- MIKAKA Préhistoire 4 -

- La Grotte et l'Arche de MIKAKA -


- Création de la Page : Octobre 2013.


• Il ne s’agit pas d’une page sur « La Préhistoire DU GABON » mais bien d’une page sur “la Préhistoire AU Gabon“, qui me permet de présenter des sites où j’ai pu trouver certains objets intéressants qui peuvent mériter notre attention. On ne trouvera donc pas ici une étude exhaustive, ni une introduction à la connaissance de la préhistoire du pays.
• Cette page a pour but simplement de partager certaines observations qui sortent de l’ordinaire et permettre à ceux qui seraient intéressés par la Préhistoire, de trouver ici quelques informations. Elle permet aussi de mettre en lumière cette richesse méconnue du Gabon.
• Entre l'aéroport de Mvengué et le barrage de Poubara, une zone révélant des restes d'habitats préhistoriques avec des charbons de bois s'échelonnant entre -3 000 et -11 000 ans, et des silex taillés.

Pointe de Flèche en Silex Taillé :

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Carte de Situation de MIKAKA :

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Trajet Marche MIKAKA :

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- Le Matériel Photo :

• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK III avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 50D, soit avec l’appareil CANON EOS 5D MK II, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM et 65 mm MP-E F2,8 1-5x.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II

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Bouton Bleu Photos Grotte de Mikaka 470x52


- Le Trajet :
•• FRANCEVILLE ->
Site de MIKAKA : 42 km, soit environ 40 minutes de voiture.

•• Marche sur le site de MIKAKA : Marche de 4 km ou moins suivant les endroits auxquels on accède.


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- Le Site :
• Après avoir pris la piste sur la droite, un peu avant le dernier virage sur la droite, qui conduit à l'aéroport de Mvengué, on doit rouler encore une dizaine de kilomètres sur une piste en très bon état. C'est la piste qui conduit au barrage de Poubara. Lorsqu'on longe la ligne électrique haute tension, on roule sur le site de MIKAKA, du nom de la petite rivière sui passe à proximité. Vers le 3ème pylône, une petite piste plus petite démarre sur la gauche. Elle s'enfonce sur le site.

On est dans une mosaïque de forêts / savanes qui couvre toute la région autour de Franceville, en s'étendant jusqu'à Mounana. La piste descend en pente douce vers le bas de la colline. On est dans une zone où émergent des grès à forte teneur de silice qui seront exploitées par la COMILOG. Cette silice permettra de produire des nodules de minerai à forte teneur de manganèse dans la nouvelle usine de Moanda.

La piste serpente jusqu'au fond de la vallée. En laissant le véhicule près de la zone délimitée pour les fouilles archéologiques, on peut commencer la marche dans la savane. Cette savane est un champ de monolithes de grès dont certains rochers font jusqu'à 2 mètres de hauteur. On longe la forêt qui nous cerne sur tous les côtés. Devant, il y a presque 1 kilomètre avant les premiers arbres. Au milieu de l'herbe, des plaques de plusieurs dizaines de mètres de grès affleurent. Des fissures parsèment la roche, avec par endroit, des trainées de quartz en échelon. A côté, des rochers avec de nombreuses alvéoles de plusieurs centimètres de diamètre, qui trouent la surface. Aussi loin que porte la vue, ce ne sont que des multitudes de rochers qui occupent l'horizon, avant de laisser entrevoir au fond, très loin, les premiers arbres. Au milieu de ces grès, des arbustes. On trouve des
Euphorbes (Euphorbia letestui) dont la présence ici, semble en légère contradiction avec son biotope habituel. Ce sont des arbustes de savane d'altitude, et les derniers que j'avais vus, sont ceux qui poussaient en altitude, à plus de 600m, lors de ma dernière expédition sur l'Inselberg de Minkébé.

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Lors des recherches entreprises par les géologues de différents organismes, de nombreux forages ont été réalisés, dont les carottes, sont les derniers vestiges. On en trouve quelques-unes au hasard de la marche. Lorsqu'on descend vers le fond de la vallée, on se rapproche du site de Mikaka 1, qui correspond à une fouille. Au milieu d'une plaque de grès proche, à moins de 50 mètres, il y a une résurgence d'eau qui sort d'un ancien carottage profond. Cette eau qui semble sortir par miracle d'un puits artésien, est la source d'une rivière qui nait ici. Elle s'écoule lentement vers le bas du site. Il est probable que le trou fait par les chercheurs est profond de plusieurs dizaines de mètres. Il peut même atteindre une centaine de mètres. L'eau qui pénètre dans le sol depuis le sommet de la colline, suinte à travers le sous-sol et se focalise dans cet endroit pour trouver une échappatoire : c'est cette source miraculeuse. En bordure de la forêt, on trouve des Aframomum dont certains plants avec des fruits.
Près de cette rivière, le matin, je vais trouver des empreintes de céphalophe, bien visibles dans le sable.

- La Préhistoire à MIKAKA :
• Dans le sol qui, à de nombreux endroits, a été retourné par des engins, on peut apercevoir des zones sablonneuses ou terreuses, sur lesquelles émergent de nombreux débris. On en trouve aussi au milieu des plaques de grès, aux endroits où l'eau a déposé dans des zones entonnoirs, des débris caillouteux. C'est dans ces emplacements privilégiés que l'on va découvrir des silex taillés. Nous allons en découvrir, avec mes amis géologues, quelques-uns, près des sites de Mikaka 1 et 2. Ces sites, fouillés par des archéologues universitaires gabonais ont permis de mettre à jour des charbons de bois, dont les datations s'échelonnent entre -3 000 et - 11 000 ans. Ces éléments sont des preuves irréfutables, que des populations ont vécu dans le passé sur ces sites. Les datations des charbons de bois permettent de situer dans le temps les différents niveaux, qui à leur tour permettront de situer dans le temps les trouvailles.
Ces sites sont de simples trous de 1m sur 1m environ et de 1,5 m de profondeur. Les parois montrent facilement les différentes couches de niveau. Une zone de 50m sur 50m environ a été délimitée pour des fouilles bien ordonnées. Au moment où j'écris ces lignes, elles ont à peine commencées.

Vers le site de Mikaka 2, il sera trouvé une magnifique pointe de flèche en silex taillé. Un silex de 45 à 50 mm environ avec une hampe qui permet de la fixer plus facilement sur une flèche en bois. Superbe objet. Ceci pose plusieurs questions : on ne trouve par ici que des grès, ce qui veut dire que la carrière de silex est quelque part aux alentours. Mais où ? Des questions et des recherches passionnantes sont donc possibles.

Il est clair que toute cette aire qui va des Plateaux Batéké jusqu'à Mounana, comporte de nombreux espaces de présence humaine préhistorique.




- La Grotte de MIKAKA :

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• J'avais obtenu de par mon ami Richard, les coordonnées d'une grotte proche de ce site. Nous avions donc un point GPS d'arrivée, une piste à suivre, puis une marche en forêt sur un cap donné. Je vais donc essayer de la trouver. Avec des amis, on va se rapprocher par la piste, au plus près du point GPS. On tourne en voiture tout de suite sur la gauche après avoir quitté la piste principale qui va au barrage de Poubara. On la suit sur presque 800m. On laisse la voiture au bout de la piste praticable, en lisière de forêt. Puis on tombe sur une zone détritique qu'on exploitera plus tard. Je l'ai dénommée Mikaka 6. On se trouve un peu plus loin que celle dénommée Mikaka 4 par les archéologues.

On va donc rentrer en forêt au plus près du point présumé de la grotte, à 250 m environ. Au début il s'agit d'une forêt claire, où on voit facilement à plusieurs dizaines de mètres. Puis le cheminement grimpe insensiblement. On est sur le versant incliné de la colline. Puis on se trouve petit à petit en altitude, où on peut voir en plongée, les arbres en contre-bas. Surplomber les arbres, veut dire qu'on a plus de lumière, car la cime des arbres est plus proche. Ce phénomène nous entraîne inexorablement vers des zones à
marantacées. Plantes de plus de 3 à 4 mètres de hauteur, qui nous surplombent en retombant comme une voûte, au-dessus de nous. A partir de ce moment, la progression va se ralentir fortement. La forêt à fait place à un mur végétal qui nous oblige à nous relayer pour progresser à la machette. On avance lentement. Très lentement. Après plus de 2 heures de marche, on est à peine à 60 ou 70 mètres de la grotte. On a progressé très lentement, mais on pense arriver bientôt à destination. Malheureusement, l'avance est pleine d'embûches. Ces grandes feuilles de marantacées, probablement des Megaphrynium sp, cachent des longues tiges fines et flexibles avec de gros crochets qui s'agrippent aux vêtements et à la chair. Probablement ces cirres appartiennent à des excroissances de feuilles d'Ancistrophyllum secundiflorum, qu'on devine à quelques mètres. De ces palmiers caractéristiques on tire de leur coeur, le plat traditionnel qu'on appelle "asperge". Parmi les plantes, on voit aussi des arbres à longues épines.
Les grosses épines, s'accrochent aux manches des chemises. On enjambe les grosses branches et lianes qui sont près du sol. Puis ce sont des tiges filiformes avec de minuscules épines qui elles, déchirent les chairs. Devant, à la machette, Olivier, puis Patrick ouvrent le chemin. Derrière, bien que plus facile, la marche laisse des traces indélébiles sur les parties dévêtues. J'en ressortirai avec les bras en sang, comme mes amis. Le GPS indique que nous sommes seulement à 50m de l'entrée de la grotte. Malheureusement nous sommes au sommet d'une falaise et en évoluant autour de notre point, nous stagnons. Au bord du précipice, les dernières grandes tiges coupées montrent la pente vertigineuse. Il est impossible de progresser. On est au sommet d'un vide de plusieurs mètres.
On décide donc de rebrousser chemin. Nous empruntons le même chemin, qui est plus rapide au retour qu'à l'aller, dans la mesure, où nous n'avons plus à nous frayer un chemin à la machette.

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Arrivé à notre point de départ, dans la savane, on décide, de passer par la droite de la forêt, un endroit qui est plus bas sur le flanc de la colline. On espère, en étant au creux de la vallée, de ne plus se trouver au sommet de la falaise abritant la grotte. Le chemin que nous empruntons, est encore plus facile. La forêt est plus claire au début et la progression est très facile. On glisse lentement vers le bas de la colline. Au passage on voit des feces d'éléphant qui semblent vieilles de plusieurs semaines. Nous sommes étonnés de voir des éléphants ou plutôt des traces d'éléphants, dans un endroit aussi proche de Franceville. Cette ville est à moins de 15 km à vol d'oiseau de notre position, et les lieux ne sont pas inoccupés. Sur le sentier en pente on croise sur le sol des petits fruits d'un arbre de la famille des Myristicaceae, Niové (Staudtia gabonensis). En descendant le long du flanc de la colline nous atteignons une rivière assez large, qui serpente entre des rochers. Nous allons la remonter en espérant nous rapprocher de la grotte. Nous plongeons nos pieds dans l'eau et commençons notre marche. la profondeur n'est pas très importante. Au plus profond, l'eau ne dépasse à aucun moment le genou. Sur une plaque rocheuse, nous découvrons sur le bord, des fruits reconnaissables dont la section est en forme de croix. Il s'agit d'un arbre de la sous-famille des Mimosoideae Nkouarsa (Tetrapleura tetraptera). Au début, la grotte apparaissait à moins de 300 mètres de notre position. Notre marche nous rapproche pendant quelques temps de notre but. Mais la chance ne dure pas et après être passé par un point de proximité de l'entrée de la falaise, nous nous en éloignons ensuite imperceptiblement. Nous revenons un peu en arrière, mais la voie pour aller dans la bonne direction ne nous semble pas évidente, tant la végétation est épaisse en dehors de la rivière. Finalement, malgré la beauté de cette rivière et avoir sauté de rochers en rochers et de plaques en plaques, nous décidons de rebrousser chemin, et de nous retrouver à nouveau, à notre point de départ.

Ça fait maintenant plus de 4 heures que nous marchons et après avoir louvoyé autour de ce point de focalisation, l'entrée de la grotte, il faut se rendre à l'évidence, le chemin est difficile. En revenant sur la piste qui est envahie par les herbes, nous passons par cet espace détritique que nous décidons d'explorer. Sur le sol, au milieu de la savane, des milliers de petits cailloux et éclats de silex sont amassés, vraisemblablement entraînés par les pluies précédentes et amalgamés dans ce point bas. En le fouillant nous allons trouver une pointe de flèche en silex de 44 mm de longueur avec une hampe de fixation. Puis un peu plus tard une autre pointe taillée dans du quartz. Cette pointe est donc blanche. Après être resté plus d'une demi-heure sur cet espace, pour une prospection, nous décidons de repartir.
C'est à ce moment-là que nous voyons passer un villageois, qui nous explique que la façon la plus pratique d'atteindre l'entrée de la grotte, est de passer par la piste principale. En reprenant la voiture, nous prenons la piste principale en direction de Mvengué. Après quelques centaines de mètres, nous obliquons sur la droite, par une petite piste qui suit la ligne électrique. Après 500 m environ, nous renouons avec la marche. Le sentier est cette fois, beaucoup plus facile à suivre. Après avoir marché sur une centaine de mètres, nous descendons sur le flanc de la colline, mais cette fois, à l'opposé de nos premiers essais. Au bout de cette marche, nous atteignons le pied la falaise, et l'entrée de la grotte.

Celle-ci est blottie à la base de la falaise. Des rochers sont parsemés sur le sol. La cavité principale est une immense salle de plus de 5 mètres de hauteur par endroit et qui monte en pente assez raide sur une trentaine de mètres. Au bout de cette cavité on aperçoit une ouverture qui est une seconde entrée, plus haut sur la falaise. A notre arrivée, des chauves-souris s'envolent. Elles ne sont pas très nombreuses. L'odeur caractéristique d'urine et de feces de chiroptères est faible, bien que présente. Le plus intéressant dans cette grotte, est incontestablement la présence de cette rivière souterraine dont l'eau qui descend de la partie haute de la grotte, s'éloigne vers le bas. Cette eau est claire. Entre les rochers on voit le sol qui est assez dense et qui est recouvert d'une pellicule de guano de chauves-souris. Cette grotte est peut-être un "Site Sacré".


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- L'ARCHE de MIKAKA :
• L'information m'avait été donnée par Richard et son équipe, qui avaient exploré la zone, aux débuts de leurs recherches. En quittant la zone de fouilles archéologiques près de Mikaka 2, on part en direction de la forêt de l'autre côté de la savane, sur la gauche. On passe sur des plaques de grès de plus de 10 mètres de longueur où on trouvent de nombreuses orchidées qui poussent dans les interstices. Pas de fleurs sur ces plantes. Puis on croise de nouveau des euphorbes (Euphorbia letestui). En continuant notre marche de rocher en rocher, nous arrivons en lisière de la forêt près d'un arbre à fleurs blanches de la famille des Caesalpinioideae, Berlinia sp. Probablement un Berlinia confusa, dont les branches comprennent 3 paires de feuilles, de grandes gousses avec 6 ou 7 graines, et des fleurs blanches. Mais je ne peux pas confirmer cette identification.
C'est à côté de cette arbre que nous découvrons enfin l'ARCHE de MIKAKA. Depuis le haut des rochers, on saute en contre-bas sur un effondrement à droite. A 1,5m en bas du chemin, nous voyons enfin cette arche. Le layon de rochers nous amène au bas de l'arche, qui maintenant nous surplombe sur plus de 2,5 mètre de hauteur. Nous sommes sous la voûte qui fait une dizaine de mètres de longueur, et plus de 10 mètres de largeur. De part et d'autre, à droite comme à gauche, on aperçoit des cavités qui continuent, au milieu des rochers, présent partout. Sur le devant, c'est la lumière du jour avec des arbustes au milieu. En traversant l'arche, on débouche sur un vaste cirque de plus de 30 à 40 mètres de diamètre. Cette arène dont les murs font plus de 5 mètres de hauteur, nous montre tout autour, la présence de cavités et de salles sombres. Ces falaises abritent donc des mini-grottes à leur base. Au milieu, des arbustes occupent cet hémicycle. Lorsqu'on fait le tour sur 360°, on comprend que cette cuvette résulte d'un effondrement d'une immense salle qui a existé par le passé. Peut-être plusieurs centaines ou milliers d'années séparent la chute de la voûte supérieure de la grotte, du bassin que nous voyons aujourd'hui. Entre-temps, la végétation a occupé les espaces entre les rochers. En sortant de cette dépression, et en revenant au-dessus de l'Arche, on peut concevoir sans peine les bouleversements géologiques qui ont conduit à la formation de cet affaissement, comme si une pelle géante avait creusé sans difficulté une piscine circulaire. Richard et moi-même, assis sur un gros rocher au-dessous de l'arche, avons décidé de la baptiser et de lui donner tout simplement le nom "d'Arche de Mikaka".



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MIKAKA Préhistoire 4 / Jean-Louis ALBERT / Octobre 2013.


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