hétérocères (Papillons de nuit) dont un Orthogonioptilum, un autre Saturnidae, un Pseudobunaea cleopatra, un sphinx Daphnis Nerii, et une multitude de micro-lépidoptères.
La deuxième nuit, nous avons pu voir très vite les premières Noctuelles qui sont arrivées, puis énormément de Sphingidae assez communs, des Lasiocampidae, des Limacodidae, des Arctiidae, et quelques Saturnidae, en particulier plusieurs Epiphora rectifascia, IMBRASIA, Pseudantheraea imperator et discrepans, des Lobobunaea, Pseudobunaea et Gonimbrasia dione. En un mot, des papillons à foison, mais tous relativement communs. Quelques coléoptères, mais peu.

A Tchimbélé, près de notre case, un petit bosquet m'a permis de voir voler au milieu de la végétation, un Cymothoe beckeri femelle.

Le soir, on est invariablement dévoré par des fourous qui sortent vers 17h30, et qui disparaissent comme par enchantement, vers 18 heures. Le matin, même sanction, avant l'arrivée du soleil. Leurs marques sont facilement visibles sur les peaux sensibles.



- Les Animaux / Les Singes :
• Sur le chemin du retour, très près de Tchimbélé, peut-être à moins de 6 kilomètres, on est tombé sur plusieurs excréments d'éléphants sur la piste. Il est très clair qu'un groupe de plusieurs éléphants est passé dans la nuit, et a traversé la piste pour aller d'un côté à l'autre. Leurs traces sont incontestables. Au départ, il y a ces fèces sur le bord de la piste, puis l'herbe couchée par endroit sur la partie gauche de la piste. Cette zone herbeuse tassée représente leur parcours le long de la piste sur plusieurs centaines de mètres. Ils étaient vraisemblablement à la recherche d'un passage facile pour continuer leur périple. A plusieurs endroits, loin des premiers excréments, on aperçoit sans difficulté les traces qui obliquent vers la forêt proche. Leur passage a martelé la terre par endroit, et a laissé des empreintes dessinées dans la terre humide. Il est probable que la rencontre avec ces animaux n'aurait pu se faire qu'en partant très tôt le matin de Tchimbélé, peut-être avant 6 heure du matin. Leur percée dans la forêt est visible. Il s'agit d'une immense trouée de plus de 80 centimètres de large et de plus de 150 centimètres de hauteur, où la végétation a plié avant de se tordre et de garder de manière indélébile la marque de leur passage. C'est le début d'une piste à éléphant. S'ils ne repassent plus par là, la végétation reprendra le dessus et dans quelques jours toutes les traces seront effacées. S'ils pénètrent de nouveau par cet endroit, la terre en gardera une saignée profonde et ineffaçable.
Quelques kilomètres avant Kinguélé, sur le bord d'une ligne droite, nous avons aperçus des singes qui fuyaient à notre approche. L'action a été tellement rapide que nous n'avons pas pu réussir à les identifier. Ils ont fui immédiatement en sautant de branches en branches vers la forêt profonde.
Un peu après Kinguélé, au détour d'un virage, nous nous sommes arrêtés au bord de la route pour observer les insectes et prendre des photos. A notre grande surprise, en marchant le long de la piste, nous avons vu le feuillage d'un arbre bouger. Une colonie de singes s'est enfuie à notre arrivée en passant un par un, de branche en branche, chacun à leur tour. Le manège a duré au moins 2 à 3 minutes. Un singe passait toutes les 5 à 10 secondes, s'arrêtait et repartait en direction de la forêt. J'ai pu identifier un Cercopithecus nictitans (qu'on peut voir dur la photo ci-dessus), et de nombreux Cercopithecus cephus. Les 2 espèces co-habitaient ensemble. Cette rencontre inattendue est assez rare. Non pas que les singes soient rares, mais il est extrêmement difficile de les voir au bord de la piste. Bien souvent, il suffit qu'il soient à 100 mètres à l'intérieur de la forêt avoisinante, pour que la rencontre soit impossible. Nous avons eu beaucoup de chance.


- Les Papillons :
• Depuis très longtemps, je rêvais de voir un Papilio antimachus. Je sais que ce papillon est introuvable dans beaucoup de provinces du Gabon. Par contre il est mentionné souvent dans cette région des Monts de Cristal. Pas très loin du village de Andok, à l'entrée des premières collines des Monts de Cristal, nous sommes arrivés dans un endroit assez étroit, dominé sur la droite par un petit talus, surmonté de grands arbres. Cette petite ligne droite, avec un peu d'ombre semblait un endroit propice à la recherche de coléoptères et d'oiseau. Nous avons donc ralenti. Soudain, devant nous, à quelques dizaines de mètres, un énorme papillon diurne planait lentement : c'était bien sûr un Papilio antimachus qui voletait tranquillement à 2 mètres du sol. Je l'observe et la laisse voleter de feuille en feuille jusqu'à ce qu'il m'approche suffisamment près. Son vol ressemble à celui du Papilio zalmoxis, très grand papillon d'un magnifique bleu métallique. C'est un vol relativement lent, planant souvent sur plusieurs mètres, avant de reprendre un peu de hauteur en quelques battements d'ailes pour mieux continuer à planer. Son vol n'a rien à voir avec celui des Charaxes, qui possèdent un corps gros et musclé, entraînant un vol puissant et rapide. Ce sont des papillons très difficile à attraper en vol, tant leur vol est rapide, et saccadé. Par contre, le vol planant du Papilio m'a fortement aidé. J'ai pu le laisser se poser sur des feuilles afin de le prendre en photo. On a vu par la suite, pas mal d'espèces de sous-bois qui sont présentes sur le bord de la piste, car elle est relativement peu fréquentée.

Piste dans les Monts de Cristal :







Les Monts de Cristal / Jean-Louis ALBERT / Mardi 13 Avril 2010.


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