- La STATION d'OBSERVATION de MIKONGO :

- Création de la Page : Mai 2008

• Dans la réserve de LA LOPE, au centre du GABON, se trouve la station d'observation de MIKONGO. Cette station se trouve à environ 80 km au sud du village de La Lopé et on peut avoir un aperçu de ce campement composé de bungalows, sur le panoramique ci-dessous.

• Les cartes qui suivent, permettent de situer la réserve de la Lopé dans le Gabon. La deuxième carte donne un aperçu de la physionomie de cette réserve et permet de situer la station de MIKONGO, par rapport au village de La Lopé.
La dernière carte est un éclaté proche de la station de Mikongo et de ses environs, à partir de l'entrée de la Route des Abeilles, qui commence à quelques kilomètres de Mikongo (le
pont d'entrée de la réserve de la Lopé pourrait en être une borne matérielle). Elle montre en outre le chemin d'accès en voiture, ainsi que quelques-unes des randonnées en forêt possibles.


MIKONGO / Le Campement :




Carte de situation de la réserve de LA LOPE et de MIKONGO au GABON :







Carte de situation du campement de MIKONGO :





Carte des randonnées à MIKONGO :






- Le TRAJET :
• On peut se rendre à MIKONGO, à partir de Libreville, soit en train, soit en voiture. Après 5 heures de train environ, on doit descendre à la station de la Lopé, et ensuite faire le trajet en voiture. Après 1 heure 30 de piste environ, on atteint le campement de Mikongo, qui se trouve à une dizaine de kilomètres du village de MIKONGO. Par la route, on peut y arriver après environ 7 heures de conduite. La route est goudronnée jusqu'à NDjolé. Les 30 kilomètres en sortie de NDjolé, étaient encore en 2008 très difficiles à faire. Route sans difficulté, mais complètement défoncée, autorisant une moyenne faible.

• Notre trajet est parti de Franceville. Nous avons atteint la station de MIKONGO après 6 heures de voiture environ, sans compter les arrêts sur la
Route des Abeilles. Il y a 336 kilomètres jusqu'à la station. Tout le long de la Route des Abeilles, nous longerons le fleuve Ogooué, que nous apercevrons de temps en temps à travers les arbres.

•••• FRANCEVILLE -> LASTOURVILLE : 170 km environ.
•••• LASTOURVILLE -> Village de MIKONGO : 156 km
•••• Village de MIKONGO -> Campement de MIKONGO : 10 km

•••• Marche 1 en forêt : Environ 12,8 km. 10 heures de marche lente avec de nombreux arrêts.
•••• Marche 2 en forêt : Environ : 9,3 km. 4 heures 30 de marche.



• Le plus difficile, par la route est de cibler le village de Mikongo, et de tourner, en venant de Franceville, à gauche en prenant la première piste forestière.

- Le CAMPEMENT :
• Après 10 kilomètres de piste, on arrive au campement de Mikongo. On trouve un restaurant avec la cuisine et le magasin au centre, et 3 bungalows chambres sur les côtés, soit 6 en tout. Certains sont équipés de lits doubles, et d'autres de 2 lits simples. Plus loin, une allée de rondins de bois coupés, permet d'atteindre le campement des chercheurs et des scientifiques. Avant le campement, se trouve les logements du personnels, guides, cuisinières, etc… A l'entrée du camp on a un baraquement de gestion et logistique (bureau, matériel scientifique), et à gauche, un bâtiment ouvert qui sert à la fois de musée et aussi de salle de formation. Lors de notre arrivée vers notre chambre, nous avons eu la surprise de voir une énorme araignée de plus de 10 cm sur la porte d'entrée.
L'humidité est très forte en pleine saison des pluies. Nos affaires, en particulier nos chaussettes et chaussures, ne sècheront pas après nos traversées multiples dans les rivières, avec parfois de l'eau jusqu'au genou. Le lendemain, nous aurons la désagréable obligation de remettre des chaussures mouillées. Les nouvelles chaussettes propres et sèches ne le resteront pas longtemps. Après quelques minutes elles seront de nouveau imbibées par les chaussures mouillées.
La chambre est très spacieuse avec douche, WC, lavabo et eau courante. Le luxe ! Le manque d'eau chaude ne pose pas de problème par temps chaud. Le lit est protégé par une moustiquaire et la fraîcheur de la nuit, même en saison des pluies permet de dormir sans aucune difficulté sans climatiseur.
L'électricité est fournie sur chaque bungalow par un ensemble de panneaux solaires qui alimentent des batteries placées sous les cabanes sur pilotis. Il est évident qu'il faut économiser l'électricité et éteindre systématiquement la lumière lorsqu'on quitte une pièce ou un logement. L'aide à la nature est à ce prix.
Le restaurant est très agréable et permet de prendre ses repas et son déjeuner sur une grande terrasse qui donne sur la forêt toute proche. Les cuisinières Maïka et Larissa s'occupent de la nourriture et du bar.

Cascade et rivière en forêt :


• Cette station d'observation, construite il y a plusieurs années, est tenue par des membres de la ZSL (Zoological Society of London) dont le but premier, depuis quelques années, est "l'Habituation" des singes à l'homme. Il s'agit en fait de permettre aux animaux de s'habituer à l'homme, sans les considérer comme des prédateurs, donc comme étant sans danger, jusqu'à faire oublier leur présence, et permettre ainsi de les étudier sur le plan scientifique (science de l'éthologie ou autres disciplines) et aussi de favoriser un éco-tourisme, qui permette à la fois de voir des animaux non familiers dans leurs milieux naturels, et aussi de respecter leur environnement.

Le campement est niché dans une trouée au milieu de la forêt. La réserve de La Lopé est un vaste territoire qui allie des espaces de savanes à des forêts qui sont de plus en plus étendues lorsqu'on va vers le sud. Mikongo se trouve justement au centre de cette réserve, sur le côté est, et est entièrement encerclée par cette forêt.

- La FORET :
• Nous sommes dans une forêt qui a été exploitée il y a plusieurs décennies par des sociétés forestières. On est donc en présence d'une forêt secondaire qui ne possède pas de grands arbres. ils ont tous été coupés pour récupérer le bois. On ne trouve donc que des arbres aux troncs de diamètres moyens ou petits. Ce bémol ne doit quand même pas faire oublier que cette forêt a été, depuis son abandon par l'homme, protégée grâce à son intégration au parc de La Lopé. La nature y a repris ses droits et le peu d'interaction avec l'homme peut faire espérer qu'on retrouvera peut-être dans un siècle, une forêt primaire, lorsque les grands arbres auront repris le dessus et étouffé les arbres lumino-dépendants. On retrouvera ainsi une forêt plus clairsemée avec des pistes tracées par les grands animaux, et faciles à suivre.

Aujourd'hui, on peut marcher relativement facilement dans cette forêt, bien que la visibilité ne soit pas toujours très grande. Certains endroits sont envahis par des espèces de plantes qui créent un mur végétal.


- La MARCHE en FORET :
• La marche en forêt ne sera pas difficile.
Le matin nous faisons connaissance avec nos guides Ghislain et Jérémie, qui connaissent tous deux parfaitement cette forêt. Vers 8 heures, ils nous donnent les instructions de marche : Ghislain marchera devant, nous quatre nous suivrons derrière, et Jérémie fermera la marche. Leur rôle est que chaque groupe de 4 touristes au plus soit entouré par 2 guides, afin d'éviter que quelqu'un ne s'égare. Il est évident que si on veut espérer voir des animaux, il faut marcher silencieusement et éviter de parler fort. Le bruit porte loin en forêt et certains grands animaux ont non seulement l'odorat, mais aussi, l'ouïe fine. En cas de rencontre avec des grands animaux, il faut suivre les instructions des guides. Pour les éléphants, il faut être très prudent. En cette saison, mi-mai on rencontre beaucoup de femelles avec leurs petits. Il est évident qu'elles sont très agressives, et qu'il faudra les éviter. Dans le cas de gorilles ou de chimpanzés, il est recommandé, même si ça doit être extrêmement difficile, voire même impossible, de conserver son calme et de ne pas bouger. Il ne faut jamais également, regarder un gorille dans les yeux : il s'agit d'une marque de provocation, et il suffit de regarder la taille des bras d'un gorille pour savoir que ce sera lui le plus fort !
Nous quittons donc le campement pour suivre une piste en forêt. Nous marchons lentement, les arrêtes sont multiples. Notre guide est systématiquement à l'écoute des moindres bruits, afin de repérer les bruits qui nous permettraient d'approcher des grands animaux. 20 minutes après notre départ, nous traversons la rivière OBIDI, sur un pont intelligemment posé entre les 2 berges de la rivière. Il est constitué de plusieurs câbles tendus d'une rive à l'autre, entre 2 grands arbres. Sur les 2 câbles du bas, sont fixés 5 échelles horizontales l'une à la suite de l'autre et sur le dessus, une planche de bois. En se tenant aux cordes on arrive à traverser tout en suivant les ondulations de ce pont flexibles. Nous sommes en saison des pluies, et nous allons être obligés de patauger fréquemment dans l'eau. Sur le chemin nous voyons de nombreuses traces fraîches d'éléphants, que nous suivons.
Au bout de quelques centaines de mètres, notre guide nous fait signe d'arrêter. il y a en effet une forte odeur dans l'air. Nous restons en arrière. Il avance lentement, sans bruit et à quelques 20 ou 30 m devant nous, il se retourne pour nous faire signe de reculer. Visiblement, il y a quelques chose. Il revient vers nous pour nous dire qu'il y a un éléphant, mais que c'est un petit et que c'est dangereux, car on ne sait pas où est la mère. Dans le doute, il plante un bâton par terre et met sa chemise dessus. il nous explique que si l'éléphant charge, il s'arrêtera à la chemise et ne nous poursuivra pas. On ne va pas prendre de risques, et nous reculons doucement, pour retraverser la rivière quelques 50 m en amont. Cette fois-ci il n'y a pas de pont et nous sommes obligés de traverser au milieu de la rivière avec de l'eau jusqu'aux genoux. Finalement, nous allons passer la journée avec les pieds mouillés. Ca fait parti des aléas de la randonnée en forêt. De l'autre côté de la rivière, sur une rive qui la surplombe de 2 m, nous sommes en sécurité. Nous pouvons nous approcher de l'endroit ou se trouve le jeune éléphanteau. Il sera très difficile à observer. Il est à environ 70 ou 80 mètres, il dort sur le sol de l'autre côté de la rivière et la mère n'est certainement pas loin. Nous sommes bien en sécurité. Il est peu probable que l'éléphant puisse monter les 2 m de sable de terre qui surplombe le lit de la rivière, et la chemise est laissée en exutoire, en cas de problème.

Finalement nous ne verrons que de très loin, une masse allongée sur le sol, dont le ventre se soulève et s'abaisse aux rythmes des respirations. Nous laissons là l'éléphanteau et nous continuons notre chemin.
La piste serpente dans la forêt et nous voyons soit des empreintes de gazelles (céphalophes à dos jaune, ou céphalophes daim, tout petit), soit des traces d'éléphants, quelquefois, les premières dans la trace d'un pied d'éléphant. Les traces sont nombreuses. Nous surprenons aussi une belle
trace de panthère. Plus loin, nous trouvons aussi une termitière boule, grosse sphère incrustée au milieu d'une branche. Sur le dessus on peut apercevoir un trou noirâtre qui est l'orifice d'entrée de petites mouches envahisseuses, qui vont pondre à l'intérieur de la termitière, qui est un endroit chaud. Puis nous marchons, nous nous arrêtons et les kilomètres s'additionnent. Le guide nous montre une liane à eau, difficile à reconnaître pour un non initié. Cette liane, une fois coupée, donne sur 1,50 m, la moitié d'un verre d'eau. Nous en buvons. Il est étonnant de tirer autant d'eau d'un morceau de bois ! En fait, après l'avoir coupée, il suffit de l'incliner. Au bout d'une quinzaine de secondes, l'eau commence à couler abondamment, suivant un filet continu, puis le débit diminue, pour finalement couler goutte à goutte, avant de s'arrêter. La forêt est quand même agréable, même si nous ne verrons réellement pas de grands animaux, à l'exception de cet éléphanteau aperçu de loin. Sur la photo de droite, il s'agit du seul arbre spectaculaire aperçu.

- La FAUNE et la FLORE :
• Nous allons continuer la marche en forêt. Vers 13 heures, nous faisons un arrêt pour manger un sandwich. Après la restauration, nous continuons à suivre la piste.
Les SINGES : Nous apercevons une colonie de singes qui sautent de branches en branches à notre approche. Il s'agit de singe au nez blanc, Cercopithèque nictitans. Ces singes sont très difficiles à approcher. Dès que l'un des guetteurs sent un danger ou une approche d'un prédateur possible, il communique aussitôt à ses congénères le signal de la fuite. Il suffit quelquefois d'un bruit de branche cassée. Commence alors la débandade, où chaque individu saute de branche en branche et puis d'arbre en arbre afin de fuir. Impossible de les observer, ni à plus forte raison de les photographier.
Par contre, plus loin, nous aurons la chance d'observer des
COLOBES NOIRS (Colobus satanas), dont le comportement est totalement différent. Ces singes mangent beaucoup et restent très facilement sur un arbre. Nous arriverons donc à les approcher comme sur la photo de gauche. Malheureusement les conditions ne sont pas idéales pour prendre des photos. Le ciel au-dessus impose un contre-jour phénoménal pour nos appareils qui sont presque à la verticale sous les singes. Il sera très difficile de sortir des photos superbes. Mais, malgré tout, nous resterons satisfait du fait que nous pourrons les observer sans difficulté pendant plus de 30 minutes. Cette espèce se nourrit de fruit et de graines essentiellement. On a pu les voir retirer des branches, des énormes gousses dont ils vont manger les graines. Après l'avoir fini, ils lâchent les gousses par terre, où on les entend tomber distinctement tomber sur le sol après avoir heurté des branches au passage. Il faudra même faire attention de ne pas les recevoir dessus. Ils sont en outre très reconnaissables à leurs oreilles découpées.
Plus tard on apercevra de manière furtive, un singe Mangabée. Puis un
nid d'écureuil sur la fourche d'un arbre à 3 ou 4 mètres du sol.
Les FOURMIS : On tombera également sur un arbre appelé "Arbre de l'Adultère". Il s'agit d'un arbre (Barteria fistulosa) où des fourmis de type Tetraponera aethiops vivent en symbiose avec l'arbre. Elles occupent l'arbre, puis percent certaines branches d'un minuscule trou, qu'on peut observer facilement. Elles colonisent ensuite l'intérieur de la branche. Il s'agit alors d'un nid, dans lequel elles pondent et élèvent leurs larves. On peut facilement casser en deux cette branche et observer les différents stades. ces fourmis ont la particularité de piquer les envahisseurs sur lesquels elles tombent (les hommes u les animaux) et de leur injecter une substance qui rend leur piqure très douloureuse sur plusieurs heures, avec une inflammation importante. Le nom de "Adultère" viendrait du fait qu'on utilisait dans le passé, cette piqure pour punir les personnes coupables, en les attachant à cet arbre. Cette vie commune est fondamentale pour l'arbre, qui sans cette colonie, peut être malade. Les fourmis prennent soin de leur hôte et le protège contre toute attaque extérieure. Elles vont même jusqu'à développer un périmètre défensif autour de l'arbre afin que d'autres essences n'entrent pas en compétition avec "leur" arbre. Un exemple magnifique de cohabitation.
Les INSECTES : Parmi les bruits qu'on entend par endroit, on peut être envahi (sur le plan sonore) par des cigales dont le crissement strident se fait entendre très loin et couvre l'ensemble des autres bruits.
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La VEGETATION : Bien qu'il n'y ait pas de très grands arbres actuellement, on est tombé sur un arbre aux racines géantes, de plus de 2 mètres de hauteur. Arbre spectaculaire. Il est possible, même probable que des grands arbres puissent exister en profondeur dans le parc. On surprend d'innombrables lianes torsadées qui tombent du haut des arbres en arabesques. Toutes les formes, toutes les grosseurs, des lianes multiples, des gros torons de lianes, des circonvolutions, des lianes qui enserrent d'autres lianes ou des arbres.
Une
feuille percée avec des trous symétriques parfaitement alignés : C'est toujours étrange de tomber sur ce genre de feuille avec des trous parfaitement alignés qui percent la feuille. C'est dû tout simplement au fait que la feuille à été mangée par une chenille lorsqu'elle n'était pas encore développée. Au début la feuille jeune est très tendre et est enroulée sur elle-même lorsqu'elle se forme. Puis petit à petit en se développant, elle s'ouvre pour former finalement une feuille parfaitement étendue. L'action de la chenille pendant la phase initiale du développement de la feuille crée ce trou en profondeur, qui plus tard donnera cette succession de trous alignés.
On observe aussi plusieurs plantes et feuilles avec des excroissances énormes. Beaucoup de champignons aussi.
Le guide nous montre un
arbre Niové dont la sève rougeâtre aurait des propriétés antiseptiques proches par la couleur et l'efficacité, de la Bétadine. Ses ancêtres l'utilisait autrefois lors de blessures.

- L'EXPLORATION :
• Nous continuons la marche à travers la forêt. Cette randonnée va durer toute la journée. Parti le matin vers 8heures, nous rentrerons au camp vers les 16 h 30, après un périple de 12,8 kilomètres. Presque 10 heures de marche, mais à un rythme lent pour pouvoir observer. On traversera à plusieurs reprises des rivières, dont certaines avec de l'eau jusqu'au genou. Ceci nous obligera à marcher une bonne parti de la journée avec les chaussures et les chaussettes mouillées. Vers 13 heures, nous subissons un violent orage qui va durer plus d'une heure. Sans les ponchos, nous serions complètement trempés. Ne pas oublier un vêtement de pluie, ne serait-ce que pour la protection du matériel photo.
Les guides vont se fabriquer des chapeaux avec des feuilles intelligemment imbriquées et maintenues par des brindilles. On peut apercevoir un de ces chapeaux sur la première photo lors de la traversée d'une rivière après une violente pluie.
Le lendemain notre randonnée va nous amener après 2 heures de marche et 9 kilomètres de marche environ, au Grand Sommet, où depuis un grand massif, peut-être en grès, on peut apercevoir la forêt sur une vaste étendue, à perte de vue.

Vue du Grand Sommet :



Durant la traversée de cette forêt on pourra faire encore des observations intéressantes sur la flore, mais toujours pas de grands animaux, si ce n'est des empreintes.




MIKONGO / Jean-Louis ALBERT / 03 Mai 2008.