- Les GROTTES du GABON -

•• FRANCEVILLE 1 : OKOUMBI - La GROTTE de KELANGO :
(Dite La GROTTE de la PANTHERE)

- Création de la Page : Octobre 2008.

• Bien qu'elles soient très peu visitées, on trouve au GABON, de nombreuses grottes. En général elles sont difficiles d'accès et ne font parti d'aucun circuit touristique. Mais avec de la persévérance, on peut arriver à trouver les personnes susceptibles de servir de guide pour y accéder.
• La grotte de KELANGO tire son nom de la langue locale, qui en Obamba veut dire Panthère. Il semblerait qu'il y ait fort longtemps, des panthères aient vécu dans cette grotte, d'où son nom de "GROTTE de la PANTHERE" ou "GROTTE de KELANGO".


Entrée de la GROTTE de KELANGO :



Carte de situation de la Grotte de KELANGO dans le HAUT-OGOOUE :



Carte GROTTE de KELANGO :







Le TRAJET :

•••• FRANCEVILLE -> OKOUMBI : 55 km (50 minutes de voiture)
•••• OKOUMBI -> Ranch NKORO : 9 km de piste
•••• Marche vers la GROTTE de KELANGO : 1,5 km environ (45 minutes)

La GROTTE de KELANGO :
• Nous sommes partis de FRANCEVILLE et après 55 kilomètres de route goudronnée, en passant par NGOUONI, on arrive à OKOUMBI, où se trouve la grotte. A Okoumbi, on est dans un village à majorité OBAMBA.
A Okoumbi, nous rencontrons notre contact qui va nous introduire auprès du chef de la grotte. Afin de préparer l'exploration nous formons
"une table ronde" en plein village, pour discuter des modalités financières et de la réalisation pratique. La discussion est bon enfant et passe sur tous les aspects de la randonnée : c'est la distraction du dimanche !

Après nous être mis d'accord, nous montons dans notre véhicule. Nous pensions avoir 2 ou 3 guides, mais à notre grande surprise, tout le monde veux venir. On va s'apercevoir que cette grotte n'est pas souvent explorée, et beaucoup des gens du village n'y sont jamais rentrés. Finalement, comme la distance est faible, nous arrivons à caser tout le monde dans notre pick-up. Le chef de la grotte, étant bien sûr, en tant que chef, dans le véhicule.
Nous roulons 9 kilomètres environ, sur une piste sans problème. Nous passons une carrière de gravier d'une entreprise locale, puis, après 2 barrières qui sont censées empêcher des boeufs d'élevage de s'évader, nous arrivons au ranch NKORO, où nous laissons notre véhicule.
Nous descendons tous, en tout 11 personnes qui vont nous servir de guides sont venues avec nous, en plus de nous 4. La marche va durer 45 minutes environ, sur seulement 1500 mètres. Nous allons traverser très rapidement une forêt, puis monter au flanc d'une colline pendant plus de 30 minutes, sur une côte assez raide. Nous redescendons un peu sur quelques centaines de mètres, avant d'arriver à l'entrée de la grotte.
A l'entrée de la grotte, on se regroupe et le chef de la grotte, va à l'entrée de la grotte pour commencer la présentation des offrandes aux génies de la grotte. En effet, lors de nos entretiens préliminaires, on s'était mis d'accord pour fournir quelques denrées qui sont absolument nécessaires pour cette cérémonie :
-1 Paquet d'oeuf,
-1 paquet de sel,
-1 Litre d'huile de palme,
-2 Litres de vin,
-1 Bouteille de Coca,
-2 Paquets de feuilles tabac.

Tous ces ingrédients vont être placés par terre par l'assistant, près du chef de la grotte. Le vieux chef va ensuite commencer la cérémonie dans sa langue natale Obamba, où nous comprenons certains mots comme "n'tangani", qui signifie les "blancs". Nous comprenons aisément la traduction. Il invoque les esprits pour les informer que des étrangers sont venus visiter la grotte, en compagnie des gardiens locaux, et il leur demande de nous laisser visiter la grotte sans difficulté, car nous sommes venus en paix. Il prend ensuite un oeuf qu'il coupe et répand à l'entrée à droite et à gauche de lui.
puis il prend le vin, l'ouvre et le répand également. Aidé par son assistant ils vont répandre par la suite le sel ainsi que l'huile de palme tout autour, puis laisser le tabac à l'entrée, bien en évidence.

A la fin de la cérémonie, des invocations et des offrandes, le chef va se tourner vers nous et nous dire que nous pouvons commencer l'exploration. Mais maintenant nous devons passer à la phase pratique. En effet, aux pieds du chef, à l'entrée de la grotte, on trouve une mare de vase noirâtre sur plus de 10 mètres. Il s'agit d'un milieu glauque, mélange d'eau, d'un peu de sable et surtout de fientes de chauve-souris, qui en stagnant a formé un magma "cacateux" qui obstrue l'entrée de la grotte. Nos guides vont essayer de dégager à l'aide de bâtons et à la main, le goulet d'étranglement formé de détritus et de morceaux de bois qui empêche la vase de s'écouler vers la vallée. Après quelques efforts, un courant va se créer et le liquide va commencer à s'épancher en clapotant. L'odeur pestilentielle nous fait reculer. Puis le ruissellement s'estompe. Impossible de continuer. En prenant un bâton, on mesure en l'enfonçant qu'on est en présence d'au moins 80 cm par endroit de vase. Autrement dit, si on passe au milieu, la mixture va nous monter à mi-cuisse ! Inutile de dire que personne n'est vraiment heureux de marcher dans ce poison.
Après avoir dégagé l'évacuation de la boue sans efficacité, les guides vont couper des petits arbres de 10 à 12 mètres de longueur. On va ensuite les faire glisser entre la terre ferme de l'entrée de la grotte et le banc de sable qui se trouve une quinzaine de mètres sur la gauche à l'intérieur. Finalement, avec 2 troncs, on fait un mini-pont qui semble relativement stable. On pique verticalement dans la vase des branches de 2 mètres qui vont nous aider à garder l'équilibre.
Après cette préparation, on va tous pénétrer dans la grotte. La fin des troncs baigne dans la boue, nous obligeant à finir les derniers mètres avec de la vase jusqu'au haut des chaussures.
La gauche de la grotte est occupée par du sable sur plus de 1 mètre, assez ferme, de telle manière qu'on puisse marcher sans difficulté. Après une vingtaine de mètres, après avoir allumé nos lampes frontales, nous apercevons les murs de la grotte de couleur claire, beige clair. puis en avançant, nos lampes vont déranger des chauve-souris. A ce moment-là des milliers de chauve-souris vont se donner le mot et presque toutes s'envoler et passer autour de nous. Des milliers de chauve-souris dont on sent les bruissements d'ailes, les souffles d'air lorsqu'elles passent près de nos figures. certaines s'accrochent à nos vêtements, au dos, sur le pantalon. On les dégage. Puis dans les 10 minutes qui suivent, elles se calment. Certains n'ont pas supporté la présence des chauve-souris et ont rebroussés chemin. 2 ou 3 personnes n'avaient pas voulu rentrer dans la grotte. Il ne reste donc que 8 personnes dans la grotte sur les 15 du départ.
Nous continuons à avancer sur 150 à 200 mètres environ, toujours avec des chauve-souris, dont beaucoup se sont reposées sur les murs, dans las anfractuosités, et au plafond. Les parois sont en pierre très friable, et on sent continuellement des grains de sable, peut-être des fientes aussi, nous tomber sur la tête. La grotte s'amincit et fini en cul de sac avec des petites cavités visibles dans le fond. Il est probable, au dire de nos guides, que la grotte continue très loin. Mais maintenant ça se rapproche de la spéléologie, et nous ne sommes pas équipés pour ça. Nous retournons donc sur nos pas.

Sur la photo ci-contre on peut se rendre compte de la densité des chauve-souris dans cette grotte, qui est réellement impressionnante.

A la sortie nous pouvons observer sur une des parois de la grotte, une inscription avec des initiales et une date : 1966. Il semblerait que ce soit la date de la première exploration de la grotte par un européen. Peut-être ?

Nous reformons le groupe et nous repartons à travers la forêt, dont on peut voir quelques grands arbres aux racines aériennes et d'autres aux
racines géantes.
Le retour à la voiture se fait sans difficulté. Nous pouvons donc embarquer tout le monde et retourner à Okoumbi, où chacun fait part de son expérience vécu lors de la randonnée.
De la piste qui mène à Okoumbi, on peut surplomber la forêt lorsqu'on arrive au sommet d'une colline assez haute, comme on le voit sur le panorama ci-dessous.



Vue sur la forêt en arrivant à la GROTTE de KELANGO :





• Grotte de KELANGO / Jean-Louis ALBERT / 10 mai 2008 (GABON)