- Le Baï de LANGOUE (2) -

- Création de la Page : Juillet 2010

Accès difficile pour un voyage au Pays des Merveilles. Cette prairie, appelée Baï, est comme une Arche de Noé au milieu de la forêt avec une impressionnante quantité de gros animaux africains (éléphants, buffles, gorilles, sitatungas mâles et femelles, potamochères) qui fréquentent le site en continu. Lors de ce voyage, nous n’avons pas vu de gorille dans le Baï, si ce n’est qu’on a pu l’apercevoir en forêt, lors de sa charge brutale et imprévisible.


Eléphants et Sitatungas Mâle et Femelles, au Baï de LANGOUÉ :




Carte du Trajet vers le Baï de LANGOUÉ :



Carte du Trajet de Marche au Baï de LANGOUÉ :




- Le Matériel Photo :



• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK II
---- Objectifs Zoom CANON 24 / 70 mm f2,8 USM et zoom CANON 100 /400 f4-5,6 IS USM
---- Appareil CANON EOS 50D avec Zoom SIGMA 500 mm f 4,5 APO DG EX HSM CANON. Cet ensemble équivaut à un 800 mm monté sur un appareil full frame tel que le CANON EOS 5D Mark II.
---- Trépied GITZO GT 1541 T carbone 6x Traveler, avec rotule pendulaire MANFROTTO modèle 393.
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK II, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II

---- Malheureusement je n’avais pas de télécommande manuelle ou de rallonge souple pour déclencher les photos et éviter un flou de bougé inévitable sur des grands distances de prises de clichés.




En Forêt devant une Liane énorme :




- Le Trajet :

• FRANCEVILLE -> IVINDO : PK 373 km. Voyage en train de 6h 30’.

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IVINDO -> Zone de Parking : 71 km de piste, soit de 3h30 à 4h en véhicule 4x4. La piste est en mauvais état, avec des ponts emportés fréquemment par les orages. Vers la fin, la piste est très étroite et assez difficile.

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Marche vers le campement : Environ 3h30 suivant l’allure, sur une distance de 8 km environ. Nous avons mis presque 45 minutes de plus, car nous avons pris le temps de nous arrêter pour prendre des photos des choses intéressantes.

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Marche Campement LANGOUE -> Baï de LANGOUE : Environ 4,5 km, 1h 45 de marche, à une allure modérée.

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Marche Campement -> Cascade Albertii : 2 km et 35 minutes de marche environ.

Le Campement :



- Le Voyage en Train :

• Le départ de la gare d’Owendo était prévu à 9h45’. Les bagages étaient déjà chargés, lorsque le premier “incident“ est arrivé. Les employés de la SETRAG, ont procédé au déchargement des bagages et au rechargement dans un nouveau wagon à bagages. Le premier étant défectueux. Fort heureusement, le retard était minime, à peine plus d’une heure. Au départ de la gare, queue, attente, queue à nouveau, attente pour enregistrer les bagages, pesage, contrôle du poids, discussions, colère des passagers qui sont devant nous. Finalement, paiement de la taxe et retour à la file d’attente. On était à la gare à 8h15, et dans le wagon à 9h30. Mais compte tenu de la panne technique, le départ a eu lieu vers 10h 50.

Ce déplacement vers le village d’Ivindo, point de départ de notre expédition, s’est fait en train, à partir de Libreville. Jusqu’à Ndjolé, on a un paysage uniquement de forêt, qui laisse peu de place à la vue. On évolue dans un couloir forgé au milieu de la forêt. Après la ville de Ndjolé, qu’on atteint au bout de 4h de train environ, on longe le fleuve Ogooué, qu’on voit tout le long du parcours et qu’on croise sur un pont métallique de toute beauté. La suite est une progression de la savane, pour arriver dans la partie la plus agréable du voyage, la zone de La Lopé, où on entre dans une succession de savane et de forêts, qu’on peut assimiler à une mosaïque de savane et de forêt.
En se rapprochant du village d’IVINDO, on traverse sur un immense pont métallique, le fleuve Ivindo, où on peut observer, en aval, le mélange contrasté entre les eaux “noires“ de l’Ivindo et les eaux “marrons“ de l’Ogooué. Les couleurs différentes de ces eaux, viennent de la charge des eaux. Eau noire chargée de limon pour l’Ivindo, et eau marron chargée de latérite et de boue pour l’Ogooué. Ce mélange va mettre plusieurs kilomètre pour s’effectuer, et on va voir sur de longue distance, la progression de ces eaux et de ces couleurs, côte à côte. De toute beauté !

- Le Village d’Ivindo et le Départ :
• Nous sommes dans la province de l’Ogooué-Ivindo, et on trouve majoritairement des Kota.
• Le village d’Ivindo n’existe uniquement que par l’exportation du bois. Actuellement, il n’est accessible que par le train. Il n’y a aucune piste praticable en 2010, qui permet d’y arriver. Ce petit village donne tout de suite le ton : des grumes de bois s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. Des myriades de wagons plateaux, attendent leur chargement sur une voie de délestage.

Après le tain, l’arrivée en milieu d’après-midi, interdit de partir au baï immédiatement. Il est nécessaire de passer la première nuit au village. Le lendemain, vers 9h, nous partons vers la zone de marche pour le début de l’expédition, après avoir chargé nos affaires dans le véhicule. La piste en 3 ans, s’est considérablement dégradée, et le trajet au lieu de parking, va nous prendre 3h 30’ en véhicule tout-terrain. Nous passons sur un pont en bois qui vient d’être refait récemment. Il a été emporté par les fortes pluies du mois de mai. Nous empruntons la piste Rougier sur une quinzaine de kilomètres, puis, dans un léger virage, on s’arrête pour ouvrir une barrière qui ferme une piste se dirigeant vers le Baï de Langoué.

On est sur une piste qui est une simple trouée au milieu d’un mur végétal composé essentiellement d’Aframomum. Longue tige de 2 à 3 mètres de hauteur, qui ploie sous le poids de longues feuilles plates. A notre passage, les tiges s’écrasent violemment contre le pare-brise et nous giflent le dos, nous qui sommes dans le pick-up de la voiture. Encore un peu de temps, et cette piste n’existera plus du tout.

On passe sur un pont en très mauvais état, qui enjambe un affluant de la Dji-Dji. Il est probable que lui aussi, ne survivra pas à la prochaine saison des pluies. 30 km de piste étouffée et chaotique. La piste longe sur plusieurs kilomètres, la voie de chemin de fer. Elle est par endroit resserrée et comporte des passages avec quelques ravines. Cette piste était aisément praticable il y a seulement 3 ans, mais depuis, elle s’est fortement dégradée. La piste s’éloigne définitivement par la gauche, de la ligne ferroviaire. La piste est en plus mauvais état encore, mais c’est elle qui nous amènera au point de départ de notre marche. Arrivés au bout de la piste qui se termine en cul-de-sac, on laisse la voiture, on décharge les sacs. L’arrivée en bout de piste coïncide avec la montée abrupte de la première colline.

C’est ici que va commencer notre marche. Mais cette fois-ci nous avions mieux assuré notre logistique et la répartition des charges et des sacs entre les éco-gardes et nous, nous permettra d’avoir une charge raisonnable et de nous arrêter facilement pour prendre des photos. Dans ces conditions, la montée et la marche vers le campement n’ont plus du tout la même physionomie. Je me souviens très bien comme si c’était hier, de la difficulté de cette montée 3 ans auparavant, où, avec 25 kg de sac de randonnée plus le matériel photo sur le devant, j’avais eu toutes les peines du monde à accéder au sommet de cette colline.
En définitive, la difficulté de cette colline, dépend essentiellement de la charge et de la condition physique.
Ce parcours de 8 km environ, ne présente après cette montée, aucune difficulté. Le sentier est plat, puis redescend vers le campement, au final du chemin.

L'Observatoire au Baï de LANGOUÉ :




- Le Campement et les Civettes :

•Le campement a bien vieilli en 3 ans, mais reste très correct. Il faut penser que l’arrêt du tourisme et le peu de personnes qui le fréquente n’ont plu le temps de l’entretenir correctement. Les termites ont attaqué certains bâtiments. Par contre les chambres, qui sont en fait des tentes abritées sous un toit, n’ont presque pas bougées. Elles sont en très bon état. Les tentes sont spacieuses et comportent 2 lits et de la place pour mettre les affaires. L’intérêt principal réside dans le fait qu’elles sont complètement fermées par des fermetures éclairs à l’entrée, ce qui empêche les animaux et insectes d’y pénétrer.

Le campement est situé sur un massif de grès énorme qui stagne au milieu de la forêt. Sur ces rochers, rien ne pousse, si ce n’est quelques herbes dans les interstices. Sur plus de 100 mètres de long, l’endroit est donc désert. On a pu y implanter sans difficulté les constructions en bois. Un grand L formé par le réfectoire et la cuisine comble la gauche, à la lisière de la forêt. Sur l’entrée, le bureau, et sur la droite, les logements des employés. Le fond est occupé par plusieurs bungalows séparés qui sont les chambres. En lisière de forêt, on trouve un petit bâtiment abritant les douches. Mais la moto-pompe ne fonctionnant pas, les douches étaient inexistantes. On s’est lavé dans la rivière proche, avec un seau.

Malgré toutes ces petites vicissitudes, l’endroit est toujours aussi magique. Perdu au milieu de l’Afrique Centrale, à 30 km de toute civilisation, par une piste défoncée, le sentiment de solitude se mélange au bonheur de se retrouver presque seul au monde.

Le soir, derrière le bâtiment principal abritant le restaurant, la grande attraction, est la sortie d’une famille de civettes, qui viennent se ravitailler en fouillant les poubelles ou en dévorant la nourriture qu’on leur laisse à proximité. Elles attendent la nuit, et que la poubelle soit pleine, pour prendre leur “repas“. Assis sur le passage en bois reliant la cuisine au restaurant, on attend tranquillement dans le noir, appareils et flash armés. Elles sont bien sûr sauvages, mais avec le temps et la douceur, il y a eu une “habituation“ à l’homme. Bien qu’elles soient peu farouches, elles sont néanmoins sensibles à toute perturbation. Elles fuient immédiatement lorsqu’on fait du bruit, ou lorsqu’on circule dans un sens ou l’autre. Ces animaux sont difficiles à approcher. Il faut donc rester à distance, mais les flashs ne les importunent pas trop. On peut donc ici, les voir assez facilement. Puis au milieu du silence, vers 19h30 / 20h, la première civette va sortir lentement. D’abord, on voit 2 billes phosphorescentes qui trouent la forêt proche. Puis elle avance lentement, la tête légèrement baissée, aux aguets, à l’écoute de tous mouvements ou bruits suspects. Enfin, petit à petit, la civette (Civettictis civetta) sort et à pas feutrés se dirige vers la nourriture qu’on a laissé par terre. Ce n’est pas la première fois que je vois des civettes. J’ai déjà pu en voir facilement à plusieurs reprises, à Franceville, au CIRMF, par exemple. C’est par contre la première fois que je peux les observer aussi longuement et surtout les prendre tranquillement en photo. En général, on a seulement 3 à 4 secondes pour les voir, avant qu’elles ne disparaissent aussitôt. Ce sont les première photos que je fais de ces mammifères.

C’est fascinant de pouvoir ainsi observer à satiété, ces animaux. Ce sont les locataires privilégiés du campement.



- La Marche vers le Baï et la Charge du GORILLE :
• La marche a débuté vers 7h30, lorsqu’on a quitté le campement de Langoué. La forêt est très sombre, mais en empruntant des vieux sentiers à éléphants tracés au milieu des arbres. Des vieux excréments d’éléphants sont là pour rappeler qu’on est dans leur domaine. Au début de la marche, les yeux fouillent les environs, à droite et à gauche, à la recherche d’animaux et le sol, afin de ne pas buter sur une branche. Au bout de quelques dizaines de minutes, même sans fatigue, la routine de la marche devient soporifique. On marche.

Nous sommes guidés par Prosper du WCS, qui est un guide professionnel et qui connait parfaitement cette forêt et ces arbres, pour y travailler depuis plusieurs années. Nous suivons derrière, à trois, et ensuite viennent les eco-gardes qui ferment la marche. Leur rôle est de naviguer dans tous les recoins de cette forêt qui est immense, à la recherche de signes de braconnage.

Il y avait plus de 45 minutes qu’on marchait, lorsque notre groupe est surpris sur un terrain plat et dégagé par un cri rauque qui surgit sur notre gauche. A une cinquantaine de mètres, sans qu’on ait pu voir quoi que ce soit, un énorme gorille, un dos argenté, nous surprend tous. Il cri, il gesticule en courant vers nous. Les bras volent dans tous les sens. il écarte violemment et rapidement les branches autour de lui et qui sont sur son passage. Il fonce sur nous. Ses cris rauques répétés en cascade rapprochées, marquent sans nul doute possible, sa colère et sa fureur vis-à-vis des étrangers. Il est à moins de 25 m. Il court toujours et se rapproche. Le guide, devant, ordonne “ne bougez pas“. Avant le départ, nous avions discuté de l’attitude à tenir en face de ces rencontres : éléphants, gorille, chimpanzé. Tout le monde obéi et reste débout, sans bouger, malgré une certaine crainte devant l’impressionnante attaque. Il est vrai qu’il y a une différence énorme entre les consignes reçues au campement, bien à l’abri du danger, et la situation réelle, avec un énorme gorille qui charge comme un guerrier du moyen-âge. Mais nous sommes nombreux, lui est seul. On sait qu’il s’agit d’une charge d’intimidation. On espère tout de même ne pas se tromper sur ses intentions, sinon … 
Personne ne regarde le gorille dans les yeux, ce qui serait un signe de provocation. Notre regard cible la poitrine ou le côté proche. Je me maudit de ne pas avoir sorti mon appareil photo durant la marche. Le gorille s’arrête à une dizaine de mètres de notre groupe et repart aussi vite qu’il est venu. Il est vraisemblable qu’il était avec sa famille et qu’il cherchait à la protéger.

Pas de photo, pas de video. Un peu de peur et d’excitation mais surtout, un moment intense et inoubliable qui restera à jamais gavé dans ma mémoire. Moment bref, mais fort !

Dans l’inconscient collectif, tout le monde a à l’esprit, l’image d’un gorille dressé sur ses patte et tambourinant avec ses mains, en frappant sa poitrine, en signe d’intimidation. Ici, rien de tout cela. Une charge unique, forte, puissante, rapide, accompagnée de vociférations. Mais ce qui a été le plus frappant, c’est de sentir l’odeur de transpiration qu’a laissé dans l’air, le primate et sa famille. Odeur de transpiration de fauve, odeur sauvage, qui marque les sens.

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Le Baï :
• A notre arrivée au baï, le poste d’observation, construit dans un arbre, a très largement vieilli. Il faut faire attention aux marches. L’escalier est attaqué par les termites, et le bois est pourri à plusieurs endroits. Certaines marches n’existent plus. Si rien n’est fait rapidement, l’observatoire ne sera plus accessible. L’observatoire est une vaste plate-forme située à une dizaine de mètres de hauteur, bien calée au milieu des branches d’un arbre. De là-haut, bien assis, on peut voir le baï en entier. C’est une vaste prairie d’un kilomètre de long environ et de 300 à 500 mètres de large, suivant les endroits. Sur la droite, il y a, à plus de 6 ou 700 mètres, un petit baï, où se trouvent, en général, peu d’animaux. Devant nous, à 300 mètres environ, il y a le baï principal. Vaste saline en forme de marécage de 50 mètres de large environ et qui est un vrai marécage où pataugent les animaux.

Le mot baï est un mot pygmée, qui signifie prairie. Cette prairie est comme une tache au milieu de la forêt. Unique endroit, à des kilomètres à la ronde, où on trouve une savane herbeuse. Cette savane est un immense marécage, dans un endroit plat, où le ruisseau qui la traverse, s’étend paresseusement. L’eau et la boue, avec des hautes herbes, arrivent au pied de l’observatoire, en lisière de la forêt. C’est pour cela, qu’en restant silencieux, on peut voir des sitatungas, se cacher dans les hautes herbes et progresser jusqu’à 20 m de nous. C’est autour de l’observatoire, qu’on va voir pendant tout notre séjour, un râle à bec jaune (Amaurornis flavirostris). Oiseau tout noir à bec jaune et à pattes rouges. Cet oiseau étant continuellement dans la vase, au milieu des hautes herbes, il est très difficile à prendre en photo, dans la mesure où il est constamment caché.

Lors de notre arrivée, le baï principal est occupé par 16 éléphants, plus de 20 sitatungas femelles et 3 ou 4 sitatungas mâles, qui disparaissent et ré-apparaissent par moment, au gré de leur marche dans les herbes. Il est aux alentours de 9h30. On s’installe et on prend les premières photos. Vers 10h30, plus d’une heure après notre arrivée, de la gauche, un énorme troupeau de potamochères (Potamochoerus porcus)sort lentement de la forêt proche. C’est un groupe homogène, très compact, de 30 individus qui avance très lentement, vers le marécage central. Tous les individus sont serrés les uns contre les autres, avec à peine 2 ou animaux, qui se détachent du groupe. Ils ont tous la tête dans la vase, à la recherche de nourriture. Ils évoluent ainsi, jusqu’à se trouver en masse au centre du baï.
On a, à cet instant, un moment magique, où on peut figer sur nos cartes mémoires, des éléphants avec des sitatungas mâles et femelles, ainsi que des potamochères. Tous ces mammifères sont réunis, ensemble dans la boue. Plus d’une dizaine d’éléphants, 20 à 25 sitatungas et 30 potamochères sont réunis. Le troupeau a éclaté et les individus sont maintenant dispersés. Chacun cherche le meilleur endroit. Mais l’éléphant reste quand même le “maître“ du jeu. Personne ne lui conteste la suprématie. Et quand les autres animaux, sitatungas ou patamochères, y compris les éléphants du groupe, gênent le mâle dominant, tous les autres mammifères, détalent en vitesse devant les charges d’intimidation du “chef“.
Toute la journée, ce sera un défilé continuel des animaux, qui vont et viennent. Ils rentrent dans le baï, puis disparaissent au bout d’un moment dans la forêt proche. En début d’après-midi, le baï se vide vers 13h. Il ne va rester qu’un éléphant, qui se prélassera pendant plus de 2h, tout seul, dans la boue, avec des sitatungas, qui eux resteront toute la journée. Puis, vers 15h, le troupeau de potamochères reviendra et restera jusqu’au soir.

Puis plus tard, un gros mâle solitaire, mais vraisemblablement reconnu comme dominant par beaucoup d’autres comparses, va sortir de la forêt sur la gauche. Ses défenses sont énormes. Il lève la trompe et s’avance vers le marécage. Il fonce sur un potamochère qui était resté trop près, et qui détale immédiatement. Il continue ensuite vers un petit mâle qui est dans la boue, et qui fuit sans demander son reste. Arrivés, départs, toute la journée, ou plus précisément, le milieu de la journée est occupé par ce manège.




- La Nuit à l’Observatoire :
• Toute la journée nous sommes restés assis au 1er étage pour observer les animaux. Avec une échelle en bois, encore plus dangereuse, on peut monter à une plate-forme supérieure, plus étroite, mais plus haute. C’est là que restent en général les guides. Nous avons pu observer également pas mal d’oiseaux, décrits plus bas.

Vers 17h, nous avons commencés à attacher nos moustiquaires au plafond, pour les laisser pendre à terre. Ça va nous permettre ainsi de nous enrouler dedans, pendant la nuit, et d’empêcher les insectes rampants, de rentrer dedans. Il n’y a plus qu’à attendre. Les couleurs sont orangées, dans un ciel de soleil couchant. Les ombres s’allongent. Seuls quelques cris d’oiseaux par-ci, par-là, brûlent le silence. En dehors de ces oiseux, tout est calme.
Au départ, notre souci était de voir ces myriades de fourmis qui circulaient depuis le sol jusqu’aux branches supérieures de l’arbre, en passant au milieu de notre observatoire. Ces colonies de fourmis du genre Crematogaster en particulier, se déplaçaient en continue sur de longues files ininterrompues.

Il est 17h30 environ. Du fond de la forêt, arrive un éléphant, un mâle avec des défenses énormes. C’est peut-être le même qui était venu dans l’après-midi, pour chasser tous les autres animaux. De la droite, sortent 4 autres éléphants, puis un autre solitaire plus petit s’y rajoute. Un moins de 5 minutes, le marécage voit de nouveau 6 pachydermes. Le grand mâle chasse à nouveau les sitatungas qui étaient restés là toute l’après-midi. Le sitatunga mâle qu’on avait perdu de vue, est lui aussi, délogé. Un des éléphants fonce simplement dessus. Les petits mammifères n’insistent pas et fuient devant eux, et restent à distance respectable. Les éléphants ont repris possession du marécage. Les sitatungas chassés, tournent autour.
C’est au même moment que les moustiques vont commencer leur sarabande. Il est vrai que nous sommes au bord du marécage, ce qui favorise la prolifération des diptères.
Après avoir mangé à la lueur de nos lampes frontales et des bougies que nous avions amenées, nous restons assis 2 heures dans le noir, à écouter les bruits de la forêt. Puis on s’est allongé sur le sol en bois. C’est dur et un matelas aurait été le bienvenu. La nuit on sent que les animaux sont proches. De la forêt, on entend des bruissements de branches, qui correspondent au passage des éléphants dans la forêt et aux branchages qu’ils plient. Un claquement sec parsème ce bruit de fond lorsqu’ils écrasent une branche sèche. On sait qu’ils sont là, mais on ne voir rien. On entend seulement. Même avec la lune qui va se lever vers minuit, on ne pourra rein voir.



Puis on sait que les pachydermes sont au milieu du marécage car on entend leurs pieds s’enfoncer dans la boue. C’est le “glougloutement“ caractéristique d’un pied qui plonge dans une boue visqueuse. Puis, au milieu de ce presque “silence“, un énorme barrissement. Seul, puissant, comme un coup de marteau dans le soufflement continuel des bruits de la forêt. Plus aigus, les cris des oiseaux nocturnes pulsent, eux aussi. Puis un nouveau barrissement qui vient du baï éloigné, à droite.

Puis à quelques reprises, on va entendre les cris rauques de gorilles qui sont dans la forêt, derrière nous. Ces cris sont très proches. Ils sont peut-être à moins de 100 m de l’observatoire.

La nuit sera longue, entre un sol très dur, et cette sensation étrange d’une présence “autre“, mais indiscernable. Mais quelle nuit magique, d’être là !

Au petit matin, vers 5h, aux premières lueurs du jour, on devine 5 éléphants dans le marécage. Ils sont debout et ont passés la nuit dans la boue. Puis au fur et à mesure que la nuit disparaît, on voit les sitatungas, qui sont restés couchés dans les hautes herbes ou près du marécage, se lever pour commencer leur quête de nourriture. Les barrissements se sont tus. On n’entend plus les gorilles non plus. Au pied de notre observatoire, 2 râles d’eau (pieds rouges et becs jaunes - Amaurornis flavirostris) volent pour se poser dans un trou d’eau et commencent à ausculter la vase. On n’a pas fait de bruit, les moustiquaires sont pliées depuis longtemps, le vent vient vers nous, mais les 5 éléphants vont disparaître vers 7h du matin.
lI semblerait que l’absence de tourisme depuis presque 2 ans ait “déshabitué“ les éléphants à la présence, même ténue, des hommes. Ils n’ont pas fui en courant, mais se sont retirés dans la forêt, sans hâte, mais soucieux d’une étrange présence inhabituelle. 3 ans en arrière lors de mon premier passage, les animaux restaient sagement toute la journée dans la saline. Peut-être aussi que les pluies de mai, avaient gommé notre présence, à l’époque. Les mouvements beaucoup plus réguliers des personnels (guides, chercheurs et touristes) ont vraisemblablement un effet d’accoutumance. Aujourd’hui, peu de monde fréquente le baï et les animaux ne sont plus en contact, même distant, avec les humains. Il est possible aussi, que ce soit des familles différentes, qui n’ont pas le même comportement.
Il semblerait que l’appel au départ ait été donné par le gros mâle dominant, dont l’âge et la vie lui ont appris la méfiance. Le baï est maintenant entièrement libre pour les sitatungas, qui vont l’occuper toute la journée.

- Le Baï :
• A notre grande surprise, de temps en temps, on aperçoit un sitatunga qui, sans bruit, s’éloigne de notre observatoire. On pourrait penser, soit qu’il a dormi dans les hautes herbes proches, soit qu’il s’est faufilé, sans qu’on le voit, depuis la forêt ou le marécage, vers nous. De manière imperceptible, il a pu s’approcher de nous. Sa progression est tellement lente et discrète, qu’il est impossible de le suivre. Régulièrement on le perd, puis il re-apparaît, comme par enchantement 10 ou 15 m plus loin. A plusieurs reprises, on a pu entendre les pas discrets d’un animal très proche. On voyait quelques feuilles bouger, mais jamais nous n’avons pu voir le sitatunga. On devinait sa présence, sans savoir où il était exactement. Puis un clapotis nous donnait une direction, quant au sortir d’un massif, il se laissait photographier.

Près des toilettes du baï, petit mur en planche abritant un trou servant de WC, j’ai aperçu, à la cime des arbres proches, des singes, qui se sont enfuis à mon approche, en sautant de branche en branche. Impossible d’identifier l’espèce.

- Les Oiseaux :
• De l’observatoire, j’ai pu prendre en photos de nombreuses espèces d’oiseaux. J’ai évoqué plus haut le Râle à Bec Jaune (pattes rouges et bec jaune) - Amaurornis flavirostris, mais il y a aussi :
- Le Bias Ecorcheur : Megabyas flammulatus
- Le Bias Musicien F : Bias musicus Femelle
- Le Cisticole Babillarde : Cisticola anonymus
- L’ Echenilleur Bleu : Coracina azurea
- Le Gobemouche Enfumé : Muscicapa infuscata
- Le Guépier Noir : Merops gularis
- Le Palmiste Africain : Gypohierax angolensis
- La Prinia Rayé : Prinia bairdii
- Le Souimanga à Collier : Hedydipna collaris
- Le Tchitrec de Bates : Terpsiphone batesi


• J’ai pu observer aussi, mais sans prendre, même une photo de qualité moyenne, l’Ombrette Africaine / Scopus umbretta


- L’Ancien Campement :
• A 30 minutes de marche du campement, une piste conduit à l’ancien campement, abandonné, il y a déjà plusieurs années car il était trop ensoleillé. La forêt est plus éloignée de la prairie de grès, et la zone est chaude. Le campement actuel est beaucoup plus étroit et, du fait que la forêt est proche, il est relativement plus frais. C’est dans cette zone, que par chance, on peut observer des Picathartes du Cameroun / Picathartes oreas. Mais malheureusement, je n’en n’ai pas vu.







Le Baï de LANGOUE (2) / Jean-Louis ALBERT / 29 juin au 05 Juillet 2010.


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