- Les GROTTES du GABON -

•• FRANCEVILLE 2 : Ranch de la LEKABI - Grotte de DJIBALONGA :

- Création de la Page : Novembre 2008.

•• Bien qu'elles soient très peu visitées, on trouve au GABON, de nombreuses grottes. En général elles sont difficiles d'accès et ne font parti d'aucun circuit touristique. Mais avec de la persévérance, on peut arriver à trouver les personnes susceptibles de servir de guide pour y accéder.

• La grotte de DJIBALONGA se trouve près du ranch de LEKABI, où la société SODATO produit des légumes et des fruits.



Paysage sur le Chemin de la GROTTE de DJIBALONGA :



Entrée de la GROTTE de DJIBALONGA :



Carte de situation de la Grotte de DJIBALONGA dans le HAUT-OGOOUE :



Carte d'accés à la Grotte de DJIBALONGA :







Le TRAJET :

•••• FRANCEVILLE -> Carrefour vers le Ranch de LEKABI : 21 km, environ 25 minutes de voiture
•••• Carrefour -> Ranch de LEKABI : 18 km, environ 40 minutes de voiture
•••• Ranch de LEKABI -> Grotte de DJIBALONGA : 16 km, plus d'une heure de voiture.

La PREPARATION :
La piste de Franceville vers OKONDJA est très correcte. A 21 km de Franceville, avant un petit village, on quitte la piste principale pour prendre une piste secondaire qui mène au ranch de LEKABI. Sur une zone de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers d'hectares, il y a une ferme qui produit nombre de légumes et fruits consommés par les gens de la région du Haut-Ogooué : tomates, bananes, pastèques, aubergines, persil, carottes, concombres, etc… Dans un passé relativement lointain, on avait aussi des immenses enclos où se trouvaient des troupeaux de vaches. ces vaches à longues cornes pointues, dont on peut voir encore quelques spécimens. Par contre elles sont très peu nombreuses. Les pâturages sont aujourd'hui abandonnés, et on trouve encore les cases des anciens gardiens, qui sont envahies aujourd'hui, par la végétation. Le ranch de LEKABI est perdu au milieu des collines et de la végétation. Tous les travailleurs habitent autour à quelques km seulement du point central, dans des petits villages avoisinants. En cette période, ce ranch est tenu par mon ami Pascal, et sa famille.
Pour cette randonnée, nous serons guidés par Jean, qui connait la région qui est occupée par l'ethnie BAKANINGUI, qui sont dans les villages avoisinants. Après 1h et quart de route, on atteint le ranch, où nous rencontrons Jean, notre guide. Il va être accompagné de son collègue Thierry, qui connaît aussi la région. Nous serons 4 personnes, en tout : 2 guides, un ami Tanel et moi-même.


La PISTE :

Nous démarrons donc, vers la sortie du ranch, puis nous empruntons une piste sur la droite. Nous traversons un pont fait de poutres métalliques supportant des planches en bois. Puis nous arrivons au premier pâturage, qui est encore en activité. On va donc apercevoir un troupeau de vaches à cornes pointues, qui paissent tranquillement. Elles sont derrière une clôture en fil de fer barbelée. Après cette traversée de quelques centaines de mètres, on change complètement de registre. On poursuit sur une piste non entretenue depuis quelques années. Il y a des ravines importantes, et la végétation a repris ses droits. L'herbe a poussée au milieu de la piste, à tel point qu'on ne la voit pratiquement plus. Par moment on est obligé de s'arrêter pour vérifier qu'il n'y a pas de trou et que nous sommes bien sur la piste. On traverse des petites forêts dont les arbustes sont retombés sur la en arc de cercle sur la latérite et la boue. Nous sommes en saison des pluies. Cette forêt enserre complètement la piste d'un côté à l'autre. Par moment, nous allons nous arrêter pour que nos guides coupent les branches qui sont trop nombreuses. Les collines se succèdent. A perte de vue, par endroit, au sommet des collines, on voit la plaine aussi loin que le regard porte. Ce sont des savanes entrecoupées de forêts.

Il est clair que si personne n'entretient cette piste, ou s'il n'y a pas de véhicules qui passent, la végétation se refermera sur cet obstacle créé par l'homme, et la route disparaîtra complètement d'ici deux à trois ans. Mais pourquoi entretenir cette piste qui ne mène nulle part ! Sur ce chemin, on croise à plusieurs reprises, des crottes de civettes ou de mangoustes. Ces restes d'animaux sauvages, ont la particularité de se décomposer et d'attirer les papillons des alentours, en particulier, les fameux CHARAXES. Papillons qui forment une très grande famille. Ils se concentrent sur ces déjections, et trouvent à l'intérieur les sels et les oligo-éléments dont ils ont besoin. Occupés à se délecter, ils oublient les entomologistes qui vont les cueillir facilement. A l'ordinaire, ce sont des lépidoptères aux corps très gros, qui leur confèrent un vol puissant et rapide. Ces pièges naturels sont les seuls moyens pratiques de collecter ces espèces.

On aperçoit souvent des embryons de termitières qui poussent au milieu ou sur le bord de la piste. Il s'agit de minuscules tas de terre de quelques centimètres de hauteur. Les insectes forment leur future colonie.


Nous roulons sur plus de 16 km, avant d'atteindre un endroit de la piste qui est bordé sur la gauche par une colline qui doit être à 200 ou 300 m. Depuis le Ranch de LEKABi, on mis un peu plus d'une heure pour faire cette distance. L'état de la piste, la végétation qu'il faut couper à la machette à certains endroits et les nombreux arrêts pour vérifier l'absence de trous, font que la moyenne est très faible. Au loin, nous apercevons le village proche de LEKOUSSAGA. Nous laissons notre véhicule sur le bord, après avoir fait demi-tour. Nous rentrons dans la savane sur la gauche, et nous marchons. Quelques centaines de mètres plus loin, après avoir traversé la savane, nous arrivons au pied d'une colline, noyée par une forêt. On pénètre dans cette forêt qui ressemble à un sous-bois pas très dense. Après quelques mètres, on aperçoit déjà la falaise qui abrite l'entrée de la grotte. Notre randonnée va durer environ 15 minutes.


La GROTTE de DJIBALONGA :

L'entrée de la grotte se trouve au pied de la falaise, à mi-pente de la colline boisée. Des fromagers géants trônent à moins de 10 m de la falaise, comme des gardiens du temple. Au-dessus de la cavité la falaise est couverte de fougères qui forment des massifs verdâtres sur la pierre grise. On emprunte un chemin assez large qui mène aux éboulis de l'entrée. Pour pénétrer dans la grotte, il faut descendre sur plus de 3 mètres des grosses roches recouvertes de boue et de guano de chauve-souris. La glissade est garantie. On allume les lampes frontales pour aborder la grande cavité. La grotte n'est pas très profonde, au plus une cinquantaine de mètres. Il y a 2 cavités principales. La première que nous empruntons sur la gauche est très haute, peut-être plus de 10 mètres, avec des éboulis qui recouvrent le sol. Dès l'entrée on entend des bruissements. Ce sont des nuages de chauve-souris qui sont dérangées par nos lumières et qui volent dans tous les sens. On aperçoit sur la droite, des dizaines de bestioles qui slaloment et qui sortent à l'extérieur. En naviguant sur ces cailloux, nous descendons vers le bas de la grotte qui nous dévoile un lac de plus de 20 mètres de long, enserré entre les parois stratifiées. Il est possible, voire même probable que ce tunnel se prolonge au fond, mais il s'agit alors de spéléologie. D'autre part, il semblerait que ce soit un lac sacré, qu'il ne faut pas traverser. Nous allons respecter les esprits des ancêtres et nous n'allons pas traverser l'eau.

Le toit de la cavité centrale est striée par endroit par les lignes de 5 à 10 centimètres de roches blanches qui sembleraient être des dépôts calcaires. Sur le sol, à la verticale de ces stries, se trouvent des stalagmites en formations. On aperçoit ainsi des lignes de plusieurs dizaines de stalagmites en formation sur le sol. Certaines ont plus de 10 centimètres de diamètres. Ces lignes de plusieurs mètres de longueur, sont strictement alignées à la verticale des lignes blanchâtres du plafond. Il est certains que le suintement de l'eau est en train de créer ces formations de dépôts calcaires. Sur les parois, on a aussi des strates de couleurs différentes. A plusieurs endroits on distingue des dizaines de petites stalactites qui tombent du plafond. Elles ressemblent à des tubes plantés dans le plafond, auxquels sont accrochés des gouttes d'eau qui suintent lentement. Des gouttes tombent régulièrement au sol et entretiennent la progression des concrétions qui montent du sol.

Sur la partie droite de l'ensemble, en revenant vers la sortie de la grotte, on a une autre caverne qui démarre. On remonte l'éboulis qui redescend dans l'autre tunnel. Dans celui-ci on voit sans peine des centaines de chauve-souris qui sont collées au plafond. Au milieu de la nuit, on distingue les yeux qui brillent dans les faisceaux lumineux de nos lampes, comme des centaines de lucioles. Par brassée elles lâchent leur prise et s'élancent dans l'air. Aucune ne nous frôle. Elle reste au sommet du tunnel. Mais les crissements de leurs ailes semblent résonner comme un brasseur d'air en action. Sur le sol, on patauge dans les fientes, qui ont créées une couche de quelques centimètres de guano. Il est possible que cette grotte comporte des prolongements mais qui nécessitent plus de préparation pour les explorer.

La FAUNE :

Dans le lac, sur le côté, on peut voir un étrange poisson blanchâtre, comme une silure de plus de 30 centimètres de longueur qui stagne près de la berge. La tête est disproportionnée par rapport au corps effilé. Sur la bouche, il a des barbillons qui partent de chaque côté. Derrière cette tête énorme, le corps très mince se termine par une queue ridiculement petite. On peut l'approcher et le photographier sans peine.
Sur les rochers on trouve des grillons, les mêmes que ceux qu'on a vu dans les autres grottes. Sur la paroi, il y a une araignée-scorpion, un AMBLYPYGE
(Classe : Arachnida, Ordre : Amblypygi, Amblypyge), au corps aplatit et aux longues pattes, dont les deux premières sont terminées par des crochets. Déplié, il doit bien faire plus de 30 centimètres de long.




• Grotte de DJIBALONGA / Jean-Louis ALBERT / 09 Novembre 2008 (GABON)