- La Piste OFFOUÉ -

- Création de la Page : Janvier 2015.
• 60 kilomètres séparent le village de Kazamabika, une trentaine de kilomètres après La Lopé, et le village de Booué. Les 13 premiers kilomètres, qui mènent au village de Offoué, constituent certainement une des plus belle piste du Gabon. Des paysages somptueux de collines dans une mosaïque de forêts galeries et de savanes, au milieu de champs de monolithes de grès qui parsèment l'herbe verdoyante. En toile de fond, l'Ogooué, majestueux, qui s'écoule lentement vers la côte.

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Situation de la piste Kazamabika / Boué :

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Piste Kazamabika / Boué :

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- Le Matériel Photo :


• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK III avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM ou zoom CANON 24/70 mm F2,8.
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK III, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II

Bouton Bleu Photo Piste Offoue 470x52

Bouton Bleu Video Piste Offoue 470x52


- Le Trajet :

•• LIBREVILLE -> KAZAMABIKA : 410 km, soit environ 8h30 de voiture.

Kazamabika se trouve sur la piste La Lopé / Lastourville, au début de la route des Abeilles, au carrefour de la piste qui va vers Booué. Nous sommes à 30 kilomètres environ de La Lopé.

•• KAZAMABIKA -> BOOUÉ : 60 km, environ, 2 heures de voiture.


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- Le Raid Prévu :
• Le but de ce raid était de partir de Libreville, prendre la piste de La Lopé et ensuite, à l'amorce de la Route des Abeilles, bifurquer au carrefour du village de KAZAMABIKA. En effet un peu avant le village de Mikongo et l'entrée de la Route des Abeilles, au village de Kazamabika, se trouve le carrefour qui mène à Booué. Cette piste de 60 kilomètres, mène au bord du fleuve Ogooué, et au bac qui permet d'arriver à la ville de Booué. Au départ, nous souhaitions prendre ce bac et rejoindre la route Makokou / Lalara, afin de retourner sur Libreville par la rive droite de l'Ogooué. Ce bac est malheureusement très souvent en panne. Pour tout dire, je n'ai jamais pu le prendre en plusieurs années : il est plus souvent, beaucoup plus souvent, en panne qu'en fonctionnement !

Cette fois-ci encore, il sera en panne et nous reviendrons à Libreville par la même piste.

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- Les Imprévus :
• Nous sommes en fin octobre, donc en pleine saison des pluies. Nous avons amorcé notre approche de La Lopé, lorsqu'à une soixantaine de kilomètres environ avant cette ville, nous sommes tombés sur un bourbier de plus de 50 mètres. L'approche nous annonce un blocage. Des camions et des voitures, garés l'un derrière l'autre, sur le côté droit de la piste. Personne sur le côté gauche. Le doute n'est pas permis. En remontant à pied la file à l'arrêt, on aperçoit un camion semi-remorque enlisé jusqu'aux essieux avants. Il est vrai que nous sommes en pleine saison des pluies, qu'il pleut abondamment la journée, et que cette piste sinueuse en montagne ne peut pas être ensoleillée. Au final, avec les jours, l'eau stagne dans les ornières. Ceci implique que la terre est toujours mouillée et le passage répété des camions la creuse.
Il est tard soir et nous ne voyons pas de solution avant plusieurs heures, malgré le monde qui travaille à trouver un passage.
Nous allons passer notre première nuit au milieu de la forêt en empruntant une vieille piste à quelques kilomètres en arrière. Sur cette piste forestière, nous sélectionnons le seul endroit qui nous permet d'avoir un minimum de sécurité : une vaste zone de 30 à 40 mètres de large et suffisamment dégagée pour ne pas se trouver sous un arbre mort qui pourrait nous tomber dessus. Lorsqu'on dort en forêt, c'est la première chose à vérifier.
Ne pas se mettre sous un arbre mort. Lors des orages, ce sont les premiers à pouvoir tomber.
Le lendemain matin, la piste a bien été dégagée durant la nuit par tous les protagonistes. Nous reprenons la route. Passé La Lopé, nous arrivons au carrefour de Kazamabika.


- La Piste OFFOUÉ :
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• 60 kilomètres séparent le carrefour du bac sur l'Ogooué, à Booué. A 13 km, se trouve la gare de Offoué, à la confluence des 2 fleuves Offoué et Ogooué. Cette portion de piste est certainement, l'une des plus belle piste du Gabon. Sur 13 kilomètres, cette piste serpente à travers les collines. On traverse alors, une mosaïque de forêts galeries et de savanes dont certaines sont parsemées d'innombrables monolithes de grès, comme une armée de guerriers prête à défendre son territoire. Cette piste est peu fréquentée. Nous avons juste croisé un véhicule en une journée et une nuit, avant la gare de l'Offoué. Après plus rien. Il est vrai que le bac étant arrêté, comme à l'accoutumé depuis plusieurs mois, personne ne passe ici. Personne, sauf peut-être quelques personnes qui arrivent au bord de la rive gauche du fleuve et qui traversent en pirogue le fleuve, pour se rendre à Booué.

Au niveau de cette gare, on bifurque sur la droite, un peu avant, afin de prendre la piste qui va jusqu'à Booué. C'est là que commence une piste étroite, mais encore en bon état, à travers la forêt. Nous sommes en pleine saison des pluies, et il va pleuvoir quasiment toute la matinée.

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- L'Accident :
La piste est devenue glissante, à tel point, qu'après 40 kilomètres, sans excès de vitesse, nous allons déraper sur un petit virage en dévers, et les roues arrières de notre véhicule vont se mettre dans le vide. Pas exactement dans le vide, mais dans un fossé qui précède le ravin du côté gauche de la piste. La voiture a glissé tranquillement, doucement, comme dans un film au ralenti, les roues avant restant sur la piste, mais l'arrière, devenu incontrôlable, se coinçant dans la boue du fossé. A 2 doigts du précipice ! Lorsque tout s'est stabilisé, le silence retombe. Le moteur est arrêté. On souffle. La peur rétrospective remonte, comme si on savourait un moment d'intense émotion, qui aurait pu nous conduire au fond du ravin. Visons cauchemardesques et fugitives de la voiture au fond du ravin après plusieurs tonneaux, nous-même peut-être blessés, la solitude au milieu d'une forêt non fréquentée, des jours pour retrouver la civilisation, de l'aide, l'impossibilité de remonter la voiture… Le chaos qu'on essaye de renvoyer au fond de nos esprits.
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On descend alors pour analyser la situation. Il faut être prudent, car si la voiture dérape encore dans le sens de la pente, vers la gauche, c'est un plongeon d'une quinzaine de mètres, avec peu d'arbres pour nous retenir. Nous sommes complètement en travers de la piste. Comme il n'y a personne, on ne va même pas mettre des branches sur la piste pour signaler l'incident. On remet le moteur en marche et on essaye de se sortir. Pas la peine d'insister. On n'a pas de différentiel et les roues arrières patinent dans le vide, pendant que les roues avant ne servent que de décoration. Aucune emprise sur la boue de la piste. Sur la partie droite, nous avons la colline qui monte et beaucoup de fougères. Au milieu, on repère un arbre, pas très gros, mais dont le tronc à la base, pourra certainement supporter la traction d'un câble. Je prends la machette et dégage sur 2 mètres, toutes les fougères environnantes. Nous déroulons le treuil et j'attache le câble au bas du tronc. Le plus bas possible pour limiter l'effort de déracinement. Stéphane dans la voiture, a pris la télécommande du treuil et commence à l'activer. Le câble se tend lentement. Puis on sent qu'il se met en tension. Le moteur électrique force. Son bruit augmente en devenant plus grave. C'est le signe qu'il travaille durement. on sent que la traction augmente. Je regarde le tronc, il résiste. Le câble est tendu au maximum. La voiture bouge légèrement, le moteur ronfle, le câble est tendu au maximum, le tronc bouge un peu, la voiture se met encore plus en travers de la piste car la traction se fait sur la droite. Elle se met quasiment à 90° de la piste, complètement en travers de la piste. On arrête et on regarde si tout se passe bien. Stéphane monte à nouveau à la place du conducteur. Le moteur accélère, pendant que le câble se tend à nouveau. Frémissement du véhicule, dérapage des roues arrières qui poussent encore plus la voiture perpendiculairement à la piste. Moment d'angoisse et de frayeur. On sent le ravin qui se rapproche et dont seules quelques touffes d'herbe nous séparent. Dérapage lent mais continuel des roues arrières, soubresauts du véhicule, les fougères qui s'écartent à droite pour dévoiler la base du tronc d'arbre, patinage des roues arrières dans un espace de plus en plus réduit, inaction des roues avant, tension maximale sur le câble, le tronc qui va se détacher de la terre.
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On pense aider mentalement la voiture et l'ensemble des forces en présence comme dans un film paranormal, pour que tout se passe bien, et puis finalement, une conclusion heureuse, le 4x4 qui sort enfin de l'ornière et dont les roues arrières mordent sur la piste, pendant que l'avant se rapproche inexorablement de la base du tronc. Le câble s'est enroulé autour de l'axe et il ne reste que 4 à 5 mètres de libre. Mais heureusement notre tout-terrain est sorti de cette catastrophe. Ouf de soulagement, contentement. On laisse l'ensemble complètement en travers de la piste, au milieu d'un virage, mais personne ne passera. Puis on détend le câble et on se gare lorsqu'on a estimé que tout allait bien. Je le décroche du tronc. On plutôt j'essaye de le décrocher, car le véhicule étant très lourd, le câble s'est s'incrusté dans la chair du bois et je vais devoir m'appuyer sur la machette pour le décoller. En faisant levier. Peur rétrospective et soulagement de satisfaction.

En reprenant notre chemin, nous avons un frisson, rien qu'à penser que nous étions à deux doigts du ravin, et qu'en cas de malheur, il aurait fallu attendre plusieurs jours avant de trouver quelqu'un pour nous aider ! S'il n'y avait pas eu de blessé.

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Finalement la pluie revient un peu, puis s'arrête et nous continuons notre conduite en forêt. Une forêt de plus de cinquante kilomètres dans laquelle la piste essaye de se frayer un chemin. Elle traverse ce massif montagneux et oscille entre descentes et montées. Après une multitude de virages, nous débouchons finalement au débarcadère du bac, juste en face de Booué. La piste fini en pente douce et nous mène au bord de l'eau. Le bac est invisible, d'un côté comme de l'autre. Au bord de l'eau, en face des premières maisons de Booué, nous allons déjeuner rapidement. Il est aux environs de 14h30 / 15h.

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Dans l'après-midi, nous retournons et traversons de nouveau la forêt. Au passage, on retrouve nos anciennes traces de dérapage. La forêt continue, puis laisse place à la savane. En serpentant sur la piste qui domine par endroit le paysage, on aperçoit l'Ogooué au fond de la vallée. On cherche un endroit au sommet d'une colline, qui domine le paysage et qui nous permette de passer la nuit loin de tout. On quitte la piste sur une centaine de mètres, en traversant la savane ou l'herbe n'est guère plus haute que 50 cm et en évitant les gros rochers de grès. De notre position dominante, la vue est superbe et nous bivouaquerons là. Déploiement de la tente sur la galerie du Toyota, organisation du campement, la table, les chaises, le réchaud, le couvert à mettre, puis douche avec l'eau de notre réserve sur la galerie, préparation du repas du soir et surtout, détente le soir, après une rude journée, en profitant de cet instant. Instant magique et privilégié avec, dans le lointain, des éclairs qui illuminent la nuit, pendant que le jour décline et que l'apéritif que nous prenons, nous transporte au-delà du silence et dans la vision d'animaux que nous espérons voir sortir de la forêt en contre-bas. Animaux que nous ne verrons pas ce soir-là.

Comme à Libreville, Stéphane, fana de cuisine nous a concocté des
Pâtes à la Catalane, avec du chorizo et tous les ingrédients adéquats. Difficile d'imaginer qu'on puisse manger comme au restaurant, dans un endroit aussi perdu. On coupera les légumes en petits morceaux puis Stéphane passera près de 30 minutes pour finaliser ce mets de roi. Repas le soir au milieu de la savane. Il fait nuit et nous ne verrons rien de ce paysage que nous avons ingurgité toute la soirée pendant l'apéritif. Stéphane n'a pas oublié le vin. Tout le matériel est là. Puis la bouteille de Saumur qu'on sélectionne parmi le choix possible : Blanc ou Rouge.

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Personne, le silence, un petit air frais de temps en temps, un paysage à couper le souffle qui s'assombri en même temps que le jour. Le rêve à l'état pur. De la beauté, du calme, de la quiétude. La vie qu'on savoure.
Puis après ce moment de détente, on regagnera la tente où nous dormirons paisiblement. La nuit, plus tard dans la nuit, la fraîcheur nous gagnera et nous donnera un sommeil sans faille, jusqu'au petit matin, qui nous réveillera avec le jour qui se lève. Vers 6h30, nous nous lèverons tranquillement. Une petite douche avec l'eau qui nous reste, puis un petit déjeuner. Nous avions toujours notre café Capuccino avec des madeleines, et des biscuits. La rangement nous occupera encore un petit moment pour faire la vaisselle, plier notre poubelle que nous viderons à Libreville, puis ranger le matériel dans l'arrière du véhicule.

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Le chemin du retour nous fera regagner la piste à quelques centaines de mètres de là. Puis de la piste principale, nous passerons à nouveau le carrefour au village de Kazamabika, qui nous permettra de regagner la Ville de La Lopé à une trentaine de kilomètres de là. De nouveau cette longue piste agréable à découvrir, même pour la sème fois. Piste toujours pleine d'imprévus et de beautés, mais qui ondule entre des massifs montagneux qui alternent avec des plaines de savanes et de forêts galeries.

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La Piste OFFOUÉ / Jean-Louis ALBERT / Janvier 2015.


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