- Création de la Page : Mai 2013
• Le fameux « Gros Cailloux » est l’un des 12 ou 15 inselbergs qu’on répertorie dans la région. C’est le plus haut mais aussi le plus emblématique d’entre eux.
Dans cet univers tout droit sorti de la préhistoire, Conan Doyle aurait pu trouver ici, l’inspiration pour écrire son “Monde Perdu“.
• Remerciements : Je remercie particulièrement Joseph OKOUYI, Conservateur Senior des 3 Parcs Nationaux Ivindo, Minkebe et Mwagna, pour son aide et son implication dans la logistique de cette expédition.
• L’Inselberg “Le Gros Caillou“ au Lever du Soleil :
• Carte de Situation des Inselbergs :
• Carte du Trajet en Pirogue :
• Carte de la Marche Aller / Retour vers l’Inselberg :
- Les Débuts de l’Expédition - - Le Trajet :
- Le Matériel Photo :
• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK III avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM ou zoom CANON 24/70 mm F2,8.
---- Les macros ont été faites avec un objectif CANON 100 mm F4 IS Macro USM
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II
Les ponts de Kango étant fermés pour cause de travaux de réfection, nous avons décidé de passer par Médouneu (au nord) au lieu de descendre au sud-est vers Kango / Bifoun / Ndlolé. La piste empruntée ne rallonge en fait que de 50 km par rapport à la piste habituelle.
- Le Trajet en Pirogue :
•• IPASSA (Centre de Recherche) -> Campement 1 : 81,6 km de pirogue, soit plus de 8h 30 de navigation.
Cette partie là représente les 2/3 de la distance totale à parcourir en pirogue.
•• Campement 1 -> Campement 2 : 51,4 km, soit plus de 8h de pirogue.
•• Trajet total en pirogue : De Ipassa (Makokou) au Campement 2 (Début de la Marche) : 133 km, que nous mettrons 2 jours pour faire.
- La Marche vers l’Inselberg de MINKÉBÉ :
•• Campement 2 -> Inselberg (Marche allée) : 37,22 km de marche, soit plus de 12h 30 de marche.
•• Inselberg -> Débarcadère : 36,2 km, soit plus de 12h de marche.
• Rodrigue, Philippe, Stéphane et Jean Lou prêt au Départ :
Le parc de MINKEBE se trouve au nord-est du Gabon, coincé entre Makokou (capitale de la province de l’Ogooué-Ivindo), le nord ouest du Congo Brazzaville et l’extrême sud-est du Cameroun. Il s’agit d’une vaste zone couverte de Forêt avec très peu de pistes. Il fait parti de la province du Woleu-Ntem. On peut y accéder par la ville de Oyem et ensuite Minvoul.
Nous, nous allons y accéder par Makokou, c’est-à-dire par le sud, et non par l’ouest.
Cette zone est immense et recèle une faune riche qui a été mise à mal par plusieurs phénomènes. Les grands primates (chimpanzés et gorilles) ont été décimés il y a une dizaine d’années par une grande épidémie due au virus Ebola. Les éléphants, nombreux dans ce parc, sont chassés, voire massacrés par des braconniers venant du Cameroun ou du Congo, pour leur ivoire.
Par contre cette région possède d’énormes gisements de fer qui attirent la convoitise des grandes multinationales. Autour de ce minerai de fer, on trouve aussi d’autres métaux à forte valeur ajouté. Dans un avenir proche cette région, en lisière du parc, sera troublée par ces exploitations.
- Les Inselbergs :
• Un INSELBERG est une colline, généralement un massif rocheux, qui domine largement une étendue, une plaine. Il s’agit vraisemblablement de restes rocheux après une érosion de tout ce qui l’entourait. Le terme en lui-même vient de l’allemand Berg et Insel qui signifie Montagne - île. Généralement ces massifs rocheux sont de roches dures qui résistent à l’érosion extérieure. Après une période très longue, n’apparaît que cette forme rocheuse se détachant des alentours. Plus généralement aussi, les bords sont abrupts et ils sont difficiles d’accès.
- La Logistique :
• Afin de préparer l’expédition, j’avais déjà contacté plusieurs mois à l’avance le pisteur Roger, avec qui j’avais déjà fait des missions dans le nord. Originaire du village de Mbadi, au nord de Belinga, il connait parfaitement le région. Puis, je m’étais rapproché du piroguier Rodrique, avec son aide pinassier Léopold, qui vont gérer la pirogue. Compte tenu de la longueur de la marche en forêt, j’avais prévu 3 personnes de plus pour la logistique : Junior, Jean-Robert et Célestin, pour le portage du matériel et de la nourriture. Tous les 3 se révèleront très vite polyvalents : à la fois porteur, pisteur, pinassier.
Nous, nous serons trois : Stéphane BRUSSON de Libreville (avec qui j’ai déjà fait plusieurs expéditions), Philippe CORNET également de Libreville (qui connait parfaitement la brousse et le milieu forestier) et moi-même qui a fait en plus le trajet Franceville / Libreville, pour débuter cette expédition. Nous serons donc 9 en tout pour cette expédition.
3 semaines auparavant, j’avais envoyé de l’argent à Rodrigue, par Western Union, afin qu’il puisse déjà acheter la nourriture, préparer la pirogue, avec lui-même aux commandes, l’essence, les moteurs, les gilets de sauvetage, et faire les achats nécessaires à l’expédition. Roger devait récupérer un peu de cet argent pour “motiver“ les 3 autres personnes. Nous-mêmes à Libreville, nous avions acheté notre propre nourriture, des cordes et cordelettes, de la vaisselle qui manquait aux autres, et de l’eau pour le voyage.
Nous commençons donc le voyage par 12 heures de piste pour faire le trajet Libreville / Makoku, en passant par le nord, Médouneu, car le pont de Kango est fermé pour réfection. L’attente est telle aux bacs de remplacement, que nous avons préféré cette solution, qui rallonge à peine de 50 km. Le soir, nous nous rencontrons avec Roger et Rodrigue qui sont les piliers de l’équipe. Rodrigue connait parfaitement les rivières de la région. C’est lui qui m’a conduit, déjà par 2 fois, aux chutes de Kongou, à 50 km au sud de Makokou. J’avais été impressionné par son savoir-faire et sa connaissance du terrain, ou plutôt, de l’eau ! J’étais donc en totale confiance. La recherche d’un hôtel sera difficile, car l’hôtel Belinga est réquisitionné pour un séminaire, et les autres motels qui restent sont aussi pris d’assaut. Finalement nous trouverons 3 chambres au complexe Minkebe, où nous passerons une nuit exécrable, avec la musique à fond de la boîte de nuit qui est à 15m. Le bruit s’est arrêté à 5h du matin, ce qui nous a laissé peu de sommeil. A 6h nous étions debout pour faire le point avec toute l’équipe.
Nous allons faire les derniers achats, casseroles, sacs à dos chinois qui ne résisteront pas bien longtemps et encore un peu de nourriture. Rodrigue va préparer l’embarcation au débarcadère IPASSA, à l’ouest de la ville, à une dizaine de kilomètres. Pendant ce temps Roger va chercher ses collègues que nous prendrons au passage.
• Depuis le Sommet, vue sur les autres inselbergs, à la Nuit Tombante :
• Nous déballons notre matériel devant la voiture de Philippe, que nous laisserons à Ipassa pour le gardiennage. IPASSA est le nom du centre de recherche qui est à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Makokou. Il est géré par le CENAREST (Centre National de la Recherche Scientifique et Technique). Plusieurs branches sont rattachées à ce Centre, en particulier l’IRET, Institut de Recherche en Ecologie Tropicale,
Nous faisons nos sacs, en calculant au plus juste, sachant que beaucoup de choses devront être portées par la suite.
Il s’agit d’une pirogue taillée dans un tronc d’arbre. Elle est superbe. D’une longueur de plus de 10 mètres, elle remonte sur plus de 60 cm de hauteur, pour une largeur de 80 cm environ. Le chargement sera à l’arrière. On met une bâche sur le fond de l’embarcation et on pose les sacs dessus. On repli ensuite les côtés de la bâche sur le matériel qui est ainsi protégé. Les bouteilles d’eau Andza ne sont pas oubliées. Devant le chargement, nous trois, chacun sur une petite planchette qui sert de siège. Ensuite notre glacière, qui ne conservera que la nourriture (inutile de dire que nous n’aurons rien de frais dans la soirée et les jours suivants), puis Roger et 2 porteurs (3 personnes) vont s’assoir. A la pointe de la pirogue, l’assistant pinassier Léopold, dont la mission sera de guider le piroguier (Rodrigue à l’arrière). Il est assis au-dessus d’une planchette, bien au-dessus de l’eau pour voir le plus loin possible.
Elle est tractée par un moteur de 15 CV, qui compte tenu du poids de l’ensemble, ne nous permettra pas d’atteindre des vitesses fantastiques. Mais parmi ses avantages, on notera que sa consommation est faible et surtout, que lorsque nous arriverons en basses eaux, il touchera moins le fond. Il est aussi moins haut et passe facilement sous les branches, comme nous le verrons plus loin.
Il y a donc à l’arrière, le moteur hors-bord de 15 CV, puis les 6 Jerricans plastiques de 20 litres d’essence, puis le moteur de secours. Rodrigue est assis à côté du moteur pour la progression.
Devant la pirogue, nous avons pris une tronçonneuse à moteur essence. On pourrait penser que c’est exagéré, mais comme on va le voir plus tard, sans elle nous n’aurions jamais atteint notre destination.
Nous avons chacun un gilet de sauvetage que nous gardons a portée de main, mais qui, tout le long du voyage, sera plus utile comme coussin, sous nos fesses. Le bois de la planche qui nous sert de siège, sera moins dur.
- Le Sac et le Matériel :
Je mets dans mon sac à dos de 55 litres :
.... Machette,
.... Tongues (légères),
.... Moustiquaire ultra-légère,
.... Serviette de bain en micro-fibre (légère), de 140 cm, qui peut servir aussi de mini-couverture en cas de fraîcheur.
.... Drap de couchage,
Tous ces articles ont été achetés au Vieux Campeur. Ils sont légers et adaptés à l’expédition.
.... Vêtements de rechange (le strict minimum ) pour le soir : un short, une chemise, une paire de chaussette et un slip de rechange.
.... Mini-trousse de toilette : savon et brosse à dents. Pas de rasage pendant les 7 jours de marche et de pirogue.
.... Bouteille d’eau de 1litre. J’avais acheté des bouteilles de Badoit, car leur plastique est un peu plus dur que les bouteilles de Andza. Je prendrai aussi 1 bouteille d’eau Andza de 1,5 litres.
.... Trousse de secours habituelle (sparadrap, gaze, Bétadine, pansements adhésifs, petit ciseau, pince à écharde),
.... Trousse à pharmacie : Efferalgan, Bactrim (antibiotique), Ercéfuryl (pour les coliques et diarrhées), Coartem (anti-paludéen), Profénid (Anti-inflammatoire), Niflugel (Pommade anti-inflammatoire en cas de choc),
.... Lampe Frontale avec batteries.
J’emmène aussi des pastilles d’Hydroclonazone pour désinfecter l’eau, car nous ne pourrons porter l’eau que nous boirons. J’ai aussi un aspi-venin, qui à mon avis, ne doit avoir qu’un effet psychologique, et aussi une “Pierre Noire“ que j’ai depuis le Congo Brazzaville, et qui est réputée pour absorber les protéines des venins. Je ne l’ai jamais essayée, et je ne peux pas dire quelle est son efficacité. Par contre, je sais qu’en cas de besoin, je l’essayerais de toutes façons.
.... Des allumettes,
.... Dans le sac j’ai aussi mon équipement photo supplémentaire : Caméra et objectif CANON 24/70 mm f/2,8, flash et piles.
.... Sac bretelle et ceinture (mixte) : mon appareil CANON EOS 5 Mark III avec son objectif 28/300 mm. Pour la pirogue j’utiliserai le 28/300 qui permet d’avoir un télé convenable, et lors de la marche en forêt, j’aurais le 24/70 mm qui est plus léger, sur la ceinture et surtout, qui permet une mise au point minimum de 50 cm ou moins.
Mon sac à dos est mis dans un sac à dos étanche de 115 litres (Sea Line) et fermé. En cas de chavirement, il flottera. J’ai avec moi, un petit sac étanche Vieux Campeur de 20 litres, dans lequel je mets mon appareil photo lors des épisodes dangereux. Mes papiers sont dans un mini-sac étanche, dans la poche de côté de mon pantalon. Les clés sont restées à la voiture.
- Le Départ :
• Vers 9h45, soit avec près de 45 minutes de retard, nous mettons en marche le moteur et nous commençons notre navigation. L’eau est très calme en ce dimanche matin, sur le fleuve Ivindo. Ses eaux sont chargées de limon, ce qui leur donne cette couleur orange sombre particulière. On les appelle les “Eaux Noires“ de l’Ivindo. Elles vont se jeter dans les eaux marrons de l’Ogooué, chargées de boue, au niveau de la petite ville Ivindo, environ 150 km plus bas. Jusqu’à l’Atlantique, le fleuve s’appellera Ogooué.
Lorsque nous arrivons au débarcadère de la Loa-Loa, une dizaine de kilomètres, à l’ouest de Makokou, on aperçoit des dizaines de pirogues sur les côtés du fleuve. Ce sont des hommes qui plongent à partir de leur embarcation pour remplir un panier de sable, qu’ils versent ensuite, dans le fond de la pirogue. Dans cette ville, l’approvisionnement en sable pour la construction, est faite par ces dizaines et dizaines d’ouvrier qui plongent inlassablement pour sortir ce sable qui leur permet de vivre. On voit ainsi des pirogues, chargées de monticules de sable qui dépassent des bords, se diriger vers la berge pour transférer le sable sur la terre ferme. On ralenti à leur passage pour éviter de faire chavirer les embarcations.
Nous filons tranquillement sur cette nappe liquide sans aucun mouvement. Puis très vite, nous abordons les fameux rapides de la Loa-Loa. Il ne s’agit pas d’une chute d’eau, mais bien d’un rapide créé par un dénivelé de 2 mètres environ de hauteur du niveau des eaux entre la partie haute et basse du fleuve. En regardant de plus près, on aperçoit l’eau qui bouillonne de rocher en rocher. Devant notre appréhension, Rodrigue nous indique qu’il y a un chemin par lequel on peut passer. En effet, sur le côté droit du fleuve (en remontant), il y a un goulet d’étranglement, qui laisse passer l’eau en trombe. Le courant est très rapide, mais l’avantage est qu’il y a une profondeur suffisante pour passer avec la pirogue. L’embarcation est secouée par les remous, puis nous évitons les rochers qui semblent émerger et nous fonçons dans le chenal. Impressionnant et stressant.
Nous croisons la ville de Makokou en passant sous le pont sur l’Ivindo et un peu en amont, sur le côté droit (rive gauche) nous nous arrêtons au débarcadère de Makokou. Là, nous attend Roger avec 2 des porteurs, Junior et Célestin. Nous remontons dans la pirogue pour nous arrêter 2 ou 3 km en amont au village de MESSEP pour que Célestin puisse récupérer quelques affaires personnelles, en particulier, des draps. Quelques dizaines de minutes après, nous reprenons notre navigation. Nous nous arrêtons encore au village de MEKOB, où nous prenons la troisième personne polyvalente, Jean-Robert. Il se révèlera un parfait homme de la forêt, maîtrisant aussi bien la machette, le portage que la recherche de pistes pour aller au plus court. Une recrue indispensable, même si on sent qu’il n’a pas souvent travaillé en groupe, à suivre des commandements. Il est reconnaissable grâce à son bonnet rouge sur la tête. Au complet, assis devant nous, il y a Roger et ses 3 aides. Devant, Léopold pour le guidage. A l’arrière Rodrigue et nous au au milieu.
Sur une eau tranquille nous remontons l’Ivindo, qui est un fleuve énorme en cette saison. Il doit faire plusieurs centaines de mètres par endroit. De temps en temps des jacinthe d’eau glisse dans la direction opposée. Quelquefois, des boules d’écume, comme des bulles de savon, nous croisent. Le courant est important et, bien que le moteur soit au maximum, le poids de la pirogue fait que nous avançons lentement. Nous croisons plusieurs embarcations sur le fleuve. Toutes sont chargées.
A quelque 10 kilomètres à vol d’oiseau de Makokou, nous bifurquons sur notre gauche : c’est l’embouchure de la rivière Wa ou OUA.
• Vue sur la Forêt depuis le Sommet du Piton :
• Les Inselbergs de MINKÉBÉ / Jean-Louis ALBERT / 05 Mai 2013.
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