- Le FERNAN-VAZ -
où la Descente de l’OGOOUÉ

- Création de la Page : Août 2012


• Le Parc de LOANGO : Une réserve animale extraordinaire. Un des seuls endroits au monde où on peut espérer voir des grands animaux, tel que buffles, éléphants, hippopotames sur la plage, et quelquefois dans l’Océan. Si le paradis existe sur terre, je pense qu’il n’est pas très loin. S’il n’y a qu’un seul parc à voir au Gabon, c’est bien celui-là.
• Longue descente en pirogue à travers un paysage de film et une faune ornithologique captivante.


Le Perroquet Jaco Psittacus Erithacus en Vol :

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Carte du Trajet Descente Ogooué et FERNAN-VAZ :

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- Le Matériel Photo :

• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK II avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK II, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II

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- Le Trajet :
Nous démarrons de très bonne heure le matin. Levé à 5h 30 du matin, nous partons de Libreville, en voiture pour Lambaréné. De bonne heure, le trajet jusqu’à la sortie se déroule sans trop de difficultés. La route de Kango est toujours pleine de trous et la moyenne baisse par les ralentissements fréquents. Nous atteignons donc Lambaréné à 9h 05. Nous sommes près du débarcadère ou le piroguier que j’avais contacté, “l’Italien“ nous attend avec la pirogue, le moteur et l’essence. J’avais envoyé l’argent par Western Union, pour être sûr que tout soit prêt. J’avais aussi demandé 4 gilets de sauvetage, un pour chacun, et il va nous falloir presque 1 heure pour les récupérer, car bien évidemment, ils n’étaient pas dans la barque ! Décidément, quand tout est prévu, il y a toujours quelques chose qui manque !


Après être monté en pirogue, Pierre DALICHON, Patrick NIQUET, Julien BOU et moi-même (Jean-Louis ALBERT / Jean-Lou), nous pouvons enfin “décoller“ vers notre destination, avec au commande du moteur, l’Italien, de son vrai nom Jean-Rémy, et son aide. La pirogue fait 7m de longueur. Elle est fabriqué localement, et semble de construction robuste : une armature de bois, recouverte de fibre de verre collée. Derrière, un moteur de 40 CV, et pas de petit moteur de secours. Il nous expliquera qu’il suffit de faire confiance au moteur. Comme si ça pouvait suffire ? On va souhaiter tout le long du trajet, de ne pas avoir de panne de moteur. Finalement nous partirons vers 9h 50.

•• Lambaréné -> OMBOUE : Plus de 6h de navigation. 213 km de pirogue.

• Note : Au final, après avoir fait le trajet par Lambaréné, il s’avère que cette solution n’est guère plus chère que de passer par Port-Gentil et de prendre ensuite une pirogue sur Omboué. Par contre, il y a beaucoup plus de pirogue, environ 6h au lieu de 3h, mais le paysage est agréable, et ça peut constituer une solution intéressante.



- La Descente de l’Ogooué :
• La pirogue possède 3 planches sui servent de banquette, et passer 6h 30 dessus, avec par moment le clapotis des vagues, constitue une prouesse pour qui n’y est pas habitué : le bois est dur ! Afin de minimiser la peine, on va utiliser les gilets de sauvetages comme coussin. C’est en définitive, une excellente solution.

L’Italien est à l’arrière, et c’est lui qui manage le moteur et la direction. Devant lui, il y a un énorme bidon qui contient l’essence nécessaire au voyage aller et retour. Il sait qu’il est très difficile de trouver de l’essence à Omboué.

On quitte rapidement Lambaréné dont les ponts s’éloignent, et on s’aperçoit tout se suite que nous sommes en fin de saison sèche, car il y a par endroit des immenses banc de sable. Sur les berges, la marque de la limite supérieure des grandes eaux est visible, sur les petites falaises de latérite, et aussi par les limites de la pousse des la végétation : elle s’arrête à presque 2 mètres au-dessus du niveau actuel. C’est dire le manque d’eau. On passe les derniers gros villages, et par la suite, il n’y aura que des petits hameaux, quelques cases au maximum. La pirogue au main de notre expert oscille entre la gauche et la droite, à la recherche des bas-fonds. A 2 ou 3 reprises, on va sentir un fort ralentissement dû à l’hélice qui pénètre dans le sable. La pirogue freine brusquement, comme s’il elle s’arrêtait et le piroguier coupe la vitesse instantanément. Il nous est arrivé de voir une gerbe de sable se disperser dans les vaguelettes d’eau foncée. A d’autres moments ce sont des branchages ou du feuillage qui se met dans l’hélice. L’arrêt est encore plus brutal. On coupe instantanément le moteur et on le relève pour sortir les branches. On tire sur la corde, on lance le moteur et la marche reprend.

Sur tout le long du trajet le fleuve est très large. Difficile de quantifier, mais je dirais que la largeur pourrait facilement osciller entre 300 à 5 ou 600 m. On croise souvent des pirogues qui remontent vers Lambaréné. A peine 1 h plus tard, nous passons devant la Mission Ngomo, vieille mission construite à la fin du XIX ème siècle, et dont je suis déjà allé, il y a plusieurs années pour faire la visite. On peut trouver le récit dans la page sur la
Mission Ngomo.

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Puis on se rend compte qu’on s’éloigne de plus en plus de la civilisation. Les pirogues deviennent très rares et on n’en croise plus avant longtemps. Peu de cases sur les berges. L’endroit est isolé. Les oiseaux sont nombreux et on va observer sans difficulté les espèces suivantes en particulier :
.... Le Palmiste Africain : Gypohierax angolensis
.... Pélican Gris : Pelecanus rufescens
.... Calao Longibande : Tockus fasciatus
.... Perroquet Gris : Psittacus erithacus
.... Anhinga d’Afrique : Anhinga rufa

Beaucoup d’autres oiseaux seront visibles comme des hérons et aigrettes. La zone est incontestablement très riche sur le plan ornithologique.


Etant en saison sèche, le temps était plutôt gris, on a même craint à plusieurs reprises d’avoir un peu de pluie. Des groupes de plusieurs perroquets gris traversent le fleuve d’une rive à l’autre avec leurs battements d’ailes rapides. Une autre espèce d’oiseau que je n’ai pu identifier, plonge dans l’eau pour attraper un poisson. Sur les berges, des palmiers Raphia regalis avec leurs immenses branches courbées vers l’eau. Puis, au milieu des tons verts de la forêt environnante, un immense fromager dépasse très largement au-dessus pour étendre majestueusement ses branches dénudées. Dans le ciel tournoi un Palmiste Africain, qui plane longuement. Quelques battement d’ailes pour garder l’altitude et le plané. On le reconnait facilement aux rémiges primaires des bouts des ailes blanches. Quand il s’approche de nous, ou plutôt lorsque la pirogue passe au plus près de lui, quelques 100 mètres, on peut apercevoir sa tête blanche avec l’oeil rougeâtre.

On descend le fleuve plein ouest, comme si on voulait rejoindre l’Océan Atlantique. Le soleil semble au-dessus de nos têtes, lorsqu’on peut le deviner à travers la couche nuageuse. On est juste après midi. Au loin les nuages s’amoncellent. Des tons grisâtre foncé laissent entrevoir une saison des pluies en avance sur son temps. Un crachin violent nous oblige à mettre les imperméables. Heureusement, ça ne durera que quelques minutes. La vitesse crée un froid relatif et garder l’imperméable permet de couper le vent.

Les kilomètres s’additionnent et puis après plus de 150 kilomètres de navigation, on va laisser l’Ogooué descendre jusqu’à l’Océan, et nous, nous allons bifurquer sur la gauche. Nous approchons du delta du fleuve, et un de ses innombrables bras va nous amener vers la lagune. Dans cette portion, les oiseaux sont de plus en plus nombreux. On croisera encore des myriades de Perroquets Gris, des Palmistes Africain, des Calao, vraisemblablement des Calao Longibandes. Dans ce bras, les berges sont parsemées de papyrus. Ce sont de longues tiges, surmontées d’un plumet de feuilles extrêmement fines qui se courbent vers l’eau. Ce vert tendre est beau à voir.

- Le FERNAN-VAZ :
• La lagune vient enfin à nous, Ce bras de quelques dizaines à quelques centaines de mètres de large, débouche rapidement sur une vaste étendue d’eau qu’on pourrait assimiler à une mer intérieure, tant les berges sont loin. On ne les voit pas du tout à certains endroits. Cette lagune s’appelle la lagune NKOMI ou Le FERNAN-VAZ. Plus loin sur la droite, c’est une barge recouverte de grumes de bois qui attend, amarrée à la côte. On dirait qu’elle marque l’entrée de la lagune.

Découverte par les marins portugais autour des années 1473 par Fernao Vaz, son nom lui restera définitivement attaché avec son orthographe française : Fernan-Vaz. La zone qui s’étend depuis le Cap Lopez (actuellement la pointe de Port-Gentil) et Mayumba, restera une zone d’activité permettant le ravitaillement des navires à partir du XVI ème siècle (eau, nourriture) et l’embarquement des esclaves vers les Amériques à partir du XVIII ème siècle. Les différents peuples Myénés contrôlaient les diverses zones intéressantes de la côte ainsi que le trafic des marchandises vers l’intérieur, en particulier avec le fleuve Ogooué.
Le fleuve Ogooué ne sera cité que par l’anglais Bowdisch en 1819, c’est dire si l’intérieur restait largement méconnue. Puis des missionnaires américains remontèrent le fleuve Ogooué, dont William Walker, aux alentours des années 1850. Paul Belloni du CHAILLU traversa tout le Fernan-Vaz à la fin des années 1850, pour poursuivre son voyage plus loin, vers l’actuel Massif du Chaillu, qui lui doit son nom. Puis à partir de 1875, c’est Pierre Savorgnan de Brazza qui remontera le fleuve, et ira bien au-delà, puisqu’il explorera toute la partie qui l’amènera vers le fleuve Congo, à l’actuelle Brazzaville.

Palmiste Africain Gypohierax angolensis en Vol :

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Le ciel est gris. Au fond, peut-être à 30 km, se trouve la ville de OMBOUÉ, noyée dans un brouillard grisâtre dû à l’éloignement et aux embruns. La lagune doit faire une centaine de kilomètres de longueur dans le sens sud-est, et par endroit sa largeur doit dépasser les 20 km. On a l’impression d’être en pleine mer, si ce n’est qu’on devine par endroit, l’existence de la terre. Sur la gauche nous laissons une île. Malheureusement nous passons à 200 mètres de cette île, et, contre toute logique, l’hélice heurte le sable qui vole dans un brouillard beige noyé dans l’eau grisâtre. Qui aurait pu imaginer que des hauts-fonds puissent exister si loin de la terre, dans un espace qui ressemble à une mer intérieure ? Et pourtant le sol est là. On le voit très distinctement lorsque le sable s’est décanté. On pourrait le toucher. La profondeur, à cet endroit n’excède pas les 30 cm. Immédiatement on arrête le moteur et on prend la pagaie pour pousser la pirogue vers un endroit plus profond, qu’on atteint à une vingtaine de mètres. On remet le moteur en route et on reprend notre chemin. Au final, Omboué se dessine de plus en plus. Un gros remorqueur pousse péniblement une immense barge contenant des plate-formes de camions avec des containers. C’est le matériel de ravitaillement des pétroliers qui travaillent au sud de la ville.


Si on continuait vers le sud-est, on tomberait sur le fleuve Rembo, qui se jète dans la lagune. Mais il n’est pas le seul, car d’autres fleuves et rivières se jettent à leur tour dans cette lagune, dans une des de ses nombreuses excroissances. Malgré le temps maussade, de nombreux oiseux sont visibles, et quelques rapaces planent toujours majestueusement dans le ciel.

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Une antenne marque la ville au loin. Plus on se rapproche et plus les maisons sortent de l’ombre. Puis c’est un débarcadère, celui en face de l’hôtel OLAKO, auquel nous allons accoster. C’est un ponton en planche, soutenu par des piquets bien enfoncés dans le sable. Sur le côté gauche, une case sur pilotis sort de l’eau. C’est un bar restaurant, annexe de l’hôtel, au-dessus de l’eau.

Aussitôt amarré, on saute sur le quai et on décharge la pirogue. Le tout en quelques minutes. Après plus de 6h de navigation, quel bonheur de se détendre les jambes. Philippe, notre contact, nous attend sur la route goudronnée parallèle à la plage. Il est 16h. Nous sommes partis à 9h50, ce matin. Plus de 6h de pirogue pour faire les 213 km qui nous séparent de Lambaréné. Nous discutons rapidement avec notre “commandant“ de l’embarcation et nous prenons rendez-vous pour le samedi prochain, soit le 18 août 2012, pour qu’il nous reprenne tôt le matin. Nous fixons le départ vers 7h, pour tenir compte de la remontée du fleuve, qui doit nous prendre environ 30 ou 40 minutes de plus, et des 3 heures ou 3h 30 de voiture pour retourner à Libreville. Il nous assure qu’il sera là, la veille, et qu’il dormira à Omboué pour être disponible le matin de bonne heure. Nous saluons l’Italien et il repart tout de suite. Il arrivera à Lambaréné, tard dans la nuit. Je me demanderais toujours comment il pouvait faire pour éviter les bancs de sable, ne pas heurter les berges et s’y retrouver, de nuit, avec un temps nuageux et une lune dans sa fin de vie. Certainement une prouesse pour nous, mais peut-être seulement de la routine et une parfaite connaissance de la lagune et du fleuve pour lui. Dans tous les cas, un grand bravo pour notre piroguier.











Le FERNAN-VAZ / Jean-Louis ALBERT / Dimanche 12 Août 2012.


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