- La Descente de la Rivière DJI-DJI -



- Création de la Page : Octobre 2018.

• Une expédition de 9 jours en immersion totale au milieu de la forêt du parc de l'Ivindo avec la Descente de la Rivière Dji-Dji en pirogue pendant 4 jours, sans possibilité de retour, puis une marche de 16 km pour rejoindre les chutes grandioses de la Dji-Dji et enfin 26 kilomètres de marche aller / retour pour atteindre le Baï de Langoué et revenir au point de départ de la marche.
Une folle équipée déconnectée de tout lien avec l'extérieur, en autonomie totale, en portant toute notre structure nécessaire à la survie et au milieu des agressions continuelles des mouches Tsé-Tsé, des Taons, des Abeilles, des Fourmis Magnans et autres joyeusetés de la forêt : un moment de pur bonheur et de contact avec la Nature et son milieu à la fois hostile et tellement enrichissant spirituellement !

Remerciements : Je remercie tout particulièrement Joseph OKOUYI, Secrétaire Exécutif Adjoint de l'ANPN (Agence Nationale des Parcs Nationaux du GABON) pour son aide et sa disponibilité dans la préparation et l'exécution de cette expédition.

Passage Difficile de Rapides sur la Rivière DJI-DJI :

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Passage d'un Bras de la Rivière DJI-DJI par Jean-Lou et le Guide :

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Carte de Situation de la Descente de la DJI-DJI :




Carte de la Progression de la Descente des Chutes de la DJI-DJI :








- Le Matériel Photo :

• Toutes les photos ont été réalisées avec le matériel suivant :
---- Appareil CANON EOS 5D MK III avec zoom CANON 28/300 mm F3,5-5,6L IS USM ou zoom CANON 24/70 mm F2,8 L II USM.
---- Les macros ont été faites soit avec un appareil CANON EOS 5D MK III, avec les objectifs CANON 100 mm F4 IS Macro USM.
---- Flash CANON Speedlite 580 EX II.
---- Certaines photos ont pu être prises soit avec un appareil compact SONY RX 100 Mark I4, soit avec un appareil compact étanche OLYMPUS TOUGH NG-4.
---- Les videos ont été prises avec les mêmes appareils ainsi qu'avec une caméra GoPro HERO 5 Black Edition, ainsi qu'avec un stabilisateur GoPro KARMA GRIP.

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Bouton Bleu Photo Descente de la DJI-DJI 524x52a

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Bouton Bleu Photo Baï de LANGOUÉ 3 524x52a

Bouton Bleu Video Descente de la DJI-DJI 524x52a









- Le Trajet JOUR 1 :

•• LIBREVILLE -> NDJOLÉ -> BOOUÉ : 436 km, soit environ 9h de conduite sur une route goudronnée en totalité, mais avec toujours le tronçon Libreville (PK5 - PK12) / NToum / KANGO qui est catastrophique.

A Booué, on nous attend pour prendre un pick-up double cabine qui va nous amener à Makokou après 3h 30 de route.

•• 
BOOUÉ -> MAKOKOU : 180 kilomètres de piste non goudronnée en fin 2018. Même la route goudronnée que nous prenons à Koumameyong, s'arrêtera à OVAN, puis c'est 100 kilomètres environ de piste. Nous arriverons vers 22h 00 à notre lieu de destination.

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BOOUÉ -> Koumameyong : 45 km de piste pas très bonne et glissante en temps de pluie. Environ 1h30' de conduite surtout avec la nuit, avec une conduite prudente et sans excès de vitesse. De jour on a mis 15 minutes de moins.
• Koumameyong -> Ovan : 44 km de route goudronnée en excellent état. 45 minutes de conduite la nuit, avec une conduite prudente.
• Ovan ->
MAKOKOU : 100 km de piste en état dégradé, 1h 45' de nuit pour la conduite.

- Vers BOOUÉ puis MAKOKOU -

- JOUR 1 :

- La Route vers MAKOKOU :
• En 2018, la route est entièrement goudronnée depuis Libreville jusqu'à Koumameyong, depuis que les chinois ont finalisé cette route, il y a 2 ou 3 ans. Les tronçons PK5 - PK12 devait être fini en 2016, puis 2017 et enfin tous les trimestres de 2018 on annonce sa mise en service. En attendant, le feuilleton continue au moment où je parle, c'est-à-dire en octobre 2018 et c'est le “Far-West“ en utilisant le tronçon qui va vers NToum à 40 kilomètres environ. Des voitures qui roulent à droite et ou à gauche sur l'une ou l'autre ou les deux doubles voies, des véhicules qui alternent avec la double voie de droite puis brusquement prennent la double voie de gauche, ou vice-versa, en un mot une incompréhension totale et le chaos total pour un visiteur qui prendrait par hasard cette route.

Il est probable que dans le futur, dans 1, 2, 5 ou 10 ans, quand on relira ces notes, on aura enfin une route goudronnée sans trous, sans bourbier et peut-être sans confusion. Peut-être que cette route indispensable à la liaison avec tout le reste du pays sera enfin à disposition des gabonais. Peut-être que lorsqu'on relira ces notes, on parlera de la préhistoire …, mais en attendant …

C'est Philippe qui conduit sa voiture NISSAN PATROL équipé avec tente sur le toit et tout l'arsenal pour une conduite et un séjour hors piste. Nous partirons vers 07h30 de LIbreville, le vendredi matin 21 septembre 2018 et roulerons pendant 9h environ pour atteindre notre destination : Booué, sur le bord de l'Ogooué. Au passage on peut noter que nous passerons 11 barrages sur 400 km, soit 1 barre tous les 40 kilomètres environ. Certains se passeront bien (nous sommes en règle) mais en particulier au village de NZAME à 10 km avant Booué, on tombera sur un gendarme qui avait du temps à tuer et qui nous bloquera pendant presque 30 minutes pour avoir un “Document de Tourisme“, puis le permis français, puis en recherchant toute infraction qui n'existe pas mais qui permet de nous culpabiliser et de nous obliger à rester sur place. Du temps perdu pour rien, alors qu'on sait qu'on n'a pas encore atteint Booué et que nous devons être ce soir à Makokou. Il faut environ 1h15 de conduite avec 15 minutes perdus à un contrôle de gendarmerie particulièrement “
rugueux“.
Arrivé à Booué, nous allons laisser notre véhicule à la villa de la responsable de l'ANPN. Nous transférons notre matériel dans le nouveau véhicule. Sachant qu'on va faire de la pirogue pendant plusieurs jours, on réparti notre nourriture et nos bouteilles d'eau pour le voyage et en particulier nous allons laisser la nourriture, l'eau et une partie de mon matériel photo (mon objectif CANON Zoom 100 / 400 mm, et mon appareil photo CANON EOS 80 D à petit capteur, qui me permettra de faire des photos avec un coefficient de multiplication de 1,6, ce qui transformera mon 100/400 en 160/640 mm !) dans un sac. Ce sac devra nous être porté et remis avant notre marche sur le Baï de LANGOUÉ, avec la nourriture. Ça nous évitera de porter ce superflu durant la future marche vers les chutes. Marche de 5 heures sur le papier !

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- MAKOKOU :
Le chauffeur va nous conduire en pick-up Toyota double cabine jusqu'à MAKOKOU, après 3h 30 de route, ou plutôt de piste. 3 autres barrages de contrôle et 180 kilomètres plus tard, nous atteindrons en pleine nuit, la ville de destination : Makokou. MAKOKOU, patrie des Fang vers l'ouest de la ville au début, Kota, Kwélé et Makina et qui en langue Makina veut dire le Caillou. On imagine très bien, à la fin du XIX ème siècle, que les premiers européens qui ont pénétré à l'intérieur du Gabon, ont voulu donner un nom à cet endroit perdu au nord-est du pays. Pour les Makina, cet endroit s'appelait le “Caillou“ dont la prononciation en langue locale pouvait se prononcer “m'rkrou“ et qui par déformation et retranscription phonétique, va devenir Makokou, par les premiers explorateurs français. Cela fait partie de l'histoire toujours étrange et passionnante des toponymes.

- Le Centre d'IPASSA :
Ce soir-là, vers 10h30, on arrive enfin à destination, la base de l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale) qui fait partie du CENAREST (Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique). Le CENAREST, qui est un organisme public de recherches gabonaise, a été créé en 1976 et regroupe 5 entités : l'IPHAMETRA (Institut de Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle), l'IRAF (Institut de Recherches Agronomique et Forestière), l'IRET (Institut de Recherches en Ecologie Tropicale), l'IRSH (Institut de Recherches en Sciences Humaines et l'IRT (Institut de Recherches Technologiques). Ce centre de recherches se trouve dans la station d'IPASSA, vaste Réserve de la biosphère au sud-ouest de Makokou, située sur le plateau qui porte le même nom. Il a été bâti sur les bases de la MBG (Mission Biologique du Gabon, inaugurée en 1963).
Ce campement, dans lequel nous arrivons, est au bout d'une piste, difficile à prendre en pleine saison des pluies, et constitue un havre de paix au milieu de la forêt et sur le bord de la rivière Ivindo. C'est un vaste espace de presque 500 m de large qui descend en pente douce vers le fleuve. Des petites habitations en dur de 2 ou 2 chambres, dans lesquelles les chercheurs cohabitent. Une zone commune avec une cuisine et un réfectoire, lieu de convivialité. Plus bas un débarcadère. C'est à partir de ce débarcadère que nous sommes partis en 2013, pour faire notre expédition vers les inselbergs de Minkébé, que nous avions atteints après 78 jours de pirogue et 75 kilomètres de marche à pied en pleine forêt.
C'est donc dans ce vivier de chercheurs que nous cherchons le responsable, qui nous a attribué 2 chambres de 2 lits. A 11h du soir, il n'y avait plus d'eau. Le surpresseur était arrêté par manque d'eau, et la pompe de remplissage qui puise l'eau dans l'Ivindo, ne sera allumée que le matin, vers 7h 15.
On prépare rapidement à manger, puis on va vers nos 2 chambres respectives où nous dormons tout de suite, avec un climatiseur qui fonctionne. Nuit de récupération après 13 heures route et de piste.

Le Centre IPASSA à MAKOKOU :

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Nous sommes 4 amis partis pour cette expédition : Moi-même, Stéphane Brusson et Philippe Cornet. Tous les 3 on a déjà fait ensemble des expéditions (en particulier la marche vers les inselbergs de Minkébé en 2013), puis le Parc de Loango. Avec Stéphane on a été au Village Pygmée de Bitouga (près de Minvoul), voir les grottes près de Mékambo, au village de Zoula et plusieurs autres randonnées. Puis s'est ajouté Philippe Krasi, de passage.
Le matin, après le déjeuner, on retrouve Roger KOWE, avec qui j'ai fait plusieurs excursions déjà, dans le passé. J'ai fait appel à lui, car il connait parfaitement la forêt. Il a travaillé pour l'IRET, et quand cet organisme a fermé, il s'est retrouvé sans beaucoup de travail. Il connait parfaitement la région et j'avais fait avec lui, entre autre, une mission pour capturer des chauve-souris dans les monts et Grottes de Belinga. La journée va commencer par la chaussure de Philippe K qui vient de se décoller. On va donc aller au marché, pour la faire réparer par un cordonnier. Si on a quitté le cap d'Ipassa, nous ne sortirons de Makokou que vers 10h15, après notre arrêt pour réparation. Nous prenons la piste d'Okondja.
Après 40 km de piste relativement bonne, on arrive au village de EKOBAKOBA, C'est à la sortie de ce village que notre chauffeur s'arrête au niveau du carrefour, pour donner les derniers appels téléphoniques. Sur la droite, part la piste qui va vers le débarcadère, et à cet endroit, c'est le dernier point où on a encore du réseau. Après, c'est le noir complet, jusqu'à Booué. Plus de couverture réseau.

Trajet Piste Jour 1 :
•• LIBREVILLE -> Booué : 436 km, 9h de piste environ.
•• Booué -> MAKOKOU : 180 km de piste environ dont 45 km de goudron, environ 1h de piste.


- Vers le Débarcadère de WINERPARC -

- JOUR 2 :

- WINERPARC :
Nous faisons les 69 km de piste qui nous séparent du débarcadère en un peu plus d'une heure. De Makokou, le trajet nous prendra plus de 2h pour 112 kilomètres de piste. Cette piste, a été ouverte par des forestiers chinois (de la société Winer-ParK) qui exploitaient des concessions au bout. C'est cette société chinoise qui a tout créé, puis a été rachetée par une autre société chinoise du nom de KHLL, qui exploite aujourd'hui le bois. Celle-ci a une grande usine de transformation pour produire des planches directement sur site, sur le lieu de coupe. Nous passons cette immense usine, une quarantaine de kilomètres après le carrefour, soit à environ 82 kilomètres de Makokou. Un peu après, nous apercevons un Céphalophe qui à priori devrait être un
Céphalophe Bai (Cephalophus dorsalis) qui détale rapidement à notre passage, pour se réfugier dans la forêt toute proche. Image fugace de la fuite de cet animal. Puis un peu plus loin sur la piste, notre gauche, on entend à notre passage un cri rauque de gorille. On ralentit et on s'arrête mais on ne le voit pas. Lui doit peut-être nous voir, ou alors il a détalé. Ce cri d'intimidation est bien caractéristique d'un Gorille des Plaines de l'Ouest mâle qu'on trouve dans les forêts et plaines du Gabon : Gorilla gorilla gorilla. Quelques kilomètres plus loin, on s'arrête pour voir des singes sauter de branches en branches. Impossible de les identifier. Roger me dit que ce sont des Colobus. Pourquoi pas ? Les arbres gigantesques jalonnent la piste jusqu'à la fin. Hier et dans la nuit, il y a eu un gros orage et aujourd'hui, ça se voit amplement : la piste est humide, voire même très humide, à la limite du bourbier dans certains endroits.
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Finalement, après 112 kilomètres de piste, nous arrivons sur une esplanade de 100 mètres de large environ, avec un immense pont en bois sur une rivière : c'est le débarcadère de Winerparc et c'est de là que va commencer notre expédition. Cette zone déboisée forme un petit espace guère plus grand qu'un terrain de football, sur laquelle est construit sur la droite, un large bungalow qui est la base vie avec la chambre. En prolongement, à une dizaine de mètres, il y a un abri sur pilotis qui est la zone de convivialité. Dans cette base, 3 personnes y vivent en permanence. Le pont a été construit avec des troncs de presque 1 mètre de diamètre qui sont empilés en quinconce l'un sur l'autre, au bord de la rivière. Sur le dessus, un tablier de pont de troncs mis en longueur sur lequel les véhicule peuvent rouler. Une barrière ferme la piste qui continue, afin de protéger définitivement la forêt qui baigne la zone tampon du parc de l'IVINDO. En nous arrêtant, on fait connaissance avec l'équipe de l'ANPN qui contrôle et protège le parc. On va être accompagné par Guy-Roger KOUBAPE, Jacques BOUINDO et enfin Rodrigue MADAMBI, notre piroguier, et avec qui j'ai eu la chance de faire plusieurs expéditions, en particulier des randonnées aux chutes de KONGOU à plusieurs reprises et surtout l'expédition en pirogue et plusieurs jours de marche, pour grimper sur le “Gros Caillou“, le gros inselberg dans le Parc de MINKÉBÉ. Se joint Roger KOWE qui est venu avec nous depuis Makokou. Nos quatre guides et piroguiers constituent notre équipe accompagnatrice et nous allons démarrer notre expédition à 8, au total.



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Bibliographie : Je conseille entre autre, l'excellent ouvrage sur le Parc Ivindo et Mwagna qui aborde toute l'histoire, la géologie, la faune, la flore et le peuplement de cette région. Cet ouvrage de Jean-Pierre Vande Weghe : IVINDO et MWAGNA (Eaux noires, forêts vierges et baïs) peut être acheté à la Maison de la Presse, en face de l'Hôtel Méridien à Libreville. Il constitue avec la série qu'il a fait sur tous les parcs du Gabon, un incontournable à posséder absolument pour tous les amoureux de la nature et du Gabon.


- La Descente de la DJI-DJI / 1 -

- JOUR 2 :

Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 2 :




• Nous découvrons en arrivant à Winerparc, la fameuse rivière DJI-DJI, que nous allons descendre. Sous le pont fait en grumes de bois, passe doucement une rivière, la DJI-DJI, dont la largeur ne doit pas dépasser les 20 mètres, en aval du pont. Les berges sont couvertes de végétation, et on devine tout de suite que ce ne sera pas une partie de plaisir pour descendre cette rivière, dont à peine à apercevoir ce qui se passe au-delà d'une centaine de mètres.
La première journée,
(JOUR 1), a consisté à faire la route goudronnée jusqu'à Koumameyong, prendre la piste jusqu'à BOOUÉ pour changer de véhicule et laisser le notre à l'abri, puis refaire la piste jusqu'à la route goudronnée qu'on suivra jusqu'à OVAN, et terminer enfin jusqu'à la Base IPASSA de Makokou pour dormir.
La deuxième journée,
(JOUR 2), va commencer par 2 heures de piste pour atteindre Winerparc, faire connaissance avec notre équipe accompagnatrice, et commencer la descente proprement dite. Après avoir réparti tous nos bagages dans nos sacs à dos respectifs, on sait que la pirogue va nous aider pendant les 4 à 5 premiers jours. En effet, on peut mettre les packs de bouteilles d'eau et la nourriture dans des grands sacs qui resteront dans la pirogue, et dans lesquels nous piocheront au fur et à mesure de nos besoins.
On fait un rapide briefing pour coordonner nos informations, celles que nous avons eu à Libreville avant l'organisation, celles que nous avons estimées sur les cartes et enfin, celles correspondant à une vision plus proche de la réalité qui nous est donné par les personnes de notre équipe qui ont déjà fait une partie du parcours, il y a plus de 1 an. Dans nos prévisions, il s'agit de passer les premiers rapides qui sont à environ 1,5 km en aval de notre point de départ. Une pirogue en aluminium nous attend, et comme elle est petite, de l'ordre de 3m de long, Philippe C et Stéphane vont l'emprunter avec Guy-Roger et Rodrigue. Elle sera poussée avec la pagaie et ils vont descendre tranquillement au fil de l'eau, lentement mais surement, avec tout notre équipement. Moi-même avec Philippe K, ainsi que Roger et Jacques, nous allons marcher le long de la berge gauche, pour retrouver la pirogue en aval. C'est ainsi qu'après 30 à 40 minutes de marche, nous nous retrouvons tous en aval des rapides 1. Nous passons de l'autre côté de la rivière avec la pirogue en alu pour rejoindre le reste de l'équipe et ensuite, une petite mise en jambe de quelques minutes, nous amène à un endroit où un espace de vie a été construit dans le passé. Un endroit sommaire, avec seulement un reste de feu et quelques bâton plantés qui sont l'esquisse d'un support de bâche pour la pluie. Au bord de la rivière, nous trouvons enfin la pirogue en bois, qui a été taillée en Okoumé, il y a déjà plusieurs mois, et qui nous attends.
C'est une pirogue de 10 mètres environ de longueur et qui peut nous accueillir tous les 8, avec nos bagages protégés dans une bâche pour les isoler de l'eau qui immanquablement rentrera dans la pirogue, le moteur de 15 CV, les réserves d'essence, l'huile moteur, la tronçonneuse et enfin les 4 planches mises en travers et qui vont nous servir de siège pendant toute la descente.

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Au départ, quel est l'intérêt de faire cette descente de la Dji-Dji ? Pour nous, il n'y a pas l'ombre d'une hésitation : le plaisir d'être en dehors de toute civilisation, de marcher et de dormir en forêt, d'être en contact avec la faune et la flore locale, les rencontres animales inattendues, en un mot le contact et l'immersion totale dans ce milieu étrange, mystérieux, captivant, voire même inquiétant, mais ô combien extraordinaire et envoûtant sont des motivations et des raisons qui nous poussent, mes amis et moi, à rechercher systématiquement de nous sortir du milieu urbain et de sa facilité.
Dans cette expédition, la rivière est un excellent moyen de faire une vision animale hors des sentiers battus. En particulier, en saison sèche ou en fin de saison sèche, alors que le niveau de l'eau est particulièrement bas, il est possible de voir des animaux dans la rivière, dans ce milieu qui n'est pratiquement jamais troublé par l'homme. Cette rivière est en dehors de tout circuit habituel, et jusqu'à une époque récente, seul quelques forestiers s'aventuraient par ici, ou quelques braconniers, qui profitaient de la piste ouverte par les forestiers chinois, pour se glisser dans leurs traces et tuaient illégalement du gibier, même dans la zone protégée du parc. La fermeture de la piste que nous avons emprunté, a signé la mort ou plutôt la forte diminution du braconnage et de la pêche illégale.
Dans les zones tampons qui avoisinent les parcs, seuls les villageois qui étaient depuis des temps immémoriaux implantés dans ces parties reculées, avaient le droit de pêcher et chasser pour leur subsistance. Aujourd'hui, les regroupements ont eu raisons de ces villages, qui disparaissent petit à petit. Quasiment plus personne ne vit isolé du monde. Il ne devrait donc plus y avoir de gens pour détruire la faune et la flore. C'est dans ce milieu que nous allons nous plonger aujourd'hui. L'idéal, pour avoir une meilleure vision de la faune, est de faire ce périple en saison sèche. Malheureusement en juillet et août, le niveau de l'eau est tellement bas, qu'il est quasiment impossible de passer en pirogue. C'est pourquoi, nous avons attendu un peu, et préparé cette expédition, pour la deuxième quinzaine de septembre. Aujourd'hui, samedi 22 septembre, nous allons commencer notre descente de la rivière, avec peu d'eau.

- La Descente en Pirogue de la DJI-DJI :
Il est environ 14h30, ce jour, quand nous prenons place dans la pirogue. Il reste encore un peu de temps avant la tombée de la nuit, nous pouvons donc commencer à nous déplacer un peu. Très vite, c'est-à-dire à environ 150 à 200m, les premiers ennuis commencent. Tous les 50 à 100m environ, avec le temps des arbres ont été déracinés et commencent à se dessécher, à pourrir et au final, à barrer complètement le passage. Certains ne sont que des troncs morts avec les branches inexistantes, et nous permettent de passer sur le côté. On ralentit, la pirogue est parfaitement maîtrisée avec Rodrigue qui est à la manoeuvre avec le moteur à l'arrière, et devant, à la proue de la pirogue, Jacques, sert de vigie, d'informateur sur les dangers, les arbres, les risques, la façon de les aborder, et aussi de gouvernail. Avec sa pagaie, il est continuellement à la tâche, pagaie dans l'eau à droite, pour dévier l'avant de la pirogue vers le côté droit, ou en prenant appuie sur le tronc lui-même au passage à sa hauteur.

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-Les Arbres Morts :
Un arbre qu'on passe à droite, le suivant 60 m plus tard, qu'on passe en s'arrêtant pour couper quelques branches qui bouchent le passage, puis le contournement par la gauche du suivant. En un mot, le combat continuel contre les arbres et les troncs morts. La pirogue est longue et il est difficile de tourner dans un espace réduit. C'est pourtant ce qui nous arrive fréquemment. Le passage d'un premier arbre se fait sans trop de difficulté, on ralentit, la machette de Jacques est à son paroxysme et frappe dans l'air pour couper net de petites branches, on se renverse en arrière ou sur le côté pour éviter le tronc qui barre le passage à 80 cm ou 1m de hauteur. La pirogue passe dessous, mais elle n'a pas fini de passer entièrement, que Jacques envoie un message d'alerte : “ marche arrière“. La pirogue ne peut pas passer le deuxième arbre qui est devant. La distance entre les deux arbres est supérieure à la longueur de la pirogue. On arrête tout. Le premier arbre passé à droite, Rodrigue met un peu me moteur en marche arrière, mais c'est difficile, des petites branches sont immergées, et l'hélice cogne sur elles. Puis prenant appuie avec sa pagaie sur la berge droite qui est à seulement 1m de nous, on imprime une légère marche arrière à la pirogue. Manuellement, Roger et Guy-Roger en s'agrippant au tronc au-dessus de l'eau, ils poussent en arrière. Jacques reprend sa pagaie et la mets dans l'eau, devant. Sur le côté gauche, il donne des mouvement de battement ou plutôt d'ondulations dans l'eau. La pirogue, lourdement, difficilement, lentement, avec peine se déporte dans un temps qui peut ressembler à plusieurs minutes, sur la gauche. La proue frotte doucement le deuxième tronc qui est devant. On pousse, on s'agrippe, on tire, Jacques pagaie devant, Roger s'enroule autour du premier arbre, Rodrigue pousse avec la perche, l'eau n'est pas profonde, peut-être 120cm, Jacques saute de la pirogue dans l'eau qui lui arrive à la taille. La pirogue bouge lentement vers la gauche puis arrive à un passage. Il est étroit mais suffisant. On pousse encore avec la perche, Jacques oriente avec sa pagaie, C'est du “sur mesure“. Avec précaution, la pirogue passe le deuxième arbre, et rejoint une eau sans obstacle. Rodrigue remet le moteur en marche et nous avançons sur une centaine de mètres sans obstacle. Devant Jacques lève le bras droit, pour montrer au Pinassier Rodrigue, que le prochain obstacle doit se passer sur la droite. Les gestes sont précis et compris. Le bras et la main tendus est le signe de la direction qu'on doit prendre, à gauche ou à droite. La main à plat contre le vent, est signe de danger. Elle tourne par la suite, pour indiquer la direction.

Puis on s'arrête à un nouvel obstacle, 60m plus loin. Chacun regarde. “A droite“ dit l'un, non “à gauche“, réponds celui qui est derrière. Rodrigue va à droite mais ne peut pas passer. Il met le moteur en marche arrière, et va vers la gauche pendant que Jacques orient avec sa pagaie. On trouve un soupçon de passage. C'est-à-dire, rien qui puisse nous laisser supposer qu'on puisse traverser ! Mais en regardant mieux, on devine que cette arbre qui est tombé il y a seulement quelques jours, lors d'un orage, à une trouée dans ses branchages. On s'approche. Lentement. La machette commence son travail. Puis on s'arrête à une branche.Une grosse branche, de plus de 15 centimètres de diamètre. On est bloqué. Jacques agrippe la tronçonneuse, la mets en marche et coupe en quelques secondes la branche. ON a gagné quelques centimètres. Il poursuit avec la machette après avoir arrêté la machine. On perce le feuillage et on aboutit de l'autre côté. On aperçoit de nouveau les berges. c'est gagné. On repart. Pas pour longtemps, Un nouvel arbre. Les minutes, les quart d'heures passent, puis les heures. On a à peine fait 4 kilomètres depuis notre départ. Un rythme d'escargot ! Un nouvel arbre dont le tronc plonge dans l'eau. On ralentit et on s'arrête à son niveau. On pousse sur le tronc avec la pagaie. La pirogue frotte sur le tronc. “Un cri “Attention, il y a des magnans“. Sur une branche qui va vers un autre obstacle, une colonie de magnans se déplace. Lentement mais avec précision. Bataillon implacable du rouleau compresseur de cette myriade de fourmis. On pousse la pirogue pour l'éloigner, mais il n'y pas beaucoup manoeuvre. On est collé presque au tronc, on force le passage, ou pousse, Rodrigue donne un coup d'accélérateur, on passe enfin, mais les dégâts sont là : une noria de fourmis a réussi à passer dans le bateau. Déjà je les vois sur les chaussettes. J'en tue ou plutôt j'en écrase une, puis deux, derrière ça cri, on se bat contre ces insectes à la piqûre atrocement douloureuse pour de si petites bêtes. Je sens une piqure sur les mollet. Je monte la jambe du pantalon et c'est un soldat que je vois. Un régal pour lui. Il a enfoncé ses énormes pinces dans la chair. Je le prends au corps, je tire. L'abdomen se détache du thorax et de la tête. Je balaie le reste avec le revers de la main. Tout le monde est agressé. Une lutte qui finira par se terminer. Quelques minutes après, alors que nous avons repris de la vitesse, quelques fourmis attardées cheminent sur le bord de la pirogue. D'un revers de la main, je les pousse à l'eau. L'attaque est terminée. Aucun risque, mais toujours des piqures douloureuses. En fait toutes leurs morsures projettent de l'acide formique sous la peau et c'est ce liquide, qui même de manière infime, pique. Atrocement.

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Le ciel est dégagé. Quelques petits nuages et pas mal de ciel bleu. La chaleur permet à des crocodiles de se dorera et de se réchauffer, sur des arbres morts. Ils sautent ou plutôt se laissent tomber dans l'eau à notre passage. On n voit beaucoup. Plus d'une vingtaine cet après-midi. Ce sont des Faux-Gavial (Crocodylus cataphractus) que l'on verra tout le long de la journée. Dans cette rivière étroite, le son porte loin, et notre principale préoccupation étant l'évitement des arbres, ils nous entendrons d'assez loin, et en général, on en verra peu de très près. La plupart du temps, on les voit tomber à plus de 20 mètres de notre pirogue dans un bouillonnement qui marque l'eau pendant plusieurs secondes. La canopée des arbres entoure la rivière, vu son étroitesse. Ils forment un toit végétal qui pourrait faire penser à un couloir dont ne verrait pas la fin. C'est pour cela qu'en cette première journée, on verra peu d'oiseaux. Encore un nouvel arbre, puis un autre. On ralentit. Notre vitesse étant réduite, nous sommes le plus souvent à l'arrêt ou en manoeuvre délicate, ce qui fait que les mouches et taons, en particulier les mouches Tsé-Tsé sont innombrables et sont constamment à l'attaque dans notre dos, sur les parties des chevilles qui sont légèrement découvertes où même à travers le tissu, elles piquent ! Le mouvement de bras continuel cherche à les chasser. Elles reviennent plus loin ou sur le voisin. Roger qui est derrière nous avec son petit balai fouet acheté au marché, passe son temps à chasser les mouches dans notre dos. Merci Roger ! Travail continuel et pénible, dont on a l'impression de l'inutilité, tant elles sont nombreuses et agressives. Tout en continuant on entend un cri : c'est un Touraco à Gros Bec / Tauraco macrorhynchus. L'eau de la rivière est boueuse par endroit, mais globalement “noire“ comme celle de l'Ivindo. Ce sont les alluvions qui lui donnent cette couleur si particulière.

On continue notre navigation à un rythme lent. Un peu plus loin on aperçoit des remous très léger dans l'eau qui vont d'une berge à l'autre : on devine tout de suite, la présence d'un tronc qui est à peine immergé, juste en dessous de l'eau. On le passera sans problème. En avançant on tombe sur des cris aigus qu'on identifie comme des singes, vraisemblablement me dit Roger des
Colobes Guereza / Colobus guereza. Personnellement je suis incapable de les identifier de si loin. Ils sautent de branches en be-ranches au sommet des arbres, à 30 ou 0 mètres de hauteur. On les voit les voit courir sur les branches, s'arrêter, regarder et repartir de plus belle pour sauter sur une autre branche. Ça va vitre, très vite. Sur le bateau, la vision animale étant perturbée, je n'ai mis que mon 24/70 mm sur mon appareil CANON EOS5 Mark III. Inutile de dire qu'il m'est impossible de prendre une photo, et à mon âge, ma vision de loin est imprécise. Je me contenterai donc de l'identification faite par Roger. Il a travaillé à l'IRET avant que celui-ci ferme, il y a quelques années, et il connait très bien la faune et la flore. Il maîtrise la plupart des noms scientifiques courant et c'est un vrai plaisir d'être avec lui, car il nous fait profiter de ses connaissances. Je lui fait confiance. Petit à petit le temps s'étire et vers 17h15, le jour commençant à diminuer on cherche un endroit où on peut accoster sans problème : une petite plage qui nous permettrait de mettre la pirogue à sec ou presque et de nous laver le soir, sans difficulté. On navigue un peu et un quart d'heure plus tard, vers 17h30, on trouve enfin l'endroit rêvé pour établir notre campement.

Si on fait le bilan de cette journée, on a fait 2h30 de piste en voiture 4x4, puis environ 1h de marche en forêt sur plus de 2 km et enfin 3 heures de pirogue où nous avons seulement avancé de 6,5 kilomètres sur la rivière ! Si peu ! Le futur s'avère sombre. Cette après-midi de pirogue aura été une lutte continuelle contre les arbres déracinés par les orages. L'utilisation de la machette et de la tronçonneuse aura été systématique. Le temps perdu pour ces batailles explique le peu de kilométrage fait aujourd'hui.
Si on analyse la carte de ^progression ci-dessus, on s'aperçoit que la partie voiture occupe toute la zone longue qui correspond aux 111 km exécutés et que la section marche et pirogue sont en tout petit en bas. C'est l'image de la réalité d'aujourd'hui.

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- Le Camp 1 en forêt en fin de Jour 2 :
On finit par trouver ce que nous cherchions, une berge sur la gauche avec un accès facile. Sur la plage on décharge la pirogue et on monte tout l'équipement sur la berge. On la tire sur le sable et on l'attache. C'est ici qu'on va faire notre campement. On est en forêt, en lisière de la rive et chacun prend ses repères pour lettre son installation. L'équipe a 4 tentes qu'ils vont mettre autour du feu qui va être fait plus tard, et chacun monte sa tente. En quelques minutes, c'est fait, puis Roger et Jacques allument le feu après avoir ramassé un peu de bois. Chacun plante ses bâtons fait à partir de petits arbustes taillés, afin de faire sécher ses vêtements, ses chaussures et ses chaussettes. A côté, nous avons choisi un espace entre 3 arbres, entre lesquels nous avons tendu une ficelle afin de mettre une grande bâche de 4 x 5 mètres, achetée à Libreville, chez Centr'Affaires, à l'époque où il y en avait. La semaine dernières, on n'en trouvait plus. Une ficelle haute au milieu et les deux côtés en pente pour faire retomber l'eau en cas de pluie. Par terre, j'ai mis ma bâche de 3x4 mètres qui nous sert de tapis de sol. Dessus, mes trois amis vont monter leurs moustiquaires attachées par des ficelles aux arbres environnants. Elles tombent sur le plastique et enveloppe les 3 matelas gonflables qui sont au sol. Moi, je vais essayer pour la première fois mon hamac, que j'ai acheté l'année dernière au “Vieux Campeur“ et qui comporte une moustiquaire. Je passes pas mal de temps à la monter entre 2 arbres et le résultat n'est pas bien satisfaisant. Il va falloir que je m'améliore dans le futur et que je passe un peu de temps pour apprendre à la monter. Finalement il est installé, avec un toit et une moustiquaire intégré, mais pas de façon rationnelle. Quand je verrais demain matin le résultat, je me dirais que j'avais eu de la chance qu'il ne pleuve pas, car j'aurais été inondé et j'aurais dû quitter le hamac pour rejoindre les autres sous la bâche ! Montage catastrophique que j'essayerai d'améliorer dans le futur, au calme. En attendant, notre premier campement est prêt.
On descend sur la petite plage et on va se doucher dans la rivière. Quel bonheur de se laver en plongeant entièrement dans l'eau fraiche, mais non froide. La sueur de la journée s'en va. On y passe tous. Pendant ce temps Rodrigue et Jacques ont pris la pirogue et à la rame, on fait une cinquantaine de mètres pour poser leur filet. Ils reviennent 30 minutes après, alors que la lueur du jour n'est plus qu'un lointain souvenir.
Il est clair que nous sommes dans le parc, mais bien que passager temporaire, on peut et on est considéré comme des
“habitants“ ou des villageois “temporaires“ qui de ce fait, ont l'obligation de respect envers la nature mais aussi l'autorisation de vivre de manière modeste en pêchant quelques poissons pour se nourrir. On peut considérer que c'est le même avantage ou privilège qui est accordé aux villageois vivant dans un parc jusqu'à ce qu'ils disparaissent et qu'aujourd'hui on nous accorde de manière temporaire pour subsister en autarcie. Cette ponction considérée comme une intervention brève et non répétée sur la faune, nous permettra de nous nourrir pendant notre séjour.
Les déchets sont mis au feu et brûlés lorsqu'ils sont incinérables et mis dans un sac poubelle que nous allons amener jusqu'au bout de notre voyage, lorsqu'ils sont difficilement dégradables.

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Après tous ces évènements de la journée, le repas du soir sera une belle récompense. Avec la disparition de la lumière, les torches frontales sont allumées. C'est dans cette lumière diffuse que Stéphane prépare notre premier repas avec des nouilles qu'on cuit avec soin sur le feu. Le repas clôture cette journée et après le nettoyage des ustensiles de cuisine, on se met sous les moustiquaires, les tentes et moi dans mon hamac pour dormir.
Dormant d'un sommeil léger malgré la fatigue, je vais me réveiller à plusieurs reprises ou plutôt dans cette espèce de torpeur qui n'est pas un éveil complet ni un sommeil profond, cet état de moitié conscience, qui fait qu'on entend ce qui se passe autour de soi. C'est le bonheur de dormir en forêt. Des animaux qu'on entend, le
Daman des Arbres / Dendrohyrax dorsalis que j'entend en particulier vers 22 ou 23h. Il s'agit d'un petit mammifère de forêt qu'on trouve dans certains parcs et forêts du Gabon. Il va continuer longtemps ses cris saccadés, puis je l'oublierai. Un peu plus tard, des battements d'ailes avec un petit cri, peut-être un rapace nocturne en chasse. Un autre battement d'aile plus tard, qui doit être une chauve-souris en chasse autour du campement. C'est la nuit, mais ça ne veut pas dire que la vie s'est arrêtée. Au contraire, une autre vie s'éveille en même temps que la nuit avance : de la vie, des cris, de peur, de fuite, de chasse, de recherche de partenaires, toute une vie différente à laquelle on ne prête pas toujours attention, mais qui est abondante. Cet animal qui cri en essayant d'échapper à un prédateur ou qui cri parce qu'il vient d'être attrapé et qu'il sait que sa vit se termine maintenant. Ce cri pour la recherche d'un partenaire pour s'accoupler. Ce cri pour repérer des congénères. Ce cri pour effrayer une proie qu'on veut attraper et dévorer. Ce cri, ces cris qui se succèdent de temps en temps avec de longue périodes de silence. Silence furtivement coupé par un battement d'aile puissant, quelques secondes seulement puis de nouveau le silence. Enfin, ces cris et bruits qui comblent un silence à nul autre pareil, car plein de petits bruits, de branches qui craquent au passage d'un animal, peut-être à 50 ou 100 mètres du campement. Une branche qui tombe bruyamment sur un petit coup de vent d'un orage qui ne viendra pas, mais qui troue la nuit pendant une fraction de secondes en tombant par terre. Puis rien. Rien, non, encore une grenouille ou un crapaud que j'ai entendu en soirée avant de me coucher. Un fruit, tout petit qui tombe par terre discrètement, une feuille ou un petit lézard qui rampe sur le toit du hamac, une mouche tsé-tsé ou un taon qui rode autour, mais ne parvient pas à pénétrer la moustiquaire, encore un bruit, encore le silence, encore un bruit insaisissable, encore … puis le matin …

Trajet Piste, Pirogue et Marche Jour 2 :
•• 
MAKOKOU -> EKOBAKOBA : 42 km, 45' environ.
•• EKOBAKOBA ->
WINERPARC : 69 km, environ 1h de piste. En tout, 112 km de Makokou à Winerparc, soit près de 1h45 à 2 heures de piste.

•• 
WINERPARC -> Départ en Pirogue : Marche de 3,7 km pendant 2 heures environ.
••
Descente en Pirogue Jour 2 -> Campement 1 : 7,8 km pour 3h environ de navigation.



- JOUR 3 :

Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 3 :



• … le matin… commence notre troisième journée de cette expédition, et notre deuxième jour de pirogue. Avec la levée du jour, les premières lueurs de l'aube, ou plutôt de l'aurore, j'entends des pas dans le camp. Ce sont Jacques et Rodrigue qui se sont levés pour aller retirer le filet posé la veille. Un quart d'heure plus tard, je me lève et je vais à la rivière, sur la petite plage pour me laver le visage. La pente est glissante pour remonter sur la berge. Je dérape et me retiens à un arbuste. Les 2 Roger se sont également levés et ils activent le feu de bois mort. Le bois mort pullule dans la forêt, on en trouve partout.
Je regarde mon hamac pour le défaire et je me dit que j'ai eu beaucoup de chance qu'il ne pleuvent pas. Vu comme je l'ai monté, j'aurais été inondé dès la première pluie, même petite. Il va falloir que je fasse un “stage“ sérieux de montage de hamac ! En fait je pense qu'il aurait fallu que je tende la partie centrale du toit entre les 2 arbres, plus près du hamac lui-même, pas aussi haut, et ensuite laisser un peu tomber les 2 côtés, comme une tente indienne et fixer les 4 coins des 2 côtés avec des piquets de sol, comme on le fait avec une tente pour tendre la toile et la faire résister au vent. J'essayerai plus tard.

- L'Attaque des Magnans :
Je me rapproche de mes amis qui sont encore endormis et je range mes affaires au sol. Je suis debout à 3 mètres de la bâche servant de toit. Ils dorment. Je profite de ce moment où la vie s'éveille tranquillement autour de moi. La vie s'éveille, oui bien sûr qu'elle s'éveille… je sens une piqure sur le haut de ma cheville gauche, puis comme je regarde nonchalamment, je sens une piqure à un de mes orteils. La vie s'est bien éveillée ! Elle est là, sous mes pieds. Une colonie de
magnans a pris possession de notre salle à manger, de notre endroit où hier soir nous mangions. Cet endroit déclaré hier soir “Salle à Manger“ est un espace de 2 m de côté qui a été dégagé au pied d'un arbre. Ce pied d'arbre sert de siège et c'était parfait pour manger avec l'assiette sur les genoux. Aujourd'hui, ce matin, avec les miettes tombées sur le sol, des fourmis parties en chasse sur plusieurs mètres de largeur, ont trouvé ces quelques restes de nourriture et ont appelé la colonie. C'est l'orgie. Une petite nuée de magnans sont affairés à récupérer la nourriture, pendant que des ouvriers et quelques soldats qui montaient la garde décident de s'attaquer à l'intrus qui vient les troubler dans leur repas ! Quelle audace ! Ma négligence se paye tout de suite par des piqures et des douleurs d'acide formique que ces fourmis du genre Dorylus, ont injecté sous ma peau. Je quitte immédiatement cet endroit infecté et à 3 ou 4m, en ayant bien regardé au sol, je retire tous les agresseurs. Je m'aperçois que Roger, avec son petit balai de paille, nettoie tout la zone pour que puissions reprendre possession de notre salon !
Lorsque mes amis vont se lever, je vois la pirogue qui revient sur la plage, après un peu plus d'une demi-heure. Dans le creux du tronc creusé, j'aperçois une vingtaine de poissons. Ce sont des poissons qu'ils appellent en langue locale
YARA ou YARRA / Schilbe sp. Ils vont les mettre dans un sachet qui sera à côté des bagages pour le soir.

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- L'Organisation :
En attendant, toute notre équipe plie ses tentes et son matériel. Pour moi, j'ai 3 sacs : mon sac à dos MaxPéditions avec des tas de poches et qui est très pratique, puis un sac à dos étanche de 60 litres sanglé dessous pour les passages difficiles. Je mets mon à dos dedans avant de le mettre dans la pirogue. Il est de couleur rouge, car si ce n'est pas très indiqué pour la vision animale en forêt, c'est par contre plus facile à repérer en cas de retournement de pirogue. J'ai mon sac étanche OverBoard bleu foncé de 40 litres avec mon matériel photo est que je garde près de moi, avec objectifs, caméra GoPro, batteries, plies, flash, etc. Puis mon sac photo ORTLIEB avec le Canon EOS5D Mark III muni de son objectif 24/70 L II. J'y monterai aussi dans la journée mon 28/300 mm qui est plus adapté aux animaux, avec son zoom plus puissant. Autour du cou, j'ai mon compact expert SONY RX 100 Mark IV, qui est dans un caisson entièrement étanche. Lui il peut se balader au fond de la pirogue ou tomber à l'eau, il est protégé, et bien protégé. Ce sac photo qui est au départ donné comme entièrement étanche est très bien, mais sa fabrication en matière un peu fragile, fait que sa fabrication est complètement arrêtée et que celui que je possède, ne résistera pas jusqu'à la fin du voyage. Je vais le retrouver complètement éclaté par petites étapes, insignifiantes au départs, mais catastrophiques au final. Pauvre sac ! Il aura fait pas mal de forêt, beaucoup de marche (y compris la longue marche pour les Inselbergs de MINKÉBÉ), mais il n'est pas globalement de fabrication robuste et sa destinée prendra fin avec cette expédition.

Je profite du moment de repos quand mes amis se lèvent, pour mettre à jour mes notes, qui m'aideront pour la rédaction du rapport que vous lirez peut-être. On déjeune avec du café Cappuccino en sachet et des biscuits. Parfait. Ensuite pliage des bâches et je me roule dessus pour en chasser l'ai et les aplatir. Je deviens rouleur de bâche ! Je démonte aussi mon hamac. C'est le moment idéal pour discuter et faire un petit briefing tous ensemble, avant la journée qui nous attend. Tout mon équipement est dans des sacs étanches et on va rouler toutes nos affaires dans une bâche, à l'avant de la pirogue.

- La Descente en Pirogue de la DJI-DJI :
C'est la troisième journée de notre expédition (
JOUR 3). C'est vers 7h 30 que nous mettons le moteur de 15 Cv en marche et que nous commençons, ou plutôt continuons notre descente. Il ne s'est pas passé 5 minutes, que déjà nous voyons notre premier arbre déraciné, le premier d'une longue série. Un tronc simple, pas très gros, de peut-être 50 centimètres de diamètre. Son feuillage encore un peut vert nous indique qu'il est tombé, il n'y a pas très longtemps, 2 ou 3 jours seulement. Son tronc dépasse de la berge droite à plus de 1 m de hauteur. On passe facilement dessous. 7h40, encore un arbre de la berge droite à la berge gauche. A plus de 1 mètre de l'eau. Celui-ci est très beau avec son tronc enlacé dans un ficus étrangleur qui l'a entièrement entouré. Il est tout gris. Il est mort depuis longtemps, peut-être plusieurs mois. Sur la berge, d'énormes arbres sont debout avec des lianes qui pendent dans l'eau. Des branches courent à plus de 5 mètres au-dessus de nos têtes avec des fougères Platicerium stemaria, avec leurs larges feuilles nichées dans les creux des fourches.
Sur notre gauche, un superbe
Martin-Pêcheur Azuré / Alcedo quadribrachys posé sur une petite branche, fuit à notre passage. Ici, c'est une liane qui va d'une berge à l'autre à 3 mètres au-dessus de l'eau. Elle ne nous gène pas. Un peu plus tard nous sommes bloqués par des grosses branches d'un arbre mort. On s'arrête et on coupe à la machette. Nous continuons. De la berge on voit des dizaines de lianes qui pendent depuis les grosses branches d'un arbre. Elles tombent mollement dans l'eau en faisant des anses larges de plusieurs mètres. Ici , c'est un arbre mort ou qui semble mort qui affleure au fil de l'eau. Chose étrange, sur le tronc énorme qui est immergé, 5 branches ont poussé droit vers le ciel, à presque chacune 2 mètres l'une de l'autre, comme les barreaux d'un grille de prison. On évite sur la gauche, le tronc, qu'on effleure à peine. Puis un Ibis Hagedash / Bostrychia hagedash vole dans le ciel au-dessus des arbres. Cet oiseau appelé “l'ennemi des chasseurs“ décolle en général bien avant qu'on ne passe à côté de lui en criant longuement pour avertir toute la population animale, que des intrus sont là. Il joue le rôle de guetteur. Ces cris sont reconnaissables entre tous et sont largement le signe de leur rôle dans la nature : signaler toute chose étrange. Nous passons devant plusieurs nids d'Ombrette Africaine / Scopus umbretta. Leurs nids sont aisément reconnaissables par leur taille particulièrement importante, nichés entre les 2 branches d'une fourche, leur construction reposant sur les feuilles qui sont
imbriquées les unes avec les autres et qui, en séchant, donnent cette couleur marron foncée caractéristique.

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-Les arbres morts à fleur d'eau :
En continuant, Jacques fait signe qu'il y a un arbre mort à fleur d'eau. Rodrigue le prend par la gauche, il fonce, la pirogue heurte légèrement le tronc. On entend la coque qui racle dessous. L'avant se soulève, la vitesse ralenti rapidement, si rapidement que la pirogue reste bloquée sur le tronc. Elle repose à peu près au milieu de sa longueur. On est à l'arrêt. Une rapide inspection de la situation. Jacques plonge sa perche dans l'eau : il y a seulement 1 mètre de profondeur. Il saute à l'eau, suivi par Roger. Tous les 2 poussent vers l'avant, puis un peu sur la droite. La pirogue glisse à droite. Elle racle le tronc. Rodrigue met le moteur en marche. Il pousse de temps en temps la pirogue. Avec l'aide de Guy-Roger, les 3 soulèvent par saccades la pirogue pendant que Rodrigue accélère. On gagne centimètre par centimètre. On avance. Insensiblement mais on avance. Finalement on passe le centre de gravité. La pirogue plonge de l'avant. Pas beaucoup. En continuant la manoeuvre, on la dégage entièrement. Elle a passé le tronc. Tout le monde remonte dans la pirogue. On repart.
Encore un arbre. Encore un tronc qui affleure. Celui-là, il est à plus de 30m, il nous permet de prendre de la vitesse. Rodrigue a anticipé. Il accélère, fonce droit sur les remous, la pirogue racle le tronc immergé, elle ralenti, l'avant se soulève, dirigée vers le haut, très haut, puis l'ensemble passe le centre de gravité, l'avant bascule soudain et rentre furieusement dans l'eau en faisant éclater une immense gerbe d'eau. La pirogue emmagasine des litres et des litres d'eau. On la voit passer sous nos pieds. Au moment où le moteur va passer le tronc, Rodrigue, qui maîtrise parfaitement cette procédure, remonte brusquement le moteur. Il lâche en même temps l'accélérateur, l'hélice tourne dans le vide, pas très longtemps car elle s'arrête vite. L'arrière passe ainsi le tronc immergé. La pirogue reprend un peu de vitesse, l'eau dans le fond passe sous nos pieds, et part vers l'arrière. Nos chaussures baignent dans l'eau. Derrière, ils vont écoper. La pirogue continue d'avancer. Cette pratique va être employée à plusieurs reprises, à chaque fois qu'un tronc immergé est juste sous la surface de l'eau. Si on était plus avancé dans la saison des pluies, l'eau serait beaucoup plus haute et certains des arbres qui sont difficiles à passer aujourd'hui car ils sont au niveau de la surface de l'eau, seraient plus facilement franchis. Par contre, avec un niveau d'eau plus haut, on aurait immanquablement des passages faciles aujourd'hui qui serait peut-être plus difficiles. Il y a tellement d'arbres et d'obstacles à franchir que, quelle que soit la hauteur d'eau, on aura toujours des passages difficiles à franchir. Il est vrai que si l'eau avait été très basse, on aurait quand même eu beaucoup plus de difficultés à franchir certains barrages. On n'a donc pas à se plaindre. Un niveau d'eau plus bas aurait signifié des passages plus difficiles. On est est donc relativement content qu'il y ait eu un orage il y a 2 jours : le niveau a légèrement monté. Un tout petit peu. Et c'est malgré tout difficile.

- Les Rapides :
Il est environ 9h30, nous avons fait presque 9 kilomètres, enfin un peu moins, 8,5 km depuis notre départ du campement 1. Une autre difficulté s'annonce. Le premier rapide. Il y en a toute une série sur le trajet. Celui-ci est la deuxième. Le premier est celui que nous avons court-circuité hier, en début de descente. Celui que nous avons laissé sur le côté, lors de notre première marche, lorsque nous avons quitté Winerparc. Celui-ci s'annonce assez difficile. Nous abordons la berge sur la droite et nous descendons de la pirogue. Une barrière de rochers se présente à l'horizon. Enfin, disons l'horizon de notre vue, c'est-à-dire à une centaine de mètres environ. Des énormes rochers barrent la rivière. Sur la droite, une masse caillouteuse qu'on retourne au milieu de la rivière. Entre les 2 masses, un torrent d'eau se précipite comme elle peut entre ces rocheux et tant de se frayer un chemin vers le bas. Entre les rochers du milieu et le côté gauche qui est aussi occupé par une poignée de gros rochers, on devine un torrent d'eau qui passe entre les 2 falaises. Un tronc d'arbre repose sur les gros rochers. Il est le vestige d'une ancienne cru à une époque où le niveau d'eau a monté lors de grandes pluies et à charrié cet arbre, ou plutôt ce tronc qui s'est figé à 1 mètre de hauteur au-dessus de l'eau. Celle-ci s'engouffre entre les rochers du milieu et de gauche, à une vitesse disproportionnée par rapport au peu d'eau qu'il y a. Une vague d'eau qui monte à plus de 50 cm au-dessus des roches sous-jacentes puis retombe plus bas pour suivre le chenal imposé par les rochers. Impressionnant. C'est la-dedans que la pirogue doit passer. Nous contournons les rapides sur une distance de plus de 200 mètres à travers la forêt. Au bas des rapides une plage de gros rochers nous attend. On regarde les efforts de Rodrique appuyé sur une perche à l'arrière. Jacques qui est dans l'eau devant et retiens la pirogue pour éviter qu'elle ne s'emballe. Guy-Roger, qui au milieu maintient du mieux qu'il peut, la pirogue en équilibre. Mètre par mètre, la pirogue glisse plutôt qu'elle ne flotte, sur les rochers avec l'eau qui la fouette avec force. Moment périlleux où la moindre erreur peut être la source de catastrophe. Une pirogue qu'on va retrouver finalement au bas des rapides. Dans le calme des eaux qui se sont calmées au bas de cette colline de rochers, on grimpe de nouveau dans la pirogue.

10h20 environ. Nous avons fait 16 kilomètres depuis notre dernier campement. Nouveau rapide. Le troisième. On le contourne en marchant dans la forêt de la rive gauche. Marche. Des lianes laissant traîner leurs cirres sur plusieurs mètres nous accrochent au passage. Des tiges avec des épines. La peau qui s'embroche sur ces pointes acérées. Une épine de presque 1 centimètre qui s'est plantée dans mon avant-bras. Des taches de sang. Je la vois au milieu et je retire. Le revers de ma main gauche a aussi été égratignée. Puis un peu après on trouve des fèces de
Potamochère / Potamochoerus porcus avec des empreintes de pieds laissés dans la terre meuble. Puis un passage sous un tronc où des fougères ont germées et poussées. Un parterre de feuilles verdâtres suspendues sur un tronc qui leur a servi de support et qui trônent à plus de 2 mètres au-dessus de nos têtes.

11h15 environ. On en est à 17,00 kilomètres environ. Nouveau rapide. Le quatrième. Comme chaque fois, on nous laisse en amont des rapides. Il n'y a pas le choix. Le niveau d'eau est trop bas et la pirogue trop chargée ne passerait jamais. Il est probable que de tous les rapides passés, en forte saison des pluies, certains pourraient être franchis sans descendre. Mais aujourd'hui, il n'y a pas le choix. Vu le peu d'eau, il faut alléger. Comme une routine, nous descendons et contournons les rapides. Les images sont impressionnantes. Nos 4 équipiers descendent dans la rivière et poussent la pirogue. 2 sont à l'arrière et poussent. Les 2 autres sont à l'avant et tirent. Jacques a attaché une corde d'une dizaine de mètres, et loin devant elle, il tire sur la corde. La pirogue est ballotée entre les vagues impétueuses et les rochers environnants. Ils plongent entre 2 rangées de rochers de grès énormes qui canalisent les eaux qui deviennent furieuses en s'engouffrant dans le chenal étroit. Les quatre équipiers maintiennent la pirogue et la font descendre au ralenti jusqu'à la fin des rapides. Travail périlleux et délicat. Puis lorsque le bas des rapides est atteint, ils rejoignent la berge où nous sommes en attente. Après avoir repris nos places, nous reprenons notre descente.

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En ce deuxième jour de descente, la rivière s'élargit un peu. Un peu seulement. Insensiblement. Elle semble globalement plus large qu'au départ. Des 15 à 20 mètres du départ, elle est maintenant aux alentours des 25 à 30 mètres. Cela ne change rien l'état de la rivière : 2 murs végétal de plus de 30 à 40 mètres de haut la bordent sur chaque côté. Malgré tout ce changement, les arbres sont tellement hauts, que leurs chutes bouchent immanquablement la rivière.
Trois minutes après avoir passé le quatrième rapide, on arrive sur un autre petit rapide qu'on devine très vite par les rochers qui jonchent le milieu de la rivière et les remous de l'eau à la droite et à la gauche de l'obstacle. Le passage sur la gauche, n'est pas trop étroit, et nos équipiers décident qu'il n'y a pas trop de risques de passer ces remous sans descendre de la pirogue. En effet on aborde déjà les premiers mètres. La pirogue est secouée, puis en s'appuyant sur les rochers à droite et avec la perche sur la gauche, Jacques et Rodrigue ont réussi à passer le rapide avec l'aide de leurs collègues, qui géraient comme ils pouvaient les rochers présents. On a embarqué un peu d'eau, mais rien de catastrophique. Le calme de la rivière à la sortie nous permet d'écoper et de reprendre notre chemin.
Des oiseaux s'envolent à notre passage : des Ombrettes Africaine, des Ibis Hagedash et notre premier
Vautour Palmiste / Gypohierax angolensis que nous apercevons enfin depuis notre départ, des Martins-Pêcheurs, des Gobemouche de Cassin / Muscicapa cassini , des Hirondelles à Bavette / Hirundo nigrita.

- Les arbres morts immergés :
On aperçoit aussi régulièrement des
Faux-Gavial qui tombent dans l'eau à notre passage. Ils passent leur après-midi à se chauffer sur les innombrables troncs d'arbres morts qui émergent de la rive, après avoir été déracinés par un orage. Il est impossible de se remémorer le nombre de troncs surplombant l'eau de 0,50m à 1m et sous lesquels nous passons : une myriade ! Moment délicat où il faut se baisser, voire s'allonger et passer sour le tronc en tirant la pirogue à la main pour se glisser dessous. Indénombrable aussi le nombre de troncs immergés à 15 ou 20 cm au-dessous du niveau de l'eau et pour lesquels Rodrigue manoeuvre parfaitement : accélération quand on le peut et passage en force de la pirogue au-dessus des troncs. Indénombrable aussi le nombre de fois où on entend les raclements de la coque de la pirogue sur les troncs immergés. Indénombrable aussi le nombre de passage en douceur, en se tirant sur la droite ou sur la gauche, pour passer un barrage d'arbres et de branches.
Bonne coordination avec Jacques à la proue, qui par des gestes minimes, donne ses indications pour “attaquer“ un obstacle par la droite ou par la gauche. Indénombrable aussi le nombre d'arbres tombés qui obstruent complètement la rivière. Pas de passage, ou plutôt si, un tout petit, bien caché au milieu de la végétation. Un enchevêtrement de branches qui peut laisser deviner qu'on peut exploiter cette faille. Indénombrable aussi les bancs de sable qui bloquent la pirogue aux abords des troncs. Indénombrable aussi, le nombre de fois où la pirogue reste coincée sur un tronc immergé, obligeant les 4 équipiers, Guy-Roger, Rodrigue, Jacques et Roger à se mettre à l'eau pour la reculer la balancer de droite à gauche, la lever pour l'alléger. Un combat de tous les instants. Indénombrable aussi, le nombre de troncs à demi-immergés où on peut passer avec l'adresse de Rodrigue, les instructions de Jacques et les conseils des 2 Roger.
La pirogue frotte, ralentit, la parie avant se lève avec le poids arrière, moteur et bagages, puis lorsque le centre de gravité a basculé, après le milieu de la pirogue, l'avant bascule fortement et plonge dans l'eau. Des gerbes d'écume explosent aux alentours. La pointe de la pirogue plonge s'enfonce dans l'eau et la pirogue est submergée par une vague d'eau qui se répand dans le fond. Il s'agit d'une phase périlleuse stressante car on ignore comment va réagir l'embarcation. Systématiquement il faut écoper les dizaines de litres embarqués. Cette opération délicate sera renouvelée plusieurs fois.
Les arbres sont toujours là. Les machettes et la tronçonneuse aussi. Barrage, troncs en travers de la rivière, arbres déracinés, baignades forcées de nos équipiers pour pousser la pirogue ou pour couper des branches, marche en équilibre sur un tronc à demi immergé pour permettre le passage.
Chaque fois qu'on ralenti et qu'on passe un obstacle, il ne faut pas oublier que les mouches
tsé-tsé et les taons nous agressent systématiquement. On en éloigne des centaines et des centaines, mais certaines de ces mouches arrivent à nous piquer. Je crois qu'elles n'ont pas festoyé autant, depuis très longtemps. Elles se sont rattrapées sur nous. On aura servi de pâture aux insectes.

Déchargement de la Pirogue pour la Noyer afin de passer sous l'Arbre Mort :

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- Le Passage sous l'arbre avec la Pirogue noyée :
La navigation continue. Il est environ 11h35. Nous avons fait aux alentours de 17,50 kilomètres. C'est-à-dire que nous avons dépassé les 4ème rapides de 500 mètres seulement, lorsque nous arrivons à un nouveau barrage. Plus impressionnant celui-là. A le voir, il n'y a pas de solution. Impossible de passer à droite ou de passer à gauche. Soit on fait demi-tour, soit on vide la pirogue et on la porte par la berge. A 150 ou 200 kg, ce ne sera pas facile, même à 8. Si le niveau de l'eau avait été plus haut, on aurait peut-être pu passer sur la gauche où un filet d'eau se faufile à travers les branches, vers l'aval. Impossible donc de passer par gauche, car cette solution n'aurait été praticable qu'en saison des pluies, lorsqu'il y a beaucoup d'eau. Dans le passé, nos équipiers ont pu passer sous l'arbre, sur la gauche à une fourche de l'arbre qui le surélève un peu du niveau de l'eau. Mais c'était en saison sèche et le niveau de l'eau était bien plus bas d'environ 30 à 50 cm. Aujourd'hui, dans ce petit passage aujourd'hui quasiment disparu, il ne reste que 20 centimètres, tout au plus. Moment d'indécision, où tout le monde s'exprime, donne sa solution, mais commence à envisager le pire : le retour ou porter la pirogue. Finalement, Rodrigue propose d'alléger complètement la pirogue en la déchargeant complètement. On met donc cette solution en pratique. On décharge tous les bagages de la pirogue, les bidons d'essence, d'huile, nos sacs à dos, le moteur, les bouteilles d'eau. En un mot : tout ! Une fois que la pirogue est complètement vide, nos collègues se mettent à l'eau et commencent à basculer la pirogue de droite à gauche, jusqu'à ce qu'elle finisse par se remplir d'eau à ras-bord. La pirogue s'enfonce dans l'eau de telle manière qu'il ne reste plus que quelques centimètres de bois hors de l'eau. La pirogue est complètement noyée ! De cette façon, ils poussent doucement la pirogue qui se laisse faire, vers le petit passage sour la fourche. Elle coince à peine et en forçant un tout petit peu, elle passe insensiblement sous l'arbre. De l'autre côté, elle est tirée à la main et mise sur le côté. Le courant est insignifiant, surtout sur le côté. On la trouve donc accolée à la berge gauche, à un endroit où il y a une petite plage. Jacques et Rodrigue, qui vont être relayé par les 2 autres, sont rentrés dans la pirogue, et, l'un avec sa pagaie et l'autre avec le bidon d'écopage, ils vident rapidement la pirogue. Des gestes rapides et continues jètent l'eau par dessus bord à grandes lapées. Vidée, la pirogue est poussée au bord de la plage de sable. Il est presque 13h et nous en profitons pour faire notre petit repas rapide du milieu du jour. Peu après nous embarquons et continuons notre descente. En définitive, c'est une opération qui n'aura pris que 1h30, ce qui est peu en comparaison de l'impression première.

Passage Difficile sous l'Arbre avec la Pirogue Remplie d'Eau :

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- Reprise de la Descente en Pirogue de la DJI-DJI :
Il est guère plus de 1h30 ou 1h40, lorsque nous reprenons notre descente. Même si la rivière s'est élargie encore, même si nous allons globalement plus vite, la rivière n'est pas suffisamment large pour empêcher que des grands arbres ne la bloquent. Aussi, nous avons encore des passages périlleux, des troncs en travers, des branchages à couper à la machette. Vers 15h, les nuages noirs qui s'amoncelaient à l'horizon éclatent en orage. Heureusement nous sommes en queue d'orage et nous ne goutterons qu'à une pluie forte mais brève. Vers 15h30, nous commençons à chercher un endroit adéquat pour dormir. Nous le trouvons rapidement sur la berge droite de la rivière, au niveau d'un arbre mort qui nous sert de ponton.

- Le Camp 2 en forêt en fin de Jour 3 :
En cette fin de journée, nous avons navigué quasiment toute la journée et franchit des dizaines et des dizaines d'obstacles. A l'heure où nous avons établi notre campement pour passer notre deuxième nuit en forêt, nous avons avancé de plus de 42 kilomètres sur la rivière DJI-DJI. Par rapport à hier, nous avons bien avancé, mais il faut remarquer qu'hier nous avions navigué pendant 3 heures, alors qu'aujourd'hui, nous avons fait une descente de plus de 8 heures, soit presque 3 fois de temps de navigation. Mais nous avons avancé plus vite. Les obstacles étaient plus espacés, au fur et à mesure que nous descendions.
Après avoir déchargé de nouveau la pirogue pour retirer nos sacs, nous établissons de nouveau notre campement. J'enregistre la trace du jour sur mon GPS GARMIN CS62S. Même stratégie qu'hier soir, sauf qu'aujourd'hui, je ne mettrai pas mon hamac en place. Je vais seulement m'intégrer sous la bâche avec ma petite moustiquaire. Contrairement aux 2 autres, elle possède une seule attache en haut. Elle est beaucoup moins pratique et moins efficace. Je gonfle mon matelas que je pose sous la moustiquaire. Mon drap double place que je plie en deux. La nuit en forêt, il fait toujours frais après minuit. J'ai aussi une petite polaire qui couvre difficilement mes pieds et ma tête tellement elle est petite.
La soirée se déroule comme hier soir. Rodrigue et Jacques vont poser le filet pour les repas de demain. Pendant ce temps tout le monde va se laver dans la rivière. Aujourd'hui, la pirogue est attaché à un arbre de la berge. On va se laver en montant dessus et en se plongeant dans l'eau, car il n'y a aucune plage. A ma grande surprise, je n'attends pas le fond, qui est à plus de 2m ! Je vais donc me laver comme je peux en restant sur la pirogue, puis en re-plongeant dans l'eau. Douche périlleuse et fraîche mais tellement bénéfique.

Vidage de la Pirogue après Passage sous l'Arbre :

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Par contre, après avoir vidé les poissons Yara, Stéphane va les préparer dans une feuille d'aluminium avec du citron qu'on a acheté à Libreville avant de partir, de l'oignon et de l'ail. Cuit 20 minutes sur le feu, c'est un régal. Ce poisson n'a pas beaucoup d'arêtes et malgré sa chair qui peut paraître un peu grasse, il est tout simplement délicieux. De plus il n'a pas de goût de vase comme les poissons-chats. Un peu après je m'assois et je mets à jour mes notes sur mon carnets de Voyages. Je m'endors vers 10h du soir.
Peut-être une heure plus tard, j'entends des bruits sur la bâche : un tac, tac caractéristique d'une pluie qui commence. On entend le vent qui souffle dans la cime des arbres, des branches mortes qui tombent à terre un peu plus loin. Le crépitement plus prononcé de la pluie et finalement je me lève. Mes amis aussi quelques minutes après. On met les sacs à l'abri sous la bâche principale et moi, je mets mes sacs à dos dans leur sac étanche. Mais tout est en vrac, ce n'est donc pas pratique, surtout de nuit. La pluie a rempli les creux qui se sont formés sur la bâche qui nous sert de toit. par terre la bâche qui sert de tapis se mouille avec la pluie qui arrive de côté. On avance un peu les moustiquaires qui se mouillent aussi avec la pluie qui arrive de travers. L'eau dégouline de tous les côtés de notre soir, mais principalement aux creux sur les côtés. Bon, il est clair que si cette pluie se poursuit, ça va être assez dur ! Les éclairs éclatent au loin. En comptant le temps entre les éclairs et le tonnerre, je m'aperçois que petit à petit la pluie s'éloigne. Finalement l'orage n'aura pas duré trop longtemps et on pourra reprendre notre sommeil avec une humidité ambiante et surtout une tête et des pieds presque mouillés par la moustiquaire. La nuit sera globalement calme.
Sur la carte on voit que notre progression aujourd'hui a bien évolué. Un peu plus de 42 kilomètres.

Trajet Pirogue et Marches Jour 3 :
••
Descente en Pirogue Jour 3 -> Campement 2 : 41,98 km pour 6h environ de navigation avec des arrêts cumulés de plus de 2h20.


- JOUR 4 :

Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 4 :



• Nouveau matin en forêt. Vers 5h30 peut-être, je commence à entendre les premiers bruits différents de la forêt. Quelques dizaines de minutes après, peut-être vers 6h00, les bruits se multiplient. En particulier le bourdonnement caractéristique d'une abeille qui tourne autour de la moustiquaire. Je me lève alors que Guy-Roger et Rodrigue partent relever le filet. Quand ils arriveront tout à l'heure, nous aurons notre repas du soir avec les Yaras. Ils ont ramenés ce matin une vingtaine de Yara et 2 silures de plus de 30 cm. Ils vont vider les poissons et les préparer dans la marmite qui est sur le feu. Ce sera leur repas pour ce matin et pour midi, accompagné de manioc qu'ils ont amené. Après quelques minutes, au moment où on déjeunait, je m'aperçois que nos affaires sont noyées d'abeilles. Elles se son agglutinées autour des anses de sacs, là où il y'a de la sueur. Sur les chaussures aussi. On les éloigne pour se rhabiller. Le déjeuner pris, on charge la pirogue.

- La Descente en Pirogue de la DJI-DJI :
Vers 7h50 du matin on reprend notre descente. Il n'y a pas 10 minutes qu'on navigue, qu'on aperçoit un
Buffle de Forêt / Syncerus caffer nanus dans l'eau. Il est surpris dans cette rivière où personne repasse. Après un moment de surprise, il s'éloigne de nous, passe de la gauche de la rivière vers la droite et après presque 2 minutes de fuite et de nage dans l'eau, il finit par regagner la berge droite et disparaître dans la forêt. C'est notre première grosse surprise du matin.

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-Confluence avec la BOCA :
Il est environ 10h30, lorsqu'après 13,7 km de pirogue, nous atteignons la confluence avec la rivière
Boca. Celle-ci est aussi large que la Dji-Dji et après cette jonction, on a une rivière qui devient d'un seul coup, beaucoup plus grande. A Vers 11h15, à 19 km de notre dernier campement, on passe les rapides 5, où on descend de nouveau pour les contourner par la berge. C'est lors de cette petite marche que nous tomberons sur une petite Grenouille / Amietophrynus superciliaris. Après 25 kilomètres environ de notre dernier campement, vers 11h30, au passage près du bord, on entend un cri de gorille. On ralenti et on attend quelques secondes. Comme on ne voit rien, on repart. Une dizaine de secondes plus tard, on entend un nouveau cri. On reviens en arrière et on descend à terre. On devine à travers la végétation les poils d'un gorille mâle solitaire, un dos argenté. Mais il part plus loin. On avance, mais il s'éloigne. On ne le voit pas entièrement, mais on voit quelques parties de sa peau au travers des branches et des feuilles. Pas une vision parfaite et globale, mais c'est une superbe rencontre inattendue. En vol, des perroquets Jaco / Psittacus erithacus, passent à plusieurs reprises. On les entends avec leurs cris de querelle habituels. Ensuite un Héron Goliath / Ardea goliath, puis un Pygargue Vocifere / Haliaeetus vocifer.
C'est peu après, vers 11h55, qu'on arrive au campement de l'ANPN, qu'ils appellent le Camp Dji-Dji. Il est guère plus loin que l'endroit où on a entendu le cri du gorille, à 26,40 km de notre dernier campement. On va en profiter pour prendre notre repas de midi. En fait de campement ANPN, il s'agit seulement pour l'instant, d'un espace dégagé sur une vingtaine de mètres et sur lequel on ne trouve que des traces d'ancien feux. De l'autre côté de la rivière, ils projètent de construire un petit bâtiment en bois, qui pourrait abriter un personnel pour une période plus longue.
Par endroit, la rivière se rétrécit et on trouve encore des barrages de troncs morts. On coupe encore à la machette, mais beaucoup moins qu'hier. La tronçonneuse aussi entrera en action, mais seulement 2 fois. Tout le long du trajet on observera aussi des
Grébifoulque d'Afrique / Podica senegalensis (ssp camerunensis) qu'on reconnait facilement. Lorsqu'on arrive à leur hauteur, ils détalent sur l'eau en pédalant avec leurs pattes palmées en se rapprochant du bord, jusqu'à atteindre un massif végétal dans lequel ils vont se cacher. Quelquefois, il n'y a rien à côté. Ils soulèvent des gerbes d'eau sur une vingtaine ou trentaine de mètres et fatigués s'arrêtent. Ils reprennent après quelques secondes d'arrêt, lorsqu'ils sentent qu'on se rapproche, et continuent jusqu'au couvert végétal protecteur.
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- Le Marécage avec Faux Gavial, Buffle et Sitatunga :
Lorsque nous reprenons notre descente, après avoir mangé, nous atteignons, une sorte de lac, ou plutôt un marécage qui se trouve sur la berge gauche. Il s'agit d'une excroissance de 100 mètres de large sur 400 à 500 m de long et accolée à la rivière, par une étroite bande de terre de quelques 10 à 15 mètres de large. En arrivant on aperçoit un
sitatunga / Tragelaphus spekei femelle proche de la forêt, à l'opposé de la rivière. Elle continue un bon moment, de manger. Puis au bout de quelques minutes, elle a dû avoir une étrange sensation que quelque chose l'épiait. Sans bouger, elle a tourné la tête vers la rivière, s'est figée, et au bout de quelques secondes, elle a détalé vigoureusement. Elle a sauté le talus et disparu dans la forêt. Pendant ce temps, un de nos coéquipiers nous informe que pendant que nous regardions l'antilope, il avait repéré un buffle dans l'eau. Nous sautons sur la bande de terre. De là, nous pouvons voir des dizaines de faux-gavial dont les têtes émergent alternativement de l'eau quelques secondes pour replonger de nouveau. Ils sont très méfiants. Une tête affleure au fil de l'eau, observe puis replonge. Elle apparaît de nouveau quelques mètres plus loin. Ainsi de suite, à droite puis à gauche, au fond de l'étang. Il y a des dizaines et des dizaines de crocodiles dans cette étendue d'eau stagnante. Alors que nous sommes à côté de la pirogue, à 15 mètres environ, un crocodile émerge de l'eau, franchit la bande de terre à une vitesse vertigineuse et plonge dans la rivière, définitivement à l'abri. La procédure n'a duré que quelques fractions de secondes. Peut-être même pas une seconde. Ça va très très vite. On n'a même pas le temps de lever le bras ou l'appareil photo que la bête a déjà franchit les quelques mètres de terre. Elles vont toutes ou presque, se réfugier dans l'eau courante de la rivière, qui est vaste, en quittant une à une, le marécage. C'est un vivier de sauriens ! On en verra beaucoup, mais ils seront difficiles à prendre en photo. Il est sûr par contre, que lorsque les pluies seront tombées, le niveau d'eau va élever et le marécage, deviendra un lac plus profond, et sera même rattaché fortement à la rivière. Il est probable que les crocodiles l'auront déserté.

- Le Gorille dans les Herbes :
Finalement, après être resté presque une demi-heure sur ce lac, on finira par reprendre notre place dans la pirogue. Il n'y a pas 10 minutes que nous naviguons, lorsque nous apercevons un gorille sur la berge gauche. Celui-ci ne cri pas. Il reste assis dans l'herbe et nous regarde. Je le prends en photo alors que la pirogue ralentit. Il restera plusieurs secondes, peut-être une vingtaine de secondes sur la berge, dans les herbes, avec la tête qui émerge, avant de partir tranquillement dans les arbustes tout proches. Vision encore une fois inattendue et féérique. Cette fois on a pu observer un gorille de manière prolongée.

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- Les Rapides 6 et 7 :
Peu après notre arrêt au bord de cette étang, nous passons notre Rapide 6, à 64,47 kilomètres de notre dernier campement. Puis 200 mètres plus loin, les Rapides 7. Ces rapides ne sont pas très prononcés, ce sont juste des turbulences dans l'eau. Rodrigue et notre équipe les aborde précautionneusement sans moteur, avec seulement la perche et la pagaie et juste un petit coup d'accélérateur au moment opportun. On n'aura pas besoin de descendre.

- L'Orage :
Cette fois-ci, on y aura droit. Les nuages ont noircis à l'horizon. Cela fait quelques minutes que quelques gouttes éparses tombent. Chacun y va de son pronostic, pensant que ça ne durera pas ou que la pluie sera insignifiante. Mais il faut se rendre à l'évidence, si on a pu penser que nous allions l'éviter avec quelques trous de ciel bleu ou clair qu'on voyait au loin, plus le temps passe, et plus le ciel s'assombrit au-dessus de nos têtes. Il pleut un peu plus fort puis encore plus fort, pour finalement se transformer en une pluie dense et ferme avec des grosses gouttes. Avec la vitesse, elles nous cinglent le visage comme des coups de fouets invisibles. On ne va pas très vite avec notre petit moteur de 15 CV, mais pourtant c'est suffisant pour sentir ces piqures sur tout le corps. On sort nos ponchos alors que l'eau s'immisce partout. Je ferme mon sac avec l'appareil photo Réflex. Il me reste mon appareil avec le boîtier étanche pour immortaliser la scène. La pluie va durer une petite demi-heure, mais elle nous oblige à écoper la pirogue. La pluie a été très forte.
Au milieu de cette pluie, Jacques me fait signe qu'il a vu 2
Loutres sur le bord de la rivière. Évidemment mon appareil avec l'objectif 300 mm est enfermé dans le sac étanche, car lui ne résisterait pas à la pluie. On va donc, au cours de notre descente aujourd'hui, voir à 4 reprises, voir des loutres. Une première fois une loutre isolée, puis un couple et à nouveau une autre isolée. Il m'est très difficile de me prononcer sur le type de loutre que je viens de voir. Je n'ai pas de photo pour voir les détails, ni une vision parfaite dans la mesure où la pluie brouille notre vue. De plus elles sont cachées sur le bord de la berge, pataugeant dans l'eau et nous regardant passer, protégées par des branchages. Il est donc difficile de se prononcer, mais je vois une partie blanchâtre sous le museau, ce qui me fait penser immanquablement à une Loutre du Congo, bien que sur la Dji-Dji ce soit plus raisonnablement des Loutres à Cou Tacheté / Lutra maculicollis.

Navigation en Plein Orage :

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- Les Rapides 8 à 15 :
C'est maintenant un champ de rapides que nous traversons régulièrement. Les rapides 8 que nous atteignons après 75,50 km, vers les 16h35. La turbulence n'est pas énormes,. Ils ne semblent pas trop préoccupant, mais compte tenu des eaux qui sont basses, voire même très basses, il est plus prudent que nous allégions la pirogue. Nous descendons donc sur la berge gauche en montant sur des gros rochers qui affleurent. Les rapides sont nettement visibles. On est juste à côté, quelques mètres en amont. Ils sont très vite jaugées, car l'eau qui découle est uniforme, quasi sans ride, à part quelques remous de temps en temps, au hasard d'une branche qui est bloquée ou d'un rocher plus gros que les autres. Puis, lorsque le regard se lève, on aperçoit une barrière de rochers qui dépassent largement de l'eau et qui provoquent derrière eux, ce bouillonnement caractéristique qui génère les rapides. Ce sont des eaux tumultueuses, à des grades divers, plus ou moins fortes, plus ou moins furieuses. Certains nous obligent à descendre, mais il est certains que beaucoup d'entre eux seraient aisément gérables, la pirogue chargée, en pleine saison des pluies, lorsque les eaux sont hautes de plusieurs dizaines de centimètres, au-dessus du niveau actuel.
Descendus à terre, nous nous enfonçons dans la forêt pour parcourir plusieurs centaines de mètres, peut-être un bon kilomètre. Au cours de cette petite traversée, on va observer un
Céphalophe à ventre Blanc / Cephalophus leucogaster et un groupe de Potamochères / Potamochoerus porcus. Malheureusement, bien que la végétation ne soit pas trop dense, ils sont difficiles à repérer au milieu des arbustes et des feuillages. Je verrais donc ces animaux à travers les branches et feuilles, sans pouvoir les prendre en photo.

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En cette fin d'après-midi, après 3 jours de pirogue assis sur une planche dure et sans coussin, mes fesses deviennent particulièrement douloureuses, quelle que soit ma position. Je vais utiliser mon poncho après l'orage pour en faire un coussin. Petit répit !

3 Kilomètres plus loin, vers les 78,90 km à partir de notre dernier campement, on passe les
Rapides 9 sans descendre car le niveau a légèrement monté. Il est 16h55. Puis les rapides continuent de se succéder les uns derrière les autres. Vers 17h15, à 81,9 km, on passe les Rapides 10 pour lesquels nous allons descendre à cause du poids, même s'ils ne sont pas impressionnants. Puis 500 mètres plus loin, les Rapides 11, où on va rester dans la pirogue, comme les Rapides 12, 400 mètres plus loin. Ces rapides sont séparés par de petites distances sur lesquelles l'eau est tranquille, la rivière s'écoulant lentement.
Puis se succèdent à 300 m, vers 17h30, les
Rapides 13, pour lesquels nous ferons un contournement à pied à cause des turbulences. Puis les Rapides 14 et 15, 1 kilomètre plus loin. Les 2 derniers rapides ne sont séparés que de 50 m.

- Le Camp 3 en forêt en fin de Jour 4 :
Finalement après avoir passé tous ces rapides, nous arrivons vers un ancien camp WCS, qui est sur la berge gauche de la rivière, juste avant une série de rapides supplémentaires qu'on abordera demain. Lorsqu'on parle de campement WCS, on peut imaginer sans difficulté un camp avec un bungalow, des petits abris, et bien d'autres constructions de confort. Non, il est appelé campement WCS, car probablement dans les années passées, le WCS est certainement passé par là et y a séjourné peut-être 2 ou 3 jours. De fait, il lui est resté ce nom. Aujourd'hui ce campement n'a absolument rien à voir avec un campement, il s'agit tout simplement d'un endroit qui a reçu un nom évocateur, et où nos collègues se sont arrêté par le passé, et dont le nom permet de le distinguer des autres endroits de campement. Il n'y a rien si ce n'est un reste de feu et 3 petits morceaux de bois servant de siège. C'est tout. Ce n'est en aucun cas, un endroit aménagé. Il n'y a aucun aménagement !

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Le campement sera établi comme la veille : bâche de toit, bâche plus petite au sol, nos 3 moustiquaires dont une double où Philippe C et Stéphane dorment dessous. Repas du soir avec les Yaras cuit comme la veille. Ils sont toujours parfaits. Pour la douche du soir, il y a une petite plage qui permet de se laver sans difficulté dans une eau peu profonde et dans laquelle on peut s'allonger facilement. Je mets également mes notes à jour à la lueur de ma lampe frontale, une Petzl NAO dont la lumière varie en fonction de la distance et qui est parfaite pour écrire. En effet la lumière augmente d'intensité toute seule, grâce à une cellule de mesure, si je bouge la tête et que je regarde au loin.

Peu après, alors que la nuit est bien tombée, je suis allongé sous ma moustiquaire et j'entends des mouches et des moustiques qui rôdent autour de ma moustiquaire. Je n'y prends pas trop garde car je suis à l'abri. Vers 10h30 peut-être, je suis réveillé dans mon demi-sommeil par des démangeaisons fortes sur mes épaules droite et gauche. Finalement, au bout d'un moment, fatigué de ces douleurs et de ces vrombissements qui tournent autour de ma tête, j'allume ma lampe torche et je trouve une mouche tsé-tsé qui est posé sur le haut de ma moustiquaire. J'essaye de l'attraper ou plutôt de l'écraser entre mes mains, mais elle part et se repose plus loin. Dans tous les cas, elle ne peut pas aller bien loin. Finalement, prisonnière dans le bas de la moustiquaire, je fini par l'écraser et à ma grande surprise je prends du sang plein la main et je laisse sur le bas de la toile une tâche de sang de presque 5 à 6 cm de long ! C'est la seule mouche qui est passée à l'intérieur et elle s'est gavée tant qu'elle a pu ! Son festin n'aura pas duré bien longtemps, mais elle me laisse avec 2 grosses tâches roses sur les épaules, que je vais garder quelques jours.

Je suis réveillé le matin par les bourdonnements des abeilles. Il y en a partout, sur toutes les anses des sacs à dos, aux endroits où la sueur est source de vitamines ! Peu après, en descendant sur la plage, un brouillard assez dense bouche l'horizon. On devine les arbres de la berge d'en face qui se détachent à peine par leur couleur verdâtre à travers le blanc des nuages de brume. C'est magnifique ! La pirogue avec Rodrigue et Jacques arrive aussi. Leur pêche du matin a été bonne. On aura ainsi du poisson pour ce soir. Ils ont toujours des Yaras, mais aujourd'hui, ils ont pris aussi un
brochet / Hepsetus odoe, qu'on ne fera pas cuire pour nous, car il beaucoup d'arêtes. Mais sa gueule est impressionnante avec ses dents acérées. Il faut faire attention, quand il est dans la pirogue, car s'il n'est pas mort, sa morsure peut être douloureuse et peut s'infecter.
En regardant vers l'aval de la rivière, on aperçoit à une centaine de mètres, les prochains rapides que nous devrons franchir demain matin, avec une ligne de gros rochers et des arbres qui ont poussé au milieu. Entre ces rochers, de l'eau s'engouffre. De bons moments se préparent pour demain matin.
Pour l'eau, on va remplir nos bouteilles avec de l'eau de la rivière et on va mettre des pastilles de Hydroclonazone qui est du chlore servant à désinfecter l'eau. on boira maintenant cette eau. Ça ne m'empêchera pas de boire d l'eau de ruisseau lorsque celle-ci est limpide.

Trajet Pirogue et Marche Jour 4 :
••
Descente en Pirogue Jour 4 -> Campement 3 : 86,73 km pour 7h50 environ de navigation avec des arrêts cumulés de plus de 2h10. Ce relevé fait par mon GPS cumule navigation en pirogue et marches de contournement des rapides.



- JOUR 5 :

Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 5 :



• Il est environ 8h10, lorsque nous mettons en marche la pirogue pour continuer notre descente. Le rapide que j'apercevais ce matin, à une centaine de mètres de la plage, est notre premier obstacle. En fait, ce n'est rien du tout, quelques petits remous, qu'on peut ne pas considérer comme un rapide.

- La Descente en Pirogue de la DJI-DJI :

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- Les Rapides 16 à 18 :
Le premier rapide (le Rapide 16) nous le trouverons après presque 3 km de navigation en aval, vers 8h20, et nous le passerons simplement, en restant dans la pirogue.
Le
Rapide 17 que nous trouverons à environ 6,3 km de notre dernier campement, sera lui, plus problématique. Nous devrons descendre de pirogue pour le contourner. La marche va durer 20 minutes et il faudra traverser une rivière avec de l'eau jusqu'au mollet. Vers 8h50, nous remonterons dans la pirogue our attaquer notre dernier rapide, le Rapide 18, que nous atteindrons après 7,02 kilomètres de pirogue. Il sera aux alentours de 9h10, lorsque nous aurons terminé notre marche de contournement.
La descente de la rivière Dji-Dji ne durera ce matin-là, que 1 h environ. Vers les 9h16, nous terminerons notre descente en pirogue en atteignant un espace qui se trouve avant une autre série de rapides qu'il est très difficile de passer aujourd'hui, avec si peu d'eau. Ce sera le début de la marche vers les fameuses chutes de la Dji-Dji.

- Marche vers les Chutes de la DJI-DJI :

En cette matinée de notre cinquième jour d'expédition, il est environ 09h20 lorsque nous chargeons nos sacs à dos, et moi mon matériel photo avec un sac appareil et zoom qui pèsent presque 7 kg, que je porte en bandoulière. Nous laissons la pirogue amarrée à un arbre car après cette marche, nos 3 compagnons, Guy-Roger, le chef de l'expédition, Jacques et Rodrigue vont revenir à la pirogue pour la ramener à Winnerparc. Roger, lui continuera avec nous pour la visite des chutes et pour le baï de Langoué.
Avec le briefing que nous avons tenu avant notre départ, il était prévu une marche de l'ordre de 4h, qui avec la moyenne de marche habituelle en forêt, me faisait penser à une distance d'environ 8 à10 km. Tout au plus 10 km. Sur mon GPS, les chutes s'affichent à environ 6,5 km. La marche commence. Elle n'est pas franchement difficile, mais certain s passages sont délicats. Par contre le chemin emprunte les passages les plus adaptés mais malheureusement ils ne peuvent rien changer à la topographie de la région. On monte puis on descend et chaque fois qu'on descend du sommet d'une colline on sait que fatalement il faudra remonter lorsqu'on aura passé le fond. Et quand on est au creux, en saison des pluies ou après de fortes pluies, forcément l'endroit est humide, voire très humide, souvent boueux, et avec des ruisseaux qui serpentent dans les zones basses. On va donc traverser des zones de boue qu'on essaye d'éviter au maximum, mais même en sautant de caillou en caillou ou en passant sur des troncs d'arbre mort, on doit finalement se résoudre à passer dans l'eau, à remonter des ruisseaux sur plusieurs dizaines de mètres, à patauger dans l'eau jusqu'au mollet. Puis gravir une pente raide au début et glissante sur quelques mètres, puis avec un répit avant de reprendre un sentier qui n'existe pas sur plusieurs centaines de mètres. Le rythme diminue avec le temps. Le temps passe. Ça fait 1h30 qu'on marche, la sueur coule sur nos joues. Le dos est complètement mouillé avec le frottement du sac à dos. Moi j'ai en plus mon sac photo qui ballotte de droite à gauche, que je reprends à chaque pas. On passe un arbre mort qui fait plus de 80 cm de diamètre. Je m'assieds dessus, je bascule mes jambes de l'autre côté, et je repart.
On fait une halte de 10 minutes qui nous permet de mettre les sacs à terre, de boire et de nous reposer. Après avoir récupéré on repart. Au passage, je prends quand même le temps, même si le but est d'avance, de regarder la nature. Des tas d'espèces de
champignons, de toutes les couleurs que je vois régulièrement sur le sol ou les troncs pourris.

La Brume du Matin sur la Rivière :

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- La Marche et les animaux :
Je croise à plusieurs reprises des terriers d'
Oryctérope / Orycteropus afer. Il est remarquablement difficile de voir ces animaux. Puis des termitières boules qui sont étranges. De la taille de gros ballons de football et qui sont fixées sur les fourches d'un arbuste. A plusieurs reprises nous observerons des singes sautant de branches en branches. Très haut et difficile à voir. Globalement on voit un mouvement de branches et des feuilles qui s'agitent, mais il est difficile de voir réellement l'animal, sauf pendant des fractions de secondes où il court sur une branche et prépare son saut pour aller sur l'arbre voisin. Des singes Colobus guereza et des Cercopithecus cephus, que j'aurais de la peine à distinguer. Lorsqu'on marche en forêt, il faut essayer d faire le moins de bruit possible si on veut augmenter les chances de voir des animaux. Même lorsque les singes nous ont détecté, il est souhaitable de bouger le moins possible. Dès qu'un mouvement est détecté, c'est la fuite en avant. Aujourd'hui, on est là pour aller aux chutes et cela ne nous empêche pas de prendre un peu de temps pour voir des animaux, mais on ne peut trop en perdre.

Un peu plus tard, on sera surpris de nouveau par un
cri de gorille, qu'on en verra pas. Il est parti après son cri d'intimidation. Puis une gazelle dont je n'ai pas identifier l'espèce. La marche continue. On passe de nouveau des lits de rivière puis des zones humides. Dans tous les cas nos pieds sont mouillés depuis plusieurs heures maintenant, et on n'a pas le choix. Des termitières colonne adossées sur des troncs d'arbre, puis des nids de chimpanzé / Pan troglodytes construits peut-être la veille dans des fourches d'arbres.

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- Les Fourmis Magnans :
Plus loin dans la marche, le guide Guy-Roger qui est devant, nous lance un avertissement “Attention, des magnans“. Tout le monde comprend vite. On s'arrête et on évalue la situation. Habituellement les Magnans / Dorylus sp se déplacent les uns derrière les autres en une colonne de 5 à 10 cm de large, avec les ouvriers et les porteurs de larves au milieu et les fameux soldats avec leurs grosses pinces, sur les bords. Il suffit donc de les sauter et ça ne pose pas de problème. Ces fourmis, en général marchent sur des distances énormes, à tel point, que le passage répété pendant des heures et des heures de milliers, non de millions de fourmis, au même endroit, continuellement, les unes derrière les autres, en même temps, sans répit, arrivent à creuser en fin de déplacement, un sillon, qui quelquefois peut atteindre 2 ou 3 centimètres de profondeur, dans un sol particulièrement meuble. Ça reste toujours un phénomène impressionnant.
Si par mégarde, un animal ou un homme marche dessus, toutes les fourmis s'éparpillent aussitôt. Celles qui peuvent s'agripper sur l'intrus, le traquent jusqu'à ce qu'elles soient tuées, et les autres s'étendent autour du lieu de l'attaque, pour parer à toute éventualité, c'est-à-dire pour se défendre. Leur sytème social est impressionnant dans la mesure où l'individu ne compte pas et seul l'ensemble peut exister même sur la mort de leurs congénères.

Ici, cette fois, il ne s'agit pas d'un déplacement à la recherche d'un nouveau nid. Le premier de notre colonne court autant qu'il peut pour voir jusqu'où elles vont. Finalement, il court sur plus de 50 mètres, avant de nous montrer l'endroit jusqu'où on doit aller. Si on s'arrête avant, on sera irrémédiablement attaqué. En fait, aujourd'hui, cette colonie de magnans est en mode “chasse“ et de ce fait, les fourmis s'éparpillent le plus possible pour couvrir le plus de surface possible pour rechercher de la nourriture. C'est l'enfer, car tout le monde sait qu'on ne peut pas traverser une telle distance sans se faire attaquer. On va donc courir le plus vite possible, l'un derrière l'autre avec nos sacs à dos, et quand on va s'arrêter en fin de course, à plus de 50 ou 60m, on commence tout de suite à relever les jambes des pantalons. C'est là que commencent les choses sérieuses. Tout le monde s'affaire autour de ses jambes et en prélève le plus possible. Les premiers sont les plus chanceux car ils ont été moins agressé. Les derniers ont ramassé toute la colère des insectes. J'en trouve sur mes jambes que j'écrase aussitôt. Puis j'attends ceux qui sont sur les chaussettes et qui gagnent mes poils petit à petit,? Je sens des piqures sur ma cuisse. Je me déshabille donc et j'enlève les 2 fourmis que je trouve. Je me rhabille lorsque je sens une nouvelle piqure dans le dos. Je l'écrase à travers la chemise. Longuement et ça suffit. Un peu plus tard, comme je commence à marcher, j'en trouve une qui est en train de me lancer de l'acide formique sous la peau, au niveau de la chevelure. Bien sûr je l'écrase entre mes 2 doigts. Mais comment a-t-elle fait pour monter si haut, si vite ? Lorsqu'on reprendra la marche, il faudra encore quelques arrêts, plus brefs certes, pour se débarrasser de tous les attaquants. Fort heureusement, je n'ai eu qu'un seul soldat, dont j'ai eu de la peine à me débarrasser.

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- La Marche et les animaux :
Vers 14h, on fait une halte à côté d'un arbre mort depuis très longtemps. Il fait bien 50 ou 60 cm de diamètre. On a tous posé nos sacs à terre et Rodrigue, remarque qu'il est creux. Il l'inspecte donc. Je sors ma lampe torche que j'avais à la ceinture et on s'aperçoit qu'il y a une petite chauve-souris pendue au fond du tronc creux sur plusieurs mètres. L'endroit est malheureusement trop sombre et sans flash, c'est difficile de faire une bonne photo. Il est donc très difficile d'y mettre un genre et encore moins, un nom d'espèce. On est pris par le temps, et malheureusement, je ne peux pas bloquer l'équipe toutes les 5 minutes pour prendre une photo correcte qui va me demander 10 minutes pour sortir et ranger le matériel et les accessoires ! Plus tard on va observer des pintades (vraisemblablement Pintade Noire / Agelastes niger) qui vont fuir rapidement.

- Encore la Marche :
Les heures passent, les haltes se multiplient, les kilomètres s'additionnent. On se rapproche toujours des chutes que je vois sur mon GPS. Au départ elles étaient, à vol d'oiseau, à environ 6,5 km. Actuellement, après 5 heures de marche, je les vois encore à plus de 2 km. Il est vrai que plus on marche, plus on se rapproche. Par contre, on se rapproche TRÈS lentement. Trop lentement. Il est probable que notre guide, n'a pas le chemin entièrement tracé en tête, et c'est toujours difficile de retrouver sur le chemin, de vieilles “coupes“ qui jalonnent les bifurcations. Ça fait un long moment qu'on suit la rive de la Dji-Dji sur sa droite. Mais par contre, on est obligé de s'en éloigner, car il y'a des endroits qui sont envahis par la végétation et les Marantacées qui ont poussé en obstruant le passage. Il faut alors, plonger dans la forêt plus primaire, qui est beaucoup plus ouverte et dans laquelle on a une vision assez profonde sur plusieurs mètres, mais surtout beaucoup moins de plantes. En forêt profonde, des plantes il y en a peu car les grands ont tout étouffé. Ça ne veut pas dire qu'on n'en trouve pas, non, ça veut simplement dire que dans les endroits qui sont trop sombre, il y en a beaucoup moins. Et lorsque les plantes peuvent trouver un peu plus de lumière lorsqu'il y a un arbre qui meurt, ou qui est foudroyé, ces plantes inféodées à la lumière peuvent se développer, proportionnellement à la lumière reçue.
En marchant, on entend du bruit d'eau. J'imagine que ce sont les chutes qui se rapprochent. Mais non, ce sont des rapides ! Puis en continuant la marche, le bruit s'estompe. On continue la marche. Sur mon GPS, je vois les chutes à moins de 1km. On se rapproche. Toujours on se rapproche, mais il faut encore marcher. Finalement on arrive au sommet d'une colline où en abordant la descente, le guide me dit, “ça y est, on arrive aux chutes“. On est arrivé, mais il reste encore 500 m à faire ! Quand on “arrive“, il reste toujours quelque chose de plus à faire. Heureusement on est en descente et c'est facile. Je me dit tout simplement à moi-même “Pourvu qu'on n'ait pas à remonter tout ça, car ce sera difficile“.

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Malheureusement, je serais déçu, car le guide me confirme un peu plus tard, que demain pour prendre le véhicule qui doit nous amener au camp Dilo, il faudra partir du petit “parking“ qui se trouve au sommet de cette colline. Il faudra donc se “retaper“ tout ça, mais dans le mauvais sens !

Ce n'est pas la peine de se préoccuper pour demain, il vaut mieux finir notre marche d'aujourd'hui. Nous atteindrons donc la plateforme construite par l'ANPN à mi-hauteur de la première chute de la Dji-Dji. Il est environ 16 heures, lorsque nous mettons pied sur la plateforme. Nous avons marché presque 7 heures et nous avons fait 16 kilomètres de marche ! 15,95 km exactement. Les distances et temps prévus au départ ont été explosé. Mais on est enfin arrivé. Nous SOMMES aux CHUTES de la DJI-DJI. Pour moi ce sera mon deuxième séjour aux chutes.

Trajet Pirogue et Longue Marche Jour 5 :
••
Descente en Pirogue Jour 5 -> Plage Début Marche : 7,5 km pour 1h environ de navigation, avec le passage de 3 rapides.
••
Marche vers les Chutes de la DJI-DJI : 15,95 km. Chutes que nous atteindrons après 6h45 de marche, avec des arrêts de récupération de 2h15 environ.


- Les Chutes de la DJI-DJI / 2 -

- JOUR 5 et 6 :

Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 6 :



- JOUR 5 :

- Les Chutes de la DJI-DJI :


• En cette fin d'après-midi de notre cinquième jour d'expédition, nous sommes enfin arrivés aux chutes de la Dji-Dji. La marche a été longue, même bien plus longue que prévue, mais c'était un régal de faire la descente de la Dji-Dji et de continuer par cette marche, qui, bien que longue et difficile, n'en n'était pas moins intéressante par tout ce qu'on a vu. Nous arrivons donc à la plateforme construite par l'ANPN, à mis hauteur des chutes.

Passage Difficile Durant la Marche vers les Chutes de la DJDJI :

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- La Plateforme :
Cette plateforme est une construction en bois de 5m x 6m environ, avec un plancher en bois et 6 poteaux qui supportant un toit en tôle ondulée. Il permet d'être à l'abri en cas de pluie. Comme nous étions en train de nous préoccuper du programme de amin et en particulier du parcours en voiture vers le camp Dilo, vers 17h30, on voit arriver un groupe de 4 personnes. Il s'agit en fait d'un groupe qui a été envoyé par la responsable du camp Dilo, pour ouvrir la piste vers la chute. Cette piste, une ancienne piste Rougier que j'ai emprunté lors de mon précédent voyage vers les chutes, a été abandonnée depuis plusieurs années. De ce fait, aujourd'hui, elle n'est plus entretenue et la nature a repris ses droits : elle est en très mauvais état. Les collègues qui viennent juste d'arriver, nous confirment qu'ils ont mis toute la journée pour faire les 100 km de cette vieille piste pour arriver ici, car elle est en très mauvais état. Nous sommes content de les voir, car au moins on ne sera pas abandonnés ici. Car il n'y a rien autour sur plus de 100 km !
Nos équipiers ont installés leurs tentes, ils sont maintenant 8 sur un petit terre-plein à quelques mètres de l'abri.

- Les Chutes de la DJI-DJI :

- La Chute 1 :
La rivière Dji-Dji, plusieurs kilomètres avant l'endroit où nous sommes, se divise en 2 bras principaux. C'est celui de droite que nous avons suivi lors de la fin de la marche en fin d'après-midi, même si par moment on devait s'en éloigner pour des raisons pratiques. Entre ce bras et celui de gauche, une immense île est ainsi délimitée. Le bras droit de la rivière va se terminer dans une chute haute de plus de 40 m de haut en un seul couloir dont le débit est énorme, surtout en saison des pluies. Cette chute qui a peut-être un nom local que je ne connais pas, sera simplement dénommée
Chute 1. C'est cette chute-là que nous observons depuis la plateforme. C'est ce même bras que nous devrons traverser demain matin, pour rejoindre l'îlot central qui nous permettra d'atteindre la grande chute principale (Chute 2) qui elle, s'étale en plusieurs cascades distinctes sur un cirque grandiose.
D'ici, nous avons le spectacle de cette voie d'eau unique qui tombe du haut de la montagne. Le torrent est énorme et puissant. Il y a une masse d'eau étonnante qui passe chaque seconde devant nos yeux. Sur les côtés de la plateforme, on trouve d'innombrables plants de
Mormidica foetida qui envahissent tous les alentours.

La Petite Chute Secondaire de la DJi-DJi :

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L'Équipe devant la Petite Chute Secondaire de la DJi-DJi (Roger fait la photo) :

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- Le Camp 4 en forêt en fin de Jour 5 :

Le soir on va aller se laver dans le torrent d'eau qui passe au bas de la colline. Une centaine de mètres à descendre et nous voilà dans l'eau. Le courant est phénoménal. On se met à tour de rôle dans une espèce de bassine de rochers qui nous protège à peine du courant. Il faut faire très attention pour ne pas être emporté. Mais c'est un régal de se tremper ce soir-là.
On fait le point pour la journée de demain avec le chef de l'expédition Guy-Roger. Il va emmener Roger, qui va rester avec nous, pour lui montrer le chemin vers la chute principale. Ils reviendront à la nuit, même si ce n'est pas très loin. Eux, c'est-à-dire Guy-Roger, Jacques et Rodrigue, doivent partir demain matin pour rejoindre pirogue laissé à 16 km en amont pour retourner à Winerparc. On est arrivé trop tard dans l'après-midi (Jour 5) pour qu'ils puissent retourner à la pirogue. Même en marchant vite, ils mettront au moins 4 heures, ce qui est rhédibitoire pour qu'ils essayent.
Revenu à notre campement du soir, je mets mes chaussures et chaussettes sur des bâtons plantés au sol près du feu. J'étends mon pantalon et ma chemise sur le rebord de la rambarde. Alors que nous sommes en train de manger, arrive, à notre grande surprise, une autre équipe, qui elle est arrivée pour nous ramener à Dilo. En fait, la première voiture partie le matin, avait pour mission d'ouvrir la piste, et celle-là, a pour but de nous ramener au camp Dilo, comme c'était prévu à l'origine. Après le repas du soir, nous allons dormir avec le doux ronronnement des chutes.

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- JOUR 6 :

- Les Chutes de la DJI-DJI :

- La Chute principale (2) :
La nuit il y a eu un fort orage. Un vrai avec des pluies diluviennes qui inondent notre carré. Il fait nuit et je ne pense pas à mes affaires. Elles étaient sèches avant la pluie, et le lendemain, quand je vais les reprendre, elles seront mouillées. Je vais donc avoir des chaussures et des chaussettes mouillées pour le deuxième jour consécutif. C'est la loi de la forêt. Je m'y adapte. Ça patauge dans mes chaussures ! Par contre vers 6h du matin, un lever de soleil magnifique donne des couleurs magnifiques à la chute, en noyant les nuages d'une lumière rosée. De toute beauté.
Comme convenu, l'équipe avec Guy-Roger part vers les 7h pour rejoindre la pirogue. Nos 2 guides, Roger et un des arrivant d'hier soir qui connait bien les chutes, nous accompagnent pour voir la chute principale. Les autres reprennent nos sacs à dos qu'on allié et les montent aux 2 voitures qui nous attendent plus haut, au sommet de la colline, à la fin de la piste.

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- La Plongée dans la Rivière :
Vers 7h15, nous sommes déjà entrain de marcher vers l'autre chute. Nous descendons la colline, prenons un petit sentier qui nous amène au bout de quelques centaines de mètres, à un espace où on doit traverser ce bras de rivière. A cet endroit, il y a 2 cordes tendues entre les 2 rives de la rivière. Je mets mes appareils photos dans un sac étanche et je suis le premier guide qui se met à l'eau. Au début l'eau est un peu froide, mais on s'y habitue vite. Elle monte au bout de 5 à 6m, au niveau de la taille. Je me tiens fermement aux cordes et j'avance. Au trois quarts de la distance, brusquement, il y a un creux qui me fait monter l'eau jusqu'à poitrine. A cet endroit l'eau s'engouffre en masse comme dans un goulet d'étranglement et le courant est si fort, que je me retrouve à l'horizontale sans y prendre garde. Ce n'est pas très grave, je tiens fermement la corde et je continue. C'est une expérience assez impressionnante mais qui fait parti des conditions à accepter lors de ce genre d'expédition. Stéphane va se mettre en maillot et enlever ses chaussures, ce qui est aussi une solution pour ne pas se mouiller. Tous les vêtements sont mis dans mon sac étanche avec l'appareil photo. Quant à moi, mes chaussures et mes chaussettes sèches hier soir, mais ayant été mouillées par l'orage de la nuit, il n'y a aucun espoir de retour. Mouillé pour mouillé, autant y aller tout habillé. Le pantalon et la chemise sècheront très vite.

Passage Difficile de Jean-Lou à Travers la DJI-DJI :

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Je prends pied de l'autre côté, bientôt suivi par toute l'équipe. Nous traversons la forêt qui nous permet de déboucher dans une crique de plus de 150 m de large, qui exhibe devant nous une falaise de plus de 40 mètres de hauteur sur tout notre champ de vision. De droite à gauche, les différentes cascades descendent du ciel vers l'aval de ces chutes avant de se regrouper toutes ensembles pour former le deuxième bras de la rivière Dji-Dji. On y dénombre une dizaines de cascades de taille et de largeur différentes. Certaines, se subdivisent un peu plus bas. Ce sont certainement les plus belles chutes et les plus grandioses après les chutes de KONGOU. Nous sommes donc sur un îlot encerclé par les 2 bras de la rivière Dji-Dji. Ils se rejoignent plus bas pour continuer ensemble leur destinée. Cette rivière se jètera ensuite dans l'Ogooué, un peu avant la petite ville de Ivindo.

La Chute Principale de la DJI-DJI :

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Nous prenons quelques minutes pour nous imprégner du spectacle, puis nous rebroussons chemin. De nouveau le passage en immersion, du bras droit de la rivière Dji-Dji, puis on reprends notre marche. Maintenant ce n'est que de la montée. Nous repassons devant l'observatoire où nous avons dormi et continuons notre montée. Heureusement, la marche aller / retour ne dépasse pas plus de 2,2 km, ce qui est peu comparé à ce que nous avons fait hier.
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- La Piste vers le Camp DILO :

• Nous remontons vers la plateforme pour prendre nos sacs à dos. Puis nous grimpons la côte pentue nous amène au sommet de la colline, où nous retrouvons les 2 véhicules qui nous attendent. Je suis parti ce matin avec des chaussures mouilles, mais même si elles avaient été sèches, le passage de la rivière avec de l'eau jusqu'à la taille aurait rendu ce séchage complètement inutile. Je resterais donc avec les pieds qui trempent dans l'eau jusqu'à Langoué. Toute la journée.

- La Piste ROUGIER et la Village de MASSOUNA :
Cette piste est une ancienne piste du forestier ROUGIER, qui gère remarquablement ses concessions forestières dans la zone que nous traversons. Cette piste a été abandonnée il y a plusieurs années en arrière, par la formule de “Gestion et Aménagement Durable“ de la forêt. Cette politique très stricte suivie par très peu de forestiers, mais dont Rougier peut s'enorgueillir de la pratiquer, permet de faire une rotation sur les parcelles exploitées. La zone est découpée en plusieurs parcelles et pendant qu'on exploite et coupe les arbres sur l'une d'entre elles, les autres sont laissées en jachère pendant 20 ou 30 ans, afin que la nature puisse se renouveler. Il est certain que la gestion durable d'une aire a un coût important, car au lieu de faire des coupes de bois inconsidérées et incontrôlées, sans tenir compte du temps nécessaire à la nature pour récupérer, on ne coupe qu'un certain nombre d'arbre à l'hectare, en moyenne 1 arbre par hectare, en dissociant les espèces qu'on peut couper de celles qui sont trop petites ou protégées (comme le Moabi par exemple). Cette récupération de la nature prend plusieurs décennies. Le suivi de cette norme extrêmement contraignante, le label FSC (Forest Stewardship Council), est un atout majeur qui doit permettre d'assurer la pérennité de l'exploitation de la filière bois au Gabon, qui a malheureusement en retour, un coût important. Au final, cette Certification Forestière est un processus d'exploitation des ressources sylvicoles qui répond aux besoins du présent, sans altérer la capacité des générations futures à répondre aux leurs, en permettant la régénération programmée dans le temps, des parcelles de forêt. Un gros plus !

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Cette piste donc, a été abandonnée en même temps que l'exploitant a laissé en jachère cette concession pendant qu'elle se déplaçait sur une concession voisine. Au passage on traverse l'ancien village de Massouna qui est aujourd'hui complètement abandonné. Il y a une dizaine d'années, lorsque je suis allé pour la première fois aux chutes de la Dji-Dji, je l'avais déjà traversé alors qu'il était en pleine vie. Aujourd'hui, les herbes ont envahi les espaces entre les maisons en bois qui elles-mêmes se délabrent.

- La Piste vers le carrefour Ivindo :
C'est vers 9h45 que nous démarrons vers le camp DILO. Nous embarquons dans le véhicule du chauffeur, le même Toyota Pick-Up qui nous avait amené à Makokou. La piste est étroite et bordée de Marantacées en particulier des
Aframomums en quantité. Ils n'ont pas été touchés depuis longtemps et ils obstruent complètement la vision. Ils sont tellement haut, qu'ils retombent vers l'autre côté de la piste en se rejoignant de droite à gauche. Ils forment ainsi une voûte de verdure qui fouette continuellement le pare-brise de la voiture. L'équipe d'hier avait pour mission d'enlever les arbres, mais aussi de couper les Aframomums qui obstruent la piste. Travail gigantesque qui n'a pas pu être réalisé en totalité. Il faudra encore plusieurs pour faire tous les kilomètres envahis.

- Les Arbres déracinés :
On n'a même pas fait 5,5 km, qu'on arrive sur un barrage : la piste est complètement bloquée. Un arbre de diamètre moyen, aux alentours de 30 ou 40 cm est tombé sur la piste, durant l'orage de la nuit. Il faut s'attendre en forêt, à être constamment général, voire bloqué par ce genre de phénomène courant : la chute d'un arbre aux racines fragilisées. Il était au bord de la piste, et donc les racines tournées vers cette piste étaient plus fragiles, car elles ne mordaient pas dans la terre. Ce qui est surtout impressionnant, c'est la masse énorme de branches et de feuilles qui monte jusqu'à peut-être 8m de hauteur. On s'arrête donc à quelques mètres, et nos équipiers se lancent à l'action. D'abord avec les machettes pour accéder au tronc principal. Puis, avec la tronçonneuse, un des équipiers découpe le tronc en morceaux de 150 cm de longueur qu'on met de côté, au fur et à mesure de leurs découpes. Plusieurs personnes continuent leur travail de découpage des branches restantes. En 3 minutes seulement, cet obstacle déroutant au début, a été éliminé.
On reprend le chemin au travers des branches d'aframomums. Plusieurs kilomètres, après, on a la même problématique avec un autre petit arbre. Celui-là est vite éliminé et on reprend donc notre voyage.

- Le carrefour vers Ivindo :
Cette vieille piste de 51 km, arrive finalement à un carrefour, dont la piste à droite, amène à la petite ville de Ivindo. Il est 12h40, lorsque le responsable, ferme le cadenas de la barrière qui condamne la piste vers la Dji-Dji. Cette politique mise en place par l'ANPN lorsqu'elle récupère une piste, ou par les forestiers, lorsqu'ils en on la responsabilité, est absolument nécessaire, dans la mesure où les pistes ouvertes sont empruntés par les braconniers qui trouvent ainsi des “autoroutes“ pour commettre leurs méfaits : chasse d'animaux protégés, massacre incontrôlé d'animaux pendant toute l'année, destruction du patrimoine naturel et au final un impact négatif et destructeur énorme sur la faune et la flore.

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Le carrefour passé, on fait quelques kilomètres, et puis soudain, MIRACLE ! On s'arrête au bord de la piste, à un endroit bien précis que le chauffeur connait bien. On monte sur le haut du talus de la piste et là, pour la première fois depuis 1 semaine, on capte du réseau. Seul le réseau AIRTEL fonctionne ici, mais il fonctionne. Cette opportunité nous permet de donner des nouvelles à nos amis et famille et pour Stéphane, de régler quelques problèmes de travail. Ici, on est face toujours au même mystère de la propagations des ondes, où quelquefois, par miracle, on peut capter du réseau, alors que 100 mètres avant ou après, il n'y a rien ! Mystère et miracle.

- Le Camp DILO :
Nous atteindrons le camp DILO après 45 minutes de piste après le carrefour, vers 13h25. Piste sans problème car c'est une piste empruntée par les grumiers, et donc entretenue par les forestiers qui sont au voisinage. Nous sommes à seulement 20 km du carrefour. Le camp DILO est au bord de la Dji-Dji qui va se jeter tout près, à seulement quelques kilomètres, dans l'Ogooué. C'est une vaste esplanade juste après le pont qui passe sur la rivière Dji-Dji. La este continue pour aller vers les concessions forestières d'une part et permet à une petite piste de bifurquer vers le Campement de Langoué.
Le camp par lui-même est constitué d'un grand bâtiment à étage, avec un garage abrité pour les véhicules. Puis à côté, un bungalow qui sert de lieu de convivialité, ainsi que d'autres construction en bois quo permette d'abriter la base vie. Un débarcadère permet l'accès au fleuve. Un groupe d'agents de l'ANPN vit dans cet univers qui semble paradisiaque.
Notre programme, au départ, consistait à aller au Baï de Langoué le plus rapidement possible à partir des chutes de la DjiDji. Ce jour, le sixième de notre expédition, était le mercredi 26 septembre 2018. Nous avions prévu de passer la nuit de mercredi à jeudi au baï, ainsi que les nuits de jeudi soir et vendredi soir. Ce programme nous aurait permis de revenir le samedi matin au camp Dilo et ensuite de partir sur Booué le samedi matin, en voiture avec le chauffeur. Par contre, compte tenu des difficultés du terrain, il est difficile de maintenir le programme tel que décidé. Il était prévu, que cette journée nous amène au Baï de Langoué, et que nous y restions. Nous devions donc passer 3 nuits et 2 journées au baï. C'est après être arrivé au camp DILO, que notre chauffeur nous informe que le samedi, le bac qui est géré par Rougier ne fonctionne pas. En effet pour aller du camp Dilo à Booué, il faut emprunter la piste qui va à Ivindo (et qui passe par le carrefour que nous avons emprunté ce matin) et qui ensuite, implique de prendre le bac Rougier à la petite ville de Ivindo. Ce qui nous interdit de revenir au camp Dilo, le samedi. Il faudrait donc qu'on parte le vendredi du baï. Puis, il nous informe que le vendredi, le bac ne fonctionne que jusqu'à 16 ou 16h30 de l'après-midi, ce qui compte tenu des contraintes.
Lorsqu'on analyse toutes ces informations que nous n'avions pas au départ, il se trouve que notre séjour à Langoué, va être sérieusement réduit. Nous allons partir tout de suite pour le baï de Langoué et nous reviendrons sur le camp Dilo, le vendredi en fin de matinée. Nous prenons rendez-vous avec le chauffeur, qui doit nous trouver ici, vendredi matin, à 13h. De là nous partirons sur Booué en prenant le bac avant sa fermeture. Tout semble donc se dérouler correctement, si ce n'est qu'on perd 1 nuit et 1 journée complète au baï. On n'a pas le choix.

- Le Patronyme DILO :
C'est assez curieux de voir l'existence sur les cartes IGN, que la rivière Dji-Dji, dont je n'ai pas encore trouvé l'origine, s'appelle DILO. Il semblerait que le nom du camp DILO, vienne peut-être du nom d'origine de cette rivière. A l'époque des débuts de conception des premières cartes et avant les systèmes modernes de localisation, au début du XXème siècle, les premiers explorateurs se reposaient sur les guides qu'ils avaient, avec leur connaissance du terrain. Beaucoup de rivières s'appelaient DILO, qui semble être une transcription phonétique de l'interprétation de certaines mot prononcés par les guides premiers. En particulier, pour identifier une rivière en demandant au guide comment elle s'appelle, la réponse pouvait être “C'est de l'eau“, qui rapidement prononcé pouvait être “nde l'eau“, donc “de lo“ qui par retranscription devient “delo" soit “dilo“ par mauvaise prononciation de certains sons peu courant. Plus on se rapproche du présent, plus les rivières Dilo disparaissent au profit des noms plus proches de la réalité. On sait maintenant avec les moyens modernes de géo-localisation et de mesures, différencier les rivières et attribuer à chacune son lit exact. Petit à petit, les anciens noms de DILO disparaissent donc au profit de nom locaux. C'est une belle histoire.

Le Camp DILO :

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- Vers le Campement de Langoué :

- La Piste vers le Début de la Marche de Langoué :
Au camp DILO, on met toutes nos affaires dans le Quad et on embarque tous. Le véhicule est très chargé, au-delà même de la charge admissible. Nous sommes tous les 4, Roger et 2 personnes pour la logistique. A quelques kilomètres, nous allons récupérer notre guide. On est donc 8 dans le véhicule avec le chauffeur en plus. Il est environ 14h10 lorsqu'on quitte le camp Dilo. Le chauffeur va repartir vers Booué. Il devrait nous attendre le vendredi matin 28 septembre, ici même, à 13h comme convenu.

On a quitté à peine le camp Dilo, qu'à environ 2 ou 3 km, en prenant un virage qui tourne à gauche, un énorme serpent de couleur noire traverse la piste. Sa queue à a peine passé le milieu de la piste alors que sa tête se trouve déjà au bord extérieur droit. Surpris, le serpent se relève brusquement à plus de 80 cm de hauteur et lance sa tête vers l'intrus et son bruit, notre quad. Heureusement nous sommes loin, à plus de 2 ou 3 m, et cette attaque, impressionnante et fulgurante se termine dans le vide. Il s'agissait vraisemblablement d'un
Cobra / Naja melanoleuca. Bien entendu, l'action est tellement rapide, que je n'ai même pas eu le temps de toucher mon appareil photo.
La piste est bonne sur une vingtaine de kilomètre qui correspondent à la portion entretenue par la société forestière Rougier. Puis nous la quittons, pour emprunter l'ancienne piste qui va à Langoué et qui n'est pas vraiment entretenue. Des vieux ponts de planches auraient du mal à supporter le poids d'une voiture. Il faudrait refaire tous les ponts pour qu'un véhicule puisse passer. En attendant on fait le trajet avec ce quad. Par contre un pont particulièrement long (plus de 20m) est tellement délabré, qu'on est obligé de descendre, par mesures de prudence. Arrivé à milieu parcours. A partir de cette portion, nous mettons les casques avec la visière. Le Quad n'ayant pas de pare-brise, les branches d'Aframomums qui s'entrecroisent au-dessus de la piste et nous cinglent le visage au passage. Même avec une vitesse relativement réduite, il est impossible de rouler sur cette piste sans casque. Ponts en planches, couloir d'Aframmomums, ravins impressionnants, piste boueuse par temps de pluie comme aujourd'hui, cette piste qui est difficile à entretenir est une bonne préparation à la forêt.
Après 44 km de piste, on arrive à un petit terre-plain, niché entre quelques gros arbres et qui est le parking de fin de course en véhicule. Ce lieu d'attente n'a rien de particulier. Une esplanade dégagée de quelques 20m sur 30m de côté, avec une bâche tendue entre des arbres, où on peut laisser du matériel à l'abri. Par exemple, nous avions une glacière avec les provisions restantes. Nous avons pris et réparti la nourriture dans les sacs à dos et ensuite, nous avons laissé notre glacière pour le retour. Il est environ 16h lorsqu'on arrive à la fin de la piste.

En fait, si les ponts étaient réparés, cette portion de piste depuis le camp Dilo, pourrait se faire plus facilement et bien plus rapidement en voiture genre pick-up ou Toyota Land-Cruiser. Mais il y a un énorme travail de maintenance et de réhabilitation qui, bien sûr, a un coût ! De cette aire de stationnement, on voit bien le départ d'une petite piste forestière et pas en très bon état, qui en fait s'approche du campement de Langoué. Cette piste si elle pouvait être géré financièrement, permettrait de faire le
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trajet du camp Dilo à l'aire de stationnement en voiture 4x4 et ensuite de prendre les Quads qui devraient rester en stationnement ici, en début de forêt, pour emprunter cette piste forestière, qui conduirait les touristes directement aux abords du campement de Langoué. Il est évident que ça gommerait d'un coup, une marche fatigante et longue avec le matériel et sacs sur le dos. Mais cette solution demande un investissement important.

A partir de là, commence la marche.

- Marche vers le Campement de LANGOUÉ :
En attendant une hypothétique réhabilitation de la piste qui grimpe au sommet de la colline, on va faire le trajet, comme je l'ai déjà fait par 2 fois, à pied. On réparti la nourriture dans les sacs et chacun charge son sac à dos. J'ai également le sac avec mon appareil photo en bandoulière. Mon réflex est décidément assez lourd. Vers 16h 15' débute notre marche. On prend tout de suite à gauche vers la pente qui commence tout de suite. La marche est particulièrement difficile sur le premier kilomètre, car ça monte dur. Mais c'est faisable, chacun à son rythme. Dans tous les cas, ce n'est pas une course. Arrivé presque au sommet, on fait une petite halte au niveau d'un groupe de rochers énormes de plus de 2 à 3 mètres de longueur. A cet endroit, nouveau miracle ! Sans pouvoir expliquer pourquoi, on capte de nouveau Airtel. Pas de signal très fort, mais suffisant pour communiquer. Tout le monde se regroupe sur le rocher le plus haut, celui et le seul qui donne accès au réseau. Dès qu'on le quitte, c'est fini, on retombe dans l'ombre hertzienne. Tout le monde en profite pour un dernier appel. Après, c'est le brouillard total.
Après avoir redescendu légèrement et passé un minuscule ruisseau on remonte encore pour finir par arriver en haut de la colline. Le plus dur a été fait. Nous empruntons ensuite une large ancienne piste de Quad qui est complètement reprise par la végétation, mais qui est beaucoup plus plate et qui nous permet d'augmenter la vitesse de notre marche. Relativement. Il y a quelques années en arrière, ils avaient essayé d'utiliser les Quads pour monter la colline et accéder quasiment au campement. Aujourd'hui les Quads sont fatigués. L'un d'entre eux a eu un accident et termine tranquillement sa courte existence comme une épave au camp Dilo. Cette piste est, aujourd'hui, phagocytée par la nature.
Nous continuons à marcher d'un pas assez ferme. Mais petit à petit, l'heure avance et la lumière diminue et plus on se rapproche du campement, plus il fait sombre. En discutant tout en marchant, il est évident que nous arriverons au campement à la nuit noire.
La distance qu'il restera à faire pour arriver au baï, est trop importante et trop dangereuse pour essayer d'y aller. Il est clair qu'on va rester au campement pour la nuit.
Les derniers mètres seront effectués à la nuit complète et la lune n'est pas encore levée.

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- Le Campement de LANGOUÉ :
Il est 18h30 passé lorsqu'on arrive au Campement de LANGOUÉ. Sur cette esplanade de grès affleurant au niveau du sol, on aperçoit enfin le bâtiment central, tout en longueur sur la gauche. On rencontre le responsable qui nous a donné les clés de nos chambres. Par rapport à ma précédente visite, les tentes qui avaient énormément vieilli, ont été remplacées par des bungalows en bois qui sont très bien.
Douche derrière le bâtiment de logement des agents de l'ANPN qui travaillent sur place. Ils ont mis une tôle à demi-enroulée qui sert de déversoir pour canaliser le petit ruisseau qui passe à l'extérieur du campement. Repas du soir au réfectoire. A ma grande surprise, je vais revoir derrière le restaurant, les yeux de la Civette / Civettictis civetta que j'avais déjà pris en photo il y a une dizaine d'années. En attendant un peu, et en me cachant derrière le poteau sans bouger, elle va sortir quelques dizaines de secondes, puis rentrera sous la couvert de la haie. Je l'ai trouvé un peu grasse ou peut-être, si c'est une femelle, en gestation. Ce n'est peut-être pas la même mais sa famille qui s'est peut-être agrandie ! Nuit qu'on apprécie vivement après cette journée très mouvementée.
Aujourd'hui on a eu toute une journée active de piste et de marche, avec très peu de temps de récupération. Les bruits de la nuit vont envahir l'espace sonore du camp avec des bruits peut-être de cigales et des cris bruyants de perroquets par épisodes.


Trajet Piste et Marche Jour 6 :
••
Marche vers les Chutes de la DJI-DJI : 15,95 km. Chutes que nous atteindrons après 6h45 de marche, avec des arrêts de récupération de 2h15 environ.

••
Chutes de la DJi-DJI -> Carrefour vers Ivindo : 51 km, environ 2h30 de conduite à laquelle il faut ajouter environ 1h de travail pour découper l'arbre déraciné. Au total 3 heures aujourd'hui pour atteindre le carrefour. S'il n'y a pas de grosses catastrophes comme des arbres déracinés par les orages, par exemple, il faut compter 2h30 en moyenne.
•• Carrefour vers Ivindo ->
Camp DILO : 20 km de piste pour 45 minutes de conduite.

••
Piste Chutes de la DJi-DJI -> Camp DILO : Au total, la piste depuis les chutes de la DJI-DJI jusqu'au camp DILO fait 71 km, et il faut compter environ 3h15' de conduite, auquel il faut ajouter les arrêts voulus ou contraints.

••
Piste Camp DILO -> Aire de Stationnement LANGOUÉ : Mon GPS indique 38,5 km que nous ferons en QUAD en presque 2 heures. 1h54' me dit mon tracé GPS. Le chauffeur roule prudemment.

Au total le trajet en voiture des Chutes de la Dji-Dji jusqu'à l'aire de stationnement de Langoué :
••
Aire de Stationnement Chutes de la DjiDji -> Aire de Stationnement Campement de LANGOUÉ (Début Marche) : 117 km environ (fait en Toyota pick-up en ensuite en QUAD). Mon GPS m'indique que nous avons mis 6h16' pour effectuer ce trajet par la piste, avec des arrêts cumulés (pour dégager et enlever des arbres, passer des ponts dégradés, arrêt pour changement de véhicule à Dilo) de l'ordre de 1h 20 à 1h 30'. Partis vers 9h45 ce matin des Chutes de la Dji-Dji, on est arrivé en fin d'après-midi, vers 16h, à l'aire de stationnement du campement de Langoué. Les kilomètres et les temps relevés par mon GPS, concordent bien avec les kilomètres et les temps relevés sur ma montre et le compteur du véhicule. Le compteur du Quad était HS et donc, ne fonctionnait pas.

•• Marche Aire de Stationnement LANGOUÉ -> Campement de LANGOUÉ : (Ce n'est pas encore le Baï de Langoué, qui se trouve encore à 4 ou 5 km !) 6,7 km, environ 2h15 de marche. De 16h15 à 18h30. Arrivée à la nuit.


- Le Baï de LANGOUÉ / 3 -

Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 7 :





- JOUR 7 :

- Le Baï de LANGOUÉ :


- La Marche vers le Baï de LANGOUÉ :
• Compte tenu des catastrophes annoncées concernant le bac Rougier qui ferme l'après-midi à 16h 30, et l'impossibilité de le prendre le samedi, on sait qu'on ne va rester qu'une seule nuit au baï et une seule journée. On décide donc de partir le plus tôt possible, pour passer le plus de temps sur le site.
En ce Jeudi 27 Septembre, nous nous levons vers 5h10 du matin pour déjeuner rapidement, prendre nos affaires et partir. Vers 6h30, nous amorçons notre marche. Il s'agit d'une marche sans difficulté sur 4,5 km. Le début est relativement plat, puis on amorce une montée qui ensuite, va redescendre dès qu'on s'approche du baï. Guère plus d'une heure de marche. Nous arriverons au baï vers 07h35 environ.

L'Équipe sur l'Observatoire du Baï de LANGOUÉ :

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- Le Baï de LANGOUÉ :
Nous passons un petit ruisseau qui constitue une zone humide d'une dizaine de mètres et nous montons à l'observatoire qui comporte 2 étages, soit 3 niveaux. Il fait environ 6m x 3m de large. Du rez-de-chaussée qui se trouve au niveau de la zone humide, on voit les poteaux ancrés dans du béton pour les stabiliser. Il s'agit d'une construction en bois sur une ossature en métal. C'est du solide et du fonctionnel. De là, on a un escalier central qui monte à 2m de hauteur au 1er niveau qui est celui où restent les affaires. Puis par un escalier sur le côté droit, on monte au niveau 2. De là on a une vue dégagée sur le baï. C'est là que nos équipiers monteront leurs tentes. Un peu serré, mais ça tiendra. Par le même côté, on monte au niveau 3, qui est la partie supérieure de l'observatoire. On est à 8m environ au-dessus du sol. C'est là que nous dormirons le soir.
C'est l'endroit privilégié pour l'observation et la photo. En regardant à l'extérieur, je m'aperçois que ce nouvel observatoire a été construit à environ 150m à vol d'oiseau du précédent. On se trouve sur la gauche du premier, lorsqu'on regarde vers le baï lui-même. L'avantage c'est qu'on beaucoup plus près du baï principal. Autrefois on devait être à 300 mètres au minimum du centre d'intérêt. Aujourd'hui, depuis cet endroit, on est à moins de 200m de la zone humide, de l'ordre de 150m. On a diminué ainsi, de moitié la distance pour la vision des animaux, ce qui favorise la prise de photos.
En regardant à l'extérieur, le baï fait environ 300 mètres de large sur peut-être 1 kilomètre de long. Nous sommes dans la partie gauche de cette prairie lorsqu'on regarde le nord. Cette situation est bien visible sur la photo ci-dessus issue de GoogleEarth, mais dont la définition malheureusement, laisse un peu à désirer. Il est vrai que des détails sur Paris ou Los Angeles sont cent fois plus précis et sont plus demandés qu'une vue d'une zone de savane et forêt perdue au milieu de l'Afrique Centrale. Logique.

Vue Panoramique sur le Baï de LANGOUÉ depuis l'Observatoire :

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- Les Animaux :
A notre arrivée, notre surprise est de constater que nous n'avons qu'un Sitatunga femelle qui est sur le Baï central. Il est resté un petit moment, puis petit à petit, il s'est rapproché du côté, avant de disparaître dans la forêt toute proche. 3
Ombrette Africaine voletaient d'un endroit à l'autre sur la zone humide. Dans la matinée, 2 autres Sitatunga femelle sortiront de la forêt sur notre gauche et évolueront dans les hautes herbes qui sont aux alentours de l'observatoire. Ils vont rester au moins 1 heure et faire de longues distances sur la droite et la gauche de notre position. Cette zone autour de nous est extrêmement humide avec de hautes herbes de plus de 1m de hauteur.
Dans l'après-midi, peu après manger, on a vu un
Palmiste Africain / Gypohierax angolensis juvénile qui est resté un moment au bord du marécage. on est envahi de mouches, mais heureusement, ce ne sont pas des mouches hématophages (taons) mais des mouches non agressives qui absorbent avec leurs trompes, juste des substances nutritives sur les peaux en sueur. Parmi elles, quelques taons se cachent, et eux, ils piquent.
Vers 15h, un éléphant est sortie de la forêt sur le côté droit du marécage central. C'est un solitaire. Il restera toute la fin d'après-midi au milieu du bourbier à patauger et à s'asperger d'eau saumâtre. Il partira lorsque la nuit va tomber.

Vers 18h, alors que la lumière du jour a fortement baissé, un groupe de 3 éléphants arrive sur le baï de gauche, à 400m environ de l'observatoire. Il y'a le mâle qui est devant, et derrière une femelle avec son petit. Le mâle est très proche de la forêt et on a l'impression qu'il va y entrer pour ressortir dans le marécage de gauche. Il sont hésiter pendant un long moment dans cette portion de baï. Mais la nuit va tomber sans que l'on sache ce qu'ils ont fait.

- Le WCS :
Vers le milieu de la matinée, nous avons eu le plaisir de voir arriver les agents du WCS (WildLife Conservation Society) qui observent régulièrement les animaux. Les différents animaux sont fichés avec la mention des signes distinctifs qui permettront de les différencier dans le futur. Les heures d'arrivée, de départ ou toute autre information importante est notée afin de cibler au maximum, la fréquentation du Baï. Ce suivi devrait à terme, déboucher sur des statistiques permettant de proposer un séjour plus propice à la vision animale. Parmi les agents, j'ai retrouvé une ancienne connaissance, Modeste, que j'avais connu plusieurs années auparavant, en 2007. A cette époque je travaillais au CIRMF à Franceville, et nous avions financé la construction d'un observatoire sur le site de
Moupia, à 40 km environ, au sud de Franceville (Haut-Ogooué). Ce site est d'une exceptionnelle richesse pour la vision des éléphants (j'en ai vu jusqu'à 35 sur le baï). C'est à cette époque que je l'avais rencontré alors qu'il s'occupait du suivi des pachydermes pour le WCS. Je le retrouve aujourd'hui, avec plaisir. L'observation se poursuivra avec lui et ses collègues.

Éléphants sur le Baï de Droite :

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- La Nuit :
On va monter nos moustiquaires sur les 3 mètres de large de la plateforme où nous sommes. Des matelas sont disponibles au 1er niveau. On en met 3 l'un à côté de l'autre et les moustiquaires dessus. On va se répartir les espaces à 4 sur 3 matelas de 90cm. Ça ira parfaitement. Le programme prévu pour demain est simple : on doit arriver au camp DILO à 13h, pour partir avec le chauffeur sur Booué, par la piste, et surtout avant la fermeture du bac.

Le soir on va se mouiller sur le petit ruisseau tout proche. Pour des raisons écologiques le savon est interdit. De plus, comme le débit est extrêmement faible et qu'il n'y a pas de bassin profond, on peut juste se rincer de manière superficielle. Pendant 2 ou 3 jours ça peut être une solution satisfaisante, mais au-delà… Savon interdit ! Je me rappelle très bien encore les propos du responsable anglais du WCS Ivindo qui m'avait dit “On a tout essayé et au final, le savon le plus écologique est le gros savon de Marseille“. D'un autre côté, il est normal de protéger ce site fragile qui débouche sur un marécage.

Nous nous sommes couchés assez tôt vers 8h30 et vers 10h, Philippe C me réveille pour me dire que les éléphants arrivent. En effet, il y a 3 éléphants dans le baï et sur la droite de l'observatoire, dans la petite rivière qu'on voit à 400m environ, il y a plus de 10 à 12 éléphants qui arrivent. On se dit qu'au rythme où ils avancent, ils mettront plus d'une heure pour aller dans le baï principal. Malheureusement, la lune n'était pas encore levée. Mais avec les jumelles ultra-lumineuses de Stéphane, des Zeiss 8x42 DIALIGHT, on peut les distinguer facilement. Puis les nuages sont venus et malgré la lune qui commençait à apparaître, il n'y avait plus de lumière. On se recouche et on ne les a jamais vu dans le baï : on s'est réveillé à 5h du matin. La fatigue !

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- Le Départ du Baï de LANGOUÉ :
Le matin, le baï principal est vide. On repartira sur cette image. Peu d'animaux lors de cette visite, mais compte tenu du fait qu'on est condamné à ne rester qu'une seule journée et une seule nuit, on n'a pas le choix. Mes 2 premières visites en 2007 et 2010, j'avais eu des images miraculeuses avec éléphants, sitatungas mâles, sitatungas femelles et potamochères sur la même photo ! Puis aussi éléphant et gorille sur la même photo ! Déception, mais il faudra revenir directement au baï pour plusieurs jours. Le lendemain, levée à 5h30.


Trajet Piste et Marche Jour 7 :
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Campement de LANGOUÉ -> Baï de LANGOUÉ : Marche de 4,5 km pendant 1h05' à peu près.

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Marche Totale vers le Baï de LANGOUÉ : Au total, la marche depuis l'aire de stationnement jusqu'au Baï de LANGOUÉ, en passant la nuit au campement, est de 11,5 kilomètres environ, et il faut environ 3 heures 20' de marche. Il faut tenir compte du fait que la montée prend un peu de temps au début.




- Le Retour vers BOOUÉ -


Carte de Progression de la Descente de la DJI-DJI au JOUR 8 :



- JOUR 8 :

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Départ vers BOOUÉ :


- La Marche vers le Campement du Baï de LANGOUÉ :
• A l'observatoire, nous nous levons à 5h30 du matin. Le baï est vide, il n'y a pas d'animaux. Le départ était prévu à 7h30. Mais on déjeune rapidement, on plie tout le matériel, on prépare les sacs à dos et à 7h05, on commence notre marche. On est en avance sur l'horaire prévu. Au revoir Baï de Langoué !

À 07h35, on a gravit la colline de départ, qui sera la principale difficulté de notre marche de retour. Nous progressons sur un chemin qui est globalement plat, donc facile.

- Pensées sur le Baï de LANGOUÉ :
- Intérêt Botanique :
Au passage, en cette période, beaucoup d'arbres ont des fruits. En ce vendredi 28 Septembre 2018, on va croiser beaucoup d'arbres dont les fruits jonchent le sol : fruits de l'arbre
Bilinga / Nauclea diderrichii, Liane Cissus sp Feuilles et Fruit, fruits de l'arbre Niové / Staudtia kamerunensis, beaucoup de Fruits Inconnus dont j'ai eu des difficulté pour leur attribuer un genre et encore plus une espèce, des fruits de l'arbre Diospyros sp Probable, des gousses de l'arbre OKAN / Cylicodiscus gabunensis, des fruits d'un arbre Drypetes sp possible, des fruits de l'arbre Duboscia macrocarpa. Au final, j'ai trouvé énormément d'arbres donnant des fruits ce jour-là.
Pour celui qui va au Baï de LANGOUÉ, l'important semble d'aller le plus vite possible, de marcher le moins longtemps possible, pour passer le plus de temps à l'observatoire. Au vu de mes notes, ce jour-là, pour celui ou celle qui est passionné de botanique, la marche dans cette forêt est d'une richesse incroyable sur le plan de la flore. Il y aurait donc intérêt à proposer pour ceux que ça pourrait intéresser, une “
Marche Botanique“, plus lente mais qui permettrait d'approcher toute cette richesse. Un suivi plus méthodique des floraisons et des fructifications par des chercheurs, pourrait également être mis en adéquation avec la fréquentation animale du Baï.

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- Statistiques :
Au-delà du fait qu'il serait souhaitable de rester au moins 2 ou 3 nuits et 3 jours sur le Baï de Langoué pour en avoir une approche plus réaliste, il faut tenir compte des problèmes de logistiques liés au bac, aux véhicules et aux différents chauffeurs. Ces obligations incontournables, doivent permettre de faire un programme plus réaliste. Sur le plan faunistique, il est évident qu'en restant plus longtemps, on multiplie les chances de voir des animaux. Mais au-delà du temps passé sur le Baï, il est clair que ce serait très instructif de pouvoir s'appuyer sur des données statistiques actualisées, qui permettraient de cibler plus précisément, les périodes où la vision animale est la plus favorable. Cette aide pourrait bien sûr venir des agents WCS qui évoluent dans ce milieu.

- Retour sur BOOUÉ :
On s'arrête quelques minutes au campement de Langoué, que nous atteignons vers 8h15. On a bien marché. Nous sommes à l'aire de stationnement de Langoué vers 10h30, où on retrouve le Quad POLARIS. On a donc mis 3h30 pour cette marche de retour. La piste passe au travers de portions de latérite dont les abords d'aframomums ont été écrasés par les éléphants. Quelquefois sur des dizaines de mètres et 3 ou 4 mètres en profondeur.

On arrive au campement DILO vers 12h35 et on est en avance sur l'horaire prévu pour le rendez-vous avec le chauffeur de 13h. On attend. On continue à attendre. Vers 13h20, je donne un appel téléphonique avec le téléphone satellite que j'ai avec moi. La Responsable à Booué, me confirme que le chauffeur est bien parti à 10h. Après presque 4h, il n'est toujours pas là. C'est inquiétant. Tout à fait par hasard, on apprend que le moteur de la pirogue vient d'être réparé. On discute avec le pinassier qui est disponible et qui pourrait nous amener à Booué, à condition qu'on lui paye le carburant pour le retour.

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- Le Trajet en Pirogue vers BOOUÉ :
Nayant plus trop de choix et comme par miracle la pirogue est disponible, nous mettons toutes nos affaires dans celle-ci. Il s'agit d'une petite barque de 8m de longueur environ, en aluminium avec des banquettes larges. Elle est équipée d'un moteur hors-bord de 40 CV, ce qui est beaucoup pour cette petite embarcation légère. Il est environ 13h45 lorsque le moteur est mis en marche. Très vite on aborde la confluence avec le fleuve Ogooué tout proche et la descente commence. Le fleuve est large, mais nous sommes en basses eaux, et les bancs de sable, comme les rapides, sont nombreux. Notre piroguier semble connaître parfaitement le fleuve, car il fait de longues et larges courbes pour éviter des obstacles. Les rapides sont traversés à pleine vitesse, à tel point qu'on se demande si la sécurité et bien la première des préoccupations ! On suit la piste qui va vers Ivindo, ainsi que la ligne de chemin de fer SETRAG qui relie Libreville à Franceville, et qui suit le fleuve ou en reste tout proche. On arrive à Booué vers 15h15, après 50,8 km de navigation. On a mis à peine plus de 1h30' en pirogue.

- Arrivée à BOOUÉ :
On arrive à Booué et on atterrit sur une petite plage, que le piroguier qui habite dans cette ville, connaît très bien. On décharge les affaires, on paye le carburant au responsable, qu'on partage tous les 4, et on charge nos sacs à dos. On est assez loin de tout et on décide donc de marcher vers la gare qu'on sait proche. Finalement, nous traversons les voies du chemin de fer, un peu avant la gare. Mes collègues et tous les équipiers qui nous ont suivis depuis le Baï de Langoué, restent dans un bar tout proche. Toujours avec mon sac à dos et mon sac photo, j'ai proposé de partir à pied avec le piroguier pour marcher jusqu'à la base de l'ANPN et voir la Responsable. Ce n'est rien de faire 2 km de plus de marche, alors qu'on vient de faire presque 50 km en forêt.

Passage dans une Bambouseraie sur la Piste vers Koumameyong :

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Arrivé à la base, on discute avec la Responsable pour lui expliquer qu'on est arrivé par la pirogue et qu'on n'a aucune nouvelle du chauffeur et qu'il a certainement eu un problème. Mais lequel ? J'étais en train de récupérer la Nissan Patron de Philipp C pour aller chercher toute l'équipe restée au bar, lorsque le chauffeur arrive à pleine vitesse, dans la concession !
Juste pour la petite histoire, il va nous expliquer qu'il est arrivé à 14h au campement DILO, alors qu'il nous avait expliqué qu'il serait au campement avant nous, qu'il y avait des travaux sur la piste … puis … In fine, on ne saura jamais expliquer pourquoi il lui a fallu 4 heures pour aller et seulement 1h30 pour le retour. Attendait-il un petit cadeau qu'on aurait dû lui promettre pour qu'il soit à l'heure ? A-t-il profité de cette sortie pour faire un “petit détour ou travail personnel“ ? Quoiqu'il en soit on a eu de la chance de trouver la pirogue disponible, car on ne saura jamais également s'il a seulement été jusqu'au campement DILO ? On n'a aucun moyen de vérifier l'information. Ce sont les mystères de l'Afrique qui ressortent.


Trajet Marche et Piste Jour 8 :
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Baï de LANGOUÉ -> Campement de LANGOUÉ : Marche totale de 12,1 km pendant 3h30' à peu près.

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Campement de LANGOUÉ -> Campement DILO : Progression en Quad POLARIS sur 39 km pendant 2h de conduite.

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Pirogue Camp DILO -> BOOUÉ : Trajet en pirogue de 50,8 km pendant 1h 30'.

Photo •••• :




- Bilan de la Vision Animale et de la Flore :

• Lors de cette expédition, j'ai pu observer les espèces végétales et animales suivantes :
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Flore :
…. Arbre / .
…. Fougère Platycerium stemaria / Plante Filicopsida Polypodiales Polypodiaceae Fougere Platycerium stemaria
…. Plante 020 Magnoliopsida Cucurbitales Cucurbitaceae Momordica foetida

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Période de Fructification des Arbres Suivants :
…. Bilinga /
Arbre 035 Magnoliopsida Rubiales Rubiaceae Bilinga Nauclea diderrichii Fruit
…. Fuit Inconnu /
Arbre 036 Fruit Inconnu
…. Liane Cissus sp / Arbre 037 Magnoliopsida Vitales Vitaceae Liane Cissus sp Fruit
…. Liane Cissus sp Feuilles /
Arbre 038 Magnoliopsida Vitales Vitaceae Liane Cissus sp Feuille
…. Niové Fuit / Arbre 039 Magnoliposida Magnoliales Myristicaceae Niove Staudtia kamerunensis Fruit
…. Fruit Inconnu /
Arbre 040 Fruit Inconnu
…. Diospyros sp Probable Fruit / Arbre 041 Equisetopsida Ericales Ebenaceae Diospyros sp Probable Fruit
…. Fruit Inconnu /
Arbre 042 Fruit Inconnu
…. Okan / Arbre 043 Magnoliopsida Fabales Fabaceae-Mimosaceae Okan Cylicodiscus gabunensis Gousse
…. Fruit Inconnu / Arbre 044 Fruit Inconnu Gousse
…. Fruit Inconnu /
Arbre 045 Fruit Inconnu
…. Fruit Drypetes Possible / Arbre 046 Malpighiales Putranjivaceae Drypetes sp Possible Fruit
…. Duboscia macrocarpa /
Arbre 047 Magnoliopsida Malvales Malvaceae Duboscia macrocarpa Fruit
…. Fruit Inconnu / Arbre 048 Fruit Inconnu


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Faune :
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Mammifères :
…. Buffles /
Mammalia Cetartiodactyla Bovidae Buffle de Foret Syncerus caffer nanus
…. Eléphants Africain de Forêt / Loxodonta africana cyclotis
…. Gorille des Plaines de l'Ouest / Gorilla gorilla gorilla (cris entendus à 2 reprises, à notre passage, et vision de gorille mâle à 2 endroits différents / marche et pirogue)
…. Colobe Guereza / Mammalia Primates Cercopithecidae Colobe Guereza Colobus guereza (Vus à 3 reprises, mais pas de photo)
…. Daman des Arbres / Mammalia Hyracoidea Procaviidae Daman des Arbres Dendrohyrax dorsalis (Cris entendus la nuit, sans photo),
…. Oryctérope / Mammalia Tubulidentata Orycteropodidae Orycteropus afer (Terrier vu et photographié / Animal non vu),
…. Potamochère / Mammalia Cetartiodactyla Suidae Potamochere Potamochoerus porcus
…. Sitatunga / Mammalia Cetartiodactyla Bovidae Sitatunga Tragelaphus spekei
…. Loutre à Cou Tacheté / Mammalia Carnivora Mustelidae Loutre à Cou Tacheté Lutra maculicollis (vues à 5 reprises mais non photographié)
…. Céphalophe Bai / Mammalia Cetartiodactyla Bovidae Cephalophe Bai Cephalophus Dorsalis (vu à 2 reprises mais non photographié)
…. Cercopithecus cephus / Mammalia Primates Cercopithecidae Cercopithecus cephus
…. Chimpanzé / Mammalia Primates Hominidae Chimpanze Pan troglodytes (Vu des nids mais pas de chimpanzé)
…. Chauve-Souris / Mammalia Chiroptera Chauve-Souris
…. Civette Africaine / Mammalia Carnivora Viverridae Civette Africaine Civettictis civetta



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Oiseaux / Aves :
…. Ibis Haguedash / Oiseau / Oiseau Aves Ciconiiformes Threskiornithidae Ibis Hagedash Bostrychia hagedash en vol
…. Touraco à Gros Bec / Oiseau Aves Musophagiformes Musophagidae Touraco a Gros Bec Tauraco macrorhynchus (Vu et entendu mais pas de photo).
…. Martin-pêcheur Azuré / Oiseau Aves Coraciformes Alcedinidae Martin-Pecheur Azure Alcedo quadribrachys
…. Ombrette Africaine / Oiseau Aves Pelecaniformes Scopidae Ombrette Africaine Scopus umbretta
…. Palmiste Africain / Oiseau Aves Accipitriformes Accipitridae Palmiste Africain Gypohierax angolensis
…. Gobemouche de Cassin / Oiseau Aves Passeriformes Muscicapidae Gobemouche de Cassin Muscicapa cassini
…. Hirondelle à Bavette / Oiseau Aves Passeriformes Hirundinidae Hirondelle a Bavette Hirundo nigrita
…. Perroquet Jaco / Oiseau Aves Psittaciformes Psittacidae Perroquet Jaco Psittacus erithacus
…. Héron Goliath / Oiseau Aves Pelecaniformes Ardeidae Heron Goliath Ardea goliath
…. Grébifoulque d'Afrique /
Oiseau Aves Gruiformes Heliornithidae Grebifoulque Afrique Podica senegalensis femelle (ssp camerunensis)
…. Pygargue Vocifere / Oiseau Aves Accipitriformes Accipitridae Pygargue Vocifere Haliaeetus vocifer
…. Pintade Noire / Oiseau Aves Galliformes Numididae Pintade Noire Agelastes niger



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Reptiles / Reptilia :
…. Reptilia Crocodilia Crocodylidae Faux-Gavial Afrique Crocodylus ou Mecistops cataphractus
…. Gecko / Reptilia Squamata Gekkonidae Hemidactylus richardsonii
…. Cobra / Serpent Reptilia Squamata Elapidae Naja melanoleuca (Vu sur la piste de Langoué en Quad, mais non photographié)

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Amphibiens / Amphibia :
….. Grenouille / Amphibia Anura Bufonidae Grenouille Amietophrynus superciliaris

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Poissons :
…. Yara ou Yarra / Poisson
Actinopterygii Siluriformes Schilbeidae Yarra Schilbe sp
…. Machoiron / Poisson-Chat / Poisson Actinopterygii Siluriformes Claroteidae Poisson-Chat Machoiron Parauchenoglanis sp
…. Brochet / Hepsetus odoe / Poisson Actinopterygii Characiformes Hepsetidae Brochet Hepsetus odoe


•• Insectes / Insecta :
…. Fourmi Magnan / Insecta Hymenoptera Formicidae Dorylus sp






La Descente de la Rivière DJI-DJI / Jean-Louis ALBERT / Octobre 2018.


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