- Mission Chauve-Souris -

- Création de la Page : Mai 2011

• Dans les Monts Belinga, au nord de Makokou, c'est une expédition dans les grottes de Zadié et du Faucon, dont le but est de capturer des chauve-souris afin d'en faire l'inventaire et de rechercher les parasites et virus qu'elles hébergent. Ma participation à cette mission scientifique du CIRMF, va me permettre de partager pendant une semaine, une expérience inoubliable.

Remerciements : Je remercie tout particulièrement la Direction Générale du CIRMF, le Dr Jean-Paul GONZALEZ, ainsi que M. Norbert Mouyabi (Directeur de la Commuication) et M. Mathieu Bourgarel (Responsable de l'expédition), pour leur appui logistique, et pour m'avoir apporté leur soutien pour participer à cette expédition.

Chauve-Souris Hipposideros gigas :




Carte de Situation de la Région de BELINGA :



Carte du Trajet vers BELINGA :



Carte de la Marche vers les Grottes de ZADIE et du FAUCON :







- Le Matériel Photo :



• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK II
---- Objectif Zoom CANON 24 / 70 mm f/2,8 USM
---- Objectif zoom CANON 100 / 400 f/4-5,6 IS USM
---- Objectif CANON 100 mm f/2,8 IS MACRO USM
---- Appareil CANON EOS 50D
---- Trépied GITZO GT 1541 T carbone 6x Traveler, avec rotule pendulaire WIMBERLEY II et platine Arc Swiss.
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK II, avec les objectifs CANON 100 mm f/2,8 IS Macro USM et 65 mm MP-E f/2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II

- Le Matériel Video :
• Toutes les videos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Camescope CANON Legria HFS 100


• Sur la page Video 1, j'ai mis 2 vidéos :

• Première video /
BANDE ANNONCE : 7,7 Mo - Durée : 01' 08" - Enregistrée en .m4v.

• Deuxième video /
La MISSION à BELINGA : 127,5 Mo - Durée : 17' 52" - Enregistrée en .m4v. Elle est plus lourde, mais enregistrée en .m4v au lieu de .mp4, afin de faciliter le chargement dans certains cas.


Bouton Bleu Photos Mission Chauves-Souris 470x52


Bouton Bleu Video Mission 1 Chauves-Souris 470x52



Le CIRMF - Centre International de Recherches Médicales de Franceville :





- Le Trajet :

•• FRANCEVILLE -> MAKOKOU : 420 km, soit environ 08h de voiture.
•• 
MAKOKOU -> Carrefour de LASCIERIE : Environ 49 km depuis l'hôtel, soit 50' de piste
•• LaScierie -> Campement de BELINGA : 58 km, soit environ 3h de voiture.
Le trajet de MAKOKOU au Campement chinois de BELINGA, est de 107 km environ et dure 4 heures environ.

••
Campement de BELINGA -> Départ marche vers la Grotte de ZADIE : 17,5 km, soit 45' de voiture environ.
•• Marche vers la grotte : 2,9 km, environ 1h25 de marche.

••
Campement de BELINGA -> Départ marche vers la Grotte du FAUCON : Le chemin qui débute la marche vers la grotte du FAUCON, se trouve à moins de 500m du Campement de Bélinga.
••
Marche vers la grotte du FAUCON : 3,5 km, environ 1h40 de marche.


JLA à l'intérieur de la Grotte de ZADIE :




- Le Choix du Site de Récolte :

• Nous allons dans les grotte de Zadié et ensuite dans la grotte du Faucon, afin de faire des captures de chauve-souris à des fins scientifiques. Le choix des lieux de capture, n'a pas été choisi au hasard. Dans le passé, en 1996 exactement, une redoutable épidémie de fièvre hémorragique due au virus Ebola, a eu lieu dans cette région de l'Ogooué-Ivindo. Cette fièvre tue dans des conditions atroces en moins de 10 jours, n'importe quel mammifère, y compris les hommes. Les mammifères et en particulier les grands primates (chimpanzés et gorilles), ont payé un lourd tribu à cette épidémie. Une grande partie d'entre-eux ont été décimés, à tel point que la population de primates à baissé de plus de 50 %. Plusieurs décennies seront nécessaires pour reconstituer le niveau de peuplement antérieur. Les populations locales aussi, ont payées un lourd tribu à cette fièvre. L'épidémie a fait plus d'une trentaine de morts dans la zone de Mayibouth (épidémie de 1996) et sur l'axe Mékambo / Ekat (plus de 100 morts en 2001 et 2002). Dans ces conditions, le choix du site semblait évident.
Dans les Monts Bélinga, à plus de 150 km au nord de Makokou, je vais suivre une mission de terrain dont le but, est la capture de chauve-souris et le prélèvement d'échantillons sanguins de manière non traumatisante.


- Le But de la Mission :
Par le passé, des missions ont déjà exploré cette région, et ont répertoriés les endroits susceptibles de trouver des animaux réservoirs. En effet, depuis plusieurs années, on sait que les chauves-souris sont porteuses de virus, en particulier des virus Ebola ou Marburg, de la famille des Filovirus. Ces animaux sont des porteurs sains, c'est-à-dire qu'ils développent eux-mêmes une immunité contre les infections dues à ces virus. En un mot, ils ne développent pas de maladie. Leurs corps possèdent tous les ingrédients immunologiques nécessaires, leur permettant de résister à ces virus redoutables. Le but de la mission est donc de capturer des chauves-souris afin de prélever du sang et des crottes, et de faire un suivi dans le temps (au cours de plusieurs missions) de la réplication de ces virus. Ce sera un pas de plus vers la compréhension de ces infections. Sur plusieurs centaines d'animaux, les lois statistiques peuvent s'appliquer.

Une autre partie de la mission consiste à capturer aussi des rongeurs (rats, souris) pour faire un suivi parasitologique sur certaines souches de Plasmodium.

- La Logisitique :
• Une des tâches majeures de l'expédition, est la préparation du matériel nécessaire à la mission.
Loin de tout, elle nécessite une importante préparation. Plus de 10 personnes vont devoir vivre pendant plus d’une semaine, en dehors de toute civilisation. Il faut donc prévoir un approvisionnement en boisson et nourriture pour tout ce séjour, ainsi que tout le matériel nécessaire à la vie de la communauté : groupe électrogène, poubelles de récupération des ordures, tentes, glacières, etc…
La part la plus importante concerne le matériel nécessaire au travail de terrain, qui est réellement impressionnant. Non seulement il faut prévoir, pièges, bottes, tout le matériel de prélèvement sanguin et de crottes, les combinaisons de protections, les gants chirurgicaux et de maintien des animaux, les poubelles incinérables, mais aussi tout le matériel de conservation des prélèvements. Ainsi, nous amenons de l’alcool, des flacons et surtout un container spécial avec de l’azote liquide, afin de conserver les cellules à une température très basse (-196°C), pour conserver les agents pathogènes potentiellement présents, sans risquer de détériorer les prélèvements.


- La Capture des Chauves-Souris :
Les chauves-souris sortent habituellement à la tombée de la nuit pour se nourrir, quel que soit leur régime alimentaire, insectivore ou frugivore. Il faut donc que nous soyons à l'entrée de la grotte, au plus tard vers 17 heures, afin d'avoir le temps de mettre en oeuvre le plan de capture. Après une longue marche vers la grotte de Zadié nous arrivons, le chef de l'expédition Mathieu Bourgarel, son assistante, nos 2 guides, qui portaient le matériel, ainsi que moi-même, en vue de l'entrée.
La première chose à faire est de s'équiper pour le travail. On enfile sur nos habits, une tenue de protection blanche, puis nos bottes et nous mettons des gants d'examen. On met une première paire de gants, on enroule du ruban adhésif autour des poignées pour que les gants ne se détachent pas de la combinaison et ensuite on met par dessus une deuxième, puis une troisième paire de gant. Sur la tête, notre lampe frontale et sur le nez et la bouche, un masque. Ainsi affublés et protégés, le travail va commencer, méthodiquement. Avant de démarrer on apporte le matériel près de la grotte.

- Les Abeilles :
• Nos effets personnels sont restés un peu plus bas, et en redescendant prendre une batterie de rechange pour mon appareil photo, quelle n'est pas ma surprise de voir une nuée d'abeilles sur les sacs. La sueur, le sel exsudée par les pores laissent un met de choix pour les butineuses. Il y en a partout, sur les sangles, sur la casquette restée là, sur les chaussures qu'on a laissé, tout est recouvert. Elles bourdonnent autour de la tête, se posent sur la joue, rentre entre les yeux et les lunettes. On balaye de la main, elles repartent pour mieux revenir en quelques secondes. On bouge, elles suivent. Elles ne sont pas agressives, mais elles sont là. 7 piqures en 2 jours. Par mégarde. J'attrape mon appareil photo posé par terre, pas de chance. Il y en avait une dessous. Je la coince entre mon doigt et l'appareil, elle me pique. Une autre rentre par le col et se faufile vers le cou puis le dos. Elle est coincée, elle pique. On fait un feu, on met des feuilles humides pour avoir de la fumée, on s'y colle en plein jusqu'à suffoquer, mais elles sont toujours là. La sarabande des abeilles explose. Elles seront présentes à la Grotte de Zadié, peut-être parce qu'il y a un essaim pas très loin. Par contre il n'y en aura aucune à la Grotte du Faucon. Le soir, à la nuit tombante, vers 18h 15 environ, comme par enchantement, elles vont disparaître.


L'Entrée de la Grotte du FAUCON avec le Piège Harpe :




- Le Piège Harpe :

Les précédentes missions utilisaient un filet tendu devant la grotte pur capturer les chauve-souris. A leur sortie, elles s'empêtraient dans les mailles du filet et il fallait ensuite abaisser le filet et les extraire. Ce n'était pas une tâche facile. Leurs ailes et leurs griffes s'emmêlaient dans le filet et cela devenait un travail long et fastidieux. Aujourd'hui, on utilise pour la première fois une nouvelle technique : le "Piège Harpe". Acheté aux USA, il doit son nom à sa conception. Des tubes en aluminium coulissent les uns dans les autres, afin de régler la hauteur et de le "coller" contre le plafond à la sortie de la grotte. L'ensemble est formé d'un cadre métallique avec des fils de pèche tendus verticalement tous les 2 à 3 cm.
Une fois tendu devant l'entrée, ce piège fonctionne très bien. Les chauves-souris ne voyant pas les fils extrêmement fins, viennent les percuter. Les fils sont suffisamment souples pour amortir l'impact. Ensuite les chauves-souris, en se débattant, glissent lentement vers le bas, pour finalement tomber dans une poche en plastique semi-rigide de plus de 50 cm de hauteur, placée sous le tube inférieur. Elles sont bloquées contre les parois de la poche, et il suffit de les cueillir avec des gants. Ce cadre en tube métallique avec cette série de fil de pèche, ressemble à s'y méprendre, à une harpe, où les montants maintiennent des cordes de grosseurs différentes correspondant à des vibrations différents, et donc à des sons de fréquences variables. Ici, le but n'est pas de faire de la musique, mais par similitude avec l'instrument de musique, il est appelé "piège harpe".
Ce piège est très pratique, fonctionne parfaitement bien et permet une récolte rapide des chiroptères.

Afin que le piège soit efficace, il faut bien entendu, fermer les côtés droit et gauche du piège à harpe. Ceci est fait par des grosses branches coupées non loin de là, posées verticalement contre les parois et supportant des immenses bâches qui obstruent l'entrée de la grotte en obligeant les chauves-souris à passer par le seul endroit disponible, le piège.

Une fois mis en place, il est d'une redoutable efficacité. Nous sommes tous assis devant la grotte et les opérations sont chronométrées. On laisse le piège fonctionner pendant 10 minutes (c'est la récolte), puis Mathieu avec son assistante, fonce sur le piège, et avec des gants de protection, capture une à une les chauve-souris. Chacun à son tour ils donnent le nom de l'espèce, et notre guide Roger, assis sur un rocher, marque des barres dans les colonnes correspondant à chaque espèce et à chaque sexe. Les noms fusent : roussette, coleura, coleura, cafer, etc… En moins de 5 sec, la barre est figée sur le papier et la chauve-souris relâchée. En faisant le bilan, à la grotte du FAUCON, en 10 minutes, on dénombre plus de 200 chauve-souris prisonnières, déterminées, notées, et ensuite relâchées. C'est réellement gigantesque. Pendant 10 minutes, c'est un égrenage long et monotone de noms d'espèces qui se suivent à un rythme soutenu. Travail rapide et précis. Capture à la main en plongeant dans la poche de rétention, inspection rapide, détermination de l'espèce, inscription du nom et remise en liberté. Par contre, les 50 premières chauves-souris, en équilibrant les espèces, vont être recueillies et placées chacune d'elles, dans un sac individuel en toile, et suspendu toute la nuit à une branche posée horizontalement entre 2 rochers. Elles vont passer la nuit et seront disponibles demain matin pour les prélèvements. Le sac permettra de recueillir les crottes qui seront ensuite analysées.
Parmi toutes ces chauves-souris capturées, il est à noter que Hipposideros gigas est un animal extrêmement agressif. Il est indispensable de porter des gants en cuir épais, afin de ne pas être mordus. En effet, dès qu'on les attrape, elles enfoncent leurs dents longues et pointues dans tout ce qu'elles peuvent attraper.

Ce manège va donc se répéter pendant plusieurs heures et sur les 2 grottes, les captures vont s'effectuer de 18 h environ jusqu'à près de 22 heures. Pendant quatre sorties, les deux grottes seront étudiées, et près de 3000 chauves-souris seront capturées.
Le travail de comptage et de capture fini, on démonte le piège harpe et on enlève les bâches, redonnant ainsi, toute liberté aux mammifères volants. On laisse le matériel sur place pour les captures du lendemain.

- La Décontamination :
• Le travail terminé, on procède à la décontamination de tout le matériel. Pour cela on utilise un simple pulvérisateur pour insecticide, qu'on remplit avec un produit virucide. On pompe pour mettre de l'air en pression à l'intérieur, et lorsqu'on appuie sur la poignée de la lance, on déclenche le jet. La première opération consiste à décontaminer les bottes, les bords et surtout la semelle. Ensuite on fait la même chose pour le matériel qui a été en contact avec les chauves-souris. Les gants et les tenues, une fois enlevées, sont jetées dans un feu qu'on vient d'allumer. Tout va être détruit par le feu.




- Le Laboratoire des Rongeurs :
• La veille, des pièges ont été déposés à des endroits bien déterminés. Le piège dit de "Sherman", est une petite boite en aluminium de 25 cm de long et de 12 cm de section environ. Un couvercle muni d’un ressort de déclenchement permet de fermer la boîte et de piéger l’animal. Le guide lui donne une noix de palme, qu’il met à l’intérieur, comme appât. Le mécanisme est essayé et la boîte est ensuite posée au sol. Plus de 50 pièges seront posés. Toutes les 10 enjambées, un piège est posé à terre, dans un endroit un peu reculé. Afin de repérer les layons, on prend avec le GPS, le point de départ, et ensuite on trace la route jusqu'au point final. Le layon fait une centaine de mètres. Plusieurs sont tracés autour de la grotte, pour faire une ceinture de mesures.
Le lendemain, l'opération inverse est faite. C'est-à-dire qu'on retrouve le premier piège et on suit la ligne, marquée par quelques branches cassées pour repérage, et on relève les pièges, au fur et à mesure. Peu de rendement. sur 50 pièges, seuls 2 à 3 rongeurs seront capturés par jour, en moyenne. Les pièges contenant un animal sont ensuite gardés, les autres sont laissées en place, après vérification, jusqu'au lendemain. Ce travail de capture sera répété à la grotte de Zadié, puis à la grotte du Faucon, ainsi qu'autour du Campement de Bélinga. On posera également des pièges à l'intérieur des 2 grottes.

Un laboratoire de fortune est improvisé dans notre campement. Nous sommes dans un ancien campement de Bélinga aujourd’hui désaffecté. En vérité, à l’origine ce campement a vu passer, très loin en arrière, des français, qui ont laissés des bâtiments en pierre, puis des Brésiliens, qui ont construit des cases en bois, puis finalement les chinois, qui ont laissés leur nom au campement. Ces fluctuations sont les suites des changements de contrat concernant les prospections d’évaluation de la teneur en fer de cette région. L’exploitation des mines de fer de Bélinga, débutera dans le futur.

Notre occupation temporaire, lui redonne vie pour quelques jours. L’ancienne cuisine est parfaite pour notre laboratoire. La paillasse sert de table de travail. Tous les accessoires pour la dissection sont bien rangés en attente des rongeurs : pinces, alcool, gants chirurgicaux, plateaux de dissection, balance, règle graduée, épingles, et sachet poubelle fixé par du ruban adhésif sur le carrelage. Ces sacs seront ensuite incinérés au CIRMF.
Le deuxième travail va pouvoir commencer. Après la pose des pièges et la récolte des rats, vient le travail important de dissection.
Extraction du rat de son piège, anesthésie, identification du spécimen, classification, puis prise des informations morphologiques, taille et poids. Enfin le rat est étalé sur un plateau à fond souple. Les épingles le maintiennent dans la position voulue. Puis commence la partie la plus délicate, le prélèvement des organes : cœur, rate, foie, intestin, qui sont mis dans des tubes de prélèvements spéciaux. Ces tubes sont en effet fabriqués pour être stockés à température très froide. Ils sont placés ensuite dans le container à azote liquide, qui les maintient ainsi durant tout le trajet à la température de -196°C. Cette température permet la conservation des cellules et plus tard, permettra l’extraction de l’ADN et de l’ARN.


- Le Laboratoire des Chauves-Souris :
• Le travail sur les chauves-souris, lui, se fera en plein air, au niveau de la grotte. La deuxième équipe de chercheurs va faire le trajet, le matin de bonne heure, pour être sur les lieux de travail, tôt le matin. Les guides coupent tout de suite des branches, et improvisent une table de travail technique. 4 pieds en fourches, tenant 4 rondins horizontaux. En travers, une vingtaine de branches plus fines, mais suffisamment grosses pour soutenir le matériel. Les sacs de contention contenant les chauve-souris capturées la veille, sont là, sur le côté. Autour de la table, le travail commence. Avec le premier sac, à la grotte de Zadié, arrivent aussi les premières abeilles. Toute l'équipe va travailler sous le "regard" attentif des abeilles. Notre guide va faire un feu. On y met des feuilles humides, et une épaisse fumée qu'on essaye d'entretenir, n'apporte pas beaucoup de calme.
Les chauves-souris, une à une sont sorties des sacs. Une première personne ouvre le sac et annonce l'espèce et le sexe. Au bout de la table, le préposé à l'enregistrement, note les informations. On lui attribue un numéro. Puis elle passe dans une autre main sur la droite. Le sac part à gauche de la table. On l'inspecte et on recueille dans un petit tube, les feces de l'animal qui a déféqué pendant la nuit. Le numéro est inscrit sur le tube, et il est stocké dans une glacière. Les tubes seront ensuite placés dans l'azote liquide, au campement, pour la conservation à long terme. Puis sur la droite, pendant qu'une personne tient la chauve-souris les ailes écartées, le collègue lui prend les mesures alaires avec une règle. Ensuite on la plaque sur la table, et délicatement, on lui fait une petite piqûre. La goutte de sang qui rejaillit est prélevée. Avec des lames on étale le sang. Elles permettront la recherche de parasites. Sur un buvard, une goutte de sang séchée permettra de faire des recherches sur la présence de virus. Des techniques nouvelles, permettent à partir de ce sang séché, de récupérer sur un substrat, le sang en éliminant, la partie de matière du buvard. Par la suite on peut donc appliquer des techniques de PCR ou autres.

A la fin, les dernières mains, vont inspecter son pelage pour y prélever des ectoparasites. On passera aussi son poil au peigne afin d'en recueillir les plus petits. Au final, elle est rendue à la liberté. Au fur et à mesure, toutes les informations sont notées sur la fiche. Chaque jour, 50 chauve-souris seront ainsi prélevées sur les Gottes de Zadié et du faucon.

- Le Bilan :
• Toutes ces actions sur le terrain, vont au final, améliorer la connaissance de ces réservoirs potentiels de virus et de parasites qui sont pathogènes pour l'homme. Des informations supplémentaires seront tirées des chiroptères attrapés le soir, des statistiques sur leurs comportements (éthologie). Ainsi, peut-être pourra-t-on apprendre si les espèces différentes ont des horaires et des attitudes similaires. Peut-être cernera-t-on mieux les densité de populations, les organisations à l'intérieur des grottes, les hiérarchies à la sortie, les comportements inter-espèces, etc...

La recherche de filovirus (Ebola ou Marburg) ou paramixovirus (NIPAH, HENDRA et autres), ou d'autres souches virales, permettra d'assurer un suivi longitudinal dans l'année au cours de plusieurs missions. On pourra suivre ainsi la prévalence, la réplication et la transmission de certains virus.

La recherche parasitologique permettra peut-être de mieux comprendre certains phénomènes de transmission de virus ou autres agents pathogènes. On s'attend d'autre part, à trouver certains parasites sanguins de la famille des Hémosporidie. Récemment un parasite, Polychromophylus a été trouvé sur une chauve-souris du genre Miniopterus sp. Est-ce un hasard, ou est-il plus répandu ? Existe-t-il chez d'autres espèces ? Quel peut-être l'impact de ces parasites sur les mammifères et sur l'homme ? Cela peut devenir un enjeu de Santé Publique. On pense que certaines formes connues ou à découvrir de Plasmodium (responsable du paludisme, qui est la maladie au taux de mortalité la plus importante sur notre planète) peuvent exister sur les chiroptères.

Les recherches parasitologiques sur les rongeurs vont permettre, en ciblant des populations urbaines de rongeurs ainsi que des populations de rongeurs vivant hors des milieux anthropisés, de mettre en évidence la présence ou l'absence de parasites reconnus comme les Plasmodium vinkei ou chabaudi. Ceux-ci, on le sait, existent chez les rongeurs urbains, mais on ignore tout actuellement de leurs présences chez les rongeurs de forêt.

Si après étude des sangs ramenés, on découvre certains virus ou parasites, des techniques de PCR (Polymerase Chain Reaction) pour amplifier certaines séquences ADN ou ARN seront mises en application. Cette amplification PCR, permettra d'avoir une quantité de séquences importantes, qui seront ensuite "découpées" par un séquenceur avant d'être étudiées et comparées au "matériel" existant. On pourra alors connaître l'arbre phylogénique de ces parasites et de ces virus, et les rattacher à des micro-organismes connus et proches. Il est possible que cela conduise également à la description de nouvelles souches virales ou parasitologiques. Des publications seront alors nécessaires pour faire connaître au monde scientifique, ces découvertes taxonomiques et les fixer.

Travail de longue haleine, fastidieux, méthodique, souvent répétitif, mais qui est indispensable, pour ajouter régulièrement, à force de petites avancées, des briques supplémentaires dans l'édifice de la connaissance. Comme on le voit, après une mission de terrain, un énorme travail de laboratoire est nécessaire en aval. Travail en blouse blanche, dans un laboratoire climatisé, avec du matériel sophistiqué (PCR ou séquenceurs) et de haute technicité, dans un environnement de rêve, après l'enfer du terrain ! Mais toutes ces petites avancées, débouchent sur de nouvelles questions qui vont amener à aller plus profondément dans certaines voies. D'autres missions seront alors à envisager.


- Petit Rappel sur les Chauves-Souris :
• Les Chauves-Souris sont des mammifères appartenant à l'ordre des Chiroptères. Dans ce groupe, près de 930 espèces sont connues, qui représentent près de 20 % des mammifères connus. Ce sont les seuls mammifères à vol battu et capable de migrer ainsi.

Sur les grottes de Zadié et du Faucon, nous avons capturés les espèces suivantes :
.... Roussette : Rousettus aegyptiacus
.... Hipposideros caffer
.... Hipposideros gigas
.... Miniopterus inflatus
.... Coleura afra
.... Une dernière chauve-souris a été capturée avec un seul spécimen dans la grotte du Faucon. Il s'agit d'un animal du genre Rhinolophus sp et dont l'espèce devra être déterminée après des recherches taxonomiques.

Parmi ces chauves-souris, seule la roussette est frugivore. Paradoxalement, la plupart des micro-chiroptères sont insectivores, de même que les chauves-souris cavernicoles. Toutes se déplacent par écholocation. La roussette par contre cumule l'écholocation et la vision. Ce qui peut expliquer qu'elle est souvent dans les endroits les plus reculées des grottes, pour fuir la lumière.



Chauve-Souris Hipposideros caffer avec Petit :




Vue Panoramique sur le CIRMF :











Capture des Chauves-Souris / Jean-Louis ALBERT / Fin Avril 2011.



______________________________________________________________________________________________________________










• Mots-Clés :
....Tous ces domaines sont visibles dans mon site à partir des boutons d’accès et des liens en barre latérale.
.... All these topics are on my website following the links in the right side.
.... Se puede alcanzar todos esos asuntos con los ligos en la parte lateral derecha de las paginas.

AFRIQUE - AFRICA, GABON - GABUN, Faune - Fauna, Flore - Flora, Animal - Animaux, Fleur - Flower - Flora, Arbre - Tree - Arbol, Photos du GABON - Pictures of GABON, Photos de Lambaréné - Pictures of Lambaréné, Voyage - Travel - Trip - Viaje, Carnets de Voyages au GABON - Travel’s book of GABON - Libreta de viaje en Gabon, Images - Imagenes, Photos - Pictures, Singe - Monkey - Mono, Elephant, Paysage - Landscape, Hippopotame - Hippopotamus, Libreville, BELINGA, Grotte - Cave, Chauve-Souris - Bats, MAYIBUTH,