- Les BALEINES de MAYUMBA -

- Création de la Page : Août 2008

• Après avoir passé le MASSIF du MAYOMBE, on atteint la ville de MAYUMBA, qui est bâtie sur la lagune de BANIO. Il faut donc prendre un bac pour passer du continent sur la presqu'île où se trouve la ville.






Carte de situation de MAYUMBA :




Carte de visualisation de la zone proche de MAYUMBA :








- Le TRAJET :

FRANCEVILLE -> MAYUMBA : Environ 700 km, 20 à 21 heures de route.

• Ce trajet a été effectué en saison sèche. Il est certain que le tronçon de KOULAMOUTOU à MIMONGO est considérablement plus long en saison des pluies, voire même impraticable.



- La ville de MAYUMBA :

MAYUMBA est bâtie à l'extrémité nord de la lagune de BANIO. Cette lagune, longue de plus de 80 km, s'étend au sud, presque jusqu'à la frontière du CONGO. Au sud de la lagune se trouve le village de NDINDI, qui a donner son nom à la forêt avoisinante.


Environ une vingtaine de kilomètres au sud de MAYUMBA, commence la réserve de NDINDI, qui va s'étendre jusqu'au CONGO, et qui comprend quelques kilomètres à l'intérieur des terres, et la zone maritime qui jouxte la plage.
Le PARC NATIONAL de MAYUMBA a été créé pour préserver la zone de ponte des tortues marines. Il s'agit d'une zone majeure de ponte.
La ville étant de l'autre côté de la lagune, il y a un bac qui permet de passer du continent sur la presqu'île. Il fonctionne environ de 7 h du matin, jusqu'à 17 h le soir. Image typique et inoubliable que cette traversée de la lagune.
A MAYUMBA, à l'époque où nous y étions, on trouvait 3 hôtels principaux : Le SAFARI, le MBEDIA KOUKOU et l’hôtel de l'OCEAN à l'aéroport. Le SAFARI est un très bel hôtel sur la partie continentale. On y accède donc sans passer le bac. Il est près de la MISSION CATHOLIQUE qui était pratiquement inoccupée au moment où nous y étions. Il s'agit d'une magnifique ancienne Mission. Puis, de l'autre côté de la lagune, face à l'Océan Atlantique, on trouve le MBEDIA KOUKOU qui possède des bungalows donnant sur la plage. Superbe hôtel en bordure de la mer.


- Les BALEINES :

La zone maritime proche est parcourue durant la saison sèche, par le courant froid de BENGUELA, qui remonte d'Antarctique. Ce courant qui commence à apparaître vers le mois de mai / juin et qui dure jusqu'en fin septembre environ, sert de lieu d'accouplement aux milliers de baleines qu'on trouve dans ces eaux.
C'est pourquoi dans toute cette zone, mais aussi tout le long de la côte africaine, on rencontre des baleines.
• On trouve principalement des baleines à bosse (Megaptera novaeangliae). On ignore encore exactement pourquoi, mais durant l'hiver austral, ou au début de l'hiver austral, les baleines remontent vers le nord pour s'accoupler ou donner naissance au baleineau. Cette période correspond au milieu de notre printemps dans l'hémisphère nord. Elles suivent vraisemblablement le courant froid qui remonte vers le nord et dont la température est voisine de 20°C. Elles fuient peut-être les orages ou les turbulences de l'hiver en Antarctique. Il se peut aussi qu'il y ait, à cette période, une raréfaction de la nourriture.

Les baleines ont des bébés tous les 2 ans. Curieusement, les baleines viennent accoucher à la saison sèche, dans cette région proche de l'équateur. L'année suivante, les femelles reviennent avec leur baleineau, au même endroit. L'année suivante, elles n'auront plus de bébé, elles seront donc suivies par des hordes de mâles.


- L'Observation des BALEINES :

L'observation des baleines va se faire à partir d'un petit bateau, type ZODIAC, avec 2 moteurs de 50 CV. Il peut contenir 5 à 6 personnes, y compris le pilote. Il doit faire à peu près 6 mètres de long, avec un fond en V, pour gagner en vitesse. Des sièges, genre cheval d'arçon sont prévus, au nombre de 4. C'est très stable. Les gilets de sauvetage doivent être mis impérativement, pour des raisons évidentes de sécurité.

Notre contact, RICHARD du WCS, vient nous chercher à l'Hôtel SAFARI, qui donne sur la lagune. L'équipe du WCS est à MAYUMBA pour l'étude des baleines, durant la période adéquate, bien entendu, et l'étude des tortues, dans le PARC NATIONAL de MAYUMBA, au sud. Leur but : essayer d'identifier les baleines et les tortues, faire des comptages pour évaluer la progression de l'espèce, sensibiliser les populations locales pour empêcher le braconnage, protéger les zones de ponte des tortues …

Le WCS, qui nous a permis de faire cette excursion, n'a pas encore développé cette activité sur le plan commercial. Par contre, Richard, avec son collègue Sud-Africain, a eu la gentillesse de nous faire profiter de son expérience et nous a permis de voir et d'observer les baleines. Grâce à leur parfaite connaissance du milieu marin et des animaux, ils nous ont permis de vivre cette extraordinaire aventure.

La sortie commence par la traversée de la lagune qui isole la ville de MAYUMBA du continent. On suit la lagune sur 4 ou 5 km, pour rejoindre "la PASSE". C'est une zone qui permet à la lagune de pénétrer dans la mer, en traversant la bande de terre, à son endroit le plus étroit et le plus fragile. Elle coupe donc la plage de la presqu'île permet aux eaux de se mélanger.

On a donc la mer qui essaye de pénétrer dans la lagune et les eaux de la lagune qui essayent de sortir vers le large. La confrontation de ces deux mondes, génère un conflit qui se traduit par des séries de vagues déferlantes haute de 1 à 3 mètres, suivant les périodes, les vents, les marées et les conditions météorologiques.



Toute l'adresse du pilote à l'aller est de comptabiliser les séries de vagues déferlantes, qui arrivent généralement par groupe, et de mettre en vitesse le bateau, dès que la dernière vague s'est cassée. La vague déferlante est une muraille d'eau, qui lorsqu'elle arrive dans un endroit de hauts fonds, ne trouve plus assez d'énergie pour continuer à avancer, la base est freinée ou arrêtée par le fond qui est proche, le haut de la vague ne peut plus alors que tomber d'elle même. Il est évident que ce mur d'eau vertical est très impressionnant, à juste titre. S'il est trop haut, la masse d'eau qui peut tomber sur le navire est énorme, et peut éventuellement le briser. Après que la vague se soit cassée, on survole alors des clapotis créés par la chute de l'eau et on accélère alors suffisamment, afin de ne pas être obligé d'affronter la deuxième vague déferlante. On essaye donc de passer cette vague avant qu'elle n'ait le temps de se former complètement.

Une fois en mer, on fonce vers le large. En cette période, on voit fréquemment des points noirs à l'horizon, qui disparaissent rapidement. Il s'agit de baleines qui émergent et plongent dans l'eau. A plusieurs reprises, nous avons rejoint un groupe de baleines, mais elles ont toujours disparues. Arrivés à l'endroit où elles étaient, on coupe le moteur, et on attend. Parmi tous les groupes observés, nous n'avons eu qu'une seule fois, l'occasion de contempler un baleineau d'un an. Jeune, comme tous les jeunes, inconscient du danger potentiel devant l'inconnu, très curieux, il s'est approché de nos bateaux pour nous observer. Il a tourné une fois autour de nous, puis sa mère, qui a pressentie la naïveté de sont petit, a surgi près du bateau tel un monstre, pour intimer l'ordre au jeune, de poursuivre son chemin et de fuir les intrus. Ils ont alors disparus sous l'eau rapidement, On les a revu émerger une centaine de mètres plus loin, et replonger, tout en s'éloignant. Il y avait un petit avec sa mère. Nous n'avons pas voulu troubler et inquiéter la mère. Nous sommes partis plus loin.
Nous avons à plusieurs reprises, observés des jets d'eau et des queues qui plongeaient au loin. Mais nos approches n'ont rien donné. A quatre ou cinq reprises, nous avons vu des baleines sauter hors de l'eau, et retomber dans la mer dans une gerbe d'écume.
C'est un évènement très rare, mais surtout, quasiment impossible à photographier, dans la mesure où il faudrait pointer constamment son appareil vers l'endroit supposé où la baleine pourrait sauter, et déclencher au bon moment. Sur 360°, cela tient du prodige, et les seules photos que j'ai pu faire de cet évènement, tiennent quasiment du miracle, et sont donc de mauvaise qualité.

Puis, après presque 2 heures de navigation, on est tombé sur un groupe de 3 baleines adultes. C'était bien des baleines à bosse, (Megaloptera novaeangliae). Chose extraordinaire, ce groupe a voulu nous observer par curiosité. Habituellement la curiosité est brève. Les baleines s'approchent du bateau, regardent, plongent et disparaissent pour re-apparaître plus loin, en continuant leur chemin. Cette fois-ci, les trois baleines ont commencé à s'approcher de notre bateau. Les trois corps énormes ondulaient à la surface de l'eau, dévoilant l'aileron supérieur qui surgissait de l'eau, suivi par le corps entier. Puis il sombrait dans l'eau, et alors, de manière inattendue, la queue se levait hors de l'eau, et dans un mouvement au ralenti, se courbait et replongeait dans la mer, en laissant l'eau frémir. Quelle beauté ! Puis de nouveau les corps ondulaient à la surface, et se dirigeaient vers nous. A une dizaine de mètres, les baleines plongent et passent sous le bateau. On regarde de l'autre côté et on les voit re-apparaître. Puis elles tournent une par une, quelquefois deux par deux, autour du bateau. Elles décrivent des cercles concentriques. Elles vont continuer ainsi à tournoyer autour de nous, à prendre confiance, à se rapprocher, s'éloigner, puis revenir, re-disparaître, plonger, souffler, respirer bruyamment, expulser l'air et l'eau en écume, puis sortir une tête immense hors de l'eau, en chandelle, rester peut-être 10 secondes la tête hors de l'eau, c'est long, on la regarde, on est tellement médusé qu'on en oublie d'immortaliser l'image par une photo ! C'est extraordinaire. L'oeil nous observe et nous fixe pendant que la tête retombe au ralenti dans l'eau. Elles ont vu. Elles paraissent jouer maintenant avec nous. Mais un jeu dangereux. Leurs queues, de temps en temps, s'envolent en l'air pour retomber dans une gerbe d'écume. Puis elles repassent en groupe à 10 m du bateau.





Leurs respirations puissante expulsent un geyser d'eau qui monte à plusieurs mètres, avec le bruit caractéristique d'un souffle bruyant. Elles vont émettre presque continuellement des sons. En se mettant à l'eau, avec le groupe précédent qui était assez loin, on entendait facilement ces sons de basses fréquences. Puis finalement, au bout de presque 1 heure, voyant qu'elles prenaient trop d'assurance, et qu'elles auraient pu nous retourner le bateau d'un coup de queue, même involontaire, nous remettons les moteurs en marche et nous nous éloignons.

Nous prenons la direction de la terre qui a complètement disparue. Après analyse sur notre GPS, on constate qu'on est à plus de 25 km en haute-mer. Nous mettons plus d'une demi-heure pour arriver à la passe. Cette fois-ci, l'art du pilote va être de s'approcher lentement de la passe, de laisser une vague se former devant nous, puis de se caler derrière en la laissant à la même vitesse. Quasiment en surfant sur le dos de la vague, tout en faisant attention de ne pas se laisser rejoindre par la vague suivante qui est en train de se former derrière nous, le pilote ajuste la vitesse. On devine la vague qui est devant nous et sa hauteur. On découvre par contre le mur d'eau qui en train de se former derrière nous, et qui menace de recouvrir l'embarcation, si la synchronisation n'est pas parfaite. Lorsque la vague devant nous, va se casser, il n'y plus qu'à mettre les gaz pour rentrer dans la lagune en tapotant sur les vaguelettes brouillonnes créées par les interférences entre les ondulations, comme sur de la tôle ondulée.

Le comportement observé par ce groupe de baleines est assez exceptionnel. Habituellement, on a affaire à une curiosité sans témérité, à un coup d'oeil rapide. Ici on a assisté à un festival d’associativité des baleines, qui aurait pu, à la longue, devenir dangereux pour notre petite embarcation, par excès de confiance et d'amabilité. Même sans méchanceté, un coup de queue d'une des baleines, aurait pu soulever sans difficulté notre barque et la retourner.





Pour en SAVOIR PLUS :


• En allant directement sur le site du PARC NATIONAL de MAYUMBA, vous pourrez trouver d'autres informations complémentaires sur les visites possibles à Mayumba, et aux alentours. On peut avoir également un aperçu des animaux qu'on peut observer (Tortues, oiseaux, etc…). Ce site existe en anglais et en français.







MAYUMBA / Jean-Louis ALBERT / Samedi 16 Août 2008.


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