- Les CHERCHEURS d’OR de NDANGUI -

- Création de la Page : Août 2009.



Village de LOUMBOU avant NDANGUI :



• Au GABON, comme dans beaucoup de pays d’Afrique Centrale, il y a de nombreux chercheurs d’or qui exploitent les rivières pour extraire de manière artisanale des pépites d’or. Je n’ai pas une évaluation exhaustive de cette famille de travailleurs, mais il est vraisemblable que dans presque toutes les régions du pays, on trouve ce genre d’activité.
Je sais qu’il en existe près de LASTOURVILLE, objet de notre première recherche, mais aussi du côté de Mimongo, Belinga et dans beaucoup d’autres endroits.

• Ici, nous sommes au village de NDANGUI, à 80 km de Lastourville.




La Recherche de l’OR :





Carte générale montrant la région de Lastourville :





Carte du Trajet Franceville / Okondja / Lastourville :






Carte d’accès à NDINGA :





- Le Matériel Photo :

• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D Mk II avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM
---- Appareil CANON EOS 50D avec objectif CANON 100 mm F5,8 Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.





- Le TRAJET vers LASTOURVILLE :

FRANCEVILLE -> MBABIRI : 110 km, environ 2h20 de conduite sur une piste sans difficulté, en bon état.
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MBABIRI -> LASTOURVILLE : 110 km de piste, environ un peu moins de 3 heures de conduite.

Si on regarde bien, le trajet est guère plus long que la route directe (220 km au lieu de 180 km), mais par contre il faut plus de 5 heures de piste pour arriver à destination, au lieu de 2h30 à 3 heures de conduite, par la voie directe. il est vrai que par la voie directe, la partie Franceville / Mounana est goudronnée, et permet de rouler plus vite.

• Pour ce trajet, au lieu de prendre la route directe de Franceville à Lastourville, nous sommes passés par Okondja, au nord de Franceville. En effet, les cartes qu’on trouve dans le commerce sont assez anciennes et de ce fait, ne comportent pas toutes les informations sur les routes et pistes existantes, et encore moins sur l’état des pistes. En fait, si on regarde la carte, aucune piste n’existe entre Okondja et Lastourville. Pourtant, il y a bien une piste de bonne qualité qui relie les 2 villes.
En prenant la direction d’Okondja, on doit tourner (sur la gauche en venant de Franceville) juste à l’entrée du village de MBABIRI, une vingtaine de kilomètres avant la ville de OKONDJA. Tout de suite on se trouve sur une piste bien entretenue où on peut rouler raisonnablement. Dans cette région la CEB (Compagnie Equatoriale des Bois) exploite le bois. Elle y a tracé et entretien une toile d’araignée de pistes qui servent à l’exploitation et au transport des troncs d’arbres. Par moment, ses camions utilisent certaines portions de la piste entre les 2 villes. Ceci explique qu’elle participe à l’entretien également des portions communes. Cette politique permet de diminuer les accidents, les pertes de chargements et le ralentissement dû au mauvais état des pistes. On a donc dès le départ, 40 km de piste bien entretenue, ainsi que les 30 derniers km. Au milieu, il y a 40 km environ de piste, non entretenue par la CEB, apparemment, car elle est de nature complètement différente. On est en pleine forêt, avec beaucoup de virages serrés et de ravines sur la voie. C’est une piste étroite, mais elle reste très praticable. A 65 km du carrefour de Mbabiri, on tombe sur le petit village de NZODET, où là il faut faire attention, car il y a plusieurs pistes qui partent dans plusieurs directions. Il ne faut pas prendre celle de droite, c’est une piste CEB. Il y a également une piste sur la gauche avec une barrière, qu’il faut laisser. Ne pas hésiter à se faire préciser le chemin.

Nous resterons la nuit à Lastourville, à l’hôtel TCHENGA, dont la vue sur l’Ogooué est splendide. Cette solution, nous permettra de partir très tôt le matin pour l’excursion vers les chercheurs d’or. Il faut plus de 2 heures de conduite, voire 3h pour y arriver. Prévoir plusieurs heures pour la visite et ensuite 2 à 3h pour le retour sur Lastourville.

Nous sommes à la fin du mois de juillet, en pleine saison sèche. Pas d’eau, il n’a pas plu depuis plusieurs semaines. Tout déplacement soulève des nuages immenses de poussière qui se dépose sur les bas-côtés. Toute la végétation est recouverte d’une épaisse couche de poussière de latérite, à tel point, qu’on ne voit plus que les jeunes pousses qui sont vertes, avant de finir par être rougeâtre comme le reste du feuillage.



La Piste entre Mbabiri et Lastourville :





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Le TRAJET vers NDANGUI :

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LASTOURVILLE -> Village de NDEKABALANDJI : 10 à12 km, environ 15 à 20 minutes
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Village de NDEKABALANDJI -> Village AKIENI : 22 km. 30 minutes de voiture. Bonne piste.
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Village de AKIENI -> Village IWEMBE : 18 km seulement, mais plus de 50 minutes de voiture, compte tenu de l’état de la piste.
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Village IWEMBE -> Village de NDANGUI : 14 km de piste, soit environ 50 minutes, compte tenu de l’état de la piste.

A la sortie de LASTOURVILLE, il faut prendre la route qui va vers la gare de la ville. C’est la route à droite après la place du patriote « WONGO » à l’entrée de la ville en venant de Franceville. C’est à cet endroit que nous avons récupéré notre guide Olivier. On passe le pont, puis on continue vers la gare. Nous traversons ensuite le parc à bois. Des sociétés forestières chargent à partir de ce terminal de bois, leurs billes qui vont partir sur Libreville, par train. Cette route est la route de OKONDJA. C’est une piste de bonne qualité qui semble bien entretenue, sur les premiers kilomètres au moins, en 2009.

La piste que nous empruntons du village de NDEKABALANDJI jusqu’au village de AKIENI (homonyme de la ville située entre Franceville et Okondja) est en très bon état. C’est une piste empruntée par les forestiers, elle est donc bien entretenue. Par contre la piste que nous devons suivre de Akiéni jusqu’au village de IWEMBE, est en très mauvais état. Piste difficile en saison sèche, elle est quasiment impraticable en saison des pluies. C’est une piste dont la partie supérieure est de la terre aplanie avec très peu de latérite. Elle est constellée de ravines et crevasses sur toutes les montées, les pentes et les creux. il est difficile de faire plus de 20 km/h de moyenne. Même si c’est une piste étroite, elle est complètement enserrée dans la forêt et elle n’est pas dénuée de charme.

Du village de IWEMBE jusqu’à NDANGUI, il reste seulement une quinzaine de kilomètres, mais qui sont encore plus difficiles. Il est certain, encore une fois, qu’en saison des pluies, cette route doit être infernale ! On va mettre presque 50 minutes pour faire ces 15 km. Route sinueuse, avec beaucoup de montée et descentes, parfois même des pentes fortes, des ravines et surtout, une belle forêt, tout le long.

Le Parc à Bois à Lastourville :





- A la Recherche des Chercheurs d’OR :

• Avec notre guide Olivier, nous nous arrêtons de nouveau au village de NDEKABALANDJI pour rencontrer le chef de canton qui va nous permettre d’aller visiter le village de NDANGUI. On doit rencontrer là-bas, son frère, qui doit nous accueillir. C’est le Chef de Chantier de le Chef de regroupement de NDANGUI.
Nous quittons donc le village, pour faire les 22 km qui nous séparent du village de AKIENI, sur une piste très bien entretenue. Puis les 18 km qui nous séparent du petit village de IWEMBE. Ces 18 km sont mauvais, ainsi que les 15 km qui nous séparent du village de NDANGUI. Il nous faudra presque 2 heures pour atteindre notre destination finale depuis le village de NDEKABALANDJI.
L’arrivée à NDANGUI, se fait par une dernière montée qui nous permet d’apercevoir en contre-bas le début du village. Il s’agit d’un regroupement tout en longueur, de bonne importance, puisqu’il regroupe un millier de personnes environ. Le village doit bien s’étendre sur 5 à 6 km de longueur. Il possède même quelques quartiers. Le premier se nomme « la Chute » à cause d’une petite chute d’eau avoisinante. Le second et le plus important, est ce qu’on pourrait appeler le centre ville : « Venez-Voir ». Le troisième s’appelle « Popa ».
On trouve là, beaucoup de maison traditionnelles en banco. C’est un village typique. Quelques commerces et des débits de boissons. Le travail est pénible et les distractions peu nombreuses.
Arrivée au centre ville, le Chef de Regroupement nous accueille très gentiment. Nous nous asseyons autour d’une table et il va nous expliquer l’histoire de ce village et nous donner un guide pour la visite.



- NDANGUI / l’Histoire et la Légende :

• Les 2 frères sont à l’origine du développement de cette colonie d’exploitation. Très loin en arrière, avant l’indépendance, ils travaillaient pour des prospecteurs d’or à Ndjolé, puis plus proche, à Longo. Ils connaissaient donc le monde de l’OR. Puis un jour, et c’est là que l’histoire rejoint la légende, un songe serait apparu une nuit à un des frères, Ma. Alphonse. Ils vivaient alors du côté de Lastourville et ils allaient souvent chasser dans la région aux alentours.
Ce rêve lui expliquait que s’il allait à une certaine rivière, à plus de 3 jours de marche, il rencontrerait un endroit merveilleux, où la richesse l’attendait. Mais pour cela, il fallait qu’il se laisse guider par le génie du rêve et que lorsqu’il arriverait à cette rivière, il ne touche surtout pas à la grosse pépite d’or qu’il verrait. Ma. Alphonse partit donc en expédition pour plusieurs jours avec son frère Nd. Bernard. Ils marchèrent longtemps dans la forêt, en se laissant guider par le génie qui flottait dans son esprit. Puis ils arrivèrent à une rivière qui était exactement comme dans le rêve. Ma. Alphonse sut alors qu’il était arrivé à l’endroit indiqué par le songe. Il s’arrêtèrent et inspectèrent les environs. Et c’est là qu’il trouva une pépite énorme. Il sut alors qu’il était porté par les génies. La révélation ne s’était pas trompée. Il se rappela son rêve et ne toucha donc pas la pépite. Mais il avait oublié d’en parler à son frère, et Nd. Bernard pris la pépite dans sa main droite qui fut attaquée instantanément par les forces occultes qui protégeaient l’endroit. C’est depuis ce temps-là qu’il garde des malformations à cette main, séquelles d’une faute commise en des temps très lointain.

Après cette découverte, les 2 frères commencèrent à chercher les filons d’or aux alentours. C’est ainsi qu’après cette trouvaille, ils commencèrent l’exploitation de manière artisanale, puis embauchèrent des ouvriers et petit à petit le village grandit. Ceci se passait en 1962. Ce furent les débuts de l’existence de NDANGUI, qui naquit au milieu de la forêt.





- NDANGUI / La Recherche de l’OR et son Exploitation :

• Avant l’exploitation, il y a une phase plus importante, qui est la recherche du filon d’or. C’est une étape fondamentale mais qui est très contraignante car il faut partir en forêt, marcher pendant plusieurs jours, porter la nourriture dont on a besoin, même si on peut chasser un peu, et l’équipement de prospection. C’est une marche sur des kilomètres et des kilomètres, en pleine forêt, pour recenser les ruisseaux et les rivières. Pour cette approche très importante, la découverte d’un filon ne fait appel à aucune loi bien définie, bien précise. on a là un ensemble de paramètres impossible à quantifier qui ont pour nom, l’expérience, le feeling, la chance, le hasard, le savoir-faire.
De ces notions très vagues et immatérielles, on arrive à tomber sur une partie de rivière qui semble propice à la présence de l’or. Le brassage des sédiments et le tamisage, va ensuite faire apparaître des poussières d’or. Ces petits échantillons vont déclencher la fièvre de l’or. Le groupe de pionniers va alors se mettre à chercher et fouiller en amont et sur les côtés, pour trouver les endroits où l’or va se révéler. Puis en poussant trop loin la prospection, on va s’apercevoir que la présence des paillettes d’or va diminuer. On va brasser beaucoup de sédiments pour trouver de moins en moins d’or. A ce moment-là, on sait qu’on est arrivé sur la fin du filon. On va donc rebrousser chemin et commencer l’exploitation un peu en arrière, en allant sur les côtés pour grignoter petit à petit la terre. La mise en valeur de l’or repose sur ces 2 bornes fixées par la rencontre du chercheur et d’un maximum de présence d’or.

Suivant l’interprétation de la quantité d’or trouvée dans ces recherches, l’orpailleur pourra décider que ce filon pourra le faire vivre plus de 10 ans ou non. Dans le premier cas, il commencera la construction d’une maison à côté de son site et va investir une partie de l’argent récolté pour développer son cadre de vie. Il sait que l’argent investi sera largement compensé par par les gains tirés de l’or trouvé. Dans le cas contraire, il va en conclure que le filon n’est pas assez prometteur, et va juste l’exploiter pur quelques mois, le temps d’extraire tout ce qui peut être récolté.

Au bout de ce délai de quelques semaines à quelques mois, il faudra qu’il reprenne le sac à dos pour repartir en prospection, à la recherche d’un autre filon.


- NDANGUI / Les Techniques d’Exploitation :

La Méthode Ancestrale ou Artisanale : Les méthodes ancestrales de recherches de l’or étaient longues et peu productives, mais elles avaient le mérite d ‘être à la dimension de l’échelle humaine. Le chercheur creuse un trou pour en extraire de la terre. Cette terre va être mélangée à de l’eau qu’on va puiser dans la rivière environnante. Il faut donc une source abondante d’eau tout proche. Pas d’eau, pas de prospection, sauf avec d’autres méthodes plus destructrices. La boue récoltée doit être ensuite malaxée au-dessus d’un filtre ou d’un tamis, en général, une plaque de métal percée d’une multitude trous de 1 centimètre de diamètre environ. En pratique ils récupèrent les fûts d’huile de 200 litres, qu’ils découpent en plaques de 80 cm sur 50 environ, et qu’ils percent de trous. Ils vont placer ensuite cette plaque trouée sur une caisse ouverte sur un côté. On place alors la boue au-dessus, qu’un ouvrier malaxe continuellement avec sa pelle. C’est un travail long, pénible, répétitif et harassant. Certainement la partie la plus astreignante de l’exploitation. La boue de plus en plus diluée, tombe sur la partie inférieure de la boîte. L’eau s’évacue par l’ouverture de la paroi et l’or, qui a une densité très largement supérieure, tombe au fond. L’OR a une densité de 19, ce qui veut dire qu’un volume de 1 litre d’or pèse 19 kg. C’est la troisième matière la plus lourde. Elle se dépose donc sur la partie inférieure sans difficulté. Il ne reste ensuite qu’a couper l’eau et récolter ce sable aurifère.

On récolte donc un sable qu’on laisse sédimenter au fond d’une bassine conique, qu’on appelle la « Batée ». On élimine ensuite le plus d’eau possible, en gardant le sable et l’or. Pour terminer on chauffe la batée pour faire évaporer l’eau et l’humidité restante. Quand le mélange est froid, on le dépose délicatement sur une feuille. Commence alors l’opération de « Soufflage ». Procédé rustique qui consiste simplement à souffler très légèrement sur le sable en l’agitant doucement. Le sable, plus léger que l’or, va ainsi être éliminé au bout de plusieurs minutes d’un travail long et minutieux. Restera alors un petit tas jaunâtre : ce sont des paillettes d’or.

Cette méthode artisanale est suffisante pour faire vivre une famille, mais produit entre 3 et 4 gr d’or par jour. Elle est peu productive. Par la suite, à la fin de l’exploitation, le chercheur d’or va laisser un vaste trou de plusieurs mètres de diamètres et de 3 à 4 mètres de profondeur. L’impact sur la nature est réduit.


Les Méthodes Modernes ou Artisanales Améliorées : Dans les techniques d’exploitation plus moderne, toutes les phases depuis le traitement des boues jusqu’à l’obtention de l’or, sont identiques. Seule diffère la méthode de récolte des boues. Aujourd’hui, on attaque la colline avec des jets d’eau de haute pression. On place un tuyau dans une rivière ou dans une vaste zone marécageuse, avec une crépine pour ne prendre que l’eau et éliminer les matières trop grosses. Ensuite, une pompe projette un jet d’eau continue contre la paroi de la cavité, qui va être ainsi rongée petit à petit. De la boue plus ou moins liquide va en sortir et se précipiter par gravité vers le bas de la zone. Un goulet d’étranglement va ensuite diriger cette mélasse vers un système de chenaux et d’aqueducs vers la zone de traitement. Là, le processus d’obtention de l’or est le même. Mais l’étape en amont étant plus productive, et de manière continue, on va ainsi amonceler une masse importante de boue, qui va être traitée continuellement par plusieurs ouvriers.

Cette méthode produit jusqu’à 10 fois plus d’or. On en obtient environ 30 à 40 gr par jour. Bien qu’elle oscille continuellement, la valeur de l’or tourne entre 6 000 à 10 000 F CFA le gramme. La production permet donc à un nombre important d’employés de vivre.

Le filon va ainsi être exploité en 2 à 3 ans. Il va laisser ensuite un vaste trou de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, et de 5, 6 voire 10 mètres de profondeur. Les boues vont s’accumuler dans la partie la plus basse de la vallée et vont sédimenter. A terme, 2 à 3 ans après la fin de l’exploitation, la végétation a commencé à re-coloniser cet espace. Il faudra bien sûr plusieurs années avant que les arbres ne repoussent et prennent le dessus. En période d’exploitation, les boues récoltées en se décantant, libèrent de l’eau qui va être de nouveau ré-utilisée par les moto-pompes. On pourrait qualifier cette production de semi-industrielle ou plutôt « d’artisanale améliorée ». La quantité de gens qui en vivent est relativement raisonnable.



Au retour nous apprenons que notre guide, qui nous a conduit tout le long de notre parcours, s’appelle « Papa Gâteau ». De son vrai Cardinal, il est pâtissier à Lastourville, et vient régulièrement ici, à NDANGUI, pour vendre sa production. Ceci explique qu’à notre passage à Lastourville, nous n’ayons pas pu trouver de brioches. Le pâtissier, seul de sa profession dans cette ville, était ailleurs !












Les CHERCHEURS d’OR de NDANGUI / Jean-Louis ALBERT / Dimanche 26 Juillet 2009.