- La Remontée de la Rivière Wa -

- Création de la Page : Mai 2013

• Dans un monde hors du temps et de toute civilisation, la majesté de ces massifs rocheux émergeant au milieu de la forêt. Habituellement vus d’hélicoptère ou d’avion, ils sont difficiles d’accès. Après 2 jours de pirogue, et 75 km de marche à travers la forêt et les marigots, le spectacle est éblouissant. C’est l’expédition la plus difficile que j’ai réalisé, mais le but vaut tous les efforts. Non sportifs ou non motivés, s’abstenir.
• Le fameux « Gros Cailloux » est l’un des 12 ou 15 inselbergs qu’on répertorie dans la région. C’est le plus haut mais aussi le plus emblématique d’entre eux.
• Dans cet univers tout droit sorti de la préhistoire, Conan Doyle aurait pu trouver ici, l’inspiration pour écrire son “Monde Perdu“.
• Cette rivière WA ou OUA, va nous permettre d’atteindre le point de départ de notre marche, après 2 jours de pirogue et des imprévus innombrables. La remontée et la descente de cette rivière ne constituent pas une promenade de tout repos comme on pourra le voir dans ces Carnets de Navigation.


Remerciements : Je remercie particulièrement Joseph OKOUYI, Conservateur Senior des 3 Parcs Nationaux Ivindo, Minkébé et Mwagna, pour son aide et son implication dans la logistique de cette expédition.

Découpage à la Tronçonneuse d’un Arbre Mort au milieu de la WA :

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Vue sur les Berges lors de la Navigation :

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Carte de Situation des Inselbergs :

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Carte du Trajet en Pirogue :

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- Le Matériel Photo :



• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK III avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM ou zoom CANON 24/70 mm F2,8.
---- Les macros ont été faites avec un objectif CANON 100 mm F4 IS Macro USM
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II

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- La Remontée de la Rivière Wa -


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Le Trajet en Pirogue :

•• IPASSA (Centre de Recherche) -> Campement 1 : 81,6 km de pirogue, soit plus de 8h 30 de navigation.
Cette partie là représente les 2/3 de la distance totale à parcourir en pirogue.

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Campement 1 -> Campement 2 : 51,4 km, soit plus de 8h de pirogue.

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Trajet total en pirogue : De Ipassa (Makokou) au Campement 2 (Début de la Marche) : 133 km, que nous mettrons 2 jours pour faire.


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- La Remontée de la Rivière Wa :
• Nous quittons l’immense fleuve Ivindo, pour nous retrouver sur la rivière Wa ou OUA, qui remonte plein nord. Au confluent, elle encore large de plus de 60 à 80 m. Ses berges sont parsemées de plusieurs mètres de plantes de couleur vert tendre, dont les pieds baignent dans l’eau, avant de laisser la place à la forêt. Des arbres sont envahis par les lianes tombantes vers l’eau, formant un rideau végétal impénétrable.
Nous croisons notre premier varan (Varanus ornata) qui est dans l’eau et qui nage vers la berge. On en verra à plusieurs reprises. Plus nous montons vers le nord, plus nous croisons des arbres morts qui émergent de l’eau. La rivière est encore large et pour l’instant ces arbres ne gênent pas le passage. Par mesure de précaution, nous prenons de larges virages pour éviter les branches mortes non visibles.
La pluie dure encore, et au fond on distingue des nuages noirs d’orage. Tout le long de la rivière, on aperçoit régulièrement des campements. Certains sont désertés depuis longtemps et il ne reste plus que quelques branches coupées maintenues à l’horizontale par des fourches. D’autres sont en activité et sont habités. On a ainsi des abris fabriqués par une bâche maintenue par une branche horizontale. Devant un feu, source de vie, brûle en permanence. Au passage les gens nous saluent ou plutôt saluent leurs collègues sur notre pirogue.
Ces gens vivent de la pèche qui est tolérée pour la consommation individuelle, dans cette zone qui n’appartient pas encore au parc. Nous croisons sur un arbre, nos premiers
Héron Gardeboeufs (Bubulcus ibis). Puis un peu plus, à plusieurs reprises, des Hirondelles à Bavette (Hirundo nigrita), qui sont invariablement posées sur les branches qui émergent de l’eau. Les berges se rapprochent insensiblement, au fil des kilomètres remontés. Les lianes pendent des arbres géants qui ornent les berges. Toujours des arbres morts, mais maintenant il faut être plus prudent.

Devant, l’aide pinassier ainsi que Roger et les autres, qui connaissent bien l’eau de ces fleuves, font des signes. Un bras tendu à gauche ou à droite, indique qu’il faut aller dans cette direction. Léopold, devant, observe l’eau. Un remous indique un rocher ou un arbre à fleur d’eau. Un calme plat au milieu d’une eau courante, indique un haut-fond, avec des bancs de sable. Le bras tendu avec la main à angle droit qui oscille devant derrière, indique qu’il faut continuer de l’avant sans obliquer. Toute cette gestuelle précise, vise à sécuriser le passage. Puis on commence à slalomer entre les arbres tombés à l’eau. On passe le plus loin possible des troncs, non sans avoir observé l’eau pour détecter une branche à fleur d’eau, qui pourrait être dangereuse.
Au-dessus des arbres, un
Calao Longibande (Tockus fasciatus). On en verra à plusieurs reprises.
Puis le passage est barré par un arbre tombé à l’eau il y a plusieurs mois. Un cri “baissez-vous“ et tout le monde plonge la tête dans la pirogue. L’embarcation passe au dessous d’un tronc de plus de 50 cm de diamètre dont les branches couvertes de lianes nous balayent la tête. Le piroguier lui-même est obligé de faire attention en passant sous la branche. Le danger passé, tout le monde se redresse.
Sur les berges des rangées de Palmier Raphia Regalis se succèdent. Sur un tronc mort, un varan se dore au soleil. Encore un. A notre approche, le bruit du moteur le dérange. Il tourne sur lui-même et se laisse tomber à l’eau. Nous reprenons notre progression.

Passage Difficile sous les Branches :

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• Les Arbres morts :
La plus grande difficulté sur ce trajet provient des arbres qui bordent la rivière et qui sont déracinés par les tempêtes et les orages. Des arbres tombent tout le temps en forêt. Ceux qui sont vieux, fatigués, ceux qui ont été agressés par les animaux à leur base, ceux qui sont foudroyés et qui deviennent des arbres morts sur pied, prêt à tomber lorsque les circonstances s’y prêteront. Le temps qui passe, les orages, le vent, la maladie, les animaux, font que tôt ou tard tout arbre finira par tomber. En pleine forêt, pour les plus grands, cela peut prendre 1 siècle ou plus. Sur les berges des fleuves, une partie des racines sont proches de l’eau et fragilisent les arbres qui sont plus facilement déracinables. Leur prise au vent constitue aussi une faiblesse. Toutes ces agressions font que des arbres tombent constamment dans la rivière. Celle-ci ne faisant pas plus de 20 à 30 m à partir du tiers du trajet, on retrouve, après une cinquantaine de kilomètres des obstacles tous les 100 ou 150 mètres.

Ceci nous arrive. Après la sortie d’un méandre, on aperçoit la rivière complètement obstruée par un arbre qui a dû tomber il y a 2 jours maximum. Les feuilles sont encore vertes, et d’innombrables lianes suivent les branches qui passent d’une rive à l’autre. Fort heureusement, il s’agit de la cime d’un arbre et les branches font au plus, 15 cm de diamètre. Roger fait signe au piroguier de ralentir et de s’approcher lentement de l’arbre. Devant Léopold agrippe les premières branches et avec sa machette, entreprend de les couper. La première tombe à l’eau. Il s’agrippe aux branches suivantes et fait avancer la pirogue vers les autres branches qu’il coupe une à une. C’était un petit obstacle qu’on passe en 5 à 10 minutes.
Plus loin, peut-être 500 m plus loin, c’est un arbre mort dont le tronc s’enfonce de la droite, dans l’eau. On ralentit, pour voir si une grosse branche n’affleure pas sous l’eau, et on l’évite sur la gauche. Puis c’est un gros arbre qui a dû tomber il y a peut-être 2 ou ans. Ce n’est que du bois mort mais qu’il faut éviter avec précaution. Tout le monde inspecte l’eau pour détecter, grâce aux ondulations, la présence d’une branche traitresse ou pas. Les ordres sont donnés : fonce par la droite ou par la gauche, ou attention, ou ralentit. Rodrigue s’exécute.

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Le Pont Chinois :
Enfin après une soixantaine de kilomètres, on aperçoit un pont immense qui enjambe la rivière Wa.Nos collègues nous expliquent que des chinois sont en train de finaliser ce pont pour faire passer la piste qui permettra l’exploitation du bois. En fait nous sommes incapable de dire s’il s’agit de chinois, de malais, d’indonésiens, ou de ressortissant d’un autre pays. Ce qui est sûr, c’est qu’une autorisation a été donné à une groupe ASIATIQUE pour avancer en forêt et l’exploiter. Depuis plusieurs heures nous avons croisé des petits campements sur les berges, certains abandonnés, d’autres occupés par une ou 2 personnes, quelques pirogues, dont une avec une petite famille, le père, la mère et un enfant de 6 ou 7 ans.
Arrivé à ce pont, c’est le premier et dernier point de contact avec la civilisation. On passe sous le pont constitué de billes de bois énormes qui servent de piliers. On accoste juste derrière et on monte sur le tablier. Une piste est en cours de nivellement. De là-haut on aperçoit la case qui regroupe une famille qui vit là actuellement, près du petit débarcadère. Ce sont des gens de la famille de nos porteurs. Les retrouvailles sont chaleureuses et chacun explique le but de notre mission.
Quelques minutes après nous reprenons notre navigation, car le chemin est encore long. Nous n’avons fait que 60 km environ.

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La Remontée de la Wa :
Plus loin, nous voyons perche sur le haut d’un arbre, un Martin-Pêcheur Géant (Megaceryle maxima). Nous continuons. On passe sur la gauche d’un arbre déraciné. La rivière est complètement obstruée, mais sur la gauche, les racines pleines de terre, sont à l’air libre et laissent un passage de 2 mètres environ. On s’y engage en contournant l’obstacle. Puis c’est un ordre “Baissez-Vous“ lancé par l’avant de la pirogue. Des branches basses avec des lianes barrent horizontalement à 1 m de hauteur, la rivière sur le petit passage laissé relativement libre. Tout le monde se baisse et la pirogue passe dessous. On se relève. Cette situation devient coutumière. Régulièrement un ordre est lancé, demandant de se baisser, ou de faire attention aux branches, qui pendent comme des marteaux prêt à assommer celui qui commettra la première négligence.
Un écart par la droite, puis un autre par la gauche, puis … La navigation relève plutôt du slalom. Les passages à droite ou à gauche des troncs morts, les auscultations de l’eau pour voir les pièges, les hauts fonds plus on monte constituent notre lutte de tous les instants. La progression s’en ressent et on n’avance pas très vite. On doit s’arrêter fréquemment pour couper à la machette des petites branches. Le travail fait, ne sera plus à faire, normalement au retour.
De nouveau un
Martin-Pêcheur Géant (Megaceryle maxima). Par endroit c’est un passage entre 2 morceaux d’arbre mort. Un arbre mort il y a plusieurs années et déjà découpé à la tronçonneuse par des prédécesseurs qui ont ouvert le chemin. Puis nous apercevons sur la berge gorgée d’herbe, un Jacana à Poitrine Dorée (Actophilornis africana).
Dans cette espace aquatique réduit, il est bien souvent difficile de savoir par où passer. On pourrait croire naïvement qu’il suffit de suivre le milieu de la Wa, et de foncer. Mais malheureusement les choses sont de plus en plus compliquées. Le chemin à suivre, n’est pas évident. La rivière tourne fréquemment. Sur les berges, de larges excroissances d’eau pourrait laisser supposer qu’il faut s’enfoncer dans ces langues d’eau. Mais non, ce sont des bras des bras morts. Des étendues d’eau surplombées d’arbres aux racines et contreforts immenses, qui piègent la personne non expérimentée. Toute l’expérience, toute la connaissance de ces hommes ressurgi maintenant. Lorsqu’on sent Rodrigue hésiter derrière en ralentissant à l’arrivée devant un barrage végétal, c’est un de ses collègues devant qui lui dit d’arrêter, pour chercher la voie à suivre. Rodrigue est hors de son terrain de navigation, par contre, Junior, Célestin et Jean-Robert connaissent cet endroit. On regarde alors la surface de l’eau, et de dessous la barrière végétale, on aperçoit un léger courant avec des bulles qui descendent la rivière. C’est la preuve que sur la droite ou sur la gauche, le courant passe dessous. On s’approche de ce mur d’herbes hautes de plus de 2 mètres, et on décide de foncer là où l’eau glisse rapidement. Devant Jean-Robert, s’est levé et crois deviner le passage. La pirogue fonce dans l’herbe, le devant troue la végétation et on voit arriver l’eau de l’autre côté. Quelques branches constituent l’armature de ce barrage. Rodrigue fait passer la plus grande partie de la pirogue et relève le moteur au passage des herbes et des branches. Devant, Léopold ou un autre qui le relaye, a déjà pris la pagaie pour guider la pirogue dans la bonne direction. Derrière lui, Roger a pris la perche pour pousser. L’obstacle sera passé.

Le Campement WWF :
On ne verra rien, mais Roger nous informe que nous passons devant le campement WWF, qui n’est pas occupé en permanence. Il indique le début de la zone tampon qui protège le parc de Minkébé.

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• Le Passage du Baï 1 :
On a fait environ 70 km de navigation depuis ce matin, et la rivière s’élargit sur presque 1 kilomètre. On devine les arbres au fond et sur les berges qui sont loin. Entre le fil d’eau principal qui fait une trentaine de mètres et les berges on voit un immense marécage occupé par des hautes herbes dans lesquelles des gros animaux (éléphants, buffles ou antilopes) viennent brouter. Roger attire notre attention sur la droite, sur une zone dévastée. “C’est du matin“ nous dit-il. Un éléphant à traversé la rivière et à grimpé de l’autre côté sur la terre marécageuse, en enfonçant ses pieds profondément dans la boue molle et humide. Au loin, le ciel semble de nouveau se couvrir. L’orage n’est pas loin. Il ne viendra pas tout de suite, seulement quelques gouttes qui poinçonnent la surface de l’eau. Nous avançons lentement en essayant de faire le moins de bruit possible. Une observation animale nous ravirait à tous. Malheureusement, bien que ce soit la bonne heure, en fin d’après-midi, nous ne verrons rien. Actuellement nous sommes en saison des pluies. Les Orages sont fréquents et nous avons choisit cette période du début du mois de mai, car le niveau de l’eau est le plus haut possible. En saison sèche, Roger nous explique que cette zone est réellement un baï, c’est-à-dire un endroit où les grands animaux trouvent à la fois, nourriture, eau et la forêt proche en cas de prédation. Les hautes herbes grasses constituent une nourriture abondante.

L’après-midi est déjà bien avancée, et nous atteignons la fin du baï,. Les berges se referment insensiblement sur nous, le ciel disparaît et ne se montre plus qu’au-dessus de nos têtes. La galerie formée par les arbres sur les berges rend la progression oppressante au fur et à mesure que le soleil s’incline sur l’horizon.

Quelques kilomètres plus loin nous voyons un
Pygargue Vocifère (Haliaeetus vocifer). Puis c’est un Calao Longibande (Tockus fasciatus) en vol.

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• Le Campement 1 :
Le départ retardé, l’attente aux différents villages pour récupérer les acteurs de notre expédition, ainsi que la lente progression au milieu des arbres morts avec les différents pièges, nous ont amenés à la tombée de la nuit avant la fin de notre navigation. Il est plus de 17h30, le soleil est bas sur l’horizon, bien que ne le voyions pas. La pénombre gagne progressivement sa place. Nous sommes donc contraints de nous arrêter pur camper la nuit. Nous avons fait donc 81,6 km depuis notre départ de Ipassa. et Roger nous montre le lieu qui nous servira de campement. Sur la berge à notre droite, au milieu des grands arbres, la terre se dévoile avec des restes d’un précédent campement : quelques branches éparses. La pirogue ralentit et se dirige vers une avancée qui tombe à l’eau et qui nous servira de débarcadère. L’espace avant les premiers arbres est vaste, et délimite une zone de 30 m sur 20 environ. Ce sera notre lieu de “villégiature“.
On débarque tout le matériel, les sacs, la nourriture, l’eau et la tronçonneuse. Chacun va ensuite dégager à la machette, la zone où il va implanter sa tente. Les 6 pisteurs et porteurs ont chacun une tente individuelle qu’ils rangent en ligne parallèle à la berge. Nous nous essayons nos hamacs achetés 2 jours auparavant. Il s’agit d’hamacs militaires achetés à Libreville et que nous essayons de mettre en place. Ils sont bien conçus avec une toile léopard au dessus, qui doit être aussi maintenue par des ficelles et entre le hamac et ce toit, une moustiquaire qui s’ouvre avec une fermeture éclair. Parfait en principe. Il faut donc repérer 2 arbres pas trop éloignés et commencer par fixer une corde à chaque arbre qui tiendra l’anneau sur lequel est fixé le hamac. Aucun problème. Puis vient la toile supérieure qui doit si fixer au-dessus des cordes du hamac, sur les mêmes arbres. Mais pour tendre le toit, il faut aussi attacher les côtés sur quelque chose. Je cherche des piquets (jeunes arbustes que je vais couper), puis j’essaye le montage. Pas génial. Ça ne tient pas bien. Je passe une demi-heure sur le montage, puis la nuit tombe, et je continue donc avec ma lampe frontale. Au bout d’un moment, je m’aperçois que Philippe et Stéphane ont réussi leurs montages respectif et que le mien à l’ai bancal. J’en ai assez, je démonte le tout, et je me résigne à monter ma tente. C’est une 2 places achetée une centaine d’euros en France chez Décathlon. Je nettoie auparavant la place avec la machette. En moins de cinq minutes, la tente est montée, le matelas gonflable du Vieux Campeur est prête à l’emploi et nous sommes tous réunis autour du feu, que Junior a allumé.

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C’est la nuit profonde bien qu’il ne soit que 19h30. Je prends ma serviette et mon savon et je vais me laver dans l’eau du fleuve près de la pirogue. Après une “douche“ sommaire, on ouvre les boîtes de conserves de notre premier repas. On fait chauffer dans une casserole des raviolis et on prend le pain restant.
De son côté, Roger a pris la pirogue et est allé péché avec son épervier. Il reviendra avec quelques poissons qui seront cuisinés le soir même.
A 8h, tout le monde est au lit, excepté les porteurs qui parlent encore autour du feu. De ma tente, j’aperçois des éclairs de lumière avec le bruit du tonnerre qui se rapproche. L’orage n’est pas loin. En effet, vers 21h 30, les premières gouttes de pluie tombent sur la tente. Puis le crépitement de l’eau sur la toile se fait plus dense. Quelques minutes après, les éclairs avec le tonnerre en instantané ainsi que les trombes d’eau qui tombent, nous indiquent que nous sommes sous l’orage et qu’il est violent. Impossible de dormir. J’attends. Puis au bout de 20 minutes, j’entends dehors Stéphane qui rouspète contre je ne sais quoi. Je ne tarderai pas à avoir la réponse. 10 minutes après il m’interpèle à travers la toile de tente pour réclamer l’hospitalité. Je lui ouvre la porte du côté opposé et je le vois rentrer en trombe dans la tente pour s’abriter. Il m’explique que le hamac était bien, jusqu’à ce qu’il pleuve. L’étanchéité du toit est douteuse, ce qui est un euphémisme pour dire qu’elle n’est pas du tout étanche, et que l’eau ruisselle dans le hamac. Il est trempé. Mauvaise solution que ce hamac. Il s’installe donc à côté de moi et essaye de s’allonger sur le sol. Je mets mes sacs de côté. Je me préoccupe un peu de Philippe que je n’ai pas entendu puis je m’assoupis. La pluie va durer toute la nuit, avec des épisodes plus violents que d’autres, mais toujours sans interruption.
Nous allons voir les heures défiler. Dormir sous la tente en plein orage, ce n’est pas le top. La nuit sera courte. Vers 5h du matin, alors que la pluie tambourine toujours un peu, j’entends un brouhaha en bruit de fond. Après quelques minutes, je me lève, et je vois tous le monde réuni autour du feu. Le jour est encore loin de se lever, mais pour tous ça a été une nuit d’enfer. Quasiment toutes les tentes ont eu des fuites, compte tenu de l’abondance de la pluie. Tout le monde se réchauffe autour du feu.
Philippe, lui est debout et nous explique, que comme Stéphane, son hamac a pris l’eau tout de suite, et, curieusement, la toile du hamac est étanche, ce qui fait qu’il s’est retrouvé avec une piscine. Complètement trempé, il s’est enroulé dans son poncho, et a dormi, assis contre l’arbre, comme il a pu. Pour mieux dire, il n’a pas dormi si ce n’est qu’il a pu s’assoupir quelques instants. L’humidité, le froid et la position inconfortable, ne le ménageront pas.

Sous la Pluie :

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L’arrivée du jour a coïncidé avec l’arrivée des abeilles. C’est le vrombissement continuel de ces hyménoptères autour de tout ce qui nous appartient, qui est agaçant. Elles ne sont pas agressives, mais elles sont présentes continuellement. Leurs bourdonnement noue entoure. On les chasse d’un endroit pour qu’elles retournent sur un autre. Elles quittent les bretelles de nos sacs qui sont humides de sueur, pour qu’elles retournent sur un autre parti du sac. Puis sur nos chaussures, puis sur la nourriture, puis… En un mot nous sommes envahis par ces insectes. On essaye de faire chauffer l’eau pour préparer un café capuccino (on a trouvé des sachets à Libreville), qu’on prend avec plaisir avec des biscuits secs. C’est la solution idéale. Peu encombrant, il y a la-dedans, le café, le sucre et le lait, plus peut-être quelques produits chimiques qu’il vaut mieux ne pas approfondir. Pour obtenir un capuccino onctueux comme le nôtre, il est évident que la chimie alimentaire est passée par là, avec ses additifs et ses émulsifiants ! Mais c’est simple et efficace.

Nous démontons les tentes, et mes amis, leurs hamacs. On plie tout ça complètement mouillé. Pas de soleil, pas de séchage. On verra plus tard. En regardant la pirogue, nous nous apercevons qu’elle est complètement remplie d’eau, presque à ras-bord. L’orage de cette nuit, ne nous a pas épargné. Junior entreprend alors de vider avec un petit bidon découpé en forme de pelle haute, l’eau de la pirogue. Vaste besogne qui prendra plusieurs dizaines de minutes.
Nous rechargeons tout sur la pirogue. et quelques minutes plus tard, la pirogue est décrochée de la rive.

La Remontée de la Wa :
Nous longeons la berge de la Wa. La progression est toujours lente. La pirogue est excessivement chargée. Il y a 9 personnes, nos affaires personnelles, l’essence pour l’aller et le retour, le moteur, le moteur de rechange, la tronçonneuse, la nourriture, de l’eau pour nous. Le poids de la pirogue qui est déjà imposant par lui-même additionné de tout le reste, fait que le moteur de 15 CV a de la peine à nous emmener. La vitesse ne doit pas excéder les 10 km à l’heure, vitesse moyenne d’un coureur à pied moyen. Il est vrai que le courant descendant est aussi important. Un petit calcul fait lors des arrêtes m’amène à penser qu’il est d’environ 5 à 8 km/h.
Sur les berges nous croisons de larges zones de forêt avec des arbres aux racines et aux contreforts géants. Ce serait un bosquet idéal pour faire un campement ou débarquer. Malheureusement, bien souvent les abords sont marécageux, et il ne serait pas facile d’accoster.

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• Les Arbres morts :
Il y a à peine plus d’une heure que nous avançons, lorsque nous tombons sur un gros arbre mort en travers de toute la rivière. Elle est largement barrée de la droite à la gauche, d’une rive à l’autre. Cet arbre dont le tronc fait plus de 50 cm de diamètre est là depuis fort longtemps, car il n’y a aucune feuille. Peut-être est-il tombé récemment lors de l’orage. Un arbre mort dont les racines ne le tenait plus et qui serai tombé à l’eau. Rodrigue ralentit et s’arrête au niveau des 2 grosses branches qui barrent le chemin. L’une est au niveau de l’eau et l’autre à plus de 1 mètre de haut. Aussitôt, tout le monde pense à la tronçonneuse. Il est trop gros pour qu’on puisse envisager de la couper à la machette. Léopold s’agrippe à la branche et maintient la pirogue près de la branche. Roger saute sur la grosse branche qui est au niveau de l’eau et qui lui sert de marche-pied. Il empoigne la tronçonneuse et approche la lame de la branche supérieure. Le crissement de la chaîne sur le bois se fait entendre. Des copeaux volent dans tous les sens. La pirogue est noyée sous un flot de sciure de bois à l’avant. Il fait une entaille dessous, puis lorsque celle-ci a entamé la moitié de la branche, il met la tronçonneuse dessus et commence à actionner la manette. La lame coupe le bois, la branche s’incline et finit par tomber dans l’eau.
Junior est monté sur la partie gauche du tronc et agrippe la pirogue. Roger est à côté. Ils ont les pieds dans l’eau sur le tronc immergé. Léopold prend à son tour la scie et entreprend de scier la branche qui est dans l’eau. Elle ne résistera que quelques minutes avant de s’enfoncer dans l’eau. La partie droite de cette dernière branche est tenue par des branchages de la rive, mais la partie coupée s’enfonce suffisamment dans l’eau pour ne pas gêner le passage.
Tout le monde remonte dans la pirogue et Rodrigue met en marche le moteur. Il est maintenant clair que sans la tronçonneuse, le voyage se serait arrêté là. Cette opération va se reproduire à plus d’une dizaine de fois, où nous serons obligés de mettre en marche la tronçonneuse. On y sera obligé au retour aussi, après un orge, comme on le verra plus loin.
Décidément, cette remontée de la Wa se révèle de plus périlleuse et pleine d’imprévus.

• Le Deuxième Baï :
A une vingtaine de kilomètres après avoir laissé le campement, je vois se rapprocher sur mon GPS, le baï, dont on m’a donné les coordonnées. Il s’agit en effet d’un baï qui se trouve, au plus près de la rivière, à tout juste 1 km de là où nous passons. Ses coordonnées m’ont été données par Joseph, qui lors d’un passage en hélicoptère a relevé les coordonnées de cet endroit, en m^me temps qu’il voyait 8 éléphants. Nous aurions souhaité y aller, mais maintenant ce n’est pas le but de notre voyage, et au retour, on sera pris par le temps. Il restera donc dans les choses à voir, …un jour peut-être. Puis nous laissons ce baï inconnu à notre gauche et nous arrivons, quelques kilomètres plus loin, à un deuxième baï sur la Wa. Il s’agit également, comme le premier, d’une étendue d’eau moins large que la première, mais qui en saison sèche doit vraiment attirer beaucoup d’animaux. Aujourd’hui, pas un animal, bien que la matinée ne soit pas très avancée.

Le Camp de l’ANPN :
Plus loin, nous voyons de nouveau sur un tronc mort, un gros varan en train de se chauffer au soleil. Il n’y a pas vraiment de soleil, en cette matinée, mais il essaye de récupérer le peu de chaleur qui existe. On se rapproche pour le prendre en photo, et malgré le bruit de la pirogue, on sent qu’il hésite avant de se jeter dans l’eau qui est un peu plus fraiche. Nous laissons également un petit campement désaffecté sur la berge. Puis un autre varan. Nous passons dans des zones complètement fermées par les branches de palmiers raphia, qui tombent à l’eau et obstruent le chenal. La machette ne chaume pas. Nous apercevons un
Martin-Pêcheur Géant (Megaceryle maxima) posé sur une branche, puis un Anhinga d’Afrique (Anhinga rufa) en vol.
Finalement après une centaine de kilomètres de pirogue, nous atteignons le Campement de l’ANPN. C’est l’anti-chambre du parc de Minkébé. Dans une large zone de la rivière qui s’est élargie à cet endroit, sur notre gauche, on atteint la limite extrême de la civilisation : le Campement de l’ANPN. Dernières cases en planches, dernières personnes en activité à cet endroit, dernier point de civilisation, pointe extrême de la rivière Wa navigable en saison sèche. A partir de cet endroit, nous sommes livrés à nous-mêmes, sans personne pour nous aider. A partir de cet endroit, nous sommes seuls.
Quelle sensation étrange, de se savoir à la fois petits et vulnérables et pleins d’ambition et de volonté pour continuer vers des endroits où peu de gens mettent les pieds.
Le campement de l’ANPN est constituée de 4 baraquements sur une zone défrichée qui tombe en pente douce vers la rivière. Les quelques personnes qui restent là, ont fait une petit plantation à côté pour leur subsistance quotidienne. Nous descendrons à terre, le temps de saluer tout le monde et nous repartirons aussitôt, car on sait qu’il reste encore du chemin à parcourir.

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• La Remontée de la Wa :
Nous reprenons notre route, ou plutôt, notre rivière, pour remonter encore plus au nord. Cette partie est impraticable en saison sèche, car les eaux sont trop basses. Nous passons encore sous des branches étendues mollement à 1mètre au-dessus de l’eau. On se baisse, on rentre la tête dans la pirogue, on passe dessous, on continue, on slalome toujours à droite puis à gauche, pour éviter les écueils. Sur la berge, d’innombrables bosquets à terre, avec des langues d’eau s’incrustant profondément à l’intérieur de la berge. Des arbres énormes aux contreforts arrondis et plongeants dans l’eau, des Uapaca aux racines à échasses qui maintiennent le tronc en flottaison à 2 mètres au-dessus de l’eau.

• Les Arbres morts :
Il n’y a pas 20 minutes que nous sommes partis que nous sommes bloqués par un tronc d’arbre qui barre la rivière. Il est à fleur d’eau. L’eau passe au-dessus de lui sur à peine 3 à 5 centimètres. On ralentit et le conseil de crise prend une décision. Roger dit “on fonce“. L’ordre est exécuté en retard, le moteur ronfle. Nous regardons la manoeuvre. La pirogue fonce droit sur l’arbre à l’horizontale à fleur d’eau. La tête de la pirogue touche le tronc, elle glisse dessus, on sent le raclement de la coque sur le bois, tout le monde retient son souffle. Devant Léopold prend la pagaie pour aider. Jean-Robert prend la perche, pour pousser. L’eau est profonde, il y a plus de 2 mètres de profondeur. Ce n’est pas facile, la pirogue glisse encore, puis elle ralentit. La masse énorme de l’ensemble a du mal à vaincre la force du courant et le frottement sur l’arbre. Une partie est passée. Je vois le tronc d’arbre sous l’eau arriver à ma hauteur, puis partir derrière au fur et à mesure que la pirogue passe sur le tronc. Puis la partie avant de la pirogue plonge doucement dans l’eau, la pirogue ralentit, tout le monde essaye de faire quelque chose, Léopold avec sa pagaie, Jean-Robert avec sa perche, Rodrigue avec le moteur à fond. Malheureusement l’avant étant passé, l’arrière de la pirogue se soulève légèrement, l’hélice tourne à vide, des gerbes d’eau giclent en l’air malgré le moteur complètement baissé, puis la pirogue s’arrête reposant sur la partie 3/4 arrière. Le silence se fait. Plus personne ne parle. Nous sommes coincés sur ce tronc qui affleure l’eau.

Pirogue Coincée sur un Tronc à Fleur d’Eau :

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Roger et Junior partent à l’arrière et grimpent sur l’arbre dont certaines parties émergent à droite comme à gauche. On essaye de forcer le moteur. Il est hors d’eau, il n’a donc aucune force. On laisse la pirogue se coller parallèlement au tronc. Mais cette manoeuvre est dangereuse car le courant pourrait la coller contre le tronc, l’incliner et la noyer. On décide de bouger la pirogue de droite à gauche. Peine perdue. On la remet dans le courant, la proue face la direction de route. On recommence à osciller de droite à gauche. Rien n’y fait. Rodrigue propose d’enlever les bidons d’essence pour alléger l’arrière et de les maintenir sur l’arbre. Rien ne bouge. Nous nous restons dans la pirogue et nous assistons impuissant à ces manoeuvres. Excepté Léopold qui est devant, tout le monde est à l’arrière sur le tronc. Célestin à pris les commandes du moteur. Les autres sont sur le tronc, les pieds dans l’eau. Le tronc est assez gros pour tenir facilement en équilibre. Puis ils décident de mettre le carburant devant afin de déporter le poids. On fait la chaîne et on amène les bidons devant.
Tous ensemble ils bougent ensuite la pirogue de droite à gauche, l’hélice expulse l’eau en l’air, le moteur ronfle au maximum, Jean-Robert met la perche sous la pirogue pour faire levier, les bords de la pirogue sont à seulement quelques centimètres de l’eau à chaque oscillation. On a gagné quelques centimètres. La pirogue a bougé. Très légèrement. On est peut-être dans la bonne direction. On continue et on recommence et on recommence. A chaque fois quelques centimètres gagnés, puis enfin la délivrance, l’arrière de la pirogue qui retombe lourdement dans l’eau après avoir passé le tronc. Plus d’une heure ont été perdus pour ce passage périlleux. Impressionnant, stressant, voire même angoissant, à la limite de la plongée dans l’eau, mais quelle joie, lorsque la pirogue est passé de l’autre côté. Moment intense à vivre.

Tout le monde remonte dans la pirogue, on replace les jerricans à l’arrière, et après que chacun ait repris sa place, la pirogue repart.
Ce scénario se reproduira à plusieurs reprises, mais avec l’expérience, nous ne serons plus bloqués. A chaque fois on entendra le fond de l’embarcation racler contre les troncs, puis l’avant plonger devant, et enfin le moteur qui se relève avant que l’arrière ne bascule de l’autre côté du tronc. Mécanique bien huilée mais oh combien inquiétante !

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• L’arrivée au débarcadère :
Toutes ces péripéties ont fait que le temps a passé plus vite que prévu. On continue à remonter vers le nord. La rivière se rétrécit fortement. Vers 15h, alors qu’on approche de l’endroit d’accostage, on entend devant “les guèpes“. En effet, devant nous, sur la gauche, on passe devant un nid de guêpes qui pend en l’air, à 3 mètres su sol. Elles sont extrêmement agressives lorsqu’on les dérange. On recule donc prudemment, et on passe sur un chenal à gauche qui nous amène directement sur le lieu de campement.
Il est environ15h30 et nous sommes à l’endroit où la pirogue doit rester. Ça n’a de débarcadère que le mot, car il s’agit simplement d’une plongée de la terre en pente douce, qui permet de mettre à l’abri la pirogue pour la récupérer au retour. Elles est cachée par la végétation, mais de toutes façons, à part les braconniers, personne ne vient ici.
Normalement, nous aurions dû commencer la marche, mais à 15h30, c’est impossible. Nous décidons donc de faire notre campement ici. Nous transportons notre matériel à terre, on décharge les sacs, la nourriture, les jerricans d’essence et nous nous apprêtons à faire notre Campement n° 2.




- La Descente de la Rivière Wa -



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- La Desente de la Rivière Wa :
• Nous avons chargé rapidement la pirogue avant d’entreprendre la descente. Nous savons que nous avons mis quasiment 2 jours pour remonter la rivière jusqu’au débarcadère. Avec le courant descendant nous mettrons une journée pour atteindre Makokou.
Nous repassons par le tronc d’arbre où nous nous étions échoué. Cette fois-ci le niveau de l’eau a légèrement monté, avec les dernières pluies. Célestin est au commande du moteur. Se rappelant des difficultés de l’aller, il met le moteur à fond et calcule bien son coup,. La pirogue racle un peu le tronc, et bascule de l’autre côté. Il relève le moteur et passe. Nous repassons par tous les pièges de la montée, puis devant la campement de l’ANPN. Nous ne nous arrêtons pas. Les baïs sont dépassés.
Puis l’orage, qui arrive de l’est nous surprend. Les nuages noirs ont envahis le ciel et la pluie tombe drue. Nous avons tous mis nos imperméables, à l’exception de Junior qui est aux commandes, et qui est seul face à la pluie cinglante. On continue notre descente. L’orage va durer une heure ou 2, puis va se tarir. Quelques temps après la fin de l’orage, nous arrivons à un passage où nous étions passés sur le côté. Aujourd’hui des montagnes de jacinthes d’eau et des hautes herbes nous bouchent le passage. L’un dit que nous étions passé par un chenal sur la droite, l’autre préconise d’aller tout droit. Mais d’aller tout droit, vers où. La rivière est complètement bouchée. Dans ce passage un arbre mort depuis longtemps a obstrué le passage qui s’est rétrécit. Comment faire. Nous nous arrêtons et regardons le problème en face. Devant, Jean-Robert crois deviner l’eau de la rivière plus bas. Après concertation, il est préconisé de foncer tout droit. Manoeuvre hasardeuse.

Devant Léopold prend la pagaie, un autre la perche, et Junior au moteur met la sauce. On fonce tout droit dans les herbes. Par magie elles s’écartent pendant que le moteur pousse. Puis elles s’enroulent dans l’hélice, la pirogue ralentit. Devant ils prennent le relais avec la pagaie et la perche. Junior relève le moteur et enlève les plantes sur l’hélice. Puis finalement on réussit à passer ce boyau et on repart.

La végétation défile comme à l’aller.

Sous l’Orage :

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• L’Orage et l’Arbre Déraciné :

Nous poursuivons notre voyage de descente. Plus loin, au détour d’un méandre, la catastrophe. L’orage qui nous a précédé dans cette zone a déraciné un arbre. pas un petit arbre. Il s’agit d’un arbre énorme avec des troncs multiples de plus de 40 à 50 cm de diamètre. Il était sur la rive gauche et la bourrasque de vent l’a fait tomber à l’eau. Nous nous arrêtons complètement abattu et nous observons cet obstacle. Chacun y va de son explication. Par la droite : impossible, le feuillage énorme et touffu bloque cette partie. Par la gauche : impossible, la base avec les racines se trouve dans l’eau, mais l’espace pour passer, moins de 1 m, est trop petit pour permettre à la pirogue de se faufiler. On regarde, médusé, devant. Il va falloir trouver une solution. Devant l’ampleur de la tâche, on se dit qu’il vaudrait mieux qu’on reste à terre. Malheureusement, il n’y aucune terre sèche à côté. Il faudrait remonter loin en amont pour se mettre au sec. La pirogue dérive lentement vers l’arbre quelle atteint doucement. Devant ils agrippe l’arbre et regardent.

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Roger pense qu’en coupant au milieu, on pourrait passer. Nous, on se voit rester encore 1 ou 2 jours pour trouver un passage. Devant, ils sont 3 sur les branches à essayer de trouver une solution. Roger coupe à la machette les premières branches, qui sont petites et dégage derrière un espace de travail. Puis on lui passe la tronçonneuse et il la met en marche. Le moteur ronronne. Il commence à couper une branche derrière lui, sur sa droite. La branche qui passe juste au-dessus de l’avant de la pirogue. Une fois cette partie tombée à l’eau, il se met sur la gauche de la pirogue et coupe l’autre partie, dégageant ainsi un passage au milieu du tronc. Dans l’eau il coupe à la tronçonneuse une autre branche. La pirogue avance. Je suis juste à côté de la première branche coupée, dont il reste le moignon, en l’air, rattaché à la racine sur la gauche.
Cette branche fait tout de même 50 cm de diamètre. Ce n’est pas une brindille.
Sans la tronçonneuse, il est évident qu’on serait resté des jours pour couper tout ça à la machette. Si c’est possible ?
La pirogue avance encore un peu, tirée par les bras qui s’accrochent aux branches. Puis la tronçonneuse continue avec une autre branche de 50 cm de diamètre, hors de l’eau. J’avais toujours peur, qu’à force de couper des branches, le reste de la racine ne soit plus tenue et bascule plus profondément dans l’eau. Dans l’eau, un tapis de sciure de bois est bloqué par le feuillage existant. Le reste de la branche coupée à droite puis à gauche, tombe à l’eau. A travers le feuillage existant, on devine qu’il n’y a plus d’obstacle majeur pour passer. On range la tronçonneuse à l’avant, et pendant que des bras tirent la pirogue en s’appuyant sur les moignons de branches restant, Roger coupe à la machette les petites branches sur le devant de la pirogue.
Insensiblement l’embarcation avance. L’avant de la pirogue est maintenant de l’autre côté du barrage. Tout le reste est sous les grosses branches restantes, et sous les feuillages. On tire. Elle passe. La pagaie et la perche aident un peu. La perche a du mal car il y a plus de 2 mètres d’eau. Finalement la pirogue toute entière va finir son voyage de l’autre côté. Un obstacle majeur vient d’être franchi.
Cet épisode illustre bien les dangers majeurs de la forêt, à savoir des arbres déracinés par la tempête et qui tombent au sol. C’est extrêmement dangereux. Nous reprenons la descente. Nous nous arrêtons au pont chinois, pour saluer les parents de Célestin. Quelques minutes et nous reprenons le cours de notre navigation.


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• L’arrivée à Makokou :
La descente va se poursuivre sans encombre jusqu’à Makokou, que nous atteindrons en fin de soirée. Le retour à la civilisation est une partie de la vie simple qui s’en va. Ces journées sans téléphone et sans civilisation, nous avaient habitué à vivre de manière spartiate.


• Les Oiseaux :
J’ai pu prendre en photo les espèces suivantes, lors de la navigation en pirogue sur la rivière Wa :
.... Héron Goliath / Ardea goliath
.... Touraco Géant / Corythaeola cristata
.... Martin-Chasseur du Sénégal / Halcyon senegalensis
.... Canard de Hartlaub / Pteronetta hartlaubii
.... Calao Longibande / Tockus fasciatus
.... Héron Gardeboeufs / Bubulcus ibis
.... Hirondelles à Bavette / Hirundo nigrita
.... Martin-Pêcheur Géant / Megaceryle maxima
....
Jacana à Poitrine Dorée / Actophilornis africana
.... Pygargue Vocifère / Haliaeetus vocifer
.... Anhinga d’Afrique / Anhinga rufa
.... Ombrette Africaine / Scopus umbretta


J’ai pu observer 2 autres espèces intéressantes dont une tirant sur le gris, mais dont je n’ai pu identifier l’espèce.


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La Remontée de la Rivière Wa / Jean-Louis ALBERT / 05 Mai 2013.


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