• La Piste :
Parti de Mikongo, le matin de bonne heure, vers 07h 10, nous allons passer par Biboulou, pour rejoindre la route bitumée, puis Lalara. Nous irons ensuite sur Mitzic afin de nous re-approvisionner en nourriture et rejoindrons Booué en passant de nouveau par Lalara et Koummeyong. La piste entre Koumameyong et Booué est en latérite et doit être assez difficile en temps de pluie. Heureusement nous sommes en saison sèche et il n’y aura pas de difficulté. Le détours par Mitzic nous a fait faire 113 km de plus et compte-tenu des arrêts, on aura perdu environ 3h et demi. Temps nécessaire pour refaire des provisions. A Booué, on cherchera en vain du gas-oil, qui sera très difficile de trouver en raison de la fermeture de la Station Service de la ville. Compliqué ! Après un dernier contrôle à Booué (Bien entendu s’il n’y a pas d’essence ni de Gas-oil à Booué, par contre les contrôles, eux, sont toujours là !), nous prenons la piste vers le bac Ivindo, entretenu par l’entreprise ROUGIER, que nous passerons après 17h. Heure limite de passage ! Nous allons continuer sur la Base ROUGIER d’IVINDO.
La Base est une magnifique concession près de la ville et du de fer, qui permet d’évacuer les grumes de bois vers Libreville. Nous serons reçu très aimablement par le Responsable de la Base, Mr MANFOUMBI, qui nous permettra de rester pour la nuit, dans une chambre de passage. Après une journée de voiture, la douche et une bonne nourriture seront les bienvenus. Nous remercions ici, Mr Manfoumbi et la Société ROUGIER, pour leur hospitalité. Nos chambres étaient dans des containers aménagés qui comportent tout le confort nécessaire.


• Le Camp DILO :
Le matin, après un petit déjeuner, nous repartirons vers le Camp Dilo, qui se trouve à environ 15 km de la Base Rougier. Il s’agit d’un campement de l’ANPN, où les éco-guides et les éco-gardes du parc IVINDO, vivent. Ils sont en rotation, en fonction de leur travail et de leurs périodes de repos. Le campement est en planche, mais comporte le minimum de confort. Bien entendu, il n’y a pas d’eau courante et la toilette se fait dans la rivière DjiDji qui jouxte le camp. Nous avons tous l’habitude. Les toilettes sont sommaires, très sommaires : un grand trou avec un seul chevron de 10 x 10 cm qui sert à tenir l’équilibre pendant “l’action“. Diane sera notre cuisinière qui fera avec beaucoup de soins, nos plats de midi et du soir, avec la nourriture apportée.
Il y a un groupe électrogène fonctionnant à l’essence et qui marche de 18h environ à 22 heures. C’est un moteur 4 temps à essence VA4000, qui consomme environ 1 litre / Heure, soit environ 20 litres par jours. Il permet de conserver plus ou moins bien, la nourriture dans le petit congélateur du camp. A notre arrivée, on va occuper 2 chambres en bois avec lits et moustiquaires. Les chambres sont parfaites et moi, je vais dormir dans la chambre de 2 lits, avec Jacques, tandis que Philippe en tant que responsable de l’expédition, occupera une chambre avec l’ensemble des cantines et du matériel d’entomologie.
L’endroit est magnifique avec la rivière et le pont métallique qui permet de rejoindre la ville d’Ivindo et un deuxième pont métallique à 2 ou 300 m pour le train, qu’on verra passer régulièrement. Lors de notre séjour de 10 jours, on verra à plusieurs reprises, de l’autre côté de la rivière, des singes Cephus et Nictitans dans les arbres.




• Les Récoltes autour du Camp :
Nous allons bien entendu explorer les pistes aux environ, dont certaines sont condamnées par Rougier, avec des grosses grumes de bois qui empêchent tout véhicule de passer. Pour nous ça ne pose pas de problèmes, car nous devons marcher régulièrement, explorer les forêts de chaque côté, et prendre des petits sentiers encore utilisables pour faire nos récoltes et poser nos pièges à Charaxes et à Euphaedra. Le temps est celui habituel en saison sèche : nuageux et de temps en temps, une petite éclaircie avec un tout petit ciel bleu. Les températures, que nous relèverons systématiquement chaque jour, oscillerons entre 21 et 26°C maximum. Notre principale zone d’exploration aura été en définitive, à 5 ou km du Camp Dilo, vers la ville d’Ivindo. Sur la gauche, la voie de chemin de fer (qui va vers Franceville et Libreville) et sur la droite, une vieille piste dont la végétation a repris ses droits, mais qui nous laisse des biotopes différents, donc prometteurs.
Globalement ce sont des zones fortement anthropisées, et les familles d’insectes les plus abondantes sont sensiblement différentes des Monts de Cristal (Haut-Abanga). Quand je dis anthropiques ça ne veut pas dire qu’il y a beaucoup de personnes vivant ici, mais plutôt que l’homme est passé régulièrement ici, et a laissé des marques innombrables de son passage avec les abattages d’arbres par période. Ici, on sera systématiquement assailli par des myriades de moucherons qui rendront vraiment pénible, toute progression.
Au milieu du mois d’août, on est à la pleine lune, et donc on n’a pas posé de piège de nuit avec les lampes. C’est une problématique que tous les entomologistes connaissent parfaitement : le jour de la pleine lune et 2 jours avant ou après, il y a très peu de prises sur les draps lumineux car les insectes sont fortement attirés par la lumière importante de la lune, malgré les nuages. On passera donc plus de temps sur les récoltes de jour.

Nos collègues éco-guides Ulrich et Tom partiront pécher en lassant des lignes la nuit et les relèveront le matin. Les lignes sont tenues en place avec des bouteilles vides d’eau Andza et les hameçons sont garnis avec des morceaux de viande. Le lendemain, ils ramèneront des Yaras, 1 Machoiron et des Silures. Ce sera notre repas pendant quelques jours.

Dans les journées, je vais prendre quelques Lycaenidae, puis 1 Brentidae (Coléoptère longiligne), puis 2 Cymothoé. A un autre moment j’ai attrapé un Lycaenidae du genre Tetrarhanis nubifera, peu habituel. Une autre journée, on va récolter le soir une punaise hématophage de la famille des Reduviidae. Elle a un rostre énorme qui sert à sucer le sang. Il faut être prudent lors de la manipulation. Puis un Cerambycidae nocturne Neoclosterus femelle, puis une petite MUTILLIDAE. Elles appartiennent à l’Ordre des Hymenoptera, intermédiaires entre les fourmis et les Guêpes, appelées aussi “Fourmis de Velours“.

Le piège au drap a été mis sur une corde tendue entre le mat du drapeau et un poteau de la case proche. Le groupe avait été placé derrière la case pour diminuer le bruit.
Parmi les anecdotes lors de nos prises de nuit, on peut noter une invasion un soir par une armée de Magnans qui se sont ruées sur notre drap et les insectes au sol et qui avaient commencé un “Massacre“. Un arrosage généreux en bon et due forme avec un insecticide genre Baygon a permis de reprendre le dessus au bout d’une 1/2 heure. Le 18 août, on a attrapé plusieurs Sphinx et un Saturniidae Epiphora rectifascia. Signe de la dégradation des milieux est la présence abondante de Pyralidae, en particulier ceux tout blanc.

Le même jour on a pris aussi quelques Uranidae, papillons de Nuit mais qui volent à la tombée de la nuit. L journée, Marios et Violette prendront beaucoup de Lycaenidae (Iolaus sp, Aphnaeus sp…), puis des Cerautola sp Mâle et femelle. Les pièges LepiLed sont relevés tous les matins. On les pose à des endroits différents le soir. Les pièges à bousiers fait par Philippe sont également posés dans des zones propices. Une des zones ne donnera rien, car un animal a dévoré toutes les crottes humaines posées dans la gaze. Peut-être une civette ?

De nouveau des singes Cercopithecus cephus dans les arbres de l’autre côté de la rivière. Ils sont nombreux et viennent régulièrement. Tel autre jour, on a vu passer un train minéralier avec 3 locomotives et 80 à 100 wagons minéraliers, dont certains sont rempli à Ras (ce qui est normal) et d’autres à Comble, ce qui est moins logique. Pas étonnant qu’il y ait des déraillements quasiment tous les 15 jours !

Globalement toutes nos randonnées quotidiennes nous avons fait environ 15 à 20 km par jour de voiture. C’est dire qu’on a rayonné pas très loin du campement.

La routine de chaque jour est la même qu’à Mikongo. Levé à 6h30 du matin pour petit déjeuner et récoltes sur les pièges lumineux (Drap dans le camp) puis LepiLed à quelques kilomètres. Retour au camp et tri des insectes. Départ vers les zones de récoltes et retour vers 14h pour le repas de midi. Dans l’après-midi nouveau déplacement pour relever les pièges à Charaxes et à Euphaedra, puis récolte au filet. Le soir, avec la tombée de la nuit, on rentre pour dîner et mettre en place les différents pièges de nuit.


• Le Retour :
Après la fin de notre mission au camp,Dilo, les 2 derniers jours sont occupés à la conservation des insectes avec le séchage dans les boîtes avec du Silicagel chauffé à la poêle. Puis fermeture hermétique des boîtes avec du ruban adhésif et enfin conservation des boîtes en plastique dans notre cantine destinée à cet effet.

Le dernier jour, le départ sera effectif vers Libreville, ou nous arriverons très tard le soir après les innombrables contrôles et barrages avec péages ! Comme d’habitude.

• Récolte la Nuit sur le Drap par Philippe et Jean-Lou :

• Récolte d’Insectes de Jour par Jean-Lou avec Protection contre les Myriades de Moucherons :