- La FORÊT de LETILI -

- Création de la Page : Mars 2010


• Quasiment toutes les expéditions ont données lieux à des traversées de forêt, dont les images sont dans les pages correspondantes. Ici, ce sont des pages consacrées uniquement à la forêt, aux arbres, aux animaux, aux insectes, aux fleurs et à la vie en forêt.





Carte de Situation de la Forêt de LETILI :


Carte du Trajet dans le Haut-Ogooué :


Carte du Circuit de Marche :




- Le Matériel Photo :



• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK II avec zoom CANON 24 / 70 f2,8 USM et objectif CANON 180 f/3,5 USM
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK II, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II






- Le Trajet :



•• FRANCEVILLE -> BOUMANGO : 95 km, soit environ 2h de voiture.
•••
De Boumango, village de MOUYABI -> Campement : 56 km, environ 1h30 à 1h45 de voiture.
••••
Marche 1 : Environ 10 km, soit plus de 4h20 mn de marche en forêt et piste
•••••
Marche 2 : Environ 18 km de marche sur plus de 5h30 mn de temps. Marche en forêt et sur piste.

-
La Forêt de LETILI :
• Nous sommes au sud de Franceville, très proche de la frontière du Congo. Tout le sud, vers BOUMANGO, est occupé par une immense forêt, repaire des animaux et des braconniers. Si Boumango a été autrefois une ville prospère, aujourd’hui, après la faillite des sociétés qui en faisait sa fortune (comme la SIAEB), la ville n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle retombe peu à peu dans l’oublie et n’a plus assez de travail à offrir à ses habitants. Les cultures (maïs, soja) et l’élevage des poules ont disparus. Arrivé dans cette petite ville, nous tournons à droite pour nous enfoncer dans des routes de forestiers, connues des seuls coupeurs de bois et des chasseurs. A quelques kilomètres de la ville, nous nous arrêtons au village de Mouyabi, où nos deux guides, Dominique et Grégoire nous attendent. Ici nous sommes dans une région où se côtoient plusieurs ethnies. Nos accompagnateurs sont de l’ethnie BABONGO. Ils ont toujours vécus proche de la forêt, ce sont des hommes des bois, connaissant toutes les ficelles de ces lieux hostiles pour les non-connaisseurs.
La forêt doit son nom au fleuve LETILI qui traverse cette forêt. Elle a laissé aussi son nom à des villages.
Nous roulons ensuite sur une piste qui petit à petit diminue de largeur. Au début on longe sur des kilomètres, des surfaces inondées de feuillages sur les 2 côtés. Il s’agit des anciennes cultures de la SIAEB, qui ont disparues depuis des années et qui petit à petit sont reconquises par la végétation sauvage qui reprend ses droits. Sur 2 à 3 mètres de hauteur, des champs entiers sont occupés à perte de vue par des plantes avec des larges feuilles. Cela semble impénétrable. La piste est enserrée entre ces falaises de plantes. Puis au bout de quelques kilomètres, nous laissons les anciens champs, pour pénétrer dans la forêt. A ce moment la piste, ancienne piste forestière est meilleure. Plus large, encore en bon état, bien que abandonnée depuis des années, cette piste en latérite permet de rouler sans difficulté à une vitesse raisonnable.

A partir de notre entrée en forêt, les guides vont rester constamment aux aguets : des coups d’oeil à droite et à gauche, ralentissement, progression, arrêt. Nous descendons de voiture pour examiner les traces. Innombrables. Beaucoup d’éléphants. Les traces sont caractéristiques : presque des cercles, dont un faisait bien dans les 30 cm, ce qui en dit long sur la taille de l’animal. Par endroit, on a un chevauchement entre plusieurs traces d’éléphants : des grandes et des petites empreintes. Une mère avec son petit. A côté peut-être 4 ou 5 autres pachydermes. On suit les traces sur la piste, puis elles obliquent vers la forêt. Le passage est net : l’herbe est aplatie et dessine le chemin de passage. A des endroits où il a fallu enjamber un talus, les traces sont caractéristiques des efforts qu’on dû faire les animaux, pour passer. La terre est labourée par les pieds qui ont glissés et qui ont dû reprendre à plusieurs fois leur montée. Plus nous nous enfonçons dans la forêt et plus nous rencontrons des traces. A côté, bien souvent, on trouve des empreintes étroites d’antilopes.

Finalement, au bout de presque 2 heures de piste, nous arrivons au bout d’un chemin. C’est une impasse. Nous laissons la voiture. On est en lisière de la forêt. On charge les sacs à dos et on emprunte un chemin à peine visible, qui troue la forêt, juste à notre droite. Nous marchons pendant une demi-heure pour faire, à travers les bois, la distance de 800 mètres environ, qui nous sépare de notre campement. C’est à cet endroit, que mon ami Hubert, avec ses guides, a l’habitude de faire son campement. C’est juste 50 mètres après la traversée d’un ruisseau, dans l’amorce d’une colline.

- Le Campement :
On arrive à une aire de 15 à 20 m de long qui est au milieu de la pente de la colline. Au milieu des arbres, des Sorros, Okoumé et autres on met nos sacs à terre. On récupère des branches qui ont servies plusieurs mois auparavant, et on coupe les branches manquantes pour faire des fourches plantées en terre. On va passer de longues branches dans les manches des toiles de lit et les poser sur les fourches. On a ainsi de magnifiques lits de camps. Les 4 lits sont disposés côte à côte. Dans le sens de la longueur, on plante 3 piquets de 2 mètres de hauteur, et dont les fourches vont soutenir une branche de 6 m de longueur qui va servir de poutre maîtresse. Ce sera le sommet de notre abri. Une bâche va être étendue de chaque côté de cette branche et la toile sera amarrée aux arbres voisins. Ainsi, on sera à l’abri en cas de pluie.
Des gros troncs secs feront l’affaire pour le feu. Les bouts sont disposés l’un contre l’autre et des morceaux de bois secs permettront au feu de prendre. Il est 10 heures et demi. Le campement est prêt et le feu a démarré. Au-dessus du feu 4 fourches vont soutenir 2 morceaux de bois de 1 m de long environ, et avec des branches perpendiculaire, ça va constituer un fumoir. Les cuisses de poulet sont mises au-dessus et vont lentement se chauffer jusqu’au soir, à feu très doux. Ce soir quand nous rentrerons de la marche, les cuisses seront quasiment cuites. Il suffira de finir la cuisson en augmentant le feu.

Trace de Panthère :


- Les Antilopes :
On va ensuite revenir à la voiture et suivre de nouveau les traces les plus prometteuses. On va descendre de voiture et rentre dans la forêt. Ce jour-là on va faire plus de 10 km de marche en forêt. Les branches, les épines, les ruisseaux et rivières à traverser, les montées, les descentes, les marécages à franchir, la boue, la sueur, la soif, la fatigue, les pieds et les chaussures mouillées jusqu’au mollet, les glissades. Plus de 4h 30 de marche dans la forêt. On suit les traces les plus prometteuses. On recherche des éléphants. Ils sont passés le matin , il y a quelques heures seulement. Mais ils vont vite. La matinée est déjà avancée, les éléphants ont progressé.
Les guides marchent en avant. Ils suivent les traces, s’arrêtent, reviennent en arrière, repartent. Comme un chien à l’arrêt, ils s’arrêtent net en tendant le bras : c’est le signe d’un arrêt absolu. Ils sont dans la position où ils étaient lorsqu’ils ont entendu un bruit suspect. Tous les sens aux aguets. 30 secondes, quelquefois, 1 ou 2 minutes après, ils repartent, nous font pénétrer dans la forêt, puis re-sortent, mauvaise piste, les éléphants sont revenus sur leurs pas. Nous suivons. Ils savent parfaitement ce qu’ils font, ce sont des hommes de la forêt. Aucun secret pour eux. Au passage d’une rivière, on boit l’eau courante. On n’emporte pas d’eau avec nous, la forêt fourni tout.
De toute la journée on ne verra pas cette fois les éléphants. On sera toujours devancé par eux. Ce sera pour une autre fois.
En profitant des traces, nos guides pygmées s’arrêtent et nous font pénétrer dans un coin de forêt plus clair. Ils vont “appeler “ les antilopes. Je suis devant avec l’appareil photo. Un des guides, 10 m derrière moi, se pince le nez et émet un son rocailleux, comme quelqu’un qui serait enrhumé. Un son nasillard, comme nasalisé par le pincement de nez, sort de sa bouche. A plusieurs reprises il imite le signal de détresse d’une antilope. Si ça n’a pas fonctionné à plusieurs reprises, à deux reprises, on a vu une antilope qui devait être à une centaine de mètres, accourir pour voir ce qui se passait. Ils nous expliquent que ce sont des animaux curieux, et que lorsqu’elles entendent ce son, elles viennent voir ce qui se passe. Mais bien entendu, elles prennent des précautions. Elles ne viennent pas directement sur le son. Elles surgissent de nulle part, courent perpendiculairement à la direction estimée du son, puis contournent l’origine du signal, pour vérifier ce que c’est. Durant ces 2 fois, à notre grande surprise, les antilopes ont débouchées sur le côté. Bien que tenant l’appareil photo prêt, il m’a été impossible d’en prendre une car, les branches cachent bien souvent l’animal. Seule, la partie arrière d’une antilope a bien voulue être immortalisée. En général, en une fraction de secondes, elles s’aperçoivent que ce sont des hommes et disparaissent aussitôt. L’action est tellement rapide, que même en étant prêt, on est toujours surpris par la rapidité du phénomène.
Toutes les fois où elles ne sont pas venues, cela veut dire qu’il n y en n’avait pas dans les environs. Les traces ont pu être mal interprétées ou elles ont pu s’éloigner de notre lieu d’attente en quelques minutes. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, ils arrivent à imiter parfaitement certains animaux. On le verra plus tard avec les singes.

En milieu d’après midi, on va revenir à la voiture et puis retourner au campement. Après plusieurs heures de marche, quel bonheur de prendre un bain dans cette eau courante et fraîche. Après le repas, la nuit tomba assez vite et nous allons nous endormir à la lueur de la nuit et de la forêt éclairée par un petit quartier de lune. Les bruits de la nuit sont aussi importants. Rien d’habituel. Pas de moteur de climatiseur qui tourne, pas de bruits d’origine humaine. Que le silence et les sons des animaux de la nuit. Etrange. Etrange, angoissant par moment, mais quel bonheur.

- Les CHIMPANZÉS :
Après avoir passé la nuit au campement, nous plions bagage assez tôt le matin. Les sacs sont amenés à la voiture, 800 m plus haut. Puis nous re-plongeons dans la forêt. Comme hier, nous allons continuellement monter, descendre, passer des rivières, glisser, s’accrocher, se déchirer la peau ou s’accrocher les vêtements sur des épines disposées au mauvais endroit comme pour piéger des êtres malveillants. Au passage de pistes défoncées, on recherche des traces. On les suit. On va faire la navette dans un sens et dans un autre, à plusieurs reprises.
Il y a à peu près 1 heure qu’on marche, lorsqu’un des guides s’arrête. On a entendu, nous aussi, des cris de chimpanzés au loin, à quelques centaines de mètres en forêt. On avance donc dans leur direction. On s’arrête. On écoute. Une, peut-être deux ou trois minutes. On observe. Puis tout d’un coup, d’assez loin surgit le bruit caractéristique d’un groupe de chimpanzés. Il s’agit de “hou-hou-hou…“ qui se répètent sur plusieurs secondes et qui vont en s’amplifiant au fur et à mesure que les syllabes deviennent plus courtes. Ce sont les cris caractéristiques à l’intérieur d’un groupe. Ce sont des cris d’affrontement ou de manifestation d’autorité à l’intérieur de la confrérie. Le plus fort impose sa loi aux autres. On sait que les chimpanzés sont là. On avance dans la direction des bruits. De temps à autre un cri, bref. C’est l’un des chimpanzés qui se signale au groupe, car il s’est éloigné de la colonie. Ils sont peut-être à 150 ou 200 m. Un des guides reste sur place avec les sacs. Hubert et moi-même prenons nos appareils et marchons derrière le guide. Cette fois-ci, c’est le calme impressionnant de la forêt. Les grands singes sont là, il reste très peu de signes de vie extérieur. Le silence stressant. De temps en temps un cri, bref, proche, peut-être 60 ou 70 m. Le guide nous a donné les instructions : il faut rester derrière lui, marcher ou il marche et surtout faire attention aux brindilles qui craquent. Ce serait nous faire repérer par les primates. C’est étonnant de voir les précautions qu’il faut prendre. On marche comme au ralenti. Les gestes sont lents. Un pied avance lentement pour se poser sur la trace du pied précédent. On fait attention de ne pas toucher une brindille sèche. Nous sommes 3 en file indienne, à progresser comme un commando qui va au combat. Personne ne porte sur lui de couleur voyante. Une chemise rouge par exemple, nous ferait repérer immédiatement. Il ne faut pas s’appuyer sur les arbrisseaux ou les arbustes fins. Ils pourraient bouger un peu et révéler notre présence. Le cri qui survient est devant nous. On stoppe net. Personne ne bouge. On cherche. A 50 m, tout juste, un chimpanzé, une femelle cours d’un arbre au pied d’un autre. Elle se fige, regarde et regarde encore. Chez nous personne ne bouge. Pendant que sa tête regardait dans une direction perpendiculaire, je monte lentement mon appareil photo au visage et je prends quelques clichés. Elle regarde vers nous. On la voit distinctement. Elle va plus loin. Elle lance un cri. A 30 m sur notre droite, en haut d’un arbre, un autre cri lui répond. Il s’agit d’un jeune chimpanzé perché sur la cime d’un arbre de 20 à 25 m de hauteur. On bouge un peu. On l’aperçoit. Il sent une présence étrangère. Il saute de branche en branche, passe à un autre arbre proche, puis revient sur le premier. Il cherche. On le voit. Il ne nous voit pas en bas. Il repart. Il a peur car il ne voit rien. De derrière nous, à peut-être 100m retentissent plusieurs cris. C’est le groupe qui s’inquiète pour le petit. Il répond. Un autre cri, c’est la femelle de devant qui répond encore. Les cris, les “hou“ stridents retentissent. Maintenant il ne s’agit plus de cris de groupe. Ce sont des cris brefs, puissants, aigus, lancés à tour de rôle. Tout le monde est inquiet, eux comme nous. Je ne suis pas sûr qu’ils nous aient repérés, mais je sens qu’ils sont fortement troublés et inquiets. Le jeune est repassé sur un autre arbre, puis un autre. On s’approche donc du premier arbre. A ce moment retenti un cri fort, un “hou“ phénoménal. Un cri qui vous prend aux tripes. Au-dessus de nos têtes, alors qu’on croyait l’arbre qui est à 10m devant nous, libre, on entend ce cri. On cherche. il y a un autre chimpanzé qu’on n’avait pas encore vu, qui surgit au-dessus de nous. Il a dû nous voir. Il va sur une autre branche. Il cri, revient, cri, repart. Visiblement il est apeuré. C’est un mâle majestueux. C’est le chef du clan. Il est sur un arbre, nous sommes en dessous et il ne peut pas fuir. Il est pris au piège. On a donc 4 bandes de primates : la jeune femelle devant nous, que nous avons vue en premier, puis le jeune chimpanzé sur l’arbre que nous avons vu s’éloigner sur un autre arbre à 25 m, le groupe à terre, derrière nous, et maintenant cet énorme mâle qui est resté sur l’arbre qui monte à nos pieds. Je ne suis pas très rassuré. C’est maintenant l’affolement chez les singes. La femelle qui cri, le jeune qui répond, le grand mâle qui en rajoute avec sa puissance en plus, puis le groupe, qui voudrait bien venir leur venir en aide. Des échanges de cris brefs. Ce sont des cris de danger, de survit, d’affrontement, ce ne sont plus des cris de jeux. On sent la peur chez le mâle. Il va et vient continuellement sur 10 m, puis cri, repart, et continue. Les autres répondent. Je prends des photos et mon collègue Hubert aussi. Je ne suis très rassuré. J’ai même un peu peur, ici on n’est pas au zoo. On est en pleine nature. Pas de sortie de secours, pas de gardien, pas de cage, pas de grillage de protection. Seuls eux et nous. Nous qui sommes si faibles par rapport à leur puissance. S’il n’y avait eu que le jeune dans l’arbre, peut-être que le mâle aurait donné l’ordre de repli, en attendant de revenir le chercher. Mais lui est prisonnier, donc il ne peut rien faire. Est-ce que le gros de la troupe va venir le sauver ? On n’es sait rien. S’ils nous attaquent, nous n’avons que nos machettes pour défendre. Autant dire, pas grand chose. Après avoir volé nos images, on se replie. On retrouve le deuxième guide à plus de 100 m, qui nous attend tranquillement.
C’est la première fois que je vois des chimpanzés en forêt, sans protection. Moment d’appréhension, puis d’angoisse, de stress, et même de peur. J’ai réellement senti mon rythme cardiaque éclater dans ma tête. Mais quel bonheur. Moment fort, moment inoubliable.

- La Récolte de MIEL :
Un peu plus avant dans la journée, alors que nous marchions sur la piste, pour rejoindre notre véhicule, le premier guide Grégoire, est attiré par des abeilles qui tournent autour d’un tronc mort. Il s’agit d’un arbre mort, dont une partie de 5 à 6 m s’est détachée et est tombée au sol. Au milieu du tronc, il y a un trou de 20 cm de large environ, et des abeilles rentrent dedans. En fait, il s’agit d’abeilles Mélipones, qui sont des abeilles sans dard. Elles ne piquent pas. On ne conclue qu’il doit y avoir un nid et on veut récupérer le miel. Si ça avait été des abeilles normales, on aurait dû fuir, car elles nous auraient attaqué immédiatement et piqué. Le travail va prendre plus d’une heure, pour agrandir le trou dans un bois mort et très dur. Petit à petit, à coup de machette, on agrandit le trou. Dominique essaye de passer un bras. Le nid est très profond. On continue à manier la machette. Ce n’est pas facile, mais finalement, on a suffisamment agrandi le trou, pour qu’il puisse y passer le bras entier en se couchant. Il récolte en plusieurs assauts, des morceaux de nid. C’est un amalgame de structure alvéolaire grossière, de miel coulant comme de l’eau et d’abeilles Mélipones, qui suivent leur nid. On met les morceaux sur des grandes feuilles. On prend une feuille large pour constituer un entonnoir qu’on va placer dans une bouteille d’eau. Ensuite on écrase à la main, la mélasse de nid qui laisse écouler un long filet de miel. On va récolter un peu plus de 1/2 litre de miel.

- Les Singes LOPHOCEBUS albigena :
Sur le chemin du retour, on est arrêté par des cris sur un arbre. C’est une colonie de singes. Ce sont des Colobes Noirs (Lophocebus albigena). Ils sont sur des branches, à plus de 20 mètres du sol. On avance avec précaution, et une fois proche, on les prends en photos. Curieusement, bien que nous ayant repéré, ils ne se sauvent pas et restent dans leurs branches. Par contre ils échangent continuellement des cris, pour se prémunir du danger. Le guide qui est avec moi, Dominique, va imiter l’attaque d’un aigle sur un petit singe. En même temps qu’il émet une succession de cris secs il fonce dans les plantes basses pour les faire bouger dans tous les sens, comme si un aigle tentait de dominer et de tuer un petit singe qui serait en train de se débattre pour se sauver. Cette mascarade va être efficace et provoquer chez les singes, un mouvement de panique. C’est l’affolement, ils regardent en direction du bruit, et poussent des cris brefs d’intimidation, qui leur donne du courage. Ils montrent qu’ils sont prêt à lutter. Ils sautent d’une branche à l’autre pour essayer de mieux voir en bas ce qui se passe. Ils courent puis s’arrêtent pour lancer un cri. Au bout de quelques minutes, ils s’apaisent et semblent reprendre leur nonchalance. Ils ont dû s’apercevoir que personne ne manquait dans leur colonie.

Il existe 2 genres de singes, regroupés sous le nom générique de Mangabés (ou Mangabeys pour les anglo-saxons). Ce nom vient de la première dénomination donnée par Buffon au XVIII ème siècle aux cercocèbes. Aujourd'hui, les scientifiques regroupent les 2 genres Cercocebus et Lophocebus sous le nom générique commun.

- La Vie en Forêt :
Le contraste est saisissant, entre la vie citadine, modèle de confort et de bien-être, et la vie de la forêt, plus difficile à gérer, mais incomparablement plus riche. La forêt possède d’énormes ressources en eau. On peut donc boire sans problème l’eau courante, en prélevant l’eau nécessaire avec une bouteille dont le goulot effleure la surface. Il est évident qu’il vaut mieux ne pas prendre de l’eau dans les endroits où elle stagne.
La nourriture, à moins de chasser, est plus problématique. Il faut donc emporter ce qu’on va manger.

Les
insectes peuvent être un calvaire, le soir vers 17h30, lorsque le jour commence à baisser, les insectes sortent. On trouve des moucherons, quelquefois des moustiques, mais pas souvent. Plus souvent, des insectes qui piquent comme les Fourous, insectes minuscules qui laissent des traces rougeâtres sur la peau. Certaines fois des Simulis, autres insectes volants microscopiques, qui laissent des zones de démangeaison sur le corps. Les Abeilles Melipones, qui sont des abeilles sans dard, sont très désagréables, dans la mesure où elles s’immiscent sur tous les replis de la peau, y compris dans les yeux, les oreilles, et sous les vêtements. Elles sont sans danger. Aucune piqure n’est à craindre. Souvent on peut être envahi par des abeilles. Il m’est arrivé souvent d’en voir des centaines sur le sac, où elles se repaissent des endroits où la sueur est tombée. Ces insectes sont plus dangereux. Bien que peu agressifs, elles peuvent piquer dans certaines circonstances. Devant le nombre, quelquefois, un geste malencontreux peut provoquer leur rebuffade.
On peut toujours avoir des insecticides, mais il faut savoir que tout ce que l’on désire, il faut le porter. Veiller à ne pas surcharger les sacs.

Durant la marche, il est bien évident qu’il faut rester à l’écoute de la nature, donc ne pas faire de bruit. Parler à voix basse, ne pas crier, ne pas appeler son voisin d’un ton ferme. Il ne faut pas oublier que le son porte très loin. Lors de la marche, faire attention aux endroits où on pose les pieds. Eviter de marcher sur les brindilles sèches. Lorsqu’il y a un obstacle, par exemple un tronc d’arbre qui barre le passage, il faut l’ enjamber, si cela est possible. Eviter de monter et de redescendre en sautant, ce qui sollicite les muscles plus rudement.

Le campement peut être fait par une bâche tendue entre 4 arbres ou avec des fourches plantées au sol, et un bois en travers. La tente peut être une autre solution, mais il faut la porter. Bien entendu, il ne faut jamais laisser les chaussures par terre. L’idéal est de planter 2 bois en terre et de mettre les chaussures à l’envers dessus. Si on ne prend pas ces précautions, on peut se trouver face à des araignées, scorpions ou serpents qui se sont logés dans les chaussures. Même chose pour les vêtements qu’on peut suspendre près du feu pour les sécher.


- Sur les Photos, après le campement et les photos du campement, la préparation des lits de camp, la pose de la bâche et la préparation du feu de camp, on peut suivre le procédé employé pour cuire à petit feu le poulet. Onke recouvre de feuilles, et il sera laissé sous la fumée du feu, qui lentement va diminuer dans la journée, et le soir, le poulet sera quasiment cuir, comme avec un four à feu doux.
Dans la forêt, on peut voir des innombrables arbres Rikio, dont les racines montent très haut au-dessus du sol. Ce sont des racines aériennes qui vont se planter dans les sol. Puis des termitières, une immense toile d’araignée, occupée par une famille d’araignée. Les arbres OKAN, dont les graines rougeâtres sont caractéristiques, puis des graines enroulées sur elles-mêmes, des arbres de la famille PENTACLETHRA. Des braconniers ont laissés leur feu de camp mourir après leur chasse. Bien que ce soit interdit, on en trouve souvent.
Puis on va tomber sur le groupe de chimpanzés sauvages, dont les photos illustrent bien la chronologie des événements.
Sur la piste on trouve d’innombrables traces d’éléphants, de panthère, de gorilles et d’antilope. Les excréments d’éléphants jonchent le sol à plusieurs endroits. Les graines qui sont mangées par les éléphants, vont germer après leur rejet, et permettre ainsi à plusieurs arbustes de grandir, au milieu de rien. Sur la piste, on aperçoit un palmier avec des trous. Il s’agit d’un très vieux palmier avec les trous dans le tronc, qui permettaient aux anciens occupants de monter au sommet en s’aidant d’une corde ou plutôt d’une espèce de baudrier, qui leur permettait de rester accroché à l’arbre et d’être supportée par les pieds qui prenaient appuis dans les trous. Ces palmiers qu’on trouve au milieu de la forêt et qui ne sont rattachés à rien, sont les restes d’un village qui existait dans le temps, il y a fort longtemps. Les habitants sont partis vers un regroupement, le village a été abandonné et il a disparu, après avoir été rongé par la forêt. Aujourd’hui, seul le palmier est le dernier vestige d’une vie passée. Lorsqu'il disparaîtra, plus aucune trace ne persistera de ce lieu de vie passée.

Puis au détour d’un tournant, nous allons tomber sur des singes Lophocebus albigena, qui vont rester perchés dans les arbres pour nous observer. Ils vont sauter d'une branche à l'autre, s'arrêter, crier, et regarder les étrangers, pour voir s'ils présentent une menace.







La Forêt de LETILI / Jean-Louis ALBERT / Dimanche 07 Mars 2010.


______________________________________________________________________________________________________________