- Le NDJEMBÉ -

- Création de la Page : Août 2008.

- Le Village de SOUNGUEDEWANA / le TEMPLE / L'ARRIVÉE des INITIÉS :



• Le GABON regroupe un certain nombre de peuples aux origines diverses qui sont issus de migrations anciennes, étalées dans le temps. Tous ces peuples peuvent être assemblés en un certain nombre de groupes, qui possèdent des similitudes dans la culture, les traditions, les langues, la structure de la société et l'histoire.

• Le NDJEMBE est propre aux ethnies Myéné qui comprend plusieurs composantes similaires : MPONGWE, GALOA, NKOMI, ORUNGU, ENENGA, BENGA, dont on peut voir la répartition sur la carte ci-dessous (en orange), sur la côte ouest du GABON, au bord de l'Océan Atlantique. Suivant l'ethnie qui va le pratiquer il y aura des petites différences, mais l'esprit restera le même.


Carte Schématique de l'espace occupé par les MYÉNÉ :










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Vue sur la Plage du CAP SANTA CLARA :




- Le Village de SOUNGUEDEWANA :

• A partir de LIBREVILLE, en prenant la route du Cap ESTÉRIAS, on doit quitter la route goudronnée à environ une quinzaine de kilomètres. La bifurcation sur la droite nous amène vers le CAP SANTA CLARA, le fief des ethnies MYENÉE, qui ont toujours vécue près de l'Océan Atlantique, sur la côte nord-ouest du GABON. Après 7 à 8 kilomètres de piste, qui ne sont pas très difficiles, un véhicule tout-terrain n'est pas nécessaire, on va entrer dans le monde de l'ésotérisme. Cette partie cachée et non dévoilée du GABON profond, plein de secrets et de non-révélations, qui laisse place à toutes les imaginations.

Au détour d'un virage, à 1000 mètres de l'océan, on tombe sur l'entrée du village de
SOUNGUEDEWANA, le village du souvenir, "NE JAMAIS OUBLIER". Une entrée, bordée de masques géants comme une haie d'invitation à pénétrer dans le monde de l'étrange. Le spectacle des masques alignés le long de la route, la paillote à l'entrée du chemin, les objets initiatiques, symboles de la relation avec les esprits, imprègnent l'atmosphère de l'endroit.

Le village se trouve 500 mètres plus loin, dans une petite prairie d'une cinquantaine de mètres le large. Il s'agit de quelques cases. On y trouve un hangar qui sert de
temple, sorte de préau de 20m sur 8m environ. La partie avant, entièrement ouverte, donne sur la cour principale. Sur les côtés intérieurs, il y a une série de bancs permettant à l'auditoire de s'assoir. Deux lampes tempête brûlent, assurant à la fois une légère lumière dans le soir tombant, et contribuant à l'atmosphère ésotérique. Devant, au milieu de la cour, on trouve un arbre symbolique servant de protection et d'âme à la cérémonie. A notre arrivée, des femmes s'activaient pour la préparation. A droite, une longue baraque en planche, de plus de 20m de long, constitue la pièce commune et le dortoir. Derrière c'est la cuisine, sous un préau entièrement ouvert.

Aujourd'hui, les toits sont en tôles ondulées, mais autrefois les toits étaient en paille tressées à partir des feuilles de palmiers. Avec la pluie et le soleil, il fallait la changer tous les 2 ans minimum. Aujourd'hui, les contraintes de la vie moderne laissent moins de temps pour s'occuper de ces problèmes matériels. Elles sont donc remplacées par des tôles ondulées, dont la durée de vie est incontestablement plus longue.

NDJEMBE-La-Ceremonie-la-Sortie-8EIMG_24219wtmkA - Le NDJEMBÉ :

• Il s'agit à la fois d'une tradition qui continue de se perpétuer aujourd'hui et d'une initiation. Initiation spirituelle, autant que physique. Les sessions se passent sous la direction d'une "Mère Spirituelle", l'équivalent de la mère supérieure dans les confréries chrétiennes, garante et gardienne des traditions. Cette formation ne s'adresse qu'aux femmes. Tous les hommes en sont exclus. Le NDJEMBÉ est propre à l'ethnie Myénée, bien qu'on puisse trouver l'équivalent dans les autres ethnies, comme le monkoukwet chez les hommes Myénés, ou le Bwiti dans d'autres groupes.

Longtemps à l'avance, plusieurs mois avant le début de l'initiation, la catéchumène entre en contact avec la Mère Supérieure pour programmer le début de la session. Le désir de participer à ces quêtes, est enfoui dans le plus profond de chaque fille Myénée, qui, sous la pression de la famille, du modèle des mères à suivre, des traditions, de la soif de connaître, du souhait de faire partie de cette caste peu nombreuse de "Celles qui Connaissent", rêvent un jour d'y participer. Il est vrai que cette mystique est aussi entretenue

volontairement par toutes les anciennes qui injectent aux jeunes filles la vision d'une quête spirituelle qui leur permettra de résoudre tous les problèmes quotidiens de la vie courante, ainsi qu'une sagesse leur permettant de prendre les revers de la vie avec beaucoup de mansuétude.
Le côté spirituel est encore poussé plus loin par la certitude que, autour de nous, règne le monde des esprits des ancêtres, qui souhaitent eux aussi, participer à la vie terrestre. Les danses et les privations, le conditionnement et les difficultés de cette période, similaires aux jeûnes, prières et autres contraintes de toutes les religions, confortent les humains dans cette certitude que les esprits ayant participé aux "fêtes" traditionnelles, seront enfin apaisés.
Le calme, la paix du corps et de l'esprit, la sérénité, seront enfin retrouvés. Il est évident que suivant le degré d'équilibre psychique de la jeune fille, cette quête sera, soit un processus d'entretien des traditions, soit une retraite spirituelle indispensable. Quelquefois les deux, peuvent être réunis.

- La PREPARATION :

• Après le contact avec l'initiatrice, les préparatifs vont commencer : l'achat des nourritures terrestres (boissons et aliments) pour l'entretien de toute la communauté, et l'achat des nourritures spirituelles. Ces accessoires indispensables sont surtout importants pour coller à la tradition (Kaoli, torches en résine, raphia, pagnes, etc…). La nourriture, a pour but de nourrir la communauté, une trentaine de personnes, pendant un mois : les futures initiées ainsi que les anciennes, et toutes les personnes qui gravitent autour et qui s'occupent de la logistique. Peut-être 20 à 30 personnes.

- L'INITIATION :

• Tout est enrobé de secrets. Je n'arriverai pas à savoir grand chose sur l'Initiation. Tous ces secrets font partie de la mystique entourant cette préparation. Les conditions sont difficiles. Elles dorment sur des nattes et sont sous la surveillance qui gèrent toutes leurs journées.

- La SORTIE du NDJEMBE :

• C'est le moment de la restitution des Initiées à la vie civile. La Sortie se déroule en 2 parties :
-Le samedi soir : c'est la veillée pendant laquelle la prétendante initiée (la NGWEVILO) va prouver qu'elle fait partie de la communauté. C'est la cérémonie du NDJEMBE.
-Le dimanche dans la journée : C'est la cérémonie de présentation (Le NDJEGO) de la nouvelle prétendante initiée et des nouvelles initiées débutantes (Les IGONDJE).







L'ARRIVEE des INITIÉES, le Dimanche :




• C'est le samedi soir en fin d'après-midi que nous sommes arrivés au CAP SANTA CLARA. Dans le village de SOUNGUEDEWANA, c'est l'effervescence pour la veillée de ce soir.
Quand on arrive la nuit tombe et le soleil n'est plus qu'une lueur orangée à l'horizon. On sent la présence des initiées. On entend un battement lointain, toujours le même, qui va rythmer pendant des heures, l'initiation. Il s'agit de 2 morceaux de bois qu'on frappe ensemble : une baguette qui frappe sur un morceau de bois creux, l'
OREGA.


Beaucoup de gens sont ici. Toute la famille et les proches des danseuses, ainsi que la famille lointaine, pour qui c'est l'occasion de revoir la famille. Il y aussi des étrangers, curieux de voir la cérémonie. L'assemblée est assise sur le pourtour de la cour. D'autres ont amenées des nattes, et sont allongées par terre, en attendant l'heure du début de la danse. Bien que nous soyons arrivés vers 17heures, la cérémonie commencera vers 23 h ou plus tard. On va donc passer plusieurs heures à attendre. C'est le moment idéal pour s'imprégner de l'ambiance étrange du lieu. Le soir est maintenant tombé entièrement. Il fait nuit. Vers 19h, le petit groupe électrogène a été allumé. Quelques minutes seulement. Puis il s'est éteint. Trop de charge ou fatigue de vieillesse ? Le rythme s'est rapproché et toutes les nouvelles initiées sont arrivées en file indienne, en suivant le guide qui rythme les pas, pour rentrer dans le dortoir. Elles sont toutes couvertes de craie blanche sur le visage, du kaolin, et sont enveloppées dans une sorte d'aube blanche. Comme il fait nuit, on les distingue à peine. Une fois rentrées dans le dortoir, le rythme s'est tu.

Peut-être 20 ou 25 minutes après, on entend de nouveau le rythme qui reprend et la guide qui annonce que l'une des 8 initiées va aux toilettes. L'esprit de corps, fait que toutes les initiées l'accompagnent. Au retour le battement s'arrête. Le groupe électrogène est remis en marche, et au lieu de l'obscurité totale, on aura une lueur diffusée par des néons à quelques endroits. Une demi-heure plus tard, elles vont entonner des chants. Des chants répétitifs, en Myéné, dont je ne saisi pas, bien sûr, les paroles. Les futures initiées vont rester dans le dortoir pendant plus de 2 heures. Les anciennes vont descendre dans la forêt avoisinante pour continuer à danser et à se concerter au rythme des battements de l'Orega. Cette fois-ci par contre, le rythme va être soutenu les battements répétés de 2 tam-tam, qui vont amplifier la dynamique.

Puis elles vont monter, et chercher les futures initiées qui vont danser.
Parmi les future initiées, l'une d'entre elles, doit gravir un échelon supérieur dans l'initiation: c'est la NGWEVILO.

Elle va donc, la nuit, à près de 2h du matin, s'enfoncer toute seule dans la forêt avoisinante, et, guidée par son esprit protecteur, retrouver les accessoires et les attributs de la consécration, qui ont été cachés par les anciennes. On n'y voit rien, elle n'a pas d'éclairage, mais elle devra réussir cette prouesse.

Ce samedi, la veillée est très avancée. Les apprenties-initiées, dont certaines commencent à peine le premier échelon, vont rentrer dans le dortoir, le long bâtiment, sur le côté de la cour. Puis on est venu nous avertir que la soirée allait commencer. En effet, 10 minutes, après, surgit de la forêt impénétrable, de l'obscurité absolu vers la lumière, une centaine de femmes, drapées de blanc, marchant en file indienne, au rythme des battements de de la meneuse et des tambours. Chaque ancienne comporte des signes imperceptibles pour le profane, qui la différencie des autres. Ces attributs doivent avoir une signification rituelle et hiérarchique. Cela peut être la couronne faite en brindilles et feuilles sur la tête, la ceinture à la taille, les ceintures de raphia en bandoulière sur le dos ou la peinture blanche sur le visage. Tous ces signes extérieurs ont une signification qu'il est très difficile de maîtriser, vu de l'extérieur. Mais cela fait peut-être partie de la partie mystérieuse qui donne son charme à cette cérémonie.
La entrée est menée sur de pas de danse répétitifs, avec des chants repris en coeur par toutes les initiées. Elles alternent des pas à droite puis à gauche, puis se tournent de l'autre côté, reviennent face à nous, et avancent. Pendant ce temps, sortent du dortoir, les 8 futures initiées qui vont se mettre en cercle, au milieu de la cour principale, autour du mât central qui sert de point d'attraction spirituelle. Le groupe est aussitôt encerclé par la centaine d'anciennes qui les protègent du regard extérieur. Elles tournent en cercle autour des apprenties-initiées, toujours au rythme des battements des baguettes, du tambour et des chants. Cela va durer plus d'une heure. Parmi toutes ces apprenties-initiées, celle qui doit gravir l'échelon supérieur, la PRETENDANTE (la NGWEVILO) est au centre, assise avec ses 7 collègues. Pris e par le rythme répétitif et lancinant de la musique et des chants, elle entre en transe. Elle se lève. Elle tourne autour du mât central. La foule s'est écartée pour a laisser sortir, mais elle se rassoit. Les esprits qui la guide se rapprochent. La danse tournante reprend. 20 minutes plus tard, le phénomène se reproduit. Elle se lève de nouveau. En transe. Elle esquisse des mouvements syncopées. La prétendante est secouée de mouvements saccadés. Elle tournoie au rythme de plus en plus soutenu. Les chants et les battements vont crescendo. Le rythme s'accélère. Elle finit par être guidée par une force mystérieuse et invisible vers la forêt toute proche. Toute la foule s'écarte.
Elle va à la recherche des attributs de son initiation. De sa réussite dépendra la suite de la cérémonie. Cette phase est secrète et propre à la prétendante. Personne ne saura ce qu'il s'est passé. Toutes les anciennes attendent anxieusement à l'orée de la forêt. Avec la musique, chaque femme en transe soutient spirituellement la prétendante. Pour qu'elle fasse partie de la famille étroite des initiées supérieures, elle doit découvrir dans le noir complet, les accessoires de sa consécration. Elle sera uniquement guidée par son instinct et son esprit qui l'habite et la soutient. C'est l'angoisse de l'incertitude. Est-elle capable d'être des leurs ? Le chants et les pulsations des coups répétés donnent à ce moment une allure privilégié de spiritualité.

Finalement, au bout d'une dizaine de minutes, on sent un soulagement dans l'assemblée féminine. Elle remonte avec tous les accessoires. La prétendante porte dans ses mains tous les attributs. Les anciennes ont tapissé le sol d'un drap blanc qui va la conduire à l'autel, au centre de l'assemblée. La prétendante rentre dans le groupe en dansant et tournoyant. Elle rentre en contact avec la mère spirituelle qui l'acepte au sein de l'assemblée. Le groupe se referme. Le secret s'endort. On ne verra plus rien de se qui se passe devant l'autel. Des danses, des agenouillements, la soumission et la communion des esprits. Seules, quelques images fugitives à travers les pas des anciennes qui dansent autour, nous permettrons d'appréhender ce qui se passe au centre.

Avoir trouvé les attributs de l'initiation, constitue pour la prétendante, la certitude de l'accession au grade supérieur. Elle est en harmonie avec les esprits qui la guident.

Les apprenties-initiées, dont certaines commencent à peine le premier échelon, vont rentrer dans le dortoir, le long bâtiment sur le côté de la cour. La dans va continuer petit à petit, mais avec moins de danseuses. La veillée de sortie du NDJEMBE se termine doucement. Certaines des anciennes vont partir pour retrouver au petit matin, les occupations abandonnées. La nuit, la fatigue, le silence vont retomber tout doucement sur la prairie. Les bruits de la nuit vont reprendre le dessus.


- La CÉRÉMONIE de PRÉSENTATION à L'ASSEMBLÉE (le NDJEGO) :

• A la suite de la veillée du samedi, qui est très importante, puisque c'est le moment où la Prétendante va cueillir ses attributs et être consacrée, on va assister le dimanche dans la journée, à la présentation des danseuses. Cette cérémonie s'appelle le NDJEGO. Il s'agit d'un spectacle, où tout le monde, hommes et femmes, est appelé à y assister. L'assemblée se constitue petit à petit, en début d'après-midi. Les gens s'asseyent autour de la cour qui va servir de scène.
Vers 15h, le rythme donné par les battements de l'Orega et des tambours, va accompagner la sortie des femmes initiées. Une centaine de femmes sortent à nouveau de la forêt, en file indienne, pour défiler au milieu de la cour, devant l'assemblée des spectateurs. Comme dans la soirée précédente, toutes les initiées, vont dans un mouvement quasi parfait, danser en ondulant, se tourner à gauche, puis à droite, avancer, puis recommencer un pas de danse.
Après avoir défilé puis pénétré dans le corps de garde, elles ressortent et vont se rassembler sur la partie droite de la cour. Dans ce ensemble, on distingue des femmes dont le visage a été peint de blanc avec des points rouges. Certaines des anciennes initiées ont le visage peint en noir avec des ceintures de raphia sur la tête, descendant jusqu'à la poitrine. D'autres ont un voile de raphia sur le visage : ce sont les apprenties-initiées qui finissent leurs premiers parcours (Les IGONDJE). On ne doit pas voir leurs visages avant la fin de la cérémonie. A l'issue de la représentation, elles vont s'assoir près des anciennes sur le sol, et vont assister au spectacle, toute l'après-midi.


dans les rangs des initiées, il est très difficile de savoir la position hiérarchique de chacune d'entre elles. Certainement que le maximum de signes extérieurs vont aux échelons supérieurs. Certains signes sont évocateurs. Les anciennes initiées, les supérieures (les moins nombreuses) ont le visage peint, sont bardées de raphia et portent des accessoires, tels que miroir au bras ou coiffe distinctive. D'autres, à un degré hiérarchique inférieur, portent une ceinture noire ou rouge à la taille. Difficile d'obtenir des renseignements. Toutes sont vêtues de blanc.
par moment, des initiées vont amener des groupes de danseuses. Elles vont dans la forêt voisine, où se trouve l'endroit de l'initiation, et, cachées par une natte, elles accompagnent les danseuses jusqu'à l'auditoire. Les 2 groupes vont passer de chaque côté de la cour et rivaliser dans une joute où des règles non-écrites commandent.
Impossible de savoir les règles. La maîtresse danseuse, la meneuse, la plus gradée, est introduite sur la scène par ses compagnes. Elle est amenée de la forêt derrière une natte qui la cache, tenue par deux de ses collègues. Chacune a derrière elle, la tenant par la ceinture un groupe de fidèles, entre 2 et 6 qui la suivent. Elles sont en file et se tiennent à la précédente par la ceinture. Elles suivent instinctivement les guides et font les mêmes mouvement de danse qu'elle.
Les 2 groupes, comme 2 combattantes dans une arène, vont "s'affronter"en rivalisant de pas de danse, d'ondulations, de tressaillements, de saccades, de mouvements renversés. Chaque guide possède un objet symbolique assimilable à une baguette magique, et en désignant une des suivantes adverses, la met hors-jeu, en la "tuant". Tour à tour les suivantes sont éliminées de la scène. Bien qu'il soit impossible de deviner les critères de sélection de ces sorties, toute l'assemblée est néanmoins captivé par ces joutes amicales. Rien n'est enlevé au côté spectaculaire. Le "combat" se situe dans la danse.
Les groupes vont se succéder dans ces compétitions amicales, jusqu'à ce qu'arrive la dernière rencontre. Il s'agit de la prétendante au grade supérieur de l'initiation qui va affronter une ancienne initiée. L'apothéose. Les dernières nattes vont se lever sur les 2 rivales. La danse commence. La prétendante a le visage recouvert de raphia. Personne ne peut voir son visage, mais toute la collectivité sait qui elle est ! Elles dansent. Elles se regardent, se défient, le coeur des anciennes redouble de vigueur pour la dernière joute. Le rythme qui s'accentue ajoute au débat la note de suspense manquante. La prétendante combat pour son admission. Les suivantes sont éliminées une à une. Finalement le "combat"cesse par la reconnaissance de la prétendante. Elle a suivi toutes les épreuves et elle a réussi.
Dans le combat, à quelques instants critiques, le public subjugué par la danse, montre sa satisfaction. Des personnes sortent de l'assemblée des spectateurs et déposent au pied des danseuses, des billets proportionnels à leur satisfaction. Le spectacle étant ouvert, cela permet à chacun de participer suivant ses moyens.
La prétendante ayant fait ses preuves, elle est admise et acceptée au milieu de l'assemblée des anciennes. On lui enlève ses attributs en raphia et on dévoile son visage au public.

Par la suite, des branches de palmiers seront étendues par terre. En sautant sur les branches, les autres apprenties-initiées vont entrer dans le cercle fermé des initiées. Cette consécration leur permettra de jouir du prestige dû à cette victoire.

Vers 18h30 ou 19h, le soir, la nuit est déjà tombée.Le dernier spectacle est clos, l'assemblée des spectateurs se dilue et le calme retombe petit à petit dans la communauté. Plus aucune structure n'existe. Des petits groupes se forment et quittent le village. C'est la fin.
C'est un moment magique où il ne reste que les nouvelles inities ainsi que la mère supérieure, les formatrices et la petite communauté qui gravite autour. On peut s'approcher des nouvelles initiées, mais on ne peut pas les toucher, ni leur parler. Les anciennes surveillent. Seule dérogation, si on veut communiquer avec les nouvelles initiées, il faut faire une offrande sous la forme d'un billet de 1 000 f CFA par exemple, qu'on glisse par terre. La somme ne représente rien, et n'est pas importante, mais le geste est chargé de symbole.



# Ce récit n'est qu'un compte rendu de ce que j'ai vécu et vu. Tous les secrets de l'initiation ont été cachés, aucun n'a filtré. Ce récit est bien entendu subjectif, et il peut comporter certaines imperfections ou mauvaises interprétations, mais elles sont le résumé le plus fidèle de la manière dont je l'ai perçu.

# Les quelques explications que j'ai pu donner, ne correspondent qu'à des bribes d'informations glanées ici ou là, de manière informelle.


Le VILLAGE de SOUGUEDEWANA, le Dimanche :







Village de SOUNGUEDEWANA / Jean-Louis ALBERT / Dimanche 31 Août 2008.


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