• Du Campement de BELINGA, jusqu'au village de MAYIBUTH, il y a seulement 15 kilomètres, d'une belle piste étroite et ombragée. A 9 km du départ, il faut prendre une petite piste sur la gauche, qui amène, au bout de 2 km d'une piste en mauvais état et avec des bourbiers, au village du CAMP 6. C'est ici que sont logés, dans ce petit village, les chercheurs d'or. La ville de MAYIBUTH, étant la fin de la piste vers le nord, c'est ce nom qui restera attaché aux chercheurs d'or.

Bien qu'il soit très difficile de reconstituer l'histoire de ce village, car les contradictions sont nombreuses, on sait qu'il est relativement ancien. C'est aux alentours de la fin des années 50 ou au début des années 60, que la fièvre de l'or va amener des chercheurs d'Or dans la région. A cette époque, la seule voie d'accès était le fleuve. On atteignait donc Mayibuth en pirogue, après plusieurs heures de navigation, en partant de Makokou. Puis on construisit la piste (Quand ?) et des chercheurs s'implantèrent dans la région. En particulier, un prospecteur, très dynamique, avait créé plusieurs camps dans les environs. Celui où sont actuellement les chercheurs, étaient le sixième camp qui avait été créé par ces personnes, d'où le nom de CAMP 6. Il semblerait qu'il y ait plusieurs décennies, ce camp ait été très développé, avec de nombreuses constructions, aujourd'hui disparues. Des arbres fruitiers auraient existé dans cette concession. De nos jours, la forêt à repris ses droits, mais il reste sur le chemin, des vieux troncs noyés dans la végétation, dont de jeunes pousses montrent des avocatiers et autres arbres comme des symboles d'une ère de prospérité définitivement révolue.

- La Visite :
Arrivé au village du Camp 6, je me présente tout de suite au chef du village, qui me reçoit très gentiment, et qui accepte de me laisser visiter la concession des chercheurs d'Or. Il est vrai, que l'endroit est loin de toute civilisation, et les touristes sont peu nombreux. Avec mon guide Théo, on suit donc un sentier, pendant plus de 30 minutes, pour déboucher sur une vaste zone, qui est le lit de la petite rivière aurifère qui baigne la zone d'exploitation. L'or est extrait de la rivière et de ses berges. Au passage, le guide me montre les restes d'un canal, creusé il y a 40 ou 50 ans, et qui amenait l'eau vers la zone de prospection. Ce canal existe toujours aujourd'hui, mais il est noyé par des arbustes qui ont poussé dedans.
30 minutes de marche nous amènent vers une zone plane entre 2 collines éloignées. Cette zone où la terre est retournée, est l'endroit où est exploité l'or. Sur plusieurs centaines de mètres, des trous remplis d'eau, comme des trous d'obus en pleine guerre. Ce sont les différentes exploitations. Chacun a son domaine de travail. Ce domaine comprend une étendue de plusieurs dizaines de mètres de long, dans lequel, on creuse. Des ouvriers sont affairés. L'un manie la pelle et charge une brouette, que son équipier va pousser sur un dédale de planche, pour finalement atteindre la zone de lavage. A chaque départ, le brouetter pose un gros cailloux supplémentaire sur la pente, à côté de son lieu de travail : c'est son "boulier" qui lui permet de compter les brouettes. A la fin de la journée, les brouettes charriées sont comptées et la rémunération se calculera en fonction du nombre de trajets. Les trous sont remplis d'eau, et donc c'est sur les flancs du trou qu'est prélevé la terre. Au-dessus de ces trous remplis d'eau, sont placés des planches qui sont maintenues par des grosses branches ancrées dans la terre. Cet ensemble de planches qui serpente sur plus de 30 ou 40 m ressemble à une multitude de chemin d'accès comme les autoroutes dans une grandes métropole. Ce serpent de bois, permet aux ouvriers de courir à vive allure sur le chemin.
La brouette est finalement appuyée contre une planche et on bascule le contenu dans la zone de lavage. Une fois la brouette vidée dans la zone de lavage, un ouvrier malaxe à la pelle la terre qui est noyée sous un puissant jet d'eau. On entend la mot-pompe, qui au loin, ronronne en continue pour injecter de l'eau dans les gros tuyaux. Cette eau, d'un fort débit, arrive sur le dessus de la zone de lavage, par une conduite de 10 centimètre de diamètre environ. L'eau est donc mélangée à la terre, et les gros cailloux restent sur le tamis. La partie la plus légère, coule vers le bas, dans un trou où par décantation, la mixture va se déposer.
Le dernier travail pourra alors commencer. Avec une bassine, appelée Batée, le dernier maillon de la chaîne va remplir sa bassine de sable aurifère, et par circonvolutions lentes, il va petit à petit éliminer le sable et permettre à l'or de se déposer au fond de la batée. Il s'agit d'un travail relativement long et très précis, car une fois la bassine remplie de sable, il faut y mettre un peu d'eau et tourner lentement, pour faire tomber l'or qui est plus lourd, au fond de la bassine, tout en laissant échapper par le bord de la bassine, le sable nu. Mais l'or arrive petit à petit, à force de mouvement répétés, à traverser les couches de sable et à sombrer au fond de la batée. Lors des derniers mouvements, alors qu'il ne reste plus qu'un bol de sable, on voit très nettement des grains d'or jaune transpercer le noir du sable restant.

La quantité d'or récupérée n'est pas très importante, mais elle permet néanmoins, à une famille de vivre très correctement. Chacun évoque avec regret et envie, les temps anciens où la journée de travail permettait de ramener plusieurs centaines de grammes d'or. Aujourd'hui cette zone ne semble plus être très productive. Peut-être 5 à 10 g à la journée ?



























• Les Chercheurs d'Or du Camp 6 / Jean-Louis ALBERT / Mardi 26 avril 2011.


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