- Le Guide HILAIRE
et l’Histoire de « Papa-Gentil » l’Eléphant
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- Création de la Page : Juin 2009

• Le guide Hilaire est un excellent guide, qui possède une profonde connaissance de la nature et des animaux. C'est avec lui que je ferais de nombreuses marches pour voir des éléphants.

Vue partielle de Franceville :



La MAISON du TOURISME et de la NATURE de FRANCEVILLE (MTN) :

- C’est un grand bâtiment de 200 m2 environ avec un toit à quatre pentes de formes pyramidales. Sa couleur orange, le détache du centre ville, en plein centre du quartier populaire de POTOS. Impossible de le manquer. Sa couleur, ses formes et ses décorations, peintures d’éléphants et de chutes d’eau; évoquent la nature et l’évasion.
A l’intérieur, des panneaux mobiles permettent au visiteur de se renseigner sur la poterie, l’artisanat local, les Plateaux Batéké, la géographie régionale, Franceville et son histoire, les pétroglyphes de Kaya-Kaya, les animaux, la végétation, les arbres, les fleurs. Au mur des posters sur les amphibiens, les oiseaux, les papillons du Gabon, la géologie de la province. Puis des cadres de papillons de nuit et de jour mis en exposition par moi-même.
Des étagères en rotin permettent également aux artisans et artistes locaux de présenter et de vendre leurs production : des poteries, des vanneries, des statuettes, des masques, des tam-tam, des sculptures.
Dans une vitrine sont présentés des morceaux de squelettes d’animaux, des têtes de singes et des cornes d’antilopes. Les animaux n’ont pas été tués pour être mis à la vue du public, mais simplement récoltés lors de missions sur le terrain par les chercheurs locaux. Beaucoup d’ustensiles en métal aussi, fruit de la maîtrise du travail du fer et du bronze par les populations anciennes (hache, pointes de flèche).

Le musée est actuellement ouvert journellement par Hilaire qui sert d’animateur. Mais beaucoup d’autres volontaires participent à son fonctionnement.

le Guide HILAIRE avec JEAN-LOUIS et les ELEPHANTS à OSSELE :



Carte des Origines de HILAIRE :




- Le Matériel Photo :

• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM
---- Appareil CANON Compact PowerShot SX1 IS










Le Guide HILAIRE :
- Hilaire ONTSANA est né en 1963 à OSSELE, petit hameau, près du village de KESSALA, département des Plateaux de Leconi, dans la province du Haut-Ogooué, à 70 km à l’est de Franceville. Il a ensuite vécu à Kessala où il a commencé ses études en 1974. En 1982, il passe son CEPE (Certificat d’études Primaires Elémentaires) à Franceville. Il retourne ensuite à Kessala, où il vivait de la chasse et des plantations.

HILAIRE et les MILITAIRES :
- A cette époque, début des années 80, des militaires français, ainsi que leurs collègues étaient en poste à l’aéroport de MVENGUE, à 25 km de Franceville. Lors de leurs missions en vol au-dessus des Plateaux, ils remarquent souvent des éléphants, du côté de Ossélé et Kessala. Un peu plus tard, ils contactent donc le chef du village, pour connaître un jeune qui pourrait les guider pour approcher ces éléphants, qu’ils ont vus du ciel. C’est comme ça, que va débuter la carrière de guide de Hilaire. En compagnie de ses 2 oncles, il va accompagner les militaires, et apprendre toute la richesse de la forêt grâce au savoir de ses parents.
La première fois, ils marchent pendant des heures, traversent des rivières, mais ne voient pas d’animaux. La fois suivante, ils vont enfin voir 5 éléphants. Puis petit à petit il a pris le relais, et seul, servait de guide à ces touristes.
La manière de se donner rendez-vous était assez originale. Lorsque les militaires voulaient voir les éléphants en fin de semaine, ils passaient le jeudi, au dessus de la case de Hilaire, à Ossélé. Il comprenait tout de suite, qu’à la fin de la semaine, ses invités seraient là. Effectivement, le samedi matin ils arrivaient. Leur « téléphone » fonctionnait à merveille.

Les premières balades commencèrent avant le village, entre Franceville et Ossélé, ce qui les obligeait à traverser des rivières, comme la rivière OKILI, puis une deuxième, la LANCHONGUI, puis une troisième, la LAKOULA. Ces rivières se jettent dans le fleuve MPASSA. C’était contraignant, mais comme il n’était pas lourd et qu’il ne savait pas nager, les militaires le portaient. Mais le courant l’effrayait quand même. Il réfléchit donc à d’autres solutions. C’est une rencontre qui va décider d’un tournant.


HILAIRE et l’Eléphant « PAPA-GENTIL » :
Mais un jour qu’il faisait le chemin tout seul, il tomba sur un éléphant, qui de l’autre côté de la rivière, refusait de partir. De là, lui vint l’idée de faire ou de trouver un chemin de l’autre côté de la rivière, côté Ossélé. Ce sont ses parents qui vont lui montrer un nouvel itinéraire près du vieux village Okoumbi. Mais en pratique, ce chemin était aussi difficile, car il était très vallonné, avec de nombreux passages de petites rivières, des montées, des descentes. La chance va l’aider. Il rencontre alors un forestier qui prospectait dans les forêts environnantes et qui va lui proposer, avec ses cartes, de lui tracer un nouveau chemin, qui lui permettra de voir plus facilement les éléphants : ce sera la deuxième piste, près de Kessala. Il va continuer à amener des touristes. Puis lui aussi se promène seul.
C’est sur cette dernière piste qu’il va tomber sur un éléphant particulier. Il était dans l’eau. Hilaire resta à côté de lui, à une cinquantaine de mètres, sans le regarder.


Son enfance était encore bercée des conseils de son père et de son oncle. Son père lui avait appris tous les secrets de la forêt avant de devenir aveugle à cause de la cataracte. C’était la génération d’avant, celle qui avait vécu comme les ancêtres, en harmonie avec la nature, en équilibre. Vivant avec la nature, à côté d’elle, ne ponctionnant que ce qui était nécessaire pour vivre, pas plus. Pas dans la course au profit et au pillage destructeur. Obligés de suivre les gibiers, il a appris à les connaître et à les approcher. il se souvient des conseils de son père qui lui disait qu’il devait approcher les animaux en baissant la tête, sans les regarder, afin qu’ils ne soient pas effrayés. Le chasseur pouvait alors se redresser, et frapper l’animal qui n’avait pas fui. Son expérience lui avait appris à identifier toutes les empreintes trouvées.
Aujourd’hui, il est sans contexte le meilleur guide de la région. Il est capable de mettre un nom d’espèce sur chaque trace d’antilope rencontrée.

Il est difficile d’expliquer pourquoi, peut-était-ce une époque où ils étaient moins chassés, mais l’éléphant resta à côté de Hilaire. L’éléphant le regarda. il ne bougea pas. La fois suivante, Hilaire s’avança à 30m et il resta sans rien faire. Au bout de plusieurs rencontres, la distance passa à 5m. Et là, l’éléphant chargea pour faire partir Hilaire. il partit en courant, sans le regarder, pour bien lui montrer que c’était lui, l’éléphant, qui était le maître, et que c’était son territoire. Peut-être Hilaire a eu un peu peur aussi. Puis la fois suivante, c’est Hilaire qui s’est approché à 3m de l’éléphant et l’a chassé en faisant du bruit. A ce moment l’éléphant est resté de l’autre côté. La fois suivante, Hilaire se baigna avec lui, et voyant qu’il l’acceptait, il décida de l’appeler « PAPA-GENTIL » car il était très gros et imposant, mais aussi très gentil ! il restait aux plages de Kessala.


HILAIRE et l’Eléphant « ALAIN » :
Un an plus tard, il rencontra un autre éléphant à la deuxième plage. Comme cet animal n’était pas du coin, et qu’il venait de MOUPIA, il lui donna le nom de « ALAIN ». A une trentaine de kilomètres à l’ouest, à vol d’oiseau, on passe le fleuve DJOUMOU, qui se jette dans le fleuve MPASSA. Sur ce fleuve, on trouve des prairies appelés Baï, qui sont de vastes zones marécageuses où les animaux trouvent un environnement favorable. Alain était le nom d’un français qui a vécu dans le passé à Franceville, et qui est resté dans la région après sa retraite. Il tomba amoureux de cette région de Moupia, et fit construire des cases, à côté de la rivière Djoumou, et du Baï afin d’y vivre paisiblement. Il souhaita également y être enterré après sa mort. Sa tombe existe toujours. En souvenir de cet ami des éléphants, Hilaire l’appela donc « ALAIN ».

Hilaire va donc sympathiser avec les 2 éléphants, mais il sympathisa plus avec « Alain ». ils faisaient des jeux. il lançait un bois sur l’éléphant et puis l’éléphant le reprenait et le lançait à son tour sur Hilaire. Ils jouaient à « cache-cache ». « Alain » traversait la rivière, mais comme Hilaire ne pouvait pas passer, il repartait. A sa grande surprise, quelques minutes après, il retrouvait « Alain » derrière lui, qui le suivait. Et puis il repartait à l’eau. C’était les jeux.

Mais ces jeux se passent à la vue de « Papa-Gentil » qui devient jaloux. Alors, « Papa-Gentil » va se battre avec « Alain », jusqu’à ce que « Alain » perde une défense. Ceci s’est passé en l’an 2000. La défense perdue, papa-Gentil l’a amenée à la 2ème plage. Là, elle va être gardée par 3 petits éléphants. C’est Hilaire, qui plus tard, accompagné des militaires, va récupérer cette défense qui faisait plus de 150 cm. Ses parents vont l’aider à la ramener à la maison, mais ensuite elle va se perdre. Peut-être a-t-elle été vendue ? On ne saura jamais.

Alain va disparaître pendant plus de 1 an. Il avait été blessé pendant la bagarre et il est allé se soigner. Quand il est revenu, il était très maigre. La maladie l’avait affaibli. Le malheur guettait encore. Cette année-là, après tout ce temps passé très loin, Alain revint à un endroit maudit. Les plantations de Kessala avaient été ravagées par des éléphants. La population demanda alors aux autorités, l’autorisation d’abattre les coupables. Ils louèrent les services de chasseurs braconniers de Franceville, qui firent une battue et commirent l’irréparable. ils suivirent des traces qui les menèrent à un gros éléphant avec une seule défense. ils tirèrent et abattirent l’animal. Ceci s’est passé en 2003. Ce fut la fin de « Alain », l’éléphant ami de Hilaire, le guide de Kessala. Mais avant de mourir, il rassembla ses dernières forces et traversa le fleuve avant de succomber de l’autre côté, celui de Moupia, car l’endroit où il a été tiré, n’était pas son territoire.
Mais tout n’était qu’une erreur, car Kessala était le territoire de « Papa-Gentil ». Les plantations avaient été ravagées par des « vacanciers », qui sont des éléphants qui ne sont pas de la région, mais qui viennent de loin, du Congo voisin, afin de trouver les fruits de chocolat qui poussent dans la forêt à cette époque de l’année. C’était en avril.
Hilaire apprit que des chasseurs avaient fait leur sale besogne, et ne voyant pas Alain, devina la tragédie. Les chasseurs lui dirent qu’ils avaient abattus un éléphant avec une seule défense. Hilaire voulut alors voir le cadavre et demanda aux chasseurs de l’amener sur le lieu de sa mort : ses pieds étaient dans l’eau et la tête vers sur le sable. Hilaire comprit que sa tête montrait ses origines, la direction de Moupia, et que ses pieds montraient son amitié pour son ami Hilaire, de Kessala.

HILAIRE et la mort de l’Eléphant « PAPA-GENTIL » :
Hilaire décida de ne plus se montrer à « Papa-Gentil » afin que celui-ci, trop habitué aux hommes, soit plus méfiant. Mais pendant ce temps, il continuait à amener des clients aux cascades qui se trouvent dans les forêts autour de Kessala. Il avait même amené une bâche qu’il ouvrait pour servir d’abri lorsqu’il y avait des orages. Au départ, il rangeait ensuite la bâche dans un sac, qu’il laissait accroché à un arbre, près des cascades. Un jour « Papa-Gentil » le prît et alla le mettre sur le chemin des plages, pour bien montrer à Hilaire, qu’il savait que c’était à lui et que son absence lui pesait. « Papa-Gentil » ne voulait pas qu’il reste aux cascades seulement. Les retrouvailles resserrèrent l’amitié.

Mais malheureusement un scénario tragique va se reproduire. De nouveau des « vacanciers », des éléphants étrangers à la région vont venir à la période des fruits, pour consommer en forêt, ce qu’ils trouvent. Ils vont aussi déborder dans leurs randonnées, et ravager les plantations des villageois. Ils vont prendre un permis d’abattage et louer encore une fois, les services de chasseurs. Ceux-ci vont trouver dans les plantations, des traces de gros éléphants. Ils vont les suivre. Ces traces se mêlent à celles de « Papa-Gentil ». Elles vont se côtoyer, puis se mélanger, tant et si bien que les chasseurs seront persuadés de tomber sur l’éléphant coupable. « Papa-Gentil », voyant beaucoup de monde inconnu, décida d’aller sur la rive gauche du fleuve, du côté de Moupia. Les chasseurs le suivirent. Ils contournèrent le fleuve, en passant par les ponts qui sont proches de Franceville. Il retrouvèrent leur éléphant. Ils ajustèrent leurs tirs et tirèrent. Bien que touché mortellement, il rassembla ses dernières forces pour re-traverser le fleuve.
Les responsables des eaux et forêts demandèrent alors à Hilaire de venir identifier l’éléphant abattu. Il vint et quand il vit l’éléphant mort, il reconnut tout de suite « Papa-Gentil ». Son ami était mort, il s’effondra en larmes. il venait de perdre un deuxième parent. Quand les chasseurs lui racontèrent comment ils avaient suivis et tué l’éléphant, Hilaire, sut que « Papa-Gentil » avait voulut mourir sur « son » territoire et qu’il voulait que Hilaire puisse venir voir sa dépouille. Chez lui. Ses dernières forces étaient son testament. Ceci s’est passé en 2004.

C’est ainsi que Hilaire fut à nouveau orphelin. La photo ci-dessus à droite le montre devant les ossements de « Papa-Gentil ». Son amitié avec les éléphants lui avaient amené beaucoup de clients, qui venaient le voir seulement pour ses jeux avec « Papa-Gentil »  et « Alain ».

Hilaire a toujours vécu sainement au milieu de ses animaux. Aujourd’hui, avec l’âge, il sert toujours de guide, mais il consacre une grande partie de son temps à l’animation de la Maison de Tourisme et de la Nature (MTN) de Franceville.

De temps en temps, lorsque je souhaite aller voir les éléphants à Kessala, c’est lui qui me sert de guide. il le fait toujours avec beaucoup de sympathie.

Ceci était l’histoire véritable d’une amitié entre un homme qui aimait la nature et un animal qui voulut garder l‘amitié de cet homme et qui fut trahi par ses semblables.


Le Guide HILAIRE Racontant son Histoire :







Le Guide HILAIRE / Jean-Louis ALBERT / 03 Juin 2009.